28 | 'RÉCONFORT'
J'ai ouvert la porte de chez moi, plus que pressé d'en finir avec cette journée assez catastrophique. Ce que Lucas avait dit sur moi ce midi ne faisait que me revenir à l'esprit, et je n'arrivais pas à me faire à l'idée qu'il me détestait réellement.
C'était probablement risible de ma part, voire pathétique. Après tout, on s'était détesté depuis le début, je ne peux me blâmer que moi pour avoir chaviré d'un autre côté.
— Je suis rentré, ai-je déclaré mollement.
J'avais bien remarqué la voiture de ma mère devant la maison, et quelques instants après avoir prononcé ces mots, elle est arrivée dans mon champ de vision, les cheveux arrangés dans un chignon en pagaille, vêtue d'un sweatshirt de mon père et d'un simple jogging. J'ai grimacé.
— Ça va ?
— Bof, longue journée. Mon nouveau patron est un misogyne homophobe, elle grimaça à son tour en voyant ma dégaine, qui ne devait pas être mieux que la sienne, Et toi, ça va ?
— Bof, longue journée, j'ai appris que Lucas me détestait, telle mère tel fils, j'ai répondu sur le même ton.
On s'est tous deux regardé avec cette même lueur déprimée dans les yeux, et après quelques secondes, elle m'a souri gentiment et a ouvert ses bras. Immédiatement, je me suis faufilé jusqu'à elle pour la serrer contre moi. Elle m'a doucement tapoté la tête.
— Allons allons. Ça va aller. Viens, on va s'asseoir sur le canapé, je vais te parler.
Je l'ai suivie, obéissant, et me suis blotti contre elle une fois assis. Quoi qu'on puisse dire, ma mère était la meilleure et je l'aimais beaucoup. Elle m'a caressé le dos dans un but rassurant et a rouvert la bouche.
— Je ne t'ai jamais raconté comment moi et ton père nous sommes rencontrés– et mis en couple. Je pense que c'est le bon jour aujourd'hui.
— C'est seulement le bon jour pour m'enfoncer encore plus dans mon célibat là, ai-je rétorqué assez amèrement.
— Oh arrête ! rigola-t-elle doucement, C'est juste que ... J'avais ton âge et ... Toi et Lucas vous me rappelez étrangement notre situation à l'époque.
Mes yeux se sont légèrement écarquillés, surpris. Quand j'avais dit telle mère tel fils, je ne le pensais pas à ce point-là.
— J'étais différente à l'époque. Je traînais toute seule, je n'aimais pas les gens. Mais j'étais bien seule, je m'asseyais dans un coin et je lisais mes livres, tout simplement. Ça avait été comme ça toute ma scolarité, jusqu'à un jour. Le onze octobre 1988. Je me souviendrai toujours de la première fois que je l'ai vu. Sébastien, ton père.
Je l'observais avec attention, un peu amusé et à la fois étonné par ses yeux, qui paraissaient revivre les souvenirs qu'elle me racontait. J'ai toujours trouvé ma mère belle, mais à ce moment-là je l'ai perçue comme magnifique.
— Il est arrivé, m'a pris mon livre des mains et m'a demandé pourquoi je n'avais pas d'amis–
— Il a fait ça ?! me suis-je étranglé.
— Hmhm. Ça m'a beaucoup agacée. Il n'a pas arrêté de m'embêter, de me poser des questions débiles, et– tu connais ton père– il faisait des blagues stupides.
— Quelle surprise, ironique cette réponse, bien évidemment. Mon père avait cet humour lourdaud– un humour de père quoi. Quand je m'énervais et que je lui disais que j'étais sérieux dans ce que je disais, il me répondait simplement « bonjour sérieux, moi c'est Sébastien. » C'était à s'en arracher les cheveux, même pour moi.
— Je l'ai envoyé chier, pour le coup. Et ça a continué. Il se moquait de moi, me suivait partout, et même si j'étais une fille, surtout à cette époque, je me suis quand même battue avec lui. Tu connais aussi tes grands-parents, ils ont manqué l'attaque cardiaque en apprenant ça. Après ça, il a arrêté de se moquer de moi, pour plutôt essayer de me faire comprendre qu'il voulait sortir avec moi.
Elle a repris sa respiration et a pris une grande gorgée de son verre de jus de fruit qui était posé sur la table.
— Je l'ai ignoré pendant plusieurs mois, lui disant qu'il était énervant, que j'en avais marre et qu'il devrait laisser tomber.
— T'étais pas très sympa.
— Comme ton Lucas, elle m'a souri un peu plus, Et tu sais quoi ?
— Quoi ?
— Bien que ça ait duré plus de trois mois, il ne m'en a fallu qu'un seul pour que je tombe déjà amoureuse. Mais je l'ai laissé attendre. Je n'avais pas envie de lui faire comprendre que j'avais cédé, et je n'avais peut-être pas non plus envie de réaliser que j'étais amoureuse de lui. Après trois mois, il a commencé à ne plus venir, et j'ai failli le perdre. À ce moment-là, je me suis dit que ça ne servait plus à rien de se voiler la face, et que même s'il était un idiot, je voulais être avec lui.
Ça faisait bizarre d'entendre ma mère parler de sa jeunesse. Après tout, je ne la connaissais que comme ma mère, c'était étrange de se dire qu'elle aussi a eu une enfance et une adolescence, une vie sans moi dedans.
— On dit souvent qu'à cet âge là, ce sont des amours de jeunesse, qui ne dureront pas. On m'a dit que ma relation avec ton père ne durerait que quelques mois : deux ou trois, cinq ou six pour ceux qui se sentaient généreux. Je crois que les gens pensent que les amours de jeunesse, ce sont des amours idiots, avec deux adolescents qui croient ressentir des choses autres qu'une simple attirance. Il n'y a pas à tourner autour, un simple « tu veux sortir avec moi », même à cet âge là. On perd sa virginité, on se fait plaquer, on regrette et rebelote. Avec ton père, on a tourné autour du pot tellement longtemps que je ne pense pas qu'une relation éclair aurait pû être possible. On y a tellement réfléchi, il n'y avait pas à se dire « peut-être que dans quelques mois, je ne me verrai plus avec lui, ou avec elle ». Parceque ces quelques mois, on les avait déjà passé à se tourner autour.
À ce moment, je pense qu'elle avait oublié qu'elle avait passé une journée déprimante. Elle avait les yeux qui brillaient, et ça m'a fait sourire moi aussi.
— Et on en est là, trente-deux ans plus tard, avec cette même passion qu'au début. Et je pense que toi, elle pointa mon cœur du doigt, son ongle pressant contre mon t-shirt, Tu déprimes trop. Les choses s'arrangeront, crois-moi. On a beau dire que tu me ressembles, je serais toujours persuadée que tu as tenu de ton père.
J'ai dégluti, ne sachant pas vraiment quoi répondre.
— Tu devrais sortir avec papa ce soir, aller au restaurant. Ça fait longtemps que vous êtes pas allés quelque part sans le parasite que je suis avec vous.
Là, elle est restée bouche-bée.
— Quoi ?
— Je dis que tu devrais t'habiller bien, te sentir belle, et surprendre papa et l'emmener au restaurant. Je sais que ça vous ferait plaisir.
— Oh mais non mon lapin–
J'ai immédiatement grimacé au surnom.
— Ne m'appelle pas comme ça je t'ai dit.
— Ça je comprends plus, avant ça ne te dérangeait pas !
— Bref, j'ai senti mes joues commencer à chauffer un peu trop fort, Ne change pas le sujet.
Elle a secoué la tête.
— Je refuse de te laisser seul dans cet état là ! Tu es complètement déprimé, ce serait horrible de te laisser tout seul dans la maison !
— Mais non, ne t'en fais pas ! Je te le dis, ça va. Et puis, je pourrais regarder ma série sur la télé en mangeant de la glace sans me faire gronder, ce serait bénéfique pour tout le monde.
— Bon ... Si tu insistes, sa moue incertaine finit par tomber, et elle me sourit un peu plus, Tu es vraiment incroyable Camille, sache-le.
— Je sais.
Un rire sincère quitta ses lèvres et elle m'embrassa le front.
— Je t'aime.
— Je t'aime aussi maman.
Au moment où elle allait se lever pour aller se préparer, quelqu'un toqua à la porte. Regards confus se croisant, ma mère et moi avons compris en un instant qu'aucun de nous deux n'attendait quelqu'un. Ennuyé, je suis allé ouvrir la porte, quasiment persuadé que c'était soit un type louche qui voulait nous refaire notre toiture ou nos nouveaux voisins qui venaient nous demander si on avait une bassine pour leur gosse de quatre ans. C'était peut-être trop spécifique, mais avec eux c'était arrivé tellement de fois maintenant que j'en avais l'habitude. Je ne sais pas si je devrais être concerné par ce qu'ils faisaient à leur enfant avec notre pauvre bassine.
— Bonjou– ai-je commencé, et je pense que cette fois fut une des rares fois où je me suis trouvé incapable de finir le mot qui avait commencé à quitter mes lèvres.
Devant moi se tenait Lucas.
Je suis resté quelques secondes à essayer d'analyser la situation, incapable de comprendre ce qu'il faisait sur le pas de ma porte.
— Qu'est-ce que tu fiches ici ? ai-je fini par lâcher, les dents serrées. Je n'avais vraiment pas envie de le voir maintenant.
Il a levé les yeux vers moi et j'ai agrippé un peu plus fermement la poignée de la porte.
C'était étrange, mais il ne se ressemblait pas. Il paraissait différent de d'habitude. Il n'avait plus l'air aussi assuré, plus l'air sûr de lui et il n'avait plus cette moue renfrognée sur le visage. J'avais un peu l'impression de le voir sans sa carapace. Sa queue de cheval était complètement débauchée, ses yeux étaient écarquillés et ses pupilles regardaient partout sauf un point fixe. On aurait dit que toute sa famille s'était faite assassiner sous ses yeux.
— Je– j'ai juste pensé à te voir, j'avais ... J'ai pensé que tu étais le seul qui pourrait ... Je pouvais pas aller voir Jojo, ça m'aurait pas aidé et–
Ma main qui était fixée sur la poignée se posa doucement sur son épaule, et je jure que j'ai failli le voir sursauter.
— Qu'est-ce qu'il se passe ?
Parceque ça me faisait mal au cœur de le voir dans cet état là. Parceque j'avais beau dire que je ne pouvais plus me le voir, que je voulais le détester : je l'aimais encore et je ne pouvais pas me forcer à le laisser dehors, seul et aussi vulnérable que ça.
— Je suis rentré sur ma mère a-avec un autre homme, j'ai cru qu'il allait vomir au simple fait de devoir énoncer ce qu'il avait vu, En train de le chevaucher sur le canapé et– et je peux pas retourner chez moi, je sais que je pourrais pas. Je pourrais pas la regarder sans revoir cette scène, je pourrais pas regarder mon père, je pourrais pas regarder ma sœur et– je veux pas avoir à le dire, je veux pas être la cause du divorce de mes parents et je veux pas savoir depuis combien de temps elle le trompe et je pourrais plus jamais retourner à la boutique de smoothies avec toi parceque c'est le proprio qui était avec ma mère !
J'ai cligné des yeux.
Une fois.
Deux fois.
Trop de fois en fait.
Il venait de me noyer sous les informations, et je n'arrivais pas à me focaliser sur autre chose que les larmes qui menaçaient de quitter ses yeux.
J'ai eu une journée catastrophique, mais je suppose que la sienne était encore pire.
— Entre, ai-je fini par murmurer, Tu peux rester ici le temps qu'il te faut.
— Ma mère m'a appelé une dizaine de fois dans la dernière demi-heure, je vais balancer mon téléphone dans tes chiottes si elle continue.
Ça lui ressemblait déjà un peu plus et j'ai alors esquissé un maigre sourire.
Je ne voulais même pas imaginer ma réaction si j'étais tombé sur ma mère avec le type qui tenait la boutique de smoothies. Après ce qu'elle m'avait raconté sur mon père et elle, ça me paraissait encore plus insurmontable et je me suis dit qu'au fond, j'avais quand même de la chance.
— Je ne vais pas sortir ce soir, dans ce cas-là, ma mère était toujours dans le salon, l'air beaucoup plus inquiète que précédemment.
— Bonjour Madame Delbot, marmonna Lucas, clairement pas très à l'aise.
— Bonjour, elle devait vraiment avoir pitié de lui car elle ne paraissait même pas énervée d'avoir devant elle le garçon qui m'avait fait deux suçons (quatre en réalité mais elle n'avait pas à le savoir) avant de me laisser tomber comme une vieille chaussette.
— Maman, tu peux partir, ai-je soupiré, Tu étais inquiète que je reste seul, et bien voilà, je ne suis plus seul, tout va bien !
— Mais ... hésita-t-elle, T'es vraiment sûr que tu peux rester seul avec lui ?
— Maman. Ça va aller. Faut que tu arrêtes de t'en faire pour moi, j'ai bientôt dix-sept ans !
— T'es mon fils, bien sûr que je vais continuer de m'inquiéter pour toi ! Même quand tu auras cinquante ans je serais encore sur ton dos !
— À cinquante ans, si t'es pas déjà un légume en maison de retraite ce sera un miracle ! ai-je blagué. Lucas, qui était resté silencieux jusque là, s'est étouffé avec sa propre salive, probablement choqué parceque je venais de dire.
— Ah il est où le respect, elle sortit son téléphone tout en soupirant dramatiquement, Lucas, je vais envoyer un message à ta mère pour la prévenir que tu restes dormir. Je suis désolée pour ce que tu as vu, je ne le souhaite à personne. Par contre je ne peux pas te laisser dormir ici plus d'une nuit, parcequ'en tant que parent, je sais que c'est horrible et angoissant de ne pas savoir où son enfant se trouve, pour l'avoir vécu déjà trop de fois avec Camille.
Lucas a hoché la tête en silence et ma mère a continué :
— Enfin, y'a des pizzas dans le congélateur. Je vais me changer, Camille tu m'appelles au moindre souci, ton père et moi on déboule !
— Oui oui, d'accord, ne t'en fais pas, j'ai reporté mon attention sur Lucas, Tu veux un coca ? J'allais regarder un truc à la télé.
— Comme tu veux.
Il y a eu un silence gêné alors que ma mère est montée à l'étage dans la salle de bain. Je crois bien que ni lui ni moi n'avions envie de parler de ce qu'il s'était passé ce midi même. Alors j'ai allumé la télé.
↪❦↩
Durant le reste de la soirée, la mère de Lucas avait appelé trois fois. Seulement trois, parceque la dernière fois, Lucas était aux toilettes et j'avais craqué, lui répondant au quart de tour en lui disant qu'il n'avait pas envie de la voir maintenant et qu'elle pouvait essayer de comprendre ça.
La sœur de Lucas lui avait aussi envoyé quelques messages, car soit-disant il ne pouvait pas aller dormir chez un ami vu qu'il n'en avait pas et elle voulait qu'il lui dise pourquoi le petit frère de son mec avait engueulé leur mère au téléphone.
On en apprend tous les jours, je ne savais pas que Fabien sortait avec Ludmila.
Au final, il était minuit et je n'arrivais pas à dormir. Mes parents n'étaient toujours pas rentrés et j'ai commencé à me douter qu'ils ne reviendraient que demain matin. Lucas, quant à lui, se tournait et se retournait dans le sac de couchage que je lui avais prêté, probablement incapable lui aussi de fermer l'œil. Il ne me disait rien, mais je savais que dès qu'il fermait les yeux, il revoyait sa mère avec le propriétaire de la boutique de smoothies. C'était logique après tout, ça restait quelque chose de choquant, voire traumatisant.
— Camille ? finit-il par demander en se redressant sur le matelas.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Je peux dormir avec toi ?
Heureusement qu'on était dans le noir, je n'aurais pas supporté qu'il voie mes joues exploser de couleur. Je sentais mon pouls s'accélérer, et j'ai dégluti doucement, essayant de garder une voix calme et posée malgré ma panique :
— Euh oui, si tu veux.
Après quelques instants à se débattre avec le sac de couchage, je l'ai senti monter dans le lit et se faufiler sous la couette. Je me suis inconsciemment recroquevillé contre moi-même, rétractant mes bras jusqu'à ce qu'ils soient collés à mon corps. Je voulais juste éviter tout contact physique.
— Dis ... je pouvais presque sentir son souffle contre mon visage.
— Oui ?
— À propos de ce midi je ...
Je me suis entièrement tendu. On en n'avait pas parlé durant toute la soirée, et j'aurais d'ailleurs préféré qu'on continue d'éviter le sujet.
— Je suis désolé. Je le pensais pas.
— Pourtant tu l'as dit, ai-je murmuré aigrement.
— Julie est chiante. Elle me forçait à dire des choses que je ne voulais pas dire, et c'est tout ce que j'ai trouvé à dire pour qu'elle me fiche la paix !
— Ça n'empêche pas tout ! Ça m'a fait mal, Lucas !
— Je sais, pardon.
— C'est tout ce que tu as à dire ?! me suis-je étranglé, dorénavant assis sur mon lit.
— Te voir pleurer ça m'a fait mal aussi. Je crois que j'ai jamais autant regretté quelque chose que ce que je t'ai dit à ce moment-là.
Je me suis un peu calmé et me suis rallongé, les sourcils froncés. Il eut l'air d'hésiter encore un peu, et a fini par reprendre.
— Tu peux me le dire une nouvelle fois ?
Je n'avais pas besoin qu'il me dise de quoi il parlait, je l'avais parfaitement compris.
— Non.
Même dans le noir, j'ai vu ses yeux s'écarquiller légèrement.
— Pourquoi pas ?
— Parceque j'en ai marre de le dire et de recevoir le silence comme réponse. Ça aussi, ça fait mal, si tu ne l'avais pas encore compris.
J'ai senti d'abord délicatement ses bras passer dans mon dos, et avant que je ne le réalise, il me serrait contre lui. J'avais l'impression d'entendre mon cœur battre jusque dans mes oreilles et ça me rendait malade : j'étais persuadé qu'il pouvait l'entendre de là où il était. Quoique dans la position dans laquelle j'étais, avec ma tête plaquée contre son torse, je pouvais entendre le sien. Ça m'a étrangement rassuré.
— S'il-te-plaît, souffla-t-il contre mon oreille, Juste une dernière fois, je ne t'embêterai plus avec ça après.
Je me suis mordillé la lèvre inférieure, incertain, puis j'ai pris une grande inspiration et ai fermé les yeux.
— Je t'aime Lucas.
Sur le coup, comme je pouvais sentir son pouls, je l'ai aussi senti s'accélérer après mes trois mots.
— Je t'aime aussi.
Je suis resté complètement figé– pendant probablement le temps d'un clignement d'œil mais ça m'a paru bien plus long, et je me suis redressé brutalement, les yeux tellement écarquillés qu'ils auraient pu sortir de leur orbite.
Je devais avoir mal entendu.
— Quoi ?
— Je t'aime.
Peut-être que je n'avais pas mal entendu.
Mes pupilles s'étaient habituées à l'obscurité, et j'ai pu discerner un léger sourire sur son visage. Il a tendu les bras et j'ai fini par me blottir à nouveau contre lui. Mon cerveau tournait à mille à l'heure : je n'arrivais pas à me faire à l'idée que c'était réciproque, que je n'étais pas bon pour jeter ma vie romantique à la poubelle. Ma mère avait réellement eu raison au final.
J'ai levé les yeux vers lui, quand même hésitant.
— Pour de vrai ?
— Bah oui pour de vrai, espèce d'idiot ! je le reconnaissais bien là.
Sans vraiment réfléchir, je me suis rapproché de son visage et l'ai embrassé. Les questions, les confusions, les explications, ça pouvait se régler plus tard. Délicatement, il a posé ses mains sur mes joues parceque lui aussi devait avoir besoin de me toucher. J'ai fermé les yeux et me suis laissé aller : je l'avais embrassé deux fois avant, mais cette fois-ci paraissait tellement différente. Peut-être parcequ'on y mettait nos vrais sentiments pour une fois, ou peut-être parcequ'on en avait vraiment besoin. Après cette journée, je pense qu'on avait tous les deux besoin de réconfort. Dans le noir, seuls dans la maison, il n'y avait que nous et notre besoin de savoir que la personne qu'on aimait nous aimait aussi.
J'ai soupiré doucement contre ses lèvres et il en a profité pour laisser passer sa langue dans ma bouche.
Putain le piercing à la langue.
Je devais avoir un petit problème avec ça. Chacun ses fétiches, je ne me permettrai pas de juger, mais je n'imaginais que son piercing puisse me faire autant d'effet. Un gémissement plaintif resta étouffé par notre baiser, et mes mains sont venues s'accrocher au t-shirt que je lui avais prêté pour dormir. Je l'ai senti sourire, clairement amusé par ma réaction, et il lâcha finalement mes lèvres pour me laisser reprendre mon souffle. Il enfouit son visage dans le creux de mon cou et j'ai laissé ma main caresser ses cheveux, déjà haletant.
— Je peux te laisser un suçon ?
J'ai fermé les yeux et ai souri. Il s'était clairement souvenu que ça ne m'avait pas plu, cette fois où il m'avait laissé une marque sans que je sois vraiment d'accord. J'ai hoché la tête doucement. Il s'était aussi clairement souvenu de mon point sensible car il posa ses lèvres immédiatement sur ma clavicule. Mes paupières se sont brusquement rouvertes et un gémissement étranglé quitta mes lèvres. J'ai senti que mes joues commençaient à chauffer, et même dans le noir, j'avais l'impression qu'il pouvait voir le rouge sur mon visage.
Une chose en menant à une autre, dans l'obscurité, avec personne pour nous arrêter, il a fini par se retrouver sur moi, le t-shirt que je lui avais prêté déjà retiré. L'attente, le désir, le réconfort. À notre âge, c'était aussi normal. J'appréhendais un peu, pas parceque je n'avais jamais fait ça avant ou parceque je ne lui faisais pas confiance, mais pour la simple et bonne raison que j'avais pris un shampoing quelques heures plus tôt et que je devais empester la noix de coco.
Cette odeur qu'il n'avait pas supporté sur moi.
Mais j'avais l'impression de le connaître depuis une éternité maintenant, je lui faisais entièrement confiance, suffisamment confiance pour qu'on en soit là, et il ne m'aurait pas repoussé pour ça.
Tête basse, son souffle contre ma nuque, il déposait quelques fois des baisers juste là où il fallait, probablement pour me rassurer, me faire comprendre que ça allait. Collés l'un contre l'autre, on expérimentait un peu, parcequ'à notre âge, ça aussi c'était normal. Ses hanches se frottaient aux miennes et ses mains se baladaient sur mon corps, hésitantes et encore incertaines. Un « tu veux le faire ? » entre deux respirations saccadées et un simple « oui » entre deux gémissements silencieux. Je ne reconnaissais pas les sons qui sortaient de ma bouche, j'aurais presque préféré les faire taire : aiguës, sonnant presque désespérés. Je n'aimais pas m'entendre comme ça.
Il prit une grande inspiration et m'embrassa à nouveau.
— Tu sens bon.
Je me suis figé quelques instants, incrédule. Les larmes me sont montées aux yeux sans que je puisse les contenir et je me suis mordu la lèvre. Que ce soit pour retenir un autre gémissement ou un sanglot, je n'en étais pas trop sûr. Je savais juste que je me sentais beaucoup plus léger.
Pour lui comme pour moi, ce qu'il venait de me dire, c'était beaucoup plus significatif que « je t'aime ».
NDA : wow.
Bon, déjà, je m'excuse d'avoir pris AUTANT DE TEMPS pour poster. Les cours à distance, le lycée, bref c'est nouveau et ça m'angoisse BEAUCOUP TROP.
En plus de ça il fallait que je retrouve de l'inspiration, et ça m'a pris un peu plus d'un mois pour savoir ce que j'allais faire avec ce chapitre. En plus de ça, il m'a pris plus d'une semaine à écrire MAIS VU LA TAILLE, BON, COMPRÉHENSIBLE.
J'aurais pu le couper au moins deux fois mais pour me faire pardonner je l'ai laissé en entier et puis ... Ça me paraissait mieux.
Je suis vraiment fier de comment il a tourné, un petit bébé de 3900 mots :')
Ah oui, comme comeback, difficile de faire mieux, j'ai pas mal balancé là.
Si vous trouvez que c'est allé trop vite, euh ... Non pensez pas ça ;-;
Je pouvais juste pas continuer à faire mouliner, ça aurait été trop long pour pas grand chose, croyez-moi.
Anyway, mon inspiration est là, je vais commencer à écrire le prochain chapitre donc on se revoit très vite >:3
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