22 | 'SANS LUI, JE NE SERAIS RIEN'

Quand je suis arrivé devant chez moi, le moral totalement dans les chaussettes, j'ai découvert avec amertume les deux voitures de mes frères garées sur le trottoir. Usuellement, j'aurais été heureux de savoir qu'ils étaient tous les deux là, surtout en même temps, mais là, ça tombait vraiment mal.

J'ai soupiré bruyamment avant de pousser la porte d'entrée. Je ne l'avais même pas remarqué, mais j'avais pleuré sur ma route, et les larmes étaient maintenant séchées sur mon visage, et le contour de mes yeux rougi et bouffi. Sans un mot, j'ai balancé mon sac contre l'escalier et j'ai rangé mes chaussures. Bien vite, les deux voix que j'entendais en bruit de fond se sont tues, et les têtes de Louis et Fabien ont fait leur entrée dans mon champ de vision.

- Camille ? s'étonna Fabien, assez surpris de ma présence dans la maison.

- Camouille ! s'exclama Louis en venant m'attraper derrière la nuque d'un de ses bras pour me frotter vigoureusement la tête.

- Salut, ai-je simplement marmonné.

Je me suis débattu hors de l'emprise de mon frère, et comme une larve, me suis écroulé sur le canapé, la tête droit dans les coussins. Ma mère n'a pas à été longue à faire son apparition elle aussi.

- Camille ?! Qu'est-ce que tu fiches ici, tu n'as pas cours ?!

- Si ...

- Alors je peux savoir pourquoi exactement tu es là ?!

Le ton de sa voix était monté, et tandis que, me tournant sur le côté, j'avais pu voir mes frères grimacer à l'idée du sermon qui m'attendait, les larmes ont recommencé à rouler sur mon visage. Et silence radio.

- Camille ?

- Je me suis pris un râteau, ai-je fini par admettre avec difficulté, sentant ma gorge se serrer considérablement.

- De quoi ?!

- Lucas m'a foutu un râteau, je suis pas assez différent des autres.

Immédiatement et d'un geste fluide, Louis s'appuya sur l'arrière du canapé et sauta dessus pour venir s'asseoir à mes côtés et me tapoter le dos gentiment.

- T'es spécial Cam, écoute pas les idiots.

- J'y ai cru en plus, ai-je continué en me frottant les yeux, et alors que Louis continuait d'essayer de me réconforter, Fabien, lui, se gratta la gorge.

- C'est de lui les deux suçons sur ton cou ?

Ma mère hoqueta de surprise, et je ne me suis même pas senti embarrassé que ce soit dévoilé comme ça : j'ai simplement hoché la tête en silence.

- Donc il t'a foutu deux putain de marques et après ça il a osé te dire que t'étais pas différent des autres et il t'a foutu un râteau ?

Encore une fois, je me suis simplement contenté d'hocher la tête. Honnêtement, je ne me sentais pas vraiment d'humeur à leur répondre, alors de simples mouvements de têtes me paraissaient amplement suffisant.

Louis paraissait assez énervé, et Fabien, plutôt inquiet. Il s'accouda d'ailleurs au canapé, et me regarda avec beaucoup d'intérêt.

- Cam, si vraiment tu ne te sens pas bien, parles-en. Je sais que c'est difficile pour toi, surtout que de ce que j'ai entendu, il n'a pas été franchement respectueux.

- Ça va aller, j'ai juste besoin d'être seul. Je peux aller dormir ?

- Mon poussin, si tu crois que je te donnerai une excuse valable pour avoir séché, tu te fourres le doigt dans l'œil.

Alors que j'ai haussé les épaules, n'étant pas sérieusement dérangé par quelques heures de colle, j'ai monté les escaliers en silence. J'ai entendu mes grands frères s'offusquer bruyamment.

- Maman tu peux pas faire ça, c'est dégueulasse !

- Mère indigne ! Tu vois bien que ça va pas, il aurait eu l'air de rien en cours, c'est mieux qu'il y aille pas !

Je les ai ignoré et ai fermé la porte de ma chambre, avant de me laisser tomber sur mon lit, sur le ventre. J'ai tourné la tête vers ma table de chevet, et ai aperçu la photo que j'avais pris avec lui, le jour où j'ai réalisé que j'avais des sentiments pour lui. Grimaçant visiblement, j'ai senti les larmes humidifier mon visage une fois encore, pour changer. Je me suis tourné pour plutôt faire face au mur, je n'avais pas envie de le voir, même en photo. Toujours avec cet arrière-goût d'amertume dans la gorge, j'ai fermé les yeux et assez rapidement, ai sombré dans les bras de Morphée.

- RÉVEILLE TOI TAFIOLE DE MES DEUX, EH CHACAL !!

Brusquement, mes yeux se sont rouverts, et j'ai lentement tourné la tête, choqué, pour faire face à un Alexandre qui avait l'air plus qu'énervé. J'ai d'abord vu flou, me demandant au juste ce qu'il faisait là. J'étais épuisé. Combien de temps j'avais dormi ?

- Il est 17:48 pour ton information, enfoiré.

- P-Pourquoi tu m'insultes ? ai-je bredouillé, perdu. Je le voyais rarement aussi exaspéré.

- Tu prends vraiment la peine de demander ? Toi, CAMILLE BOUCLES D'OR, SOLEIL SUR TERRE ?! LA PERSONNE QUI A AUSSI SIMPLEMENT SÉCHÉ TOUT UN APRÈS-MIDI DE COURS PARCE-QUE BOUHOUH TU T'ES PRIS UN RÂTEAU ??

Les lèvres tremblantes, je l'ai regardé, les larmes recommençant à brouiller ma vision. Il leva les bras au ciel dramatiquement, avant de me pointer d'un doigt accusateur.

- Laisse moi te dire une chose, espèce de cuvette des toilettes. Ça ne te ressemble pas. T'apitoyer sur ton sort, ça ne te ressemble pas. Bordel, je t'ai vu sourire et te mettre à rire alors que tu étais attaché à une perfusion, des tubes dans le nez, seulement une nuit après ... Après tout ce qu'il s'est passé avec Azrael ! Je t'ai vu continuer de faire office de soleil humain même quand tu étais à l'hosto parceque t'es pédé ! Je t'ai vu au plus bas, et à chaque fois, tu trouvais le courage de me dégoûter en restant incroyablement positif. Et là, LÀ, tu me dis que tu n'es pas capable de sourire ALORS QUE TU T'ES JUSTE PRIS UN PUTAIN DE RÂTEAU ?! BORDEL CAMILLE JE TE COMPRENDS PAS !!

Parmi beaucoup d'autres choses que j'ai retenu de son discours, une des choses qui m'a fait tiquer, et qui avait l'air sur le coup sacrément futile, c'est la manière dont il a hésité en parlant d'Azrael, et comment la flamme de colère dans ses yeux avait légèrement vacillé. Je ne sais pas au juste ce qui lui arrivait, et ce n'était franchement pas le moment pour y réfléchir, mais il y avait clairement quelque chose qui n'allait pas, et à en juger par son comportement, je commençais à penser que Azrael n'était pas anodin dans cette histoire.

Mais effectivement, ce n'était pas le moment, et j'ai baissé la tête.

- Mais ça fait mal ...

- C'est la vie, cassos. T'es passé par pire, et tu t'es relevé, alors ne viens pas me dire que là tu comptes rester par terre.

- Le cassos était gratuit.

- Tu le mérites.

- Mais c'est pas juste !

Il haussa un sourcil (une de ses spécialités, je ne comprendrai jamais comment il arrive à faire ça, c'est rageant, même après des heures d'entraînement dans le miroir, j'ai juste l'air d'un con), et rouvrit la bouche, tout en en profitant pour balancer une liasse de feuilles sur mon bureau. Hmm, des devoirs, youpi ...

- La vie est injuste.

Je me suis tu, laissant le silence envahir la pièce quelques instants.

- Il était censé me briser le cul, pas me briser le cœur.

J'ai relevé les yeux vers lui, amusé, pour le voir écarquiller les yeux, et avant que je ne m'en rende compte, je me faisais taper violemment.

- BORDEL T'ES DÉGUEULASSE !

- Ça va c'est pas pire que la fois où j'ai sucé une banane pour m'entraîner et pas me foirer le moment de ma première fois.

J'ai vu ses lèvres trembler, et à un seul croisement de regards, il éclata de rire. Bien vite je l'ai suivi, toujours aussi émerveillé par son rire. C'était si rare de le voir rire aux éclats comme ça, pourtant, c'était si beau. Il devait rire plus souvent, même si je sais que dans son cas, c'était difficile.

- Putain je m'en souviens ! jura-t-il, hilare, avant de tomber sur mon lit à côté de moi, T'es vraiment trop con !

- Et c'est pour ça que tu m'aimes.

- J't'aime pas, t'es moche, gros gogole.

- Hmhm, quelle tristesse, de nous deux, c'est moi le meilleur ami ignoble. SNIFF SNIFF, JE FINIRAI SEUL TOUTE MA VIE, DONNE MOI TA BEAUTÉ ALEX, AIME MOI !

Il pouffa de rire, essayant de se retenir, sans vraiment grand succès. Moi, je l'ai suivi, de toute façon, je n'avais que ça à faire. En le regardant se tenir les abdominaux tellement ça lui faisait mal, je me suis un peu calmé, et ai souri plus gentiment. Sérieusement, je ne sais pas ce que je ferais sans lui.

AHAH J'AI PAS OUBLIÉ DE POSTER !!
Putain pourquoi je me vante c'est pourtant pas un exploit 🤡

Best friends energy, ça fait toujours plaisir

J'ai calé les p'tits indices sur Azrael et Alexandre, honnêtement je suis DÉTERMINÉ à leur faire une histoire à ces deux là (๑•̀ㅂ•́)و✧

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