1 | 'LE DÉBUT D'UNE « BELLE » ANNÉE'

Tu pues.

Je suis resté silencieux, bouche bée. C'est vraiment tout ce qu'il trouvait à me dire ?

Eh ! Monsieur Rageux ! s'écria Ambre en se levant sur sa chaise, Camille sent très bon, il sent la noix de coco !

— C'est ce que je dis, il pue, rétorqua-t-il en fronçant les sourcils tout en me regardant avec pitié, T'es pas capable de te défendre par toi-même, Boucles D'or ?

J'ai fait la moue, furieusement agacé, et je me suis rapproché de lui, un sourire moqueur sur le visage.

Je prends ça comme un compliment envers mes cheveux, merci l'hystérique.

— Qui c'est que tu traites d'hystérique pauvre tâche ?! s'énerva-t-il, ses yeux lançant des éclairs.

Toi, ai-je simplement terminé avant de déposer un baiser sur le bout de son nez pour le narguer.

Je me suis baissé vivement pour éviter une gifle au même moment que notre professeure arrivait dans la classe. Dans un même mouvement, on a tourné la tête pour croiser son regard sévère.

Noms ? demanda-t-elle sèchement en passant devant nous pour poser ses affaires.

Camille Delbot, ai-je bredouillé, assez intimidé par son aura imposante.

Elle sortait de nulle part, en retard, et pourtant elle paraissait plus intimidante que tous les professeurs que j'avais vu passer durant mes années de collège et ma première année de lycée. Si c'était bien elle, Madame Lutenne, l'année allait sûrement être longue. Dans son tailleur bleu, ses talons aiguilles, agrémenté d'un décolleté assez profond et d'un chignon blond parfaitement fait, elle avait l'air de faire des ravages. Je voyais bien du coin de l'œil les garçons la fixer comme si elle était un morceau de viande. Mais le garçon en face de moi, lui, il n'avait pas l'air intéressé pour deux sous et son regard bleuté était vissé sur moi.

Pft comment c'est nul comme nom, se moqua-t-il avant de se faire fusiller du regard par la professeure et moi-même, Lucas Laguion.

— C'est vrai que Laguion c'est franchement mieux, ai-je amèrement marmonné sous mon souffle.

Vu le regard qu'il me lança, j'ai supposé qu'il m'avait entendu, seulement, je n'ai eu le temps de rien faire que Madame Lutenne nous interrompait.

Bon arrêtez vos chamailleries de gamins les deux clowns et allez vous asseoir.

Bordel, maintenant j'avais fait mauvaise impression dès le premier jour. Je suis retourné à ma place en bougonnant, pestant sous mon souffle contre ce fichu Lucas. Alexandre a haussé un sourcil en me voyant, ennuyé.

Je peux savoir ce qu'il te prend ?

— Il me prend le chou ! me suis-je plaint en fermant les poings dans le vide, pour essayer d'écouler ma frustration, C'est quoi son problème ?!

— Il a juste dit que tu puais.

— J'ai rien fait de mal ! me suis-je offusqué, Je le déteste !

— Camille ! me recala notre professeure en tapant avec la brosse contre le tableau blanc.

J'ai sursauté et me suis tût sur le coup. Elle me fixa glacialement trois secondes avant de reprendre ses présentations. Je me suis enfoncé sur ma chaise. Qu'est-ce qu'il me prenait ? C'était bien la première fois que je m'énervais de cette manière contre quelqu'un et que je me mettais à parler en classe. Il y avait quelque chose chez ce Lucas qui m'échappait, et ça me frustrait encore plus.

Me perdant dans mes pensées, j'ai arrêté d'écouter les explications de la belle blonde au tableau. Elle finit par venir nous distribuer nos emplois du temps et nos carnets de correspondance. Comme chaque début d'année, on a vu et revu le règlement intérieur. Interdiction de porter des vêtements provocateurs, interdiction aux baisers – je cite – trop langoureux, et d'autres choses bien trop futiles comme le gaspillage au réfectoire ou d'autres règles qui faisaient entrave au comportement de votre lycéen lambda qui commençait à expérimenter une vie sexuelle.

Sur ce sujet, j'ai d'ailleurs découvert avec horreur qu'on nous avait ajouté des heures d'éducation sexuelle dans notre emploi du temps, matière que je n'avais jamais eu à confronter dans le passé. Certes en sciences de la vie et de la Terre, on était passé par la reproduction humaine, mais ça reste quand même différent. Je sens que ça va être plus qu'embarrassant. On apprend quoi d'ailleurs en éducation sexuelle, à part comment mettre un préservatif ou les différents types de pillule ?

Enfin, je plaignais encore plus Alexandre que moi. En temps qu'asexuel confirmé, ça n'allait vraiment pas lui plaire, cette matière.

Dis, tu pourrais pas les sécher toi, les heures d'éducation sexuelle ? ai-je chuchoté.

Ça va pas bien ? J'ai pas envie de me retrouver collé ! pesta-t-il.

Mais ça, c'est le contraire de ta sexualité, tu pourrais en parler avec la professeure, elle pourrait comprendre.

— Vu comment elle se comporte, je doute qu'elle fasse des entraves au règlement. Si elle était méchante avec toi, elle ne sera clairement pas gentille envers moi.

Il n'avait pas tort, et je me suis tu. Dans tous les cas, ce n'était pas à moi de s'occuper de ses affaires, et s'il voulait de l'aide, je sais plus que bien qu'il n'hésiterait pas à m'en demander.

J'ai continué d'observer mon emploi du temps avec attention. Histoire-géographie, EPS, mathématiques, français, anglais ... Les basiques.

Madame, on fera quoi en sport ? hésita Clara, la rangée derrière moi.

Je ne sais pas, vous verrez avec votre professeur d'EPS, répondit-elle en souriant doucement.

Ce n'est que là que j'ai remarqué que le dragon que j'avais cru voir, c'était en fait une femme, certes intransigeante et droite, mais elle était particulièrement gentille envers les élèves. Il n'y avait qu'envers moi et Lucas qu'elle se comportait comme un monstre ? C'est de la discrimination, à ce point là !

Nickel, en moins de vingt minutes, j'avais déjà une dent contre Madame Lutenne et Lucas. L'année commence particulièrement bien.

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