27 | 'DES LARMES ET LE SILENCE'
PDV Camille
Parcequ'on l'aime bien au fond Lucas, mais que notre rayon de soleil nous manque quand même.
Alexandre m'a tiré violemment par le poignet à travers la cour, il prenait de plus en plus confiance en lui, ça me faisait plaisir mais sur le coup je n'étais pas en état de trop réfléchir à ce genre de choses.
J'aurais juste voulu un mouchoir et mes deux mains libres pour me frotter les yeux encore et encore jusqu'à réussir à faire partir l'humidité sur mes joues, même si je savais que je ne réussirai pas.
Je ne savais pas si j'avais plus mal qu'au moment où il m'a rejeté, en tout cas, j'étais bien conscient que je devais bien plus pleurer que ce jour-là.
Alex avait raison, Lucas était un connard de première, un enfoiré, et ça, je le savais. Ça ne servait à rien de me le rabâcher, ma relation avec lui en début d'année était amplement suffisante pour le comprendre. De base, je le détestais, je ne pouvais pas me le voir même en portrait, justement parcequ'il était un des pires connards que j'ai rencontré. J'aurais dû savoir que ça n'allait forcément pas bien finir, j'aurais dû m'en douter vu comment notre relation avait débuté, seulement voilà, je n'avais pas eu de chance. De tous les garçons que j'aurais pu aimer, c'était tombé sur lui, et plus j'en apprenais, plus je passais de temps avec lui, plus je finissais meurtri et blessé. Oui, il était nocif pour moi, et ça faisait pitié de voir que j'en étais rendu là.
— Je ne veux plus le revoir. Je ne peux plus me le farcir, j'ai envie de le frapper tellement fort, ai-je hoqueté.
À ces mots, Alexandre s'est finalement arrêté, au calme, et il s'est retourné vers moi. L'air assez inquiet, il a posé ses mains sur mes joues pour essayer d'essuyer mes larmes.
— J'ai envie de dire que vous étiez voués à vous haïr, soupira-t-il, Après tout, vu comment ça avait commencé, je ne voyais pas vraiment d'issue heureuse pour un possible couple là dedans.
À ces mots, j'ai quand même une nouvelle fois éclaté en sanglots, parceque putain ça faisait mal quand même, et il m'a pris dans ses bras.
— Je veux pas te voir pleurer Cam, t'es mon meilleur ami, je veux juste que tu sois heureux, et là tu l'es clairement pas. Faut que t'arrêtes de te prendre la tête avec Lucas, j'en peux plus de te voir comme ça moi.
Il avait raison, il avait probablement tellement raison, mais j'avais du mal à me voir sans Lucas dans ma vie. Il était arrivé tel un boulet de canon et avait pris une place si importante dans mon cœur et dans mon quotidien général si vite que je n'arrivais plus à le visualiser sans lui. Ça faisait vide. Sans Lucas, je me sentais vide à l'intérieur, et ça me terrifiait.
— Ça va aller ? j'aurais préféré que ma phrase soit une affirmation, mais j'en étais si peu certain que j'étais forcé de la formuler comme une question. Je mettais toute la responsabilité sur Alexandre.
— Ça va aller, me persuada-t-il en un murmure, et il me tapota le dos gentiment. Un sourire triste sur le visage, il recula un peu, Hein ? Maintenant sèche tes larmes, on doit bientôt retourner en cours.
J'ai regardé ma montre et ai grogné de désespoir. En arrivant devant la classe, je suis tombé sur Julie et Lucas. Elle était collée à lui et lui murmurait des choses dans l'oreille. J'ai senti mon cœur se serrer, et je n'ai pas pu arrêter de les fixer. Julie préférait vraiment traîner avec lui après ce qu'il avait dit sur moi, hein.
Et s'ils finissaient ensemble ? Vu comment elle était proche, ce ne serait pas étonnant.
— Arrête. Je sais à quoi tu penses, arrête, m'ordonna Alexandre en me forçant à avancer.
Tête baissée, j'ai détourné le regard pour regarder le sol avant de passer devant mon ex et Lucas en silence. J'ai quand même voulu lui jeter un coup d'œil, et mes yeux se sont écarquillés.
Il me regardait, effectivement, mais le contour de ses yeux était comme les miens : rougi, un peu gonflé, et ses yeux bleu glacé avait pris une tournure plus turquoise. Lui aussi avait pleuré, c'était une évidence. Je mourais d'envie de m'approcher, de lui demander si ça allait, pourquoi lui aussi avait pleuré, mais je me suis retenu en me souvenant de ses mots. Mon regard s'est fait plus dur, j'ai froncé les sourcils et mes lèvres se sont pincées. J'ai détourné le regard et suis retourné aux côtés d'Alexandre sans lui accorder une autre once d'attention.
Peut-être que j'aurais dû, en tout cas, j'en avais clairement envie. J'étais curieux, et c'était une épreuve de ne pas garder mes pupilles rivées sur lui. Alex m'a d'ailleurs empêché de le regarder une fois encore, et je n'ai appris que plus tard qu'il ne voulait pas que je voie les quelques larmes qui roulaient sur ses joues après que je l'ai quitté du regard.
Plus de mots entre nous, juste les larmes qu'il avait causé, et le silence qui créait un fossé encore plus grand entre nous.
Je venais même à en regretter l'époque où on se battait pour un rien. Tout aurait été tellement mieux que ce vide entre nous qui me brisait de l'intérieur.
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