PROLOGUE

Mon pied à hauteur de ma poitrine frappa de plein fouet le visage qui se tenait face à moi, aggravant encore plus son état. J'entendis sa pommette droite craquer et un sourire satisfait se peignit sur mes traits. Cette saleté avait encore besoin d'un ou deux coups bien placés et serait hors d'état de nuire pour le reste de la nuit.

— Andrew, je te laisse t'en occuper.

Mon second hocha la tête, les yeux pétillants. Je savais à quel point il aimait être celui qui accordait le coup de grâce à ces bêtes infâmes. Je ne pouvais pas lui enlever ce plaisir.

Je me retournai d'un pas vif, ma main droite déjà sur ma lame courbée, accrochée à ma cuisse. Ma longue cape noire tournoya dans les airs, alors que mes cheveux fouettaient mes joues.

Les yeux plissés, je regardai rapidement à gauche, à droite, avant de courir sans prévenir droit devant moi. Une ombre venait de sortir de son trou. Elle était à moi. La dernière avant un repos bien mérité.

Sautant souplement sur une poubelle, j'atteignis d'un simple élan le toit qui la jouxtait. Je me retins de ma main, mes jambes déjà fléchies, prêtes à prendre le relais. Une fois en place, je me déplaçai en pas chassés, un peu penchée en avant, pour avoir un effet de surprise.

Une fois à l'autre extrémité du toit, je jetai un rapide regard vers le bas, et vis celle que je poursuivais prendre son élan, sauter sur le mur face à elle puis bondir sur la grille qui lui barrait le passage.

Immédiatement, le seul couteau à cran d'arrêt dont je disposais, imbibé d'un poison mortel, fusa dans les airs, pour finalement atteindre parfaitement sa cible à l'épaule. Cette dernière hurla. Un cri aigu qui agressa mon ouïe de quelques décibels.

Je tirai une grimace, grommelai des noms d'oiseaux avant d'atterrir souplement près d'elle. Mon pied sur son ventre et le talon de ma botte ancré dans son estomac, je l'empêchai de bouger. Blessée, elle ne pouvait plus faire grand–chose, mais je me méfiais de ces saletés. Un relâchement de trop et je ne serai plus de ce monde.

Alors qu'elle ne s'y attendait pas, je sortis un parchemin vieux de quelques siècles de l'intérieur de ma cape, un sceau bleu turquoise le clôturant.

–– Lorsque tu retrouveras ton maître, n'oublie pas de lui transmettre mon message. Le moment est venu.

Ma voix était devenue rauque à force d'avoir gardé trop longtemps le silence. Je me raclai discrètement la gorge et imprimai encore plus ma semelle à–même sa peau.

–– Compris ?

Un simple hochement de tête me fit comprendre que la bestiole avait compris sa mission. Même si cela n'était pas visible, je ressentais la peur qui suintait des pores de sa peau, comme si elle était mienne.

Je me retournai d'un mouvement sec, ne regardant pas en arrière. Nous avions la bataille finale à préparer, et j'avais besoin de tous mes hommes... et peut–être plus.

Andrew m'attendait à notre point de rendez–vous, nonchalant, l'épaule posée contre la grille d'entrée du parc et une jambe posée par–dessus l'autre.

–– Tout est OK ?

–– Il n'y a plus qu'à attendre et se préparer, confirmai–je en hochant légèrement la tête. Rentrons.

Il acquiesça, fit tourner son couteau entre ses doigts, passa sa langue contre ses dents et me lança son plus beau sourire :


–– La chasse aux démons peut enfin commencer.

Alors que je ne m'y attendais pas, un frisson me parcourut l'échine. Sa phrase m'avait plus atteinte que je ne le pensais.

S'il savait... S'il savait ce que j'étais réellement, me ferait–il toujours autant confiance ? Remettrait–il sa vie entre mes mains ?

Rien n'était moins sûr.

Ce dont j'étais certaine, c'était que l'affrontement allait avoir lieu dans quelques jours seulement et que seuls certains d'entre nous allaient en ressortir vivants.

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