14 | 'JUSTE ÇA'
Après une autre semaine sans aller au lycée, trop occupé à vomir de la bile dans une bassine sans sortir de mon lit et à essayer de me rétablir d'une gastro-entérite légèrement désagréable, j'ai pu retourner en cours, et j'en étais plutôt heureux. Devoir changer mes draps en plein milieu de la nuit ou me rendormir dans mon vomi, c'était pas franchement un de mes hobbys favoris.
Enfin j'ai rattrapé mes cours et je suis aujourd'hui allongé sur le sol, la tête reposant sur les cuisses de Clara. Ambre parlait non-stop, ce qui me donnait juste envie de sombrer dans les bras de Morphée, et la seule à vraiment l'écouter était Brigitte. Alexandre était sur son téléphone, Joëlle essayant de regarder à quoi il jouait par dessus son épaule. Gontran et Louise étaient occupés à se bécoter entre eux. Clara, elle, passait ses mains dans mes cheveux en me parlant de Lucas. Au final, Brigitte n'avait pas su tenir sa langue durant le temps où j'étais absent, et ce matin, en revenant je me suis fait assaillir par les questions et les remarques déplacées, ce qui ne m'a pas vraiment plu.
— Et pourquoi il te plaît ? T'es au courant qu'il a un caractère à chier, pas vrai ? En plus, il est toujours à fourrer sa langue dans la bouche d'une fille différente chaque midi.
— Je sais pas, il m'attire c'est tout.
— Mais y'a forcément une raison ! Tu peux pas juste apprécier Lucas pour ... Pour Lucas !
— Et bien si, ai-je soupiré en fermant les yeux.
— Je ne te crois pas. Qu'est-ce qu'il t'a fait ?
— Rien, ai-je bougonné, Écoute, si tu veux vraiment savoir, je pense que de toute façon, s'il n'avait pas eu son caractère, il ne m'aurait pas aussi plu.
— Comment c'est possible ?
— Ça, c'est l'amour, c'est incompréhensible, se rajouta soudainement Joëlle en souriant.
— Viens pas me parler d'amour, je suis pas encore là.
— Bah pourtant ...
— Venez pas vous mêler de ma vie amoureuse, ça vous regarde vraiment pas, ai-je fini par trancher en me redressant.
— Heh ? Tu fais quoi ? s'indigna Clara, Tu t'enfuis ?
— J'ai même plus le droit d'aller aux toilettes ? ai-je cinglé en haussant un sourcil.
Elle me bredouilla que si, me faisant pouffer de rire, et je suis parti en direction des toilettes, passant une main dans mes cheveux, soupirant pour essayer de calmer mes émotions. Elles m'agaçaient, à s'intéresser à ce qui ne les regarde pas. Enfin je suppose que les potins, c'est un truc de filles.
Je suis entré dans les toilettes, et après avoir fait ce que j'avais à faire, je suis parti me laver les mains. À ce moment, Lucas arriva.
— Tiens, t'es pas avec une fille ce midi ? ai-je lâché en le regardant à travers le miroir.
— Qu'est-ce que c'est censé vouloir dire ?
— Ce que ça veut dire. T'es toujours avec une fille différente chaque midi, ai-je fait remarquer en faisant une moue dégoûtée.
Il haussa les sourcils et se rapprocha de moi au lieu de continuer son trajet vers les urinoirs.
— T'es jaloux mon lapin ?
— Je t'ai dit des milliards de fois de ne pas m'appeler comme ça, ai-je simplement grincé.
— Ohh mon lapin est vraiment jaloux.
J'ai serré les dents et ai fermé le robinet pour le fusiller du regard, seulement, avant même que je m'en rende compte, il avait plaqué ses mains contre le miroir et me tenait prisonnier entre le lavabo et lui.
— À quoi tu joues ? ai-je balbutié, mes joues tournant légèrement au rouge.
— Tu sais, si t'es jaloux, t'as qu'à le dire, je peux y remédier.
Mes yeux se sont écarquillés à ce sous-entendu, et, les joues plus que rouges, je me suis écrié :
— PSHT ÇA VA PAS BIEN OU QUOI ?!
J'ai bien essayé de le repousser, mais le bougre avait beaucoup plus de force que moi, et c'est seulement là que j'ai pu voir notre écart de puissance.
— T'inquiètes, je suis pas un si gros connard, je ne fais rien sans consentement.
— Bah alors dégage, ai-je feulé.
Mais, oh malheur, un garçon de seconde est entré dans les toilettes à ce moment. Il a levé la tête, nous a vu, est tourné au rouge écrevisse et a tourné les talons aussi vite qu'il était arrivé. Lucas ayant arrêté de me coincer, j'en ai profité pour m'échapper et le poursuivre pour lui dire que ce n'était vraiment pas ce qu'il pensait et qu'il ne fallait pas qu'il aille le crier sur tous les toits. Le pauvre n'était vraiment pas grand et avait l'air totalement désarçonné, déjà sûrement pas très à l'aise devant la scène qui s'était jouée devant ses yeux, et surtout maintenant qu'un garçon plus grand que lui venait le harceler.
— Je rêve où tu es en train d'harceler un petit de seconde ?
J'ai lâché la manche du petit pour tomber nez à nez avec Loïc, qui me regardait, confus.
— C'est pas ce que tu crois, ai-je déclaré pour au moins la dixième fois en moins de cinq minutes.
Lucas est sorti des toilettes en riant, et je jure que j'ai eu envie de le frapper. Seulement mon cœur ne m'en a pas laissé la force et je suis resté à serrer le point et à jurer sous mon souffle que ce n'était pas juste qu'il soit aussi beau. Il finit par me percer du regard, son sourire narquois toujours planté sur le visage.
— T'es mignon quand t'es gêné comme ça, lapin.
J'ai cru que ma tête allait exploser tellement je rougissais, et Loïc m'a regardé, d'autant plus confus.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé avec Lucas ? Vous avez fait quoi exactement dans les toilettes ?
— RIEN ! me suis-je écrié avant de repartir et de foncer droit dans Candice, une fille que j'avais eu dans ma classe l'année précédente.
Je me suis excusé platement et suis retourné vers mes amis en silence, en train de dépérir de l'intérieur après l'incident dans les toilettes. Au fond, je n'avais pas eu tort, il ne s'était rien passé de bien concret.
Il m'avait juste plaqué contre un mur comme dans les films romantiques et les mangas pour fille et avait insinué que si je disais que j'étais d'accord, c'était moi qu'il aurait embrassé avec la langue, et pas une autre fille quelconque.
JUSTE ÇA.
Je vais exploser avant la fin de l'année, c'en est sûr maintenant.
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