Chapitre 20 : Will
J'ai reçu une dizaine de messages de mon père. Je les lis, sans savoir pourquoi, je devrais les effacer pour ne plus en entendre parler. Mais je ne suis pas Peter.
En les lisant ça me fait plus mal, je sens comme un poignard me transpercer le corps et quelqu'un m'arracher le coeur. Les messages sont déchirants. Il s'excuse encore et encore, disant qu'il était un pathétique père et que je ne méritais de l'avoir. Mais il ne dit pas une seule fois qu'il va arrêter. Et c'est ce qui est le plus douloureux à mes yeux.
Je lui ai répondu de me laisser tranquille. Je me sens égoïste de lui dire ça, mais quand je repense à ces moments où j'avais besoin de lui et où il n'était pas là, j'ai bien le droit de l'être aussi.
Nous sommes retournés voir Morgan, mais j'ai à peine parler avec. Je me sens mal et bizarre. Je n'ai pas envie de parler, pas envie de manger, juste d'être tranquille.
Je mange moins, des cernes violettes apparaissent sous mes yeux, mes nuits sont courtes et répétés. J'ai l'impression que mon univers s'est encore écroulé, qu'elle est morte une deuxième fois.
Je me souviens encore de la fois où j'ai entendu mon père tomber dans les escaliers. Je me suis rué hors de la chambre et j'ai dévalé les marches. Il tenait une bouteille de bière dans sa main et était tellement bourré qu'il semblait ne pas s'être rendu compte d'être tombé. Je l'ai aidé à se relever et a vomi. Je l'ai vite lavé et je l'ai couché. Puis j'ai tout nettoyé. C'était la première fois qu'il a bu à grandes quantités. Ca faisait deux semaines que je n'étais pas retourné en cours.
Le lendemain j'y suis retourné. Mes amis m'ont abandonné parce qu'ils ne savait pas la langue des signes et me regardaient avec pitié. Les professeurs me souhaitaient leurs condoléances. Mais je m'en foutais, ils ne la connaissait pas et ils ne la referont pas revenir ! Chaque soir je rentrais avec de mauvaises notes et mon père qui buvait. Chaque soir il s'excusait d'être aussi lâche. Chaque soir il promettait qu'il arrêterait et recommençait le lendemain. Chaque soir je nettoyais son vomi, ses bouteilles et l'envoyais se coucher. Un jour, quatre mois après la première fois que où je l'ai découvert dans les escaliers, j'ai craqué. On commençait à avoir des problèmes financiers, mon père ne travaillait plus, mes notes étaient en chute libre et j'étais tout le temps seul. Et bien sûr, je souffrais. Elle me manquait terriblement !
Quand il m'a vu pleurer il a compris. Je ne craquais jamais. Il s'est levé et a jeté lui-même ses bouteilles. Puis il est parti en cure de dés-intox et a recommencé à travailler. Le soir-même il m'a juré qu'il ne touchera plus jamais à l'alcool. Et cette fois-ci, je l'ai cru parce qu'il était sobre et qu'il n'avait vomi sur moi.
Et visiblement j'ai eu tort.
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