Chapitre 38

Re !

Dernier chapitre mais il y a un épilogue ^^

Je sais c'est triste mais j'espère vous aimez bien haha !

Bonne lecture !


Chapitre 38


Les lumières et les couleurs percèrent lentement la barrière de ses paupières. Elle n'arrivait pas à bouger le moindre membre. Trop de douleur. Trop de fatigue. Elle ouvrit les yeux. Elle ne savait même pas où elle était. Une chambre avec des goûts douteux, beaucoup trop lumineuse selon elle. Elle ne se sentait pas à sa place. Elle était sur un lit. Un vrai lit. Elle n'en avait plus vu depuis longtemps. Peut-être depuis trop longtemps.

Il y avait un homme dans cette pièce, dans un tel état d'euphorie que Maëlle en avait de plus en plus peur à mesure qu'elle le voyait devenir moins flou.

Abelforth Dumbledore.

Il se levait et se rasseyait sans cesse, incapable de rester dans une même position plus de dix secondes. Maëlle n'avait plus assez de disposition intellectuelle pour savoir s'il était énervé ou heureux, gagnant ou perdant. Elle avait trop mal à la tête pour réfléchir, même pour se rappeler.

Des brides la traversèrent, allant contre sa volonté. Chrys décapitée, Takama en proie aux flammes, Pearl et Abel réunis dans la mort. Harry, devant elle, troué de ses tentacules. Et Teddy. Et Emily. Elle avait l'étrange impression de rêver. Et pourtant, elle savait. Elle se rappela lentement ces sombres événements.

— Emily ? Comment va Emily ?

Abelforth tourna enfin les yeux vers elle. Il n'avait pas vu qu'elle avait repris conscience, et pourtant, il l'attendait depuis un long moment.

— Bien, grâce à Merlin, nous avons pu la réanimer à temps ! Elle est simplement un peu fatiguée par ce qu'elle a vécu.

Malgré la triste situation de la Gryffondor, le chef de l'ABS n'effaça pas son air de satisfaction qui trônait sur son visage.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Maëlle d'une voix terriblement éraillée.

— C'est fini ! s'exclama-t-il, un immense sourire barrant son visage habituellement si sévère.

Il n'eut pas besoin d'étayer son propos. Maëlle avait compris. Ils avaient gagné. C'était fini. Et elle n'était pas heureuse. Elle était soulagée de ne plus avoir à côtoyer toute cette violence. Mais il manquait quelque chose. C'était comme un grand vide sous ses pieds dans lequel elle tombait, tombait, tombait, à l'infini. Elle avait peur du moment où elle s'écraserait finalement par terre pour se briser en des milliers de petits morceaux. Il manquait Teddy. Il manquait tous les autres. Elle n'était plus rien. Il n'était plus elle. Sans lui. Sans eux.

Des larmes s'accumulaient au coin de ses yeux. Elle ne pleurait certainement pas de tristesse, uniquement de haine. Elle avait oublié à quel point c'était épuisant de haïr tout le temps.

Abelforth remarqua son visage, ce qu'il avait interprété comme de la détresse – qui en était peut-être aussi quoique Maëlle pouvait se persuader.

— C'est Teddy c'est ça ? chuchota-t-il en s'asseyant au bord du lit.

Maëlle hocha la tête. Ce n'était pas vraiment ça. C'était tellement pire que ça. Mais elle ne voulait pas en parler. En tout cas pas à lui.

— Il était fier de toi, tu sais. Tu nous as tous menés vers la victoire. Tu nous as tous sauvés.

Il se trompait. Abelforth avait fait abstraction de sa responsabilité dans la mort de Teddy. S'il était mort c'était bien qu'elle avait manqué de vigilance face à Harry.

— On l'enterre demain.

Un silence s'abattit pendant lequel aucun des deux n'osait se regarder.

— Avec tous les autres...

Abelforth semblait désolé. Maëlle était perdue dans ce qu'il restait de ses pensées – un amas de souvenirs entremêlés les uns aux autres sans continuité aucune. Il reprit la conversation.

— Nous avons une réunion tout à l'heure pour parler de la suite. Tu dois venir.

Elle hocha la tête.

— Bien, je vais te laisser. Tes amis ont des choses à te dire je crois.

Sans un mot de plus, il sortit et laissa entrer des têtes familières. Magnus et Clara, arborant une mine triste, éclairée d'un mince sourire. Ils s'assirent au bord du lit.

— Comment tu te sens ?

Maëlle haussa les épaules.

— Je suis... mal.

— Nous le sommes tous, répondit Clara, mais nous avons survécu, nous avons réussi.

— Mais à quel prix ? gémit Maëlle. Pearl, Chrys, Teddy ? Nous aurions dû... faire autrement. Peut-être qu'ils seraient encore avec nous.

Magnus posa une main sur le visage de Maëlle. Elle fit comme si ça ne lui faisait rien mais, force est de constater, qu'elle frissonna. Il n'en fallut pas plus pour la faire culpabiliser.

— Tu sais très bien que si nous avions attendu trop longtemps, nous serions tous morts. Maintenant, il faut qu'on te parle d'autre chose... Nous avons perquisitionné le bureau de Terry Boot, il était dans une porte dérobée du troisième étage. Nous avons trouvé la preuve qu'il a bien tué ta famille et créé le bouclier fantomatique.

Maëlle laissa tête reposer en arrière.

— Je suis désolé, continua Magnus. Je savais que tu espérais des réponses de leurs bouches.

— Je crois que je n'ai pas le droit de me plaindre.

— Il faut aussi que tu viennes à la réunion, expliqua Clara. Il faut qu'on prenne des décisions en groupe.

Maëlle acquiesça.

— Je viendrais. Après les enterrements.

Les ombres dansaient, tournoyaient jusqu'à lui faire perdre la raison. Ils étaient tous devant une immense étendue d'herbe, remplie de tombes, des centaines et des centaines de tombes. Ils se tenaient devant celles de Pearl, Chrys, Takama, Ash, Shawn, Teddy et tant d'autres. Autour de Maëlle c'était comme un déferlement de tristesse, habillés en noir de la tête aux pieds, parce qu'on pouvait bien faire une révolution, mais pas pour autant remettre en cause les traditions.

Elle se sentait honteuse devant les cercueils en bois. Pourquoi tout se finissait toujours dans un cimetière ?

Teddy lui manquait, elle aurait aimé que lui aussi voit la chute de ce régime. Elle aurait aimé qu'il soit simplement là pour célébrer une victoire qui n'en n'était pas vraiment une. Personne ne parla. Il y eut des larmes. Des gens avaient perdu des frères, des sœurs, des amis, de la famille. Elle n'avait pas pleuré. Elle n'avait plus de larmes à verser. Elle était restée immobile à observer les tombes grises et les gouttes de pluie qui s'écrasaient sur elles.

Ils ne s'attardèrent pas longtemps. Il y avait la réunion. Emily, qui venait de sortir de son lit, passa un bras autour de ses épaules et ils quittèrent ce sinistre endroit pour les locaux de l'Association des Bannières Sanglantes.

Ils n'étaient pas tous conviés pour discuter de l'avenir. Il y avait Abelforth, qui présidait la séance, Emily en tant que première adjointe. Les cadres du groupe politique que Maëlle ne connaissait pas. Clara qui avait mené des groupes de combat pendant la bataille et semé les graines de la révolution. Petyr Baelish, le planqué du Ministère, qui avait délivré de précieuses informations et jouait peut-être le poste de Ministre de la Magie. Magnus, qui représentait Ilvermorny, Matsuoka pour Mahoutokoro, Sandra Dembélé pour Beauxbâtons et Vladimir pour Durmstrang. Uagadou était représenté par une certaine Sartika Ahmed. Une grande table avait été dressé pour l'occasion, ils prirent tous place autour.

Abelforth jaugea longuement chaque visage, marqué par la fatigue, la folie. La guerre marque jusque dans la peau.

— Merci à toutes et tous d'être là. Comme vous le savez, le Ministère de la Magie est tombé, nous avons gagné. Mais à présent, il nous faut organiser l'avenir. Je ne reviens pas sur nos volontés politiques, nous les avons abordées moultes fois, mais j'aimerai qu'on s'attarde sur les modalités de mises en place.

Il fit une pause pour regarder des parchemins.

— Tout d'abord, que ce soit bien clair, je suis le président de l'ABS mais je n'aspire pas du tout à avoir un poste de responsabilité dans l'exécutif. Je laisse ça aux opportunistes, dit-il en regardant intensément Baelish qui lui rendit un sourire amusé. Il faut tout d'abord parler des élections. Il faut les organiser dans un plus bref délai. Ce seront les premières, alors il risque de n'y avoir que des candidats de notre bord, mais c'est un début.

— Il faudra prendre contact avec Poudlard pour mettre en place un cours d'éducation aux institutions peut-être, proposa Clara.

Emily nota l'idée. Tout le monde était d'accord.

— Nous parlerons de Poudlard plus tard, reprit Abelforth. Je veux vous parler d'un gouvernement provisoire en attendant les premières élections, ainsi que la création de deux chambres parlementaires et d'une Justice indépendante. Ma question est donc : comment constituer le gouvernement provisoire ?

Un long silence ponctua la phrase d'Abelforth. Finalement, Emily proposa une solution.

— Nous pouvons élire à main levée pour un Ministre provisoire dans cette pièce et il fera lui-même son gouvernement. Si notre calendrier est bon, les élections seront organisées d'ici un à deux mois. Il faut aller vite dans notre choix du gouvernement provisoire, autant le faire tout de suite.

— Est-ce que ça convient à tout le monde ?

Ils acquiescèrent.

— Qui se présente ?

Sans surprise, Baelish leva la main. Il fut le seul.

— Tout le monde est d'accord pour que Petyr Baelish soit le Premier Ministre provisoire ? Bien, c'est adopté. Félicitations, Lord Baelish.

Maëlle l'observa sourire. Lui, au moins, avait accompli son rêve. Quoiqu'il ne se rendît peut-être pas compte qu'il était passé à côté d'un élément bien plus important. Clara n'eut aucun regard pour le vainqueur. Ces deux-là étaient encore dans l'impasse. Mais la guerre était finie. Ils avaient tout le temps qu'ils voulaient.

— Au niveau du Ministère, il faut engager massivement pour repeupler les pertes, Baelish, je vous laisse vous y pencher... Et également, il faut mettre en place un système de sécurité sociale universelle immédiatement. Je rappelle que nous avions décidé de le financer par l'Etat et les impôts, il faut donc augmenter les impôts des plus riches rapidement.

— Il faut aussi créer une aide pour les familles des morts dans la bataille, déclara Maëlle d'une voix égale.

Tout le monde était d'accord et la proposition fut écrite.

— Pour Poudlard, à présent. Quelqu'un est-il volontaire pour remplacer McGonagall comme directeur ou directrice ? Elle a été une complice du pouvoir, elle sera jugée prochainement. Des volontaires ?

Clara leva la main à la surprise générale.

— Au moins, je pourrai faire de la recherche comme ça...

— Tout le monde est d'accord ?

Baelish leva alors la main.

— J'avais prévu de l'intégrer au gouvernement.

Pour la première fois depuis le début de la réunion, Clara et Petyr se dévisagèrent, plongeant dans le regard de l'autre.

— Je ne veux pas être dans le gouvernement...

— Clara, tu y serais très utile, bien plus qu'à Poudlard, je t'assure que...

— Si tu voulais me garder à portée de main, il fallait y penser avant, le coupa Clara d'un ton sec.

Il déglutit et ne répliqua rien. Un silence gênant s'installa autour de la table et ce fut Emily qui reprit la conversation.

— Donc, Clara, il faudra voir plus précisément les mesures à suivre pour Poudlard, mais tu les connais mieux que personne sans doute. La suppression des maisons, élargissement de la pratique sportive, aides scolaires, bourses d'étude, tout ce qu'on avait noté sur nos petites listes.

Abelforth reprit la parole pour un dernier point.

— Il nous reste à aborder nos relations avec les autres Ministères de la Magie. Heureusement, la volonté de Potter, Granger et Boot de – il chercha ses mots – conquérir le monde magique s'est largement diffusée. Donc, nous ne sommes plus considérés comme des traîtres, mais plutôt des sauveurs. Mais, je voudrais tout de même que quelqu'un soit envoyé comme un émissaire pour parlementer avec les gouvernements en vue de nouveaux partenariats pour nos écoles, par exemple.

Abelforth balaya la table pour voir un volontaire mais aucune main ne se leva.

— Je pense que tu serais parfaite, Maëlle, finit-il par dire. Tu as des contacts et, encore plus important, tu as la volonté de bâtir un monde meilleur. Autant pour être Ministre il faut être un technocrate, pour ça, il faut avoir du cœur.

Baelish ne sembla pas se formaliser pour cette petite pique. Maëlle réfléchit un instant à cette proposition Elle s'était toujours dit qu'après la bataille, tout serait terminé, qu'elle retournerait peut-être à Poudlard, qu'elle aurait un métier et une famille – qui sait. Mais ce n'était pas le cas. La lutte ne finissait jamais.

Elle accepta. Elle allait unir les peuples magiques, elle le ferait pour honorer la mémoire des morts, pour se faire pardonner et pour se pardonner elle-même.

La réunion s'acheva sur cette dernière décision.

Magnus s'empressa de retenir la Poufsouffle.

— Je peux te parler deux minutes, s'il te plaît ?

Maëlle hésita un instant. Elle se rappela sa main sur sa joue dans la chambre tout à l'heure. Elle avait ressenti quelque chose, elle ne pouvait pas le nier, seulement, quand elle se plongeait dans ses yeux, c'était le cadavre de Teddy qu'elle voyait.

— S'il te plait...

Elle acquiesça. Après tout, il n'était pas responsable de ses propres démons.

Ils sortirent de la pièce et, une fois dehors, Magnus l'invita à faire quelques pas qui ne servaient à rien d'autre qu'à l'empêcher de trop trembler.

— Maëlle...Je sais que tu traverses un moment difficile et que tu n'as sans doute aucune place à m'accorder mais... Si je ne tente pas maintenant, je le regretterai toute ma vie.

Il tourna ses yeux de chat dans les siens.

— Je suis amoureux de toi.

Maëlle se tritura les mains. Elle ne savait pas comment réagir.

— Et je sais que tu te sens coupable de la mort de Teddy et que tu ne répondras pas à mes sentiments. Mais tu ne me dois rien, ne t'en fais pas.

Elle sourit.

— Je tenais juste à que tu le saches et que quand tu seras prête, tu n'auras qu'à me faire un signe et je serai là.

Il se pencha vers elle, pas pour l'embrasser, mais pour la prendre dans ses bras, la serrer, et essayer de la retenir. Mais il savait qu'il n'y arriverait jamais. Elle se laissa aller dans son étreinte, pour se détendre un peu, avant que l'image de Teddy ne revienne la hanter.

Puis, sans un mot de plus, ils se détachèrent l'un de l'autre et Magnus disparut, pour ne pas l'importuner davantage.

Elle fut rejointe très vite par Emily et Clara qui l'entourèrent avec toute l'affection dont elles étaient capables. Elle ne savait pas si elles avaient vu sa scène avec Magnus, alors préféra engager directement la conversation sur un autre sujet.

— Directrice de Poudlard, alors ? dit-elle pour taquiner son amie

— Si ça peut me permettre d'oublier tout ce merdier, murmura Clara.

Elles rigolèrent ensemble devant cette situation absurde.

Et toi ? Qu'est-ce que tu vas faire ?

— Je me sens bien à l'ABS, dit Emily. Abelforth est vieux et il m'a demandé de le remplacer à la tête du groupe. J'ai accepté.

Elles prenaient toutes des chemins si différents, à croire que le trio n'avait jamais été fait pour autre chose que se déliter à la fin. Elles se prirent dans les bras, une dernière fois. Elles avaient accompli leurs rêves, brisé la roue, coupé le fil, mais les morts, la guerre, la distance demeuraient des obstacles entre elles, des murailles qu'elles fortifiaient jour après jour, sans le vouloir.

Peut-être que le temps changerait la donne. Lorsqu'il n'y avait plus la guerre, la mort et les cadavres pour l'empêcher de vivre, on avait du temps. Et le temps est éternité. 



L'épilogue est en cours de modif il arrive bientôt promis !

Merci pour la lecture ! Bonne journée !

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