Une part en moi en a assez, en a vraiment marre de cette situation, se faire baloter par un chef qui change de casquette toute les deux heures, de tout ces patients qui s'entassent dans une salle d'attente pour leurs analyses d'urines qui peuvent clairement attendre, se mettant en danger et ruinant les efforts de tous et qui se permettent d'être désagréable avec le personnel de santé qui est hyper stressé par la situation actuelle mais essaie de rester fort

Une part en moi veut envoyer tout valser et me barrer en courant quand les dossiers pathologiques s'empilent, et que le personnel médical se réduit par des décisions arbitraires d'une personne déconnecté de la réalité de la vie du labo.

Une partie de moi se dit que je n'ai jamais eu la vocation de soigner des gens, j'ai fini ici simplement pour trouver un boulot, et j'ai fini comme enchaîné car je ne me sens plus le droit d'abandonner, et ce même par la pression que je n'aime pas recevoir et les déceptions ponctuelles que j'offre à ma supérieure que j'apprécie qui me font sentir extrêmement inutile.

Une partie de moi se dit que je devrais écouter mon cœur, être égoïste et me sauver comme certain de mes collègues le font, nous laissant dans la merde mais en attendant, ils sont bien tranquille chez eux, eux...

Mais je ne peux pas, je ne peux pas, je ne dois pas, même si c'est dur, il faut que je me lève le matin, en essayant de relativiser, que cette journée sera meilleure, et parfois elle l'est, on essaye de rester solidaire entre nous, malgré les tensions naissantes par faute d'organisations, on n'a même plus le temps de se concerter, on nous impose tout et change nos planing comme des pions heure par heure, sans aucun repère. Mais parfois elles sont catastrophiques, quand on doit gérer la pression des prélèvements covid, les patients habitués, les chimios, on fini par ne même plus se protéger efficacement, on ne reçoit aucune directive, on fait tout à la va-vite, on fini par s'en foutre, et on fait sans ou avec peu de sécurité car on peut pas perdre trois minutes pour désinfecter les tubes, on fini par mettre des gants bien trop petit car " il faut bien les écouler".

Une part en moi à peur de rentrer chez mes parents même après la fin du confinement tant il est presque sûr que je l'ai chopé dans cet environnement, et ça commence à me peser d'être dans une ville éloigné de mes proches, enfin je n'ai même pas de proche ici en soi, je me lève- je bosse- je me renferme. Je n'ai même plus le droit de randonner seul dans une forêt paumé au fond du morvan pour me vider l'esprit, alors que trente personnes fragiles sans masques peuvent s'entasser légalement dans une salle non ventilé pour un bilan sanguin non urgent.

Oui le problème, c'est que je ne me suis pas donné la "mission" de sauver des gens, je suis même pas sûr d'en sauver, j'ai perdu la notion de soin dans mon metier ce n'est plus que des chiffres sur un automate tant je ne cherche même plus à prendre le temps de comprendre les pathologies. On me demande de faire plus alors que je suis a peine capable de tenir mon poste, alors par quelque miracle j'arrive à tenir la barque, mais ca manque de s'écrouler comme un château de carte à chaque nouveau prélèvement covid positif, un peu comme un coup de couteau qui dit "tien, une chance de plus de le choper!" comme une roulette russe.

Une partie de moi est aussi exacerbé par la gestion catastrophique du gouverment qui me donne envi de pleurer tant c'est affreux, le coup des masques m'a simplement sidéré...

En bref, je vais essayer de tenir le coup pour que je sois au moins fier de moi plus tard, pouvant dire que j'ai tenu le coup malgré les difficultés.

Ah oui, parceque niveau prime ou récompense ou gestes, aux dernières nouvelles, on n'aura rien, on (les personnels medico-technique) n'est pas compris comme des personnes en première ligne, donc c'est normal de nous oublier 💁‍♂ c'est pas comme si on desengorgait les laboratoires des hopitaux et faisont des prélèvements covids... Enfin on verra ce qu'il en est à la fin de la crise...