Chapitre 12

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Merci encore infiniment pour vos commentaires! J'aime tellement lire et répondre à vos réactions, vos retours, ça me touche plus que tout alors merci du fond du coeur sincèrement!
J'espère que ce chapitre vous plaira!

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CHAPITRE 12

(I Can't Fall in Love Without You_Zara Larsson)

LOUIS.

J'ai rapidement senti l'incompréhension d'Harry lorsque j'ai repris la route du camping après lui avoir demandé si je pouvais l'emmener quelque part. Et je peux encore plus sentir cette incompréhension lorsque je me gare devant mon camping car. Nous sortons de la voiture et, une fois dehors, je ferme la voiture et me mets à avancer dans l'allée en lançant à Harry:

« C'est par là, on doit juste marcher un peu.

-Oh... » Il répond, semblant surpris.

« Quoi? » Je lui demande avec un sourire lorsqu'il se met à marcher à côté de moi.

« En te voyant te garer ici, je pensais juste que tu avais changé d'avis. » Il m'avoue.

Je continue de sourire mais détourne le regard pour le perdre quelque part en face de moi. Partout sauf sur Harry, en fait. Parce que je pourrais encore le faire. Changer d'avis. Je ne sais même pas pourquoi je fais ça, pourquoi je l'emmène dans cet endroit qui me paraît si intime, si personnel. Même Cléo et Rafael ne le connaissent pas.

Je n'ai pas vraiment réfléchi, en fait. Après ce moment où je me suis retrouvé trempé contre Harry, je crois que j'ai perdu quelques neurones. En fait, je me suis senti étrangement bien, malgré cette tension qui a retourné mon ventre dans tous les sens. Une tension qui s'est encore moins envolée lorsque Harry s'est retrouvé torse nu à mes côtés, imitant simplement ce que j'avais fais quelques minutes plus tôt. J'ai rapidement compris qu'il n'y avait pas qu'en parlant qu'il savait avoir de la répartie. Et ça m'a un peu trop plu, je crois. Parce que je me suis retrouvé à vouloir faire durer le moment.

Même si je ne m'attendais pas à penser à cet endroit en voulant le garder un peu plus longtemps avec moi.

Ce n'est pas trop tard. Je connais plein d'endroits sympa autour du camping où je pourrais l'emmener à la place. Pourtant je ne change pas d'avis. Je continue de marcher, de traverser ces allées que je connais par coeur contrairement à Harry qui regarde partout autour de lui.

« C'est quoi ce qu'on entend? » Il demande en fronçant légèrement les sourcils. « C'est quoi déjà le nom de l'insecte qui fait ce bruit? »

Au début, je ne comprends pas de quoi il parle. Puis je réalise que je me suis juste trop habitué à ce chant, n'y faisant même plus attention. Surtout lorsque je suis perdu dans mes pensées.

« C'est le chant des cigales. » Je lui réponds enfin. « On a déjà eu des touristes qui s'en plaignaient.

-Moi j'aime bien. » Avoue Harry en regardant les arbres au dessus de nos têtes.

Je souris discrètement avant de lui répondre:

« Moi aussi. Je trouve ça apaisant. »

Harry me lance un regard en confirmant d'un hochement de tête, un léger sourire au coin des lèvres. On continue de marcher quelques minutes, nous éloignant de plus en plus du centre du camping. Pourtant le lieu où je l'emmène en fait parti aussi, mais peu de personnes s'aventurent aussi loin. Ce qui m'arrange. Comme ça ça reste mon endroit, en quelque sorte.

Enfin, Harry le connaitra aussi maintenant.

Cet endroit se trouve pas loin des animaux. On longe leurs enclos jusqu'à nous retrouver dans un grand chemin de terre, isolé du reste du camping. C'est après plusieurs minutes supplémentaires qu'on arrive dans un de mes endroits préférés, même s'il n'a rien de spécial à première vue. C'est plutôt l'histoire qu'il raconte que j'aime beaucoup.

Je m'arrête devant la petite table en bois avec deux bancs, à l'ombre, près d'un arbre où est accroché une petite balançoire fait main. Harry regarde les alentours et, lorsqu'il remarque la balançoire, il me demande:

« Est-ce que tu venais ici quand tu étais petit?

-Oui. C'est mon père qui a construit cette balançoire pour moi. »

Je souris à ce souvenir avant d'avouer dans un léger rire:

« En fait, cet endroit part d'une grosse frayeur. J'avais six ans quand j'ai décidé d'échapper à la surveillance de mes parents pour aller me promener dans le camping. J'étais petit mais je le connaissais déjà par coeur. Du moins c'est ce que je pensais. Je voulais aller voir les animaux puis j'ai réalisé que je n'étais jamais allé plus loin. Alors je me suis mis à me promener le long du chemin, jusqu'à trouver cette table et à m'y asseoir afin d'être à l'ombre. J'étais innocent et pas du tout inquiet à l'idée d'être seul ici. J'aimais bien cet endroit, sans pouvoir expliquer pourquoi. »

Harry sourit à mon récit avant de réaliser:

« Tes parents ont dû s'inquiéter.

-Oui. Quand ils se sont rendu compte que je n'étais plus avec eux, ils se sont mit à me chercher là où j'avais l'habitude d'aller dans le camping comme l'air de jeux ou encore la pizzeria.

-La pizzeria? » Relève Harry, amusé.

« On me donnait toujours des parts gratuites, t'aurais fait pareil à six ans. » Je me défends.

Harry se met à rire et je me surprends à sourire un peu plus à ce son. Puis, en même temps qu'il regarde la table en face de nous, je reprends:

« C'est mon grand-père qui m'a retrouvé.

-Comment il a su que tu étais là?

-Parce que c'est ici qu'il a embrassé ma grand-mère pour la première fois. »

Harry me regarde, surpris, et je ne peux m'empêcher de sourire tristement à ce souvenir que mon grand-père m'a donc raconté pour la première fois lorsque j'avais six ans.

« Je l'ignorais à ce moment-là mais je comprends maintenant pourquoi j'ai tout de suite aimé cet endroit. Ma grand-mère était vraiment émue quand mon grand-père m'a ramené en lui disant où j'étais.

-En même temps, c'est plutôt touchant comme coïncidence.

-C'est vrai. Mon père m'a construit cette balançoire peu de temps après cette petite frayeur et, depuis, ça reste mon endroit préféré. »

Je m'avance pour m'asseoir sur un des bancs, lançant un simple regard à Harry pour l'inviter à faire de même. Il vient donc s'asseoir de l'autre côté de la table, sur le banc en face du mien.

« Il y a trois ans, lorsque ma grand-mère est décédée, c'est ici aussi que je me suis réfugié. Et, comme lorsque j'étais petit, c'est mon grand-père qui m'a retrouvé. Il savait que c'était ici que je viendrais.

-Tu étais très proche de ta grand-mère. »

Ce n'est pas une question. Harry devine simplement ce lien que je partageais avec ma grand-mère, comme je le partage également avec mon grand-père.

« J'ai toujours dis que mes grands-parents étaient mes seconds parents. On a grandi tous ensemble dans ce camping. Ma grand-mère a toujours été près de moi. C'était une femme incroyablement gentille. J'aimerais qu'elle soit encore là aujourd'hui.»

Parce que cette année ,plus que n'importe quelle autre année, j'ai terriblement besoin d'elle.

Harry sourit doucement mais j'ai l'impression de voir une pointe de tristesse traverser son regard avant qu'il ne tourne la tête pour regarder la balançoire. Je le vois se tordre nerveusement les doigts, perdu dans ses pensées, et je m'en veux presque de le faire revenir sur Terre:

« Est-ce que je peux te poser une question? Tu n'es pas obligé d'y répondre et je suis désolé d'avance si je gâche le moment.

Harry me regarde de nouveau, fronçant légèrement les sourcils. J'ai peur de regretter ce que je compte lui demander. Et, en même temps, plus on se rapproche, plus je me sens coupable d'avoir des doutes sur certaines choses et de ne pas lui avouer. Peut-être aussi que, même si ça peut paraître égoïste, j'aimerais en savoir plus sur lui. J'aimerais encore plus apprendre à le connaître. Pas seulement connaître son prénom et sa répartie. Comme si, au fond de moi, je savais déjà que je ne voulais pas qu'il soit qu'un garçon de passage auquel on s'intéresse seulement lorsque le soleil se met à briller l'été.

« Oui? » Me répond Harry, peu sûr de lui.

Je prends alors une grande inspiration, croisant mes jambes sous la table avant de lui demander:

« Est-ce que tu étais vraiment malade cette semaine? »

Comme je le pensais, un silence suit ma question. Un silence qui, en soit, est déjà une réponse. Finalement, la seule question qui se pose ici, c'est si Harry souhaite m'en parler ou non. Et lorsque je remarque la façon dont il baisse le regard sur ses mains, je devine qu'il cherche sa réponse également. Qu'il doute. Qu'il hésite. Je m'apprête à lui dire d'oublier, afin de ne pas plus plomber l'ambiance que ce que je suis déjà en train de faire, mais Harry me surprend en me demandant:

« Comment tu as deviné? »

Son regard s'ancre dans le mien et il n'a pas l'air d'être énervé. Plutôt triste. Et, en même temps, presque apaisé. Ou alors c'est moi qui interprète tout de travers.

« Zoé semblait triste à chaque fois que je lui demandais si tu allais bientôt pouvoir revenir. Et... peut-être que ça n'a rien à voir mais, la semaine dernière, lorsqu'on a mangé à la pizzeria, on vous a demandé pourquoi vous aviez quitté la Normandie. Je t'ai regardé au même moment et tu avais l'air ailleurs jusqu'à ce que Zoé réponde pour vous, blaguant sur la présence des flamants roses. »

Harry sourit tristement avant de se mettre à mordre nerveusement sa lèvre inférieure.

« Et peut-être que je me trompe, encore une fois, mais j'ai l'impression que ce qui t'a rendu triste ce jour là, à la pizzeria, peut aussi être ce qui t'a rendu malade cette semaine. » J'avoue plus bas.

« Tu m'observes beaucoup. » Tente de plaisanter Harry, même si son sourire n'a rien d'amusant.

Je souris tristement et hésite un instant sur les mots que j'étais prêt à lui lâcher. Je me pince les lèvres, hésitant encore. Et, en même temps, je sais que j'ai besoin de le sortir de ma poitrine. C'est comme si cet endroit m'apaisait assez pour m'en donner la force.

« Je crois que tu le fais aussi. » Je réponds alors.

Surpris, Harry ancre son regard dans le mien et je continue:

« J'ai vu comment tu m'as regardé la fois où ,à l'accueil, juste avant la balade à cheval, tu m'as demandé si ma mère travaillait toujours au camping. Je sais que tu as remarqué la façon dont j'ai hésité avant de te répondre. Je me trompe?

-Non. » M'avoue directement Harry.

Je souris tristement, touché par sa sincérité. Puis, je prends une grande inspiration, prenant également le temps de regarder le paysage qui nous entoure. Les herbes séchées à cause de la chaleur, le ciel plus bleu que jamais et la façon dont l'ombre des branches leur donne l'impression de danser à nos pieds. Je regarde ma balançoire et je pourrais encore y voir ma mère m'aider à me balancer de plus en plus haut.

« Mes parents se sont séparés cette année. » J'avoue alors à Harry.

Je tourne la tête vers lui et continue sans pouvoir m'arrêter:

« C'était soudain. Trop soudain. Ma mère est partie du jour au lendemain, quittant mon père mais aussi le camping pour la première fois depuis des années. Je n'ai pas eu le temps de comprendre. Je me suis retrouvé face à la détresse de mon père, face à ma propre peine. Je croyais notre famille inséparable. Je pensais que ça n'arrivait qu'aux autres. Et le jour où j'ai voulu voir le nouvel appartement de ma mère, afin d'en discuter avec elle, il y avait un autre homme chez elle. J'ai pensé à mon père, en pleurs dans ce qui était leur mobil home et j'ai vrillé. Je comprenais pas ce que cet homme foutait là, je ne comprenais pas les décisions de ma mère, je ne comprenais pas comment tout pouvait changer en si peu de temps. Alors je me suis énervé et, depuis, je ne suis pas allé la revoir. Elle m'a appelée mais je n'arrivais pas à calmer ma colère. J'ai ressenti le besoin de couper les ponts, un moment, peut-être pour digérer tous ces changements. Je suis parti en Espagne plusieurs semaines avant de revenir ici il y a deux semaines pour débuter la saison. Je n'ai pas revu ma mère depuis mon arrivée. Je réponds rapidement à ses messages mais pas à ses appels. Je sais qu'elle veut qu'on se voit mais, pour l'instant, je n'y arrive pas. »

Voilà. C'est dit. C'est lâché pour la première fois. Même Cléo et Rafael ignorent tout ça. Ils savent juste que mes parents sont séparés. Je ne sais pas pourquoi c'est sorti maintenant et avec Harry. Je sais juste que j'en ai ressenti le besoin et que, d'une certaine manière, je me suis senti assez en confiance pour le faire.

Harry me regarde longuement, ne sachant pas quoi dire. Et, en fait, je n'attends pas de réponse. Je n'attends même pas de réconfort. Je crois que j'avais juste besoin d'être écouté par quelqu'un d'autre que mon père ou que mon grand-père qui pourraient être affectés par mes mots. Je souris légèrement à Harry, comme pour lui montrer qu'il n'est pas obligé de répondre quoi que ce soit. Mais lui ne sourit pas. Il continue de me regarder avant de regarder ses doigts qu'il tord entre eux.

Et lorsqu'il décide de reprendre la parole, c'est pour se confier à son tour:

« Mes parents ont décidé d'emménager ici à cause de moi. »

Je fronce légèrement les sourcils et Harry fuit mon regard, préférant le poser plus loin derrière moi lorsqu'il trouve la force de continuer:

« En septembre dernier, lors de la rentrée, j'ai rencontré mon ex petit-ami. Je savais déjà que j'étais attiré par les garçons mais je n'avais jamais eu de relation. J'étais tellement surpris de voir que, lui aussi, était attiré par moi. On s'est mit ensemble fin octobre et on pourrait penser que c'est pour lui que j'ai fais mon coming out mais, en fait, c'était surtout pour moi. Au début, mes parents n'ont pas réagit comme je l'espérais. Enfin, c'était pas un soucis pour eux mais ils étaient surtout inquiets car ils savaient que ça serait un soucis pour leurs familles. Du moins surtout du côté de ma mère. Du côté de mon père, on était déjà pas si proches. Ils habitent en Angleterre. Mais du côté de ma mère on y était tous les week-ends. Tous les anniversaires. Même si je n'ai pas réalisé tout de suite que leurs façons de penser était encore plus toxique que je ne le pensais. Je l'ai compris lorsque je me suis retrouvé à être le concerné. Quand ils ont appris que je sortais avec un garçon, les réflexions ont commencées. J'ai même un cousin qui était dans mon lycée qui me faisait des remarques homophobes juste sous mon nez. Mais mes grands-parents prenaient sa défense. Lors du denier repas qu'on a partagé, ma mère a craqué. Ma grand-mère était encore plus méchante ce jour-là et ma mère a annoncé que c'était terminé, qu'on ne reviendrait plus les voir. Alors mon grand-père a sorti un truc du genre « C'est pas nous le problème. C'est ton fils. ». Et avant qu'on parte, ma grand-mère m'a regardé en me disant « C'est de ta faute tout ça. ». »

Mes poings se serrent instinctivement alors que je secoue la tête, dégoûté. Harry remarque mon geste et se pince tristement les lèvres avant de continuer:

« J'entendais ma grand-mère appeler ma mère pour lui dire qu'elle voulait voir sa fille, sa petite fille, que elles lui manquaient. Puis ,peu de temps après, mon ex m'annonçait qu'il n'avait plus de sentiments, qu'il s'était lassé. C'était un coup en plus à encaisser et je me suis isolé. Je commençais à croire les mots de mes grands-parents. Je me suis dis que c'était moi le problème. Je rejetais tout le monde, je séchais les cours. Je m'éloignais même de Zoé... »

Harry déglutit difficilement sur cette dernière phrase et son regard retrouve finalement le mien lorsqu'il termine:

« En me voyant dans cet état, mes parents ont décidé de prendre un nouveau départ. Et ils n'ont pas fait les choses à moitié. Ils nous ont annoncé qu'on partait à l'autre bout de la France juste après mon bac que j'ai failli rater mais que j'ai eu par miracle. Je culpabilisais encore plus d'arracher Zoé à son école, à ses amies, mais elle ne s'est jamais plaint. Jamais. Et je sais qu'elle le fait pour me protéger, pour pas que je culpabilise. Mais je le fais quand même. Parce qu'elle a seulement neuf ans et que c'est encore elle qui m'a réconforté l'autre soir, après le barbecue, parce que je me suis mis à pleurer en entendant une conversation téléphonique entre ma mère et ma grand-mère. »

Oh... Je comprends enfin cette semaine de silence. Harry soupire longuement, se frottant les yeux même si aucunes larmes ne semblent vouloir s'en échapper. Il semble juste épuisé par cette situation. Epuisé mentalement de se torturer autant pour des gens qui ne méritent pas le quart de son attention.

C'est pourquoi je lâche sans réfléchir:

« Ce n'est pas de ta faute si tes grands-parents sont de gros cons. »

Harry ouvre grand les yeux, sûrement surpris par ma soudaine vulgarité.

« Ok, pour la forme, je suis désolé d'insulter tes grands-parents. Mais, honnêtement, je ne suis vraiment pas désolé. Franchement dans cette situation le lien de sang veut absolument rien dire. Tu ne leur dois rien. Évidemment, je comprends que ça soit dur à vivre pour toi ainsi que pour tes parents mais je pense qu'ils ont prit la bonne décision en t'éloignant de cette famille plus que toxique. Eloignant ta petite soeur pour la même occasion. Parce que tu ne sais pas ce qu'ils auraient pu dire à Zoé en grandissant. Ils auraient aussi pu faire des réflexions sur sa façon de s'habiller, sur sa taille, sur son poids, sur qui elle aimera. Et je suis sincèrement heureux que vous ayez des parents géniaux qui prennent votre défense et qui fassent tout pour vous protéger. Parce que, eux, vous aiment sincèrement. Je suis pas le mieux placé pour comprendre ce que tu as pu vivre et j'en suis désolé. Je n'ai jamais eu à m'excuser d'être qui je suis et j'en oublie parfois que c'est pas forcément le cas de tout le monde, malheureusement. J'aurais aimé que tu n'ai jamais à le faire non plus et j'espère que tu es fier d'être qui tu es, Harry.

-Je ne sais pas si j'en suis fier mais peut-être un jour. » M'avoue tristement Harry, un léger sourire aux coins des lèvres.

Je me pince les lèvres, lui souriant tristement alors qu'il reprend en ancrant son regard dans le mien:

« Merci, Louis.

-Merci à toi de m'avoir confié tout ça.

-Je t'avoue que ce n'est pas ce que j'avais prévu en t'attendant ce matin. »

Je hausse les sourcils alors que Harry se fige légèrement, posant son regard partout sauf sur moi.

« Tu m'attendais? » Je relève en souriant en coin, une douce chaleur se répandant dans ma poitrine.

« Non.

-C'est ce que tu viens de dire. »

Il soupire et je ris légèrement en me relevant du banc. Harry me suit discrètement du regard alors que je fais le tour de la table pour me retrouver debout face à lui, toujours assis. Il relève la tête vers moi et je souris discrètement en venant frôler du bout des doigts son bandana. Je crois que les dernières neurones qui me restaient après l'épisode du lavage de voiture sont en train de lâcher. Et l'aveu d'Harry n'arrange rien.

« Ça te va bien, le bandana.

-Merci. » Souffle presque Harry.

Je souris doucement tandis que son regard caresse mon visage. Cette chaleur que je ressens au fond de moi devient de plus en plus forte et bien sûr que j'ai envie de l'embrasser. Harry me plaît. Si ce n'était déjà pas une évidence, ça le devient. Il s'est confié à moi et j'ai réussi à me confier à lui, dans cet endroit que je pensais garder secret jusqu'à aujourd'hui. Et c'est comme si ça m'avait soudainement rapproché de lui, comme si ça avait crée un début d'intimité entre nous. C'est peut-être l'effet que ça fait, lorsqu'on commence à se confier nos secrets.

Mais un autre détail me revient et je me sens obligé de rajouter, le coeur serré:

« Je suis désolé pour ta séparation. »

Harry baisse le regard un instant tandis que ma main retombe le long de mon corps. Il finit par hausser les épaules, me répondant simplement:

« Je m'en suis remis. En partie.

-Tu as toujours des sentiments pour lui? »

Harry me regarde et secoue négativement la tête. Je ne peux alors pas ignorer le sentiment de soulagement qui me traverse.

« Non. J'ai tourné la page sur notre relation. C'est plutôt la partie où on s'est lassé de moi qui a encore du mal à passer. » Il m'avoue.

Je déglutis difficilement. Qu'est-ce que je pourrais répondre? Moi qui ne fait que ça, me lasser des personnes avec qui je partage un moment, une nuit ou encore quelques jours? Ça ne va jamais plus loin. Et, en même temps, dès le début, je vais vers des gens qui, je le sais d'avance, ne m'intéressent que physiquement ou avec qui j'ai un minimum d'alchimie pour passer un bon moment. Mais c'est tout. Ça s'arrête toujours là parce que je sais, dès le début, que ça n'ira pas plus loin.

Que je ne les emmènerais pas dans mon endroit, près de cette balançoire, pour leur confier tous mes secrets.

Je regarde Harry à cette pensée et mon coeur se serre et se réchauffe en même temps. Je ne sais pas ce que je suis en train de faire mais, tout ce que je sais, c'est que je n'arrive pas à contrôler cette chaleur et ses pensées qui finissent toujours par me traverser lorsque je suis à ses côtés. Rien de comparable avec ce que je vis d'habitude. Avec Harry je découvre des sensations inconnues. Et l'inconnu peut faire peur, très peur. Mais il peut aussi nous attirer de façon inexplicable.

Comme lorsqu'on est enfant et qu'on décide de suivre naïvement un chemin de terre qu'on avait encore jamais remarqué.

On ne sait pas ce qui nous attend au bout mais, dans tous les cas, on sait que c'est là-bas qu'on y écrira une nouvelle histoire. Tentant de ne pas penser, dès le début, à la façon dont ça pourrait mal se terminer.

Je sors violemment de mes pensées lorsqu'une sonnerie retentit dans ma poche, m'avertissant de l'arrivée d'un nouveau message. Harry détourne le regard au même moment tandis que je réalise que, tout ce temps où j'étais perdu dans mes pensées, il continuait de me regarder.

Je sors mon téléphone de ma poche et lis le message de Cléo qui s'affiche sur mon écran. Je souris doucement et regarde Harry en lui disant:

« Cléo propose qu'on aille à la fête foraine ce soir. Rafael et Léo seront de la partie. Tu veux venir?

-C'est Cléo qui propose que je vienne?

-Non, c'est moi. » J'avoue.

Harry me regarde et je vois bien la façon dont il tente de cacher son sourire. Sauf que j'ai envie de le voir, son sourire. Même s'il me déstabilise.

« Zoé risque de piquer une crise de jalousie si elle sait que je vais à la fête foraine ce soir.

-Qu'elle vienne aussi, dans ce cas. »

Harry sourit un peu plus et je ne m'attendais pas à ce qu'il se lève soudainement, se retrouvant presque collé à moi. Mon estomac se retourne agréablement tandis que Harry continue de me regarder, un léger sourire au coin des lèvres. Des lèvres que je me retiens de regarder.

« Pourquoi tu veux que je vienne avec vous? » Il me demande sérieusement malgré son sourire.

Et je souris aussi, même s'il m'énerve à cet instant. Parce qu'il connaît ma réponse. Mais si Harry sait avoir de la répartie je pense en avoir aussi. Et peut-être que je suis un peu trop honnête, aussi.

« Parce que moi je n'arrive pas à me lasser de toi, apparemment. »

(I wanna be your girlfriend_girl in red)

HARRY.

Parce que moi je n'arrive pas à me lasser de toi, apparemment.

Cette phrase résonne à nouveau dans mon esprit alors que je souris discrètement, assis sur le canapé, mon casque sur les oreilles. Je sens le parfum de ma mère qui termine de se préparer tandis que Zoé sautille partout dans le mobil home, mon père tentant de la calmer en riant. Je souris en regardant la scène, même si mon esprit est loin, très loin.

Enfin, pas si loin que ça lorsqu'on y pense. Parce qu'il suit seulement l'allée pour retrouver ce chemin de terre, cette table et cette balançoire. Mon coeur s'est réchauffé plus qu'il ne le fallait lorsque j'ai compris que cet endroit était important aux yeux de Louis et encore plus lorsqu'il s'est mit à se confier. J'ai été sincèrement touché. Surpris, mais touché. Je ne m'attendais pas à ce que, derrière ce sourire qu'il affiche quotidiennement, se cache la séparation soudaine et surtout récente de ses parents. Je ne savais pas quoi lui répondre. Je ne savais pas comment le réconforter avec des mots et je n'avais pas assez de cran pour le faire avec des gestes.

Alors je me suis surpris moi-même en me mettant à me confier à mon tour. Comme pour le remercier de me faire assez confiance, comme pour être à égalité même si, au fond, c'est surtout parce que j'en ai ressenti le besoin. Tout déballer pour éviter d'exploser comme j'ai pu le faire en m'isolant cette semaine. Je me suis surpris à réaliser que c'était plus simple que je ne le pensais, de se confier. En tout cas de se confier à Louis. Il y avait quelque chose de réconfortant dans son regard ainsi que dans son sourire.

Je me sentais bien.

Parce que moi je n'arrive pas à me lasser de toi, apparemment.

Après avoir lâché cette phrase, son téléphone a sonné. C'était un appel de son père. Et j'étais reconnaissant qu'il s'éloigne de mon corps pour répondre, même si c'est moi qui avait provoqué cette proximité en me levant. La tension qui est apparue au même moment m'a retourné l'estomac, me donnant l'impression de ne plus savoir respirer correctement et de, pourtant, adorer ça. Il faut être maso pour aimer ne plus savoir respirer. Pourtant c'est ce qu'on fait tous, dans les moments les plus intimes. On perd notre souffle.

Je prends justement une grande inspiration en sentant cette chaleur renaître dans mon estomac. On a clairement flirté avec Louis. Je ne pense pas qu'il y ait d'autres mots. Et je me demande ce qu'il se serait passé si, après son appel, Louis ne m'avait pas dit devoir s'en aller pour remplacer un autre animateur s'étant blessé et ne pouvant pas assurer une animation. Est-ce que j'aurais continué de lâcher prise en entrant dans son jeu? Ou est-ce que j'aurais fini par me bloquer, n'arrivant pas à savoir si je dois totalement croire en sa phrase?

Parce que moi je n'arrive pas à me lasser de toi, apparemment.

On s'est séparés au niveau des enclos d'animaux, partant dans deux directions différentes après que Louis m'ait donné rendez-vous pour vingt heures sur le parking du camping. A ce moment-là, j'ai pensé au fait qu'avoir nos numéros de téléphone serait plus pratique pour ce genre de sortie, mais je n'ai pas osé lui demander. Comme si ça allait m'engager dans une dynamique que je ne suis pas sûr de tenir. Qui m'effraie à chaque fois qu'on se sépare. Comme si j'arrêter de trop y réfléchir seulement lorsque je suis à ses côtés. Comme si je ne pouvais pas le contrôler lorsqu'il est en face de moi, et que je finis toujours par le regarder.

Les paroles de la chanson de girl in red résonnent dans mes oreilles et ne m'aident pas à y voir plus clair. Pourquoi je me prends autant la tête? Louis me plaît, c'est l'été, je sors d'une rupture dont je me suis remis, qu'est-ce que je risque? Enfin, si, je sais ce que je risque. M'attacher trop fort et tomber trop bas, encore une fois. Pourquoi faut-il que je sois du genre à avoir peur de ressentir là où des gens comme Louis s'amusent à ressentir sans jamais le subir? Du moins, c'est l'impression qu'il donne.

Il sait lâcher prise là où je réfléchis trop.

Là où j'ai peur d'avoir justement peur.

Je soupire et tourne la tête en remarquant du mouvement à côté de moi. Ce sont mes parents qui me font signe qu'ils sont prêts. Je retire alors mon casque pour le poser sur la table basse et me lever, rangeant mon téléphone dans la poche de mon jean.

« Est-ce que ça va mon chéri? » Me demande ma mère.

« Oui. » Je réponds simplement en hochant la tête.

Elle sourit doucement mais je vois bien que ce sourire n'est pas totalement sincère. Elle me pose cette question depuis le début de la semaine et attend sûrement que je finisse par me confier à elle aussi. Elle ne sait pas que j'ai entendu l'appel. Elle ne sait pas pourquoi ça fait une semaine que je m'enferme. Mais elle n'a pas pu s'empêcher de sourire lorsque, à midi, je leur ai raconté ma mâtinée avec Louis. Enfin, j'ai résumé, retirant par exemple les passages où on était torse nu et où je tentais de ne pas le bouffer littéralement du regard.

« On peut y aller? » Répète pour la énième fois Zoé, me faisant sourire.

« Toute l'impatience de sa mère, celle-là. » Rit mon père en ébouriffant les cheveux de Zoé.

Zoé râle mais ne peut pas le contredire. Evidemment qu'elle est impatiente. Elle nous parle de la fête foraine depuis que je lui ai parlé de la proposition de Louis. Mes parents ont alors décidé de venir aussi et de rester avec Zoé pour que je profite avec ce qu'ils appellent mes amis. Ce sont surtout les amis de Louis. Mais j'ai rassuré Zoé en disant que je viendrais la retrouver dans la soirée pour faire des manèges avec elle aussi. On est pas obligé de passer toute la soirée séparés.

« On y va, on va être en retard. » J'interviens, impatient moi aussi.

Zoé sourit discrètement en me regardant alors que mes parents acquiescent. Nous quittons le mobil home et traversons les allées du camping que nous connaissons maintenant par coeur. J'entends mes parents parler de l'avancement du chantier tandis que ma soeur leur demande si sa chambre sera aussi grande que ce que dit l'architecte. Sa remarque me fait rire et je lève les yeux au ciel avant de poser mon regard un peu plus loin, sur les silhouettes qui nous attendent devant le parking du camping.

Sauf que mon sourire disparaît soudainement.

Mes parents continuent d'avancer alors que Zoé a cessée de parler, semblant avoir remarqué la même chose que moi. Devant le parking se trouvent Rafael, Cléo, Léo ainsi que Louis. Mon regard croise le sien et il semble presque mal à l'aise lorsqu'il retourne son attention sur la personne en train de lui parler.

Le serveur du bar, le collègue de Rafael. Esteban, je crois. Celui qui avait avoué à Rafael être intéressé par Louis. Ce à quoi ce dernier a répondu. Pas avec le personnel. Il n'a pas répondu qu'il n'était pas beau ou qu'il ne l'intéressait pas. Non. Il a juste répondu qu'il n'était pas du genre à fréquenter le personnel. Une règle que lui même s'est imposé.

Et qu'il pourrait lui-même retirer. Je me dis sans pouvoir le contrôler.

Je regarde Esteban sourire près de Louis et, alors que mes parents s'avancent pour dire bonjour à tout le monde, j'entends Zoé dire près de moi:

« Il est moins beau que toi. »

Je baisse la tête vers elle, ne pouvant m'empêcher de pouffer en secouant la tête. Encore une fois, c'est la petite soeur qui tente de rassurer son grand-frère. Mais elle n'est pas objective. Esteban est très beau. Et cette chaleur réconfortante que je ressentais dans ma poitrine devient beaucoup plus désagréable soudainement.

« Zoé? Tu viens? » Appellent mes parents, attendant Zoé près de notre voiture laissée sur le parking après leur sortie matinale.

« Tu montes avec nous, Harry? » Me propose Cléo.

J'échange un regard avec Zoé qui me sourit doucement avant de me dire:

« Tu nous retrouveras à un moment à la fête foraine? Pour qu'on fasse un manège ensemble avant de rentrer?

-Oui, promis Zoé.

-Et attrape-moi une peluche! » Elle lance avant de s'éloigner.

Je ris en la regardant retrouver mes parents qui me font un signe de la main avant de monter en voiture. Je les regarde démarrer avant de me rapprocher du groupe. Je croise le regard de Louis qui me sourit simplement, un sourire que j'ai soudainement du mal à lui rendre même si c'est plutôt égoïste et injuste de ma part. C'est juste que je réalise soudainement que si Louis flirte avec moi, peut-être qu'il le fait également tous les jours avec d'autres personnes. Et même si on ne se doit rien, cette idée me serre l'estomac.

« Bon, qui monte avec qui? » Demande Rafael.

« Je peux monter avec toi? » Demande directement Esteban à Louis.

Sa question fait sourire Rafael qui bouge ses sourcils en regardant Louis. Ce dernier le remarque avant de sourire simplement à Esteban en hochant positivement la tête.

« Ouais, pas de soucis. » Il répond.

« Bah vous pouvez rester que tous les deux et les autres vous venez avec moi? » Propose Rafael.

« Oui on peut faire ça. » Sourit directement Esteban.

Mon estomac se serre à nouveau, alors que je regarde la voiture de Louis derrière ce dernier. Je repense à notre virée de ce matin, à la façon dont il a réussi à me faire chanter avec lui et à son stupide canard en plastique qu'il a appelé coin coin. Et ce souvenir a soudainement un goût amer à l'idée que l'histoire se répète avec Esteban.

Louis pose son regard sur moi mais je l'ignore, croisant à la place le regard de Cléo qui nous regarde tous les deux avant de regarder Rafael. Léo, lui, se pince les lèvres et s'approche de moi en même temps que Cléo dit sans grand enthousiasme:

« On fait ça alors. »

On se divise alors en deux groupes et je ne peux m'empêcher de regarder par dessus mon épaule pour voir Louis et Esteban se rapprocher de la voiture de Louis. Lorsque ce dernier déverrouille les portes, Esteban part directement s'installer côté passager. Mais Louis, lui, tourne une dernière fois la tête vers la voiture de Rafael, croisant une énième fois mon regard alors qu'on a pas échangé un mot depuis qu'on s'est rejoint.

Cette fois, je me surprends à soutenir son regard un peu plus longtemps. Et Louis continue de me regarder en retour. Même éloignés, cette tension reprend place. Mais elle est beaucoup moins agréable d'un coup. Je regarde Esteban à cette place que j'aurais aimé être la mienne. Je ne sais même pas si j'ai le droit d'être déçu. Si j'ai le droit d'être jaloux.

Mais mon coeur semble s'en foutre de savoir ce dont il a le droit ou pas.

Je suis jaloux et c'est plus fort que moi.

Je soupire et détourne le regard en même temps que Louis se pince les lèvres. On ouvre tous les deux notre portière en même temps avant de s'engouffrer dans ces deux voitures différentes. Je m'installe sur la banquette arrière, à côté de Léo qui tourne la tête vers moi. Mais je ne lâche pas un mot. Cléo s'installe côté passager et regarde Rafael pour lui chuchoter avant qu'il ne se mette à démarrer:

« T'es vraiment con. »

...

J'espère que ce chapitre vous aura plu..?

Harry et Louis se confient l'un à l'autre!

Mais une fin de chapitre qui annonce de la jalousie dans l'air...

Faites-moi confiance! J'aime beaucoup les chapitres de la semaine prochaine alors j'espère qu'ils vous plairont également!

À mercredi ! 😇

Encore merci infiniment pour tout.❤️

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