Chapitre 3 : Mariana
Je fais à manger pour ma petite soeur, Rosa. Lucas, mon frère joue dans le salon. La cuisine étroite ne laisse pas beaucoup de place pour se déplacer. La vue par la fenêtre est hideuse. On y voit des habitations tout aussi décrépies que la notre.
Je crois que c'est ça que j'aime le moins.
Que le paysage, me ramène sans cesse à la pauvreté de ma famille.
Mes pensées dérivent au tirage au sort auquel j'ai participé il y a quelques semaines déjà.
Il était ouvert au ados de 14 à 16 ans des quartiers les plus démunis. Le ou la gagnante pourra découvrir un métier de son choix dans l'équipe du journal qui organise cet événement et une compensation financière sera versé à ses parents pour le temps que l'enfant ne pourra pas passer chez lui à aider sa famille.
Bon... je n'ai pas 14 ans, tout juste 12 mais je suis prête à tout pour que mon frère et ma soeur mangent à leur faim.
- Mariana ! appelle ma mère, une lettre pour toi !
J'abandonne le plat que j'étais en train de préparer et vais ouvrir l'enveloppe.
- Alors, qu'est ce que ça raconte ? demande mon père.
- J'ai gagné le concours, je fais avec un sourire éclatant, je dois aller aux bureaux de l'entreprise. C'est à dix minutes à pieds.
- Tu n'étais pas censée avoir minimum 14 ans pour y participer ?
- Si, je réponds en baissant les yeux.
Il soupire.
- Mariana, il faut que tu arrêtes de te priver pour nous, on est pas dans une situation si catastrophique !
Il essaye de me dissuader mais je sais qu'au fond de lui, il pense le contraire. Avant qu'il ait pût continuer sur sa lancé, on toque à la porte.
- J'y vais, fais-je.
C'est un homme avec l'uniforme des gendarmes.
- Oui ?
- Nous avons ordre d'évacuer le pays et je suis chargé de vous conduire au lieu de rendez-vous.
Mes parents arrivent à ce moment.
- Qu'est ce qu'il se passe ?
- On doit le suivre.
- Mais ma fille avait ordre de se rendre aux bureaux de FranceGuyane !
- Ah bon ? Comment vous appelez-vous ? m'interroge-t-il.
- Mariana Ramos.
- Pouvez- vous me montrer la lettre où c'est écrit ça ?
- Oui bien sûr !
Je vais dans le salon et la cherche partout en vain.
- Mais où est-elle ? je murmure.
Je baisse la tête et mon regard tombe sur ma main qui tient le mot.
Je retourne en courant à la porte.
- La voici.
Il observe rapidement le ce qui est écrit et me la rend.
- Tout va bien, elle peut sortir, les gens du journal la conduiront en lieu sûr, mais il vaut mieux qu'elle parte tout de suite.
J'obéis et pars rapidement. Une fois arrivée, deux hommes et une femme m'accueillent.
- Vous faites parti de l'équipe ? je demande.
La dame me fait un sourire contrit.
- Non, je suis désolée mais non. Je suppose que quelqu'un est déjà venu chez toi pour te dire qu'on doit quitter le pays ?
Je hoche de la tête.
- Et bien ce n'est pas complétement exact. Pour être honnête, on va quitter la Terre.
Je cligne des yeux pour marquer mon incompréhension.
- L'air et l'eau sont pollués. On risque notre vie à rester plus longtemps sur cette planète.
- Pourquoi est ce que vous me le dites mais qu'apparemment, personne d'autre n'est au courant ?
- Nous t'avons choisi pour... rester ici.
- Et à quoi ça va vous servir ?
Un des deux hommes me montre un objet étrange.
- Grâce à cette invention, fait-il, tu pourras communiquer avec nous, nous dire si tu as des problème respiratoires soudain, que tu as des maladies étranges et plein d'autre informations.
- Je vais devoir rester pour savoir si la Terre est encore habitable ?
- Oui, en quelque sorte. Mais tu ne seras pas seule, sur chaque continents, il y a quelqu'un, en cas de problème, tu pourras aller les voir.
- Mais c'est complétement inhumain ! je m'insurge, abandonner une enfant juste pour qu'elle soit une sorte de rat de laboratoire !!
Le deuxième homme lève les yeux au ciel.
- Inhumain, inhumain, c'est vite dit... Il me semble que tu as 14 ans non ? Il serait peut être temps d'assumer tes responsabilités, et puis, si je ne m'abuse, t'es parents reçoivent de l'argent pendant tout le temps où tu n'est pas chez toi... C'est pas ce que j'appelle être maltraitée.
- Vous êtes horribles... Vous me parlez de l'argent que vont avoir mes parents pour me faire plier ?
- Oui, reprends la femme, regarde, ça marche.
- Il n'y a pas de quoi être fier.
- Il n'y a pas de quoi avoir honte non plus. Bon, tu nous excuseras mais on doit y aller... et n'oublie pas que si tu viens avec nous, nous veillerons à ce que toute ta famille souffre de tes choix...
J'attends qu'ils soient parti pour exploser en sanglots.
L'appareil qu'ils m'ont présenté se met à produire de la lumière.
J'essuie mes larmes et m'approche de l'objet avec curiosité. Le visage d'une femme rousse s'affiche sur l'écran.
- Bonjour, tu es Mariana je présume.
J'acquiesce en gardant le silence.
- Très bien. Nous pouvons commencer. Je suppose que les gens qui t'ont accueillis ici toutes t'ont raconté une histoire plus que surprenante.
Pendant un instant, j'imagine que c'était une stupide blague, qu'ils voulaient juste voir ma réaction. Mais elle continue.
- Je sais que ça ne doit pas être facile à accepter mais c'est la vérité. On va te laisser ici. Pour être honnête, nous sommes déjà parti. Il est trop tard pour faire demi tour dans tous les sens du terme. Si il y a un conseil que je te donne, c'est reste dans cette ville. Les autres dirigeants ont beau dire, les humains vivent en communauté et ça m'étonnerai que les autres jeunes restent tranquillement dans leur pays respectifs en attendant qu'on se décide à revenir.
Je ne sais pas quoi trop répondre.
- Merci de m'aider, mais comment les autres vont ils savoir où j'habite ?
- Officiellement ils ne le savent pas mais pour l'instant, celle qui était chargé d'expliquer la situation à l'heureux élu asiatique n'a pas pu s'empêcher de le mentionner et la mère de celui d'Amérique du Nord travaille au gouvernement et quand elle a apprit que ça serait son enfant qui resterait elle s'est empressée de lui dire tout ce qu'elle savait. Pour les autres, je ne sais pas mais j'ai entendu dire que celui ou celle d'Europe était très doué en informatique. Ça ne m'étonnais pas qu'il réussisse à pirater le serveur qui stocke les informations qu'il veut obtenir. Tu n'as aucune raison de t'inquiéter si tu restes dans ta ville.
- Mais comment je vais me nourrir si vous partez tous ?
- Et bien il y a assez de conserves dans le monde pour que six ados survivent, tout va bien se passer. Si tu veux me recontacter, va dans les contacts et appelle le seul numéro enregistré.
Je n'ai pas le temps de poser une énième question qu'elle a raccroché.
Fatiguée, je rentre à ma maison.
Les rues sont vides.
J'arrive chez moi.
Personne pour m'accueillir, me demander comment ça s'est passé.
Je remarque que des affaires ont disparu dans le salon. Principalement des photos de famille et des jouets appartenant à Rosa et Lucas.
Je sens mes yeux s'humidifier mais je refoule mes larmes.
Je dois être forte. Si je subie sans me plaindre, mes parents pourront vivre dignement et mon frère et ma soeur auront la vie que j'aurai souhaité avoir. Quand je me sentirais faiblir, je n'aurai qu'à me remémorer leur visage à qui on a arraché l'innocence que procure l'enfance.
Je vais me battre pour leur bien-être.
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