Scène IV.


Un dernier coup de reins fébrile. Un dernier coup de reins et leurs gémissements qui se mêlent.

Un dernier coup de reins et c'est l'extase. Un dernier coup de reins et ils s'envolent en même temps.

Le corps de Louis tremble, il serre celui d'Harry contre son ventre qui se maintient du bout des bras au matelas. Pendant un temps, il n'y a plus que leurs respirations éreintées qui sont perceptibles.

Dehors, l'orage a cessé. Ils ne l'ont pas entendu s'éloigner. La pluie tombe à peine contre les carreaux, de toutes petites gouttes qui lèchent la vitre. C'est une bulle opaque qui se referme autour d'eux. Des ces deux corps épuisés, en sueur, qui s'étreignent et ne forment qu'un.

Louis n'a jamais été aussi tendre et lent dans ses gestes. Si ses yeux étaient fermés ce n'était que sous le plaisir intense qui grandissait dans son bas ventre et non pas à cause du dégoût. Même dos à lui, Harry trouvait encore un moyen de le toucher. Sa main sur ses fesses en arrière, ou sur sa nuque quand il se redressait uniquement sur ses genoux.

Ses boucles tombent autour de son visage, Louis embrasse le haut de son dos et son épaule. Toujours aussi lentement, il se retire de lui et détache le préservatif qu'il va jeter à la poubelle.

Pendant qu'Harry se laisse retomber dans le lit, sur le ventre, il va se servir un autre verre de rhum. Le liquide lui brûle la gorge mais il le boit presque entièrement. Une petite grimace et il prend son paquet de cigarettes, son briquet puis retrouve sa place aux côtés d'Harry.

Ils restent allongés en silence. Louis allume sa cigarette et fume, le regard fixé sur le plafond. Harry tourne la tête vers la droite, sa joue posée contre sa main, pour l'observer. Le bout de son nez est arrondi, ses cheveux en bataille et quelques mèches lui tombent sur le devant du front, ses lèvres fines recouvrent le bout de la cigarette et sa langue passe parfois entre elles.

Au bout d'un moment, Harry tend le bras et pose le bout de ses doigts contre son ventre, autour de son nombril. Il fait des cercles, des petites formes sans sens. La peau de Louis frissonne, mais il ne dit rien. Il continue de fumer.

Normalement, il aurait repoussé ce genre de geste. Il ne laisse personne le toucher ainsi, le toucher en dehors du sexe.

Le toucher pour dire d'apprendre à le connaître.

Harry : Pourquoi tu fais ça ?

Louis fronce les sourcils, expire la fumée vers le plafond. Il garde le bras replié contre son torse, la cigarette se consume entre son index et son majeur. Harry regarde sa bouche, il se dit qu'il y a quelques minutes encore, elle était partout sur lui, sur sa peau, brûlante autour de son membre, à gémir à son oreille et lui murmurer qu'il est trop beau pour exister.

Louis : Pourquoi je fais quoi ?

Harry : Pourquoi tu t'oublies dans des corps différents aussi souvent ? Pourquoi tu as peur de t'attacher ? De rester ?

A nouveau, un silence. Cette fois, le bruit de la pluie résonne en fond. Comme une musique lointaine et faible.

Louis tire une autre bouffée de sa cigarette, il ne répond pas tout de suite, il réfléchit aux bons mots. Ceux qui ne sonnent pas creux et veulent dire quelque chose. Sans trop en dire non plus. Il ne souhaite pas qu'Harry le connaisse, mais il lui fait assez confiance pour partager plus qu'un échange charnel entre eux.

Il le sent. Que ce n'est pas simplement qu'une histoire de sexe avec Harry. Qu'il sera peut-être un peu plus qu'un inconnu qu'il a fait jouir une nuit brûlante d'été.

Un peu plus qu'une peau à toucher, qu'un corps pour oublier.

Louis a presque envie de tendre la main et lui caresser les cheveux. Presque. Ses doigts picotent, alors il porte à nouveau la cigarette à ses lèvres.

Louis : Tu ne peux pas comprendre.

Harry : Si tu restes enfermé dans ce silence, non. Mais je respecte ton choix, simplement...

Les doigts d'Harry tracent des cercles autour de son nombril, remontent contre ses tatouages en dessous de ses clavicules. Louis termine sa cigarette lentement, crache sa fumée sur le côte et baisse son visage vers lui.

Ses joues rosées, ses lèvres rougies, ses cheveux en bataille et ses grands yeux verts pleins de vie. Louis sait qu'il ne devrait pas, mais il se penche, prend son menton délicatement entre son index et son pouce, puis l'embrasse.

C'est beaucoup trop lent et doux. C'est beaucoup trop différent des baisers qu'il a l'habitude de recevoir ou de donner. Embrasser Harry, c'est se sentir réel et vivant. Sentir le poids de ses os, la cadence de son coeur, les frissons sur sa peau, la moiteur de sa bouche, la chaleur de sa langue, la vie à la commissure de ses lèvres.

Et Harry l'embrasse en retour, comme si Louis signifiait quelque chose. Comme si Louis était quelqu'un.

De vivant. De réel.

Et non pas un corps dont on se sert pour s'oublier, pour combler un manque.

Ses doigts saisissent et caressent la rondeur de ses hanches, descendent jusque la naissance de ses fesses, fermes et arrondies, son pouce passe dans le trou délicatement renfoncé de son nombril. Louis halète, se perd dans un contact qu'il n'a jamais connu encore. Des gestes nouveaux, simples, qui font vivre tout ce qu'il y a sous la peau.

Ils se détachent, essouflés. Louis repose sa tête contre l'oreiller, passe sa langue entre ses lèvres pour y goûter Harry encore un peu, puis se remet à fumer. Harry le regarde. Il ne cesse jamais de le fixer. Ses doigts, cette fois, sont occupés à monter et descendre lentement le long de sa hanche gauche. De son bras libre, il se redresse sur son coude, appuie sa tête sur sa main.

Un moment de silence passe. Où il ne fait que regarder Louis qui fume, fait des ronds avec la nicotine et évite de croiser ses yeux. Harry reprend sa phrase inachevée.

Harry : Simplement... je pense que tu ne devrais pas avoir peur de parler à un inconnu que tu ne reverras sûrement jamais et qui demain n'existera plus à tes yeux. Je ne ferais jamais partie de ta vie, alors pourquoi craindre de me la raconter ?

Louis : Ce n'est pas... vraiment joyeux.

Harry : J'ai cru comprendre.

Louis (soupire doucement et secoue la tête) : Tu n'es pas venu pour ça.

Le lien est rompu. Louis se redresse, sort du lit et va poser sa cigarette à moitié consumée dans le cendrier où déjà repose les résidus des anciennes. Un fin filet blanc vole jusqu'au plafond de la chambre.

Harry se tourne sur le dos, se hisse sur ses deux coudes et le suit des yeux. Toujours. Il ne lâche jamais son corps du regard, prêt à lui échapper à tout instant. Louis tire le rideau, ouvre la fenêtre.

L'air est chaud dehors. L'orage n'est plus là, mais il pleut encore. Le bruit des gouttes qui frappent le sol, le toit, partout, tout, est apaisant.

Louis regarde les ombres de la pluie qui tombe, et il se dit qu'il aimerait être dehors. A rire, courir en dessous des filets d'eau. Peut-être qu'elle est froide et que la sentir recouvrir sa peau ferait disparaître la chaleur à l'intérieur de son corps. La petite flamme qui s'emplifie et s'embrase à chaque fois qu'Harry le touche.

Harry : Je sais pourquoi je suis venu, et nous l'avons fait.

L'amour.

Harry a envie de rajouter : l'amour. Nous avons fait l'amour.

Mais ce n'est pas réellement ça, seulement le fantasme dans son esprit, parce qu'il sait que pour Louis ce n'est pas le cas du tout. Ce n'est pas de l'amour. C'est autre chose. Une force qui les dépasse tous les deux.

Une façon de se détruire, de se faire du mal, de souffrir, de se sentir exister en se laissant mourir dans les bras d'un inconnu.

Harry s'assoit en tailleurs dans le lit, le corps nu et délié, son corps qui attend celui de Louis.

Louis reste debout, inerte, les reflets de la lumière jaune embrassent ses courbes voluptueuses.

Le bruit de la pluie les enrobe et les plonge dans une musique agréable. Louis se sert un verre d'alcool, qu'il boit vite. Trop vite. Il tousse, ressuie sa bouche avec le dos de sa main. Il reprend sa cigarette et la termine, immobile face à la fenêtre ouverte.

Harry ne se lève pas, il observe chaque morceau de sa peau éclairé par la petite lampe de chevet et l'attend.

Harry : Tu n'es pas obligé d'en parler, cependant. Mais, je voulais simplement que tu saches que... si tu en as besoin, cette nuit, n'importe quand avant de partir, je suis là. Je peux t'écouter. T'écouter et ne rien dire, si c'est ce que tu veux.

La cigarette est consumée. Louis écrase le reste dans le cendrier et se retourne. Il ne regarde pas tout de suite son visage, mais d'abord son corps. Nu, élancé, à l'aise au milieu des draps froissés.

Les couvertures sont poussées au bout du lit, elles ne servent plus à rien.

Sa peau de lait, sa peau de pêche à la douceur du coton, au goût de lavande, de sueur et de sexe. Louis ne recommence jamais à moins qu'on ne lui demande.

Harry ne demande pas, mais il revient dans le lit quand même.

Un regard appuyé sur son corps a suffi à lui faire comprendre que la nuit ne faisait que commencer.

Louis grimpe sur le lit, s'assoit sur les cuisses d'Harry et prend son visage entre ses mains chaudes pour l'embrasser. Harry n'aime pas trop le goût de la cigarette sur sa langue, mais dans un coin de sa tête, il se rappelle que Louis est très séduisant quand il fume. Alors, il laisse sa langue se délier contre la sienne.

Ses mains parcourent ses hanches, agrippent ses fesses. Louis s'accroche à sa mâchoire, sa nuque, ses boucles ébouriffées.

Entre les jambes, la chaleur augmente. Revient. Plus intense que jamais. Louis sent la sueur sous ses fesses, contre les cuisses d'Harry. Puis au niveau de son ventre, quand leurs peaux moites se collent ensemble et que leurs sexes se cherchent sans le savoir.

Louis lui mord la lèvre inférieure, Harry gémit, laisse les traces de ses doigts sur la peau sensible et malléable de ses fesses. Il enfouit sa tête dans son cou brûlant, y dépose des baisers de feu, y passe le bout de sa langue jusqu'à l'os saillant de sa mâchoire.

Un gémissement échappe aussi à Louis. Il griffe le dos d'Harry, remue son bassin lentement pour se frotter à lui. C'est l'ivresse totale, l'extase qui s'accroît entre les corps.

Harry embrasse toujours sa peau, son épaule, ses clavicules, quand Louis se penche et prend un nouveau préservatif sur la table de chevet. Il manque de faire tomber la lampe, Harry ne peut s'empêcher de rire.

Louis capture ses lèvres dans un baiser brouillon, tellement passionné qu'il fait presque mal.

Puis, il ouvre le sachet du préservatif, le déroule et l'entoure autour du membre d'Harry.

Harry qui perd la tête, Harry qui se perd dans son corps, qui se perd dans Louis.

Harry qui comprend que Louis fera tout pour éviter de parler de lui. Mais ce n'est rien, tant que leurs corps se répondent.

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