Chapitre 2 : Noah
Je sors du lycée à midi et vais traîner avec mes potes. Ils parlent fort et cherchent tous à avoir mon approbation. Je m'ennuie. On aura beau dire, c'est fatiguant d'être une personne populaire. Il fait bon pour un 20 Avril.
J'envoie un message à ma copine.
Nick propose un ciné ce soir. Tu viens ??
La réponse ne se fait pas attendre :
Désolé, mes parents viennent de me dire que exceptionnellement, je dois rester avec eux tout l'aprèm.
— Fait chier, je marmonne.
— Qu'est ce qu'il y a ? me demande Nick.
— Les parents d'Anna lui ont dit qu'elle ne peut pas sortir de tout le reste de la journée, je sais pas ce qu'ils lui veulent encore.
— Ah. Force à toi mec.
— Ouais. En tout cas je crois que je vais rentrer.
— Pourquoi ?
Bon. Je ne sais pas quoi dire, je ne vais quand même pas répondre : je me casse les couilles ici. Avec n'importe qui d'autre j'aurai pas eu de scrupules mais là c'est mon pote depuis la primaire et je sais qu'il se vexe hyper vite. Je sors la première excuse qui me passe par l'esprit.
— Je t'ai dit que mes parents mon offert un chiot ce week-end ? En fait elle a même pas deux mois du coup, je dois m'occuper de lui. On m'a dit qu'il fallait être très présent parce que sinon il pourrait commencer à faire des bêtises et à ce moment là, je serai foutu.
Il me dévisage, les yeux écarquillés.
— T'entends ça Linda ? fait-il en donnant un coup de coude à la personne la plus proche de lui, le grand Noah préfère s'occuper d'un chien que de s'amuser. Si c'est pas un miracle ça !
— Ha ha, très drôle Nick, comme toujours. Maintenant si tu le permet, je vais rentrer chez moi.
— Attends, je t'accompagne, je vois voir l'animal qui a transformé mon meilleur ami en quelqu'un qui ne pense pas que à lui.
Je soupire tout en réprimant un sourire.
— D'accord, si tu veux mais personne d'autre ne vient, elle a encore peur de tout.
— Ok, tout ce que tu veux.
Je rigole franchement cette fois et me met en route.
Une quinzaine de minutes plus tard, on arrive devant mon immeuble.
— Putain ! Je crois que ça m'étonnera à chaque fois que tu vives dans un endroit pareil. Comment ça se fait qu'ils aient accepté un animal dans ton appartement de bourges ?
— Je suppose que le poste ma mère au gouvernement et celui de mon père à la tête d'une banque leur a suffit.
— Ouais, reconnaît-il, ça a dû jouer. Mais bon, passons au choses sérieuses. C'est quoi comme race ?
— Un berger-australien, je réponds en ouvrant la porte
— Ah bon ? J'aurai pensé que tant qu'à t'offrir un animal, ils n'auraient ni choisi un bruyant comme le chien ni un qui servait à rassembler les moutons, dit-il en appelant l'ascenseur.
— En fait, une fois qu'ils ont accepté un animal autre qu'un poisson, ils se sont dit que c'était mieux de faire d'une pierre deux coups et d'en prendre un qui pouvait déranger les voisins. En plus c'est moi qui ai choisi la race.
La porte de l'ascenseur s'ouvre. On rentre dedans puis je tape le code.
— Comment t'as fait ?
— J'ai juste dit que dans tous les cas ça serait mon chien donc autant en prendre un que j'aimais et quand ma mère a parlé du fait qu'ils avaient des longs poils, j'ai dit que c'est un avantage au Canada et que si elle en voulait un avec des poil court, je prendrai un chihuahua. Elle a horreur de ces chiens sac-à-main comme elle les appelle.
— Pas con comme idée. Par contre, je suis certain qu'ils ont demandé un truc en échange.
— Bien vu, ils ont dit que je devais choisir un nom qui ait de la classe et qui commence par la lettre P. Pour que les chiens participent à des concours, il faut que leur nom commence par la lettre de l'année où il est né.
— Et cette année, c'est l'année de P. Du coup, c'est quoi son nom ?
— Je l'ai eu samedi ! C'était il y a deux jours, j'ai pas eu le temps d'en choisir un.
— Si tu veux, je peux t'aider à en trouver un. J'ai déjà quelques idées.
— Vas-y, dis les.
— Je pensais à Pétasse. Pour une chienne de riche ça irait bien.
— On a dit classe.
— C'est déjà beaucoup plus classe que ce à quoi je pensais au départ. C'est un mot en 4 lettres qui finit par T et E. Devine le.
— Tes blagues sont à mourir de rire Nick. Mais je te conseil de te taire, l'ascenseur va s'ouvrir et vu l'heure, mon voisin doit être devant en train de l'attendre pour partir à son travail.
Les portes s'ouvrent. Comme ce que j'avais dit, le voisin est là en train de regarder sa montre.
— Sortez de là, j'ai déjà pris beaucoup de retard.
Nick le regard avec un sourire faussement aimable sur les lèvres.
— Ah, oui monsieur Hopkinson . Vous êtes très en retard, ça se voit, mais ne vous inquiétez pas, si vous vous y prenez dans pas trop de temps, ça devrait pouvoir s'arranger.
Il le regarde d'un air perplexe.
— Mais que racontez-vous donc ?
— Je parle de votre éducation. Vu la manière dont vous nous avez accueilli, je suppose que vos parents l'ont mise en pause et qu'elle a pris beaucoup de retard, mais je pense que vous pouvez toujours rattraper ça.
Monsieur Hopkinson devient rouge de colère.
— À votre place, jeune homme, je ne parlerai pas comme ça. Quelqu'un d'un niveau social comme le votre n'est pas bien placé pour parler d'éducation.
— Oh, je suis désolée je retire ce que j'ai dit.
L'autre se calme un peu.
- C'est bon pour cette fois comme tu a su reconnaître tes erreurs, mais ne recommence pas.
— Bien sur. Je m'en veux vraiment, vous savez ?
À ces mots je sens venir les emmerdes.
— Vous faire croire que vous pouvez changer alors que clairement, c'est mort ! Il fallait s'y prendre plus tôt !
Sur ces mots, je m'empresse d'ouvrir mon appartement et de l'entraîner à l'intérieur.
Dès que on est à l'intérieur, on part tout les deux en fou rire. Quand enfin il se calme je me met à la recherche de mon chien.
— J'hésite entre l'appeler Perle ou Plume.
- Moi, je te dis Princesse.
— Soit sérieux deux minutes Nick, on est pas dans Barbie ici !
— D'ailleurs c'est pas elle sous le truc qui a la taille de mon canapé mais qui n'en est pas un ?
Je regarde l'endroit qu'il me pointe du doigt et je vois une patte blanche dépasser de sous un des nombreux fauteuils qui peuplent le salon.
— Si c'est elle.
— Ok. Le chien qui a pas de nom ! Viens ici ma belle.
Le bout de son museau sort de sous le siège. Ses yeux bleus nous fixent avec méfiance.
Nick s'approche à petits pas d'elle pour ne pas l'effrayer puis, il s'accroupit et l'attrape dans ses bras.
— T'en fais pas ma grande, je ne vais pas te faire de mal.
Elle reste immobile et il la porte pour l'emmener jusqu'à moi.
— Regarde, c'est ton nouveau maître. À partir d'aujourd'hui, pour me rendre heureux, tu vas lui obéir, t'as compris ?
— T'es vraiment en train de parler à mon chien comme si elle te comprenait ?
— Bah ouais, pourquoi pas ?
Un sourire s'épanouit sur mes lèvres.
— Nick, y a pas à dire, t'es irremplaçable, il ne pourra jamais avoir un autre mec comme toi sur Terre.
— Oui, je sais, on me le dit souvent, il fixe le petit animal qu'il tient dans ses bras avant de changer de sujet, je te conseille vraiment pas de l'appeler Plume. C'est juste moche, donc ça ne lui ressemble pas du tout. Perle, ça fait bourgeois mais ça passe mieux.
— C'est étrange mes parents m'ont dit que Plume était mieux pour elle.
— Raison de plus pour m'écouter, tu sais bien que tes parents ont des goûts... spéciaux.
Son téléphone vibre. Il le sort de sa poche et fronce les sourcils en lisant le message.
— Qu'est ce qu'il y a ?
— Ma soeur me dit que les parents sont en panique et qu'ils me cherchent partout, que je dois absolument rentrer à la maison. Je me demande ce qui se passe.
Je hausse les épaules.
— Tu le sauras que si tu quitte ce quartier pour rejoindre le tien, vas-y, et n'oublie pas de me dire la raison de leur crise d'angoisse.
— T'inquiète mon pote. Je te raconte tout.
À ces mots, il sort de chez moi, les yeux toujours fixés à son écran, un expression perplexe sur le visage.
Je referme doucement la porte avant que mon chien ai eu le temps de sortir et m'assoie face à elle.
— Ma grande, à partir de maintenant, ton prénom c'est Perle.
Au moment précis où je prononce cette phrase, mon téléphone se met à sonner. Je regarde qui m'appelle.
Maman.
— Oui, allô ?
— Noah ? Tu es à la maison ?
— Oui pourquoi ?
— Alors écoute moi bien. Tu prends un sac dans lequel tu mets du linge puis tu descends au garage prendre la voiture de ton père et tu fonces jusqu'à l'aéroport Jean Lesage après, tu essayeras de rentrer clandestinement dans un des appareils qui stationnent à côté des portes d'embarquement. Tu as bien tout compris ?
— Euh, oui ? Mais quand tu dis des appareils, tu parles d'avions ?
Elle hésite quelques secondes.
— En quelque sorte, quoi qu'il arrive mon fils, n'oublies jamais que je t'aime.
— Oui maman, moi aussi.
Je l'entends sangloter à l'autre bout du fil.
— Noah, je n'étais pas au courant et ton père non plus, dès que je l'ai su, je t'ai appelé.
— Mais qu'est ce que tu racontes ?
— Si jamais tu ne réussi pas à rentrer dans un de ces... avions, tu seras seul. Enfin presque. Prends un papier s'il te plaît et note tout ce que je te dis s'il te plaît.
Je m'exécute sans protester.
— Tu as de quoi écrire ?
— Oui.
— Alors, Route de la Grève, commune de Tréduder, Côtes d'Armor, France. Passe une ligne. Rue 1, quartier Point E, ville de Dakar, Sénégal. Passe une ligne. Route Conway, ville d'Eltham, région de Taranaki en Nouvelle-Zélande. Passe une ligne. Lac Suwa au Japon. Désolée, pour celle ci je n'ai pas plus de précisions. Passe une ligne. Rue du 14 et 22 Juin 1962, Cayenne, Guyane Française.
— Et sinon, pourquoi tu me donne cette liste ? Elle représente quoi ?
— Si tu n'arrives pas à rentrer dans un de ces appareils, tu seras seuls sur Terre, enfin presque. Ce papier et très important, c'est les adresses des autres jeunes qui resterons sur la planète. Vous serez six.
— Mais pourquoi nous laisser ?
— Si on se retrouve dans... l'avion, je t'expliquerais tout. Si tu échoues, le premier Ministre se chargera de le faire.
— Sur mon cellulaire ?
— J'ai failli oublié ! Dans le tiroir de la salle de bain, sous les serviettes, il y a un appareil avec une apparence étrange. C'est un talkie-phone. Si tu n'arrives pas à embarquer, tu ne dois surtout pas le lâcher des yeux, quelqu'un t'appellera pour t'expliquer ce qui se passe.
— Tu ne vas rien me dire de plus ?
— Je t'aime Noah, je n'étais pas au courant, je te le promets.
Elle raccroche.
— Mais qu'est ce qu'il se passe ?
Je ne comprends rien mais je fais tout ce qu'elle m'a dit de faire. Une fois mes affaires prêtes, j'hésite un instant puis prends le harnais et la laisse que j'ai acheté hier, je ma met à Perle et vais au garage.
Merde, j'ai oublié sa caisse de transport chez moi, au septième étage, mais j'ai pas le temps de remonter si je dois me dépêcher. J'ouvre la portière arrière et la fait monter dedans.
Je démarre à toute allure et sors de Québec en direction de l'aéroport.
La piste de décollage est vide mais j'entends malgré tout un bruit de moteur beaucoup plus retentissant que celui d'un simple avion. Je sors du véhicule et lève la tête. Des sorte d'ovnis géant décollent à la vertical. J'ai le pressentiment que c'était dans uns de ces avions un peu spécial que je devais monter.
— C'est un rêve, un putain de rêve. Il n'y a pas d'autres explications.
Je retourne dans ma voiture et m'affale sur le siège passager.
Tout ce que ma mère m'a dit me revient en tête. Je suis seul. Seul sur cette planète. Je sors mon cellulaire et l'appelle.
- Allô Noah ? Tu as réussi à embarquer ?
Écouter sa voix pleine d'espoir me fait mal.
— C'est pas un rêve, n'est ce pas ?
Elle comprend aussitôt et je l'entends fondre en larmes.
— Ils vont t'appeler, et t'expliquer... je peux pas le faire moi-même, dans quelques secondes je serais trop en hauteur pour pouvoir te parler. Je ne sais pas quand je te reverrai mais tu restes mon fils, si je le pouvais, je sauterai d'ici pour te rejoindre. Je t'aime.
— Moi aussi.
Ma gorge se noue au moment où la conversation se coupe.
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