Chapitre 37

Coucou !

Bon tout le monde torture tout le monde dans ce tome haha !

Bonne lecture !


Chapitre 37



Le temps suspend son vol. L'éclair vert transperce l'espace dans un bruit sourd.

Il frappe Teddy en pleine tête. Son cœur s'arrête de battre. Ses cheveux perdent leurs couleurs. Il s'effondre. Mort.

Le silence plane, personne n'ose le briser. Emily essaye de retenir Teddy mais son poids est trop lourd pour elle. Clara ne réagit pas, les jambes paralysées par le choc de voir un ami frapper du sceau de la mort. Magnus ne comprenait pas ce qui se déroulait devant ses yeux. Même les Aurors semblaient démunis devant la situation.

— Même sa mort est unique... ricana Harry dans l'optique de les faire dérailler encore plus. Il...

Harry s'interrompit en voyant Maëlle, au sol, la tête baissée, et les épaules secouées de tremblements incontrôlés. La rage gagnait ses muscles, floutait sa vision, la rendait folle. Son bouclier se brouilla, sa magie était perturbée.

— Remus aurait été fier de lui, sans nul doute.

Ce fut la phrase de trop pour Maëlle. Elle releva la tête. Ses yeux brûlaient de douleur et de haine. Le bouclier s'élargit, les tentacules dansaient, le flux magique tripla. Il était instable et elle peinait à le contrôler, mais à vrai dire, elle n'essayait même pas.

Harry fit un pas en arrière, effrayée. Habitée par un désir de vengeance, elle courut vers son ancien professeur. Il tenta des sortilèges pour l'arrêter mais rien n'y faisait. Sa force était décuplée. Les tentacules firent de nouvelles entailles partout sur le corps de Potter, sa robe n'était bientôt d'une ruine. Sur l'épaule. A la jambe. Il était toujours en vie, à croire qu'il était immortel, mais il plia un genou à terre, son sang gouttait et il parvenait plus à tenir sa baguette.

Elle ralentit, examina cet homme impuissant puis envoya ses tentacules le plaquer à terre. Elle sentit ses membres trembler de plus en plus à mesure qu'elle approchait de lui. Sa haine avait pris possession de son esprit. Elle utilisa un nouveau tentacule pour le menacer comme une arme blanche. Il n'y avait plus qu'une seule chose qui comptait. Sa vengeance.

Elle s'élança sur le corps de Harry et laissa libre cours à sa fureur. Elle le transperça de son bouclier fantomatique, lui fit payer leur mort à tous, la mort de Pearl, la mort d'Abel, la mort de Teddy, tout ce qu'il lui avait fait subir.

Un coup.

Le sang colora le bouclier. Elle appréciait de plus en plus cette couleur terriblement séduisante.

Deux coups.

Harry hurla à chaque déchirement de sa peau. Lui qui semblait tant aimer la torture ne devait jamais l'avoir testée sur lui. Le sourire de Maëlle s'élargissait à la vue de sa douleur.

Trois coups.

Elle aimerait que jamais cette sensation ne s'arrête. Ce sentiment d'être toute puissante, de tout contrôler, d'avoir accompli ce pourquoi elle vivait encore.

Quatre coups.

Huit coups.

Dix coups.

Maëlle n'arrivait plus à garder une respiration normale. Les battements de son cœur s'emballaient comme jamais. Elle n'osait pas croiser le regard de sa victime. Elle n'osait pas tomber nez à nez avec ce qu'elle était en train d'accomplir, de voir l'état dans lequel elle laissait cet homme.

Quinze coups.

Toujours plus vite. Toujours plus fort.

Vingt coups.

Des larmes s'échappaient de ses yeux fatigués. Elle n'arrivait plus à contrôler son bouclier. Elle n'arrivait plus à raisonner.

Vingt-cinq coups.

Pour Pearl.

Pour Chrys.

Pour Takama.

Vingt-six coups.

Pour Teddy.

Pour Solstice.

Elle se mit à crier à son tour. A chaque coup. Pour couvrir les hurlements de Harry. Pour ne pas entendre ce qu'elle était en train de faire.

Vingt-sept coups.

Les cris augmentèrent. Elle ne savait plus quelles parties du corps massacrer. Elle en avait déjà lacéré la moindre parcelle. Elle oublia le compte. Elle n'arrivait plus à se souvenir. Combien de coups ?

Elle était perdue.

Complètement perdue.

Le corps de Harry ne ressemblait plus à un corps. Était-il finalement mort ? Aucune importance. Les coups de tentacules ne cessaient pas. Ils ne cesseraient jamais.

Finalement, des bras le retinrent, l'empêchant de faire plus de dégâts. Elle ne se retourna pas. Elle ne voulait pas voir de qui il s'agissait. Elle pleura doucement devant ce corps. Elle repensa à Teddy, aux autres. Ils ne méritaient pas ça.

— Maëlle, calme-toi, ça ne sert à rien.

Magnus. Elle leva les yeux. Les Aurors avaient été neutralisés, par ses propres tentacules, elle n'en avait même pas eu conscience.

Clara était auprès du corps de Pearl. Emily regardait le visage si calme de Teddy. Son cœur rata un battement. Il était bel et bien mort. Ce n'était pas une hallucination.

Magnus posa une main sur son épaule. Il ne pouvait pas comprendre. Elle aurait voulu le frapper à nouveau. Elle était encore tremblante de rage. Elle serrait de plus en plus fort ses poings, comme si une douleur physique pourrait réparer celle de son cœur. Ça ne fonctionnait pas évidemment. Mais elle persévéra, jusqu'à ce qu'un long filet rouge coule lentement de sa main pour lui aussi alimenter le sang déjà sur le sol.

— Maëlle... Il est déjà mort.

Elle nia. Il ne devait pas simplement mourir. Il devait être détruit. Ils devaient tous être détruits. Comme l'avait été Teddy. De sa propre main.

Magnus leva soudainement la tête. Il la vit. Hermione Granger. Elle était entourée de plusieurs Aurors, complètement détendus. Magnus se dégagea de Maëlle pour la regarder, de la rage au fond des yeux. Il ne pensait pas pouvoir la trouver ici. Il pensait qu'elle s'était déjà enfuie. Elle devait vraiment être persuadée de la victoire.

— Je vais m'en occuper...

C'était la voix de Petyr Baelish qui venait de l'escalier du deuxième étage. Sa robe était largement déchirée et il avait un bras en sang. Son visage était sali de rouge et de cendres.

Il avançait, tout son corps était déterminé. Il était prêt à la tuer. Hermione ne bougea pas. Les Aurors s'avancèrent. Petyr était plus que motivé. Il ne pouvait arrêter de fixer la Ministre, d'imaginer les diverses manières de la réduire à néant.

Maëlle se leva également. Magnus s'inquiéta mais elle savait ce qu'elle faisait. Elle voulait prendre part à la mort de cette femme. Elle s'approcha de Petyr, son bouclier toujours enclenché et de plus en plus puissant.

— Tu es sûre ? demanda-t-il

Elle ne répondit pas, mais toute son attitude répondait à sa place.

Aucun des deux ne s'était demandé comment se débarrasser des Aurors autour d'eux. Ils ne pensaient qu'à se venger, l'un comme l'autre.

Ils s'élancèrent tous les deux vers un chemin qui – décidément – leur était de plus en plus privilégié, le lent chemin vers une mort douloureuse mais surtout certaine.

Hermione Granger et sa garde rapprochée restaient en dehors du conflit tout en l'observant en même temps de très près. A croire que – au même titre que Harry – la vue du sang et des corps qui se fracassaient entre eux la réjouissait. Son regard était froid, son sourire confiant. Elle ne semblait pas contenir une palette d'expression très fournie pour une dirigeante.

Ils étaient quatre.

Quatre Aurors experts.

Quatre fois plus de chance de mourir.

Mais Petyr avait décidé de se venger et les Aurors ne pourraient rien faire pour l'en empêcher. Quelques sortilèges et quelques coups de tentacules plus tard, ils s'effondrèrent sans un cri.

Hermione Granger eut alors un mouvement de recul, comme si elle venait de se rendre compte de la situation. Maëlle ne se focalisait que sur qu'une seule chose.

Venger Teddy. Venger ce monde.

Tuer.

Tuer.

Tuer.

Elle attaqua directement avec son bouclier. Hermione s'entoura à son tour d'une protection, parfaitement maîtrisée. Contrairement à Maëlle, elle ne venait pas de mener un lourd combat et d'échapper à la mort continuellement. A l'aide d'un sortilège de feu, elle repoussa la Poufsouffle qui recula de plusieurs mètres.

Petyr ne bougea pas, observant le combat, comme un spectateur. Il semblait prendre pleinement conscience de la scène. Magnus aida Maëlle à se tenir debout et Petyr avança doucement, sa baguette baissée.

— Qu'est-ce que tu veux Littlefinger ?

— Je suis désolé pour Harry... Ce n'est jamais agréable de perdre un ami.

Hermione Granger soupira longuement.

— Il savait dans quoi il s'engageait. Il est mort en héros. Encore une fois.

— Peut-être, personnellement, je n'ai jamais eu de temps pour les héros, murmura-t-il, pensif.

Elle sourit.

— Qu'est-ce que j'ai bien pu te faire pour que tu me trahisses ? Tu n'as qu'un mot à dire, Petyr, et nous gouvernerons tous les deux, tu accèderas enfin au trône que tu convoites tant.

— Vous n'avez toujours rien compris après tant d'années ? Lara Valentinovna, ça ne vous rappelle rien ?

La Ministre fronça les sourcils, cherchant dans sa mémoire.

— Un vampire ?

— Elle est morte à cause de vos expériences sur le philtre de sang.

— Quel est le rapport avec toi ?

Il se mordit la lèvre inférieure.

— Je l'aimais.

Elle écarquilla les yeux.

— Je ne savais pas... Mais ne crois-pas que je regrette ce que j'ai fait pour autant. Sa mort était nécessaire.

Petyr serra les poings. Lui aussi était sur le point de perdre ses moyens. Il leva sa baguette et laissa sa rage s'exprimer. Il lança des éclairs verts pour la terrasser. Granger les évita avec souplesse, sans même utiliser de bouclier.

— Tu penses vraiment qu'une magie aussi peu sophistiquée pourrait me faire le moindre dégât.

Petyr jura. Il concentra toute la magie qui lui restait pour envoyer un grand éclair rouge, mais le résultat fut le même. La Ministre était une excellente combattante.

Il essayait de garder une respiration régulière mais son cœur faisait des bons incontrôlés. Se retrouver face à elle, revoir le corps de Lara, c'était bien plus perturbant qu'il ne l'aurait pensé. Il avait vécu des années entières pour dominer ce moment, mais à présent, il ne parvenait même plus à réfléchir correctement.

Hermione en profita. Elle leva haut sa baguette et un tourbillon de magie se forma, d'énormes bourrasques d'air balayaient les gravats autour pour se concentrer autour de la Ministre. Elle fixa Petyr longuement, puis reporta finalement son attention sur les autres révolutionnaires.

— Tu vois, Petyr, je ne peux pas m'empêcher de me dire que tu as encore un rôle à jouer.

Il fronça les sourcils. Il ne comprenait pas où elle voulait en venir. Le tourbillon ne cessait de grossir.

— Mais, je ne pourrai pas en dire autant des autres...

A ces mots, elle envoya le tourbillon en direction d'Emily. L'air découpait tout sur son passage comme des milliers de lames aiguisées. Les quelques bancs ou meubles encore debout s'effondrèrent dans un bruit glaçant.

Maëlle précipita son bouclier vers la victime visée mais elle ne sut pas si elle avait été assez rapide. Le brassement de courants différents l'empêchait de voir quoique ce soit.

Lorsqu'enfin l'air se dispersa, Maëlle découvrit un corps à terre, des coupures zébrant sa peau, comme autant de nouvelles cicatrices de guerre.

Elle fixa le visage d'Emily. Figée sur une expression de surprise. La langue qui lui sortait de la bouche. Du sang qui coulait, partout, de ses lèvres, de ses yeux, à moins que ce ne soit des larmes d'horreur. Un visage presque méconnaissable. Détruit. Massacré.

Son esprit s'arrêta quelques secondes. Puis tout se remit en marche. La douleur passa du corps au cœur. Elle réalisa. Elle cria de toutes ses forces !

— Emily ?

Pas de réponse.

Abelforth et Clara accoururent. Maëlle resta plantée là. Est-ce que c'était un cauchemar ? Est-ce que tout cela se passait réellement ?

Sa tête tournait de plus en plus vite, presque aussi vite que la vie quittant le corps d'Emily. Son estomac aussi se met à réagir. Elle sentit le rouge se manifester. Elle cracha du sang, la conséquence de son utilisation extrême du bouclier fantomatique sans doute. Elle se déchira la gorge dans un bruit immonde.

— Vous avez donc atteint vos limites ? murmura Hermione pensive.

Alors Maëlle blanchit. Elle étouffa un cri. Elle vit rouge. La Ministre se tenait tranquillement devant eux, décontractée, comme si tout ceci n'avait jamais été qu'un jeu pour elle, que les morts étaient des acteurs et que tout ce sang qui coulait le long des cadavres n'était qu'artifice de cinéma.

Maëlle se sentit alors basculer dans un point de non-retour. Son flux de magie était encore plus perturbé que lors de son combat avec Harry Potter. Les tentacules ondulaient, désirant ardemment s'emparer de la vie de Granger.

Cependant, ce fut Baelish ayant retrouvé son air calme et stoïque, qui lança la première contre-attaque.

Endoloris !

La Ministre fut surprise et ne parvint pas à se défendre. Elle hurla. La douleur était insupportable. Mais elle ne supplia à aucun moment son tortionnaire. Elle se contenta de souffrir. Il voulait qu'elle supplie.

Endoloris !

Elle ne lui cédait pas. Elle tremblait au sol. Il voulait qu'elle souffre comme lui avait souffert. Elle était responsable de la mort de Lara, de Pearl, de Ishiwata et de tellement d'autres sorciers des étages en dessous. Elle méritait tellement pire... Elle méritait de mourir. Pour Emily, étendue sur le sol à quelques mètres.

Il s'apprêta à lancer le fameux sortilège mais quelqu'un le devança. Un tentacule de Maëlle s'était fait oublier. Il fendit l'air pour serrer le coup de Granger.

Cette-dernière suffoqua, elle se débattit, les yeux écarquillés. Maëlle sentait dans son regard qu'elle avait compris que c'était la fin pour elle.

Mais la Poufsouffle voulait encore s'amuser. Elle relâcha son emprise et Hermione tomba au sol.

Maëlle arma un tentacule. Hermione Granger regarda longuement son public et un léger sourire naquit sur son visage blessé.

— Ainsi, il ne reste plus que le roi...

Sans un mot de plus, le tentacule trancha nettement la tête d'Hermione Granger. Le sang gicla sur les murs et sur la robe de Petyr. La tête roula sur le carrelage pour s'arrêter juste devant lui. Ses yeux étaient fermés.

Maëlle resta choquée devant cette effusion de violence. Ils avaient tranché la tête de ce régime, littéralement. C'était la fin. Ils avaient brisé la roue. Ils avaient coupé le fil de la fatalité.

Et pourtant, elle restait convaincue du contraire. Elle ne comprenait pas. Ne pouvait-elle pas se satisfaire d'être en vie et que tout soit enfin terminé ? Elle n'avait jamais rien désiré plus fortement.

Mais, les derniers mots de Granger lui restaient en travers de la gorge.

Ainsi, il ne reste plus que le roi...

Qu'avait-elle bien voulu dire ? Qu'avait-elle... ?

— Envoyez chercher un guérisseur ! Il faut sortir Emily de toute urgence !

C'était la voix de Magnus qui la sortit de ses pensées. Emily ne bougeait toujours pas.

— J'ai un pouls, s'exclama Abelforth. Mais il est faible... Il faut...

Des applaudissements l'interrompirent.

Clap. Clap. Clap.

Maëlle tourna la tête. Un homme, de taille moyenne, les cheveux noirs et des yeux noisette. Il avait une longue cape verte et affichait un sourire amusé.

— Quelle magnifique scène ! Vous avez décidemment dépassé toutes mes attentes...

Maëlle leva sa baguette mais l'homme n'y prêta même pas attention. Il avança jusqu'au corps de Harry Potter. Un ombre de déception assombrit un instant son visage mais il se reprit rapidement.

— Le cavalier et la reine sont morts. J'aurais dû mieux bouger mes pions... Quoique le fou – il porta son regard sur Abel – m'a été une grande aide...

— Qui êtes-vous ? demanda précipitamment Petyr

— Et bien, c'est pourtant évident Lord Baelish ! Je suis le roi.

L'homme passa au crible Littlefinger et se mit à sourire.

— Je n'avais pas prévu que votre rôle serait aussi important. Vous êtes surprenant pour un simple bureaucrate...

Petyr sentit son sang bouillir dans ses veines. Cet homme l'inquiétait. Il ne savait pas ce dont il était capable.

— De même que pour vous, Miss Forster, je dois avouer qu'en tuant Harry Potter, mon grand cavalier, vous avez semé un sacré désordre dans mon jeu.

Il rit de bon cœur comme on riait à une blague, presque innocemment.

La magie de Maëlle se réveilla alors, animée par la colère. Les tentacules dansaient anarchiquement.

— Qui êtes-vous ?

— Terry Boot. Initiateur de toute cette... histoire.

Maëlle ne comprenait pas où il voulait en venir.

— Vous savez, j'ai passé ma vie à vivre dans l'ombre de sorciers meilleurs que moi. Je n'étais qu'un parmi des centaines d'autres, caché derrière la figure tutélaire de Harry Potter ou Hermione Granger. Et pourtant, moi aussi j'ai combattu Lord Voldemort, moi aussi j'ai donné ma vie pour défendre la liberté. Mais, on ne m'a jamais remercié...

Il fixa les yeux clos de l'homme mort.

— Mais, je n'étais pas le Survivant.

Terry Boot resta un instant perdu dans ses pensées. Maëlle en profita pour lancer ses tentacules à l'assaut. Elles fondirent toutes en même temps sur lui.

Sans sortir sa baguette ou même regarder l'attaque, l'homme se contenta de bouger les mains et les tentacules s'arrêtèrent d'eux-mêmes. Ils dansèrent même autour de ses doigts, comme s'ils avaient retrouvé un ancien ami.

— Ainsi, donc voilà le bouclier fantomatique... Il a bien grandi depuis la dernière fois.

Maëlle frissonna.

— La dernière fois ?

— Le 2 juin 2010.

Elle ne percuta pas immédiatement.

— La Forêt, Lynn ta petite voisine et les éclairs de magie dans le ciel. Ce n'était pas le fruit du hasard, Maëlle. C'était la première étape du plan.

La Poufsouffle tremblait à présent et ses yeux s'humidifiaient. Elle ne voulait pas comprendre. Elle était terrifiée par cet homme, par ce qu'il racontait.

— J'avoue que je cherchais un enfant pour mener des expériences et mon choix s'est orienté sur une Moldue tout à fait ordinaire. Il se trouve que Liverpool est une ville tout à fait charmante, tout autant que la banlieue où tu vivais...

Il rigola alors que Maëlle ne parvenait plus à bouger le moindre membre.

— Oui tu as bien compris, j'ai seulement choisi un cobaye au hasard et je t'ai implanté cette puissante magie en toi, dans le seul but de t'observer d'années en années, de mettre des obstacles sur ta route, Bitterwood, pour te faire progresser, le tournoi, Harry Potter et Hermione Granger, le Ministère. Pour me divertir, en fin de compte... Qu'est-ce qu'on s'ennuie quand on est un bourgeois...

Elle tremblait à présent.

— Tous ces gens sont morts... parce que vous vous ennuyez ?

— Au début oui, mais j'avoue que contrôler le monde ne m'était pas complètement indésirable.

Elle ravala un pleure et essaya de l'attaquer à nouveau mais, encore une fois, son bouclier refusa.

— Tu ne comprends pas donc pas ? Ce bouclier est loyal, il n'attaquera pas son créateur... Tu ne peux pas me tuer Maëlle.

Elle gémit de douleur et de tristesse. Elle était à bout de force.

Elle suffoquait sous le poids de ces révélations. Elle n'était qu'une expérience de laboratoire. Elle n'était rien. Ses jambes tremblaient. Elle se retrouva sur le sol, épuisée. Elle n'entendit que la voix de Terry Boot dans un ricanement lointain.

— La partie la plus intéressante a été de tuer ta famille, Maëlle... Je ne pensais pas que ça te pousserait à rejoindre le Ministère au détriment du plus strict bon sens.

Elle se sentit encore plus faible à la lumière de toutes ces mots. C'était comme si elle était sans cesse condamnée à être manipulée par de nouvelles personnes, que jamais le monde ne la laisserait tranquille.

— Je ne comprends pas ! hurla la Poufsouffle. Je ne comprends pas pourquoi ! Personne ne ferait tant de dégâts dans l'unique but de se divertir !

Le visage de Terry Boot devint alors d'un sérieux étonnant.

— En effet, jeune fille. J'imagine que je ne peux m'empêcher de ressentir envers ce monde un sentiment de dégoût qui m'a poussé à le pourrir de l'intérieur. Harry Potter était le symbole de ce monde magique où les choix individuels détermineraient entièrement notre parcours de vie.

Il baissa les yeux, visiblement presque déçu de la situation.

— Malheureusement ce n'est pas le cas. Nous ne sommes que le produit de mécanismes complexes sur lesquels nous n'avons aucun pouvoir. Je voulais seulement me venger...

Clara s'approcha alors. Elle avait les yeux rouges et tenait à peine debout. Elle tendit sa baguette et avec une rage que personne ne lui avait jamais vue lança un sortilège :

Avada Kedavra !

L'éclair vert fut bloqué par un protego. Clara continua mais c'était inutile.

— Vous êtes bien trop fatigué pour tout ceci... Rendez-vous et nous trouverons un terrain d'entente.

Magnus n'avait pas dit son dernier mot également. Il essaya une multitude de forme de magie différentes dans l'espoir de trouver un point faible chez son adversaire.

Cependant, Terry Boot semblait réellement hors d'atteinte, trop puissant pour descendre de son piédestal.

Alors que l'ancien élève d'Ilvermorny s'acharnait, Abelforth s'approcha doucement de Maëlle pour lui chuchoter des indications.

— J'ai un plan. Je vais détourner son attention et l'obliger à abandonner une partie de sa défense. Il va falloir que tu rejettes de toutes tes forces ton bouclier, comme si tu voulais qu'il sorte de toi pour toujours.

Actuellement, elle n'était pas contre cette idée. Il lui avait infligé bien plus de malheur que de bonheur. Mais une chose la chiffonnait encore.

— Comment allez-vous faire ? Vous voyez bien qu'on ne fait pas le poids.

Il sourit.

— Ne t'en fais pas, j'en fait mon affaire...

Sans rien ajouter de plus, Abelforth se tourna vers Terry Boot et Magnus qui s'affrontaient encore.

— Terry ! Tu te souviens de la bataille de Poudlard ? l'alpagua-t-il

Ce-dernier sourit nostalgique.

— Naturellement, Monsieur Dumbledore.

— Alors, tant mieux. Tu n'as donc pas oublié la manière dont je me bats.

L'homme fronça les sourcils.

— Qu'est-ce que...

Abelforth ne lui laissa pas le temps de parler, il courut dans sa direction, faisant émaner de lui une puissante aura de magie.

Ainsi, Boot ne sut immédiatement comment réagir et cette seconde d'inattention suffit à ce qu'un éclair de Magnus le percute de plein fouet. Il lui fit une imposante coupure au niveau du bas ventre.

Maëlle se dépêcha alors de mettre en place le plan et de faire sortir le bouclier. Elle puisa dans toute l'horreur et la haine qu'elle développait depuis des années à l'encontre de cette forme de magie qui avait fait d'elle une arme. Elle le supplia presque de se défaire d'elle.

Et, avec une étrange facilité, le bouclier sortit de son corps, les tentacules vibrèrent et fondirent sur Terry Boot.

Elle ressentit un immense vide s'emparer d'elle, comme si elle abandonnait un compagnon d'une vie.

Terry Boot ne comprenait rien au spectacle qui se déroulait. Il s'attendait à ce que les tentacules se contentent de l'aider mais ce fut tout autre.

Ils avaient soifs, créateur ou pas. Ils s'enroulèrent autour de l'investigateur de toute cette folie. Abelforth parvint à s'échapper avant que le bouclier ne le confonde aussi.

Les tentacules serrèrent le cou de Terry avec une telle puissance qu'il ne put rien faire d'autres que de supplier du regard les sorcières et sorciers qui s'étaient réunis pour observer la mort du roi.

Maëlle ne perdit pas un morceau du spectacle, les yeux globuleux, le teint violacé, la peur et puis la lumière qui s'évanouissait, le corps qui retombait, froid et libéré de ses vices.

Le bouclier voltigea un instant et finit par renter complètement dans le corps de Terry Boot pour ne plus en ressortir. Il avait définitivement abandonné son hôte originel.

— Tué par sa propre création, soupira Clara avec une certaine forme de surprise.

Maëlle sourit.

— Echec et mat.

Les six qui restaient contemplèrent le massacre qui régnait au troisième étage. Les flaques de sang étaient si étendues qu'elles laissaient presque douter de l'existence d'un carrelage. Il y avait plus de cadavres que de vivants.

Dans un silence assourdissant, Maëlle se traîna jusqu'au corps de Teddy. Elle passa une faible de main dans ses cheveux devenus gris, sur ses yeux fermés et sa peau sale. Elle revoyait sa joie de vivre, son sourire, sa naïveté de croire à un monde meilleur. Elle sanglota, elle n'avait pas prévu qu'elle perdrait tant en se lançant dans cette guerre. Elle avait eu tellement d'espoir, trop visiblement.

Elle entendit des voix. Ils examinaient les corps, ils les ensorcelaient pour les descendre dans les étages antérieurs. Elle ne voulait pas. Elle s'accrocha à Teddy. Elle ne voulait pas qu'il disparaisse au fond d'une tombe et pourrisse dans la terre.

— Maëlle... Il faut y aller maintenant.

— Non. Je veux rester avec lui.

Magnus l'entoura de ses bras. Elle enfouit sa tête dans son cou et pleura. Comme elle n'avait jamais pleuré. Elle les pleurait tous. Papa. Maman. Méline Solstice. Chrys. Teddy. Pearl. Elle avait si peur de les oublier, que leurs âmes ne survivent pas à leurs morts.

— Viens, on y va.

— Emily ?

— Ils l'ont descendu avec les guérisseurs. Elle est entre leurs mains à présents.

Magnus la releva doucement. Elle se laissa faire. Elle vit que Clara venait d'ensorceler le corps de Pearl et d'Abel. Petyr observait sans cligner ceux de Harry Potter et Hermione Granger. Peut-être regrettait-il ? Elle était trop fatiguée pour s'en soucier.

Magnus l'entraîna en direction de l'escalier. Elle vit Teddy s'envoler. Ils descendirent les marches avec une lenteur terrifiante. Elle ne voulait pas revoir le champ de bataille. Elle ne voulait pas...

Elle s'arrêta, sous le choc. Elle vit des hommes et des femmes, qu'elle ne pouvait même pas compter, s'agiter, remuer, parlant parfois, leurs peaux brûlées par les explosions, leurs membres séparés, leurs yeux sans lumières. Les survivants se taisaient, la folie qu'ils venaient de vivre les empêchait de faire quoi que ce soit.

Elle aperçut des visages connus. Chrys, décapitée. Takama, à moitié brûlée. Ash, éventré. Shawn étendu face contre terre. Ils étaient tous morts. Elle n'avait rien pu faire pour les sauver. Elle les avait abandonnés. Elle ne parvenait pas à détacher son regard. C'était hypnotisant.

Les combats. Les explosions. Les larmes. Le sang. Les dépouilles.

La mort.

Elle n'y comprenait plus rien. Qu'est-ce qu'ils avaient fait ? A quoi servirait un avenir démocratique s'ils étaient tous morts ?

Elle se sentit partir, l'odeur des flammes et de la mort infiltrèrent son esprit. Elle vit rouge. Elle vit noir. Elle s'évanouit.



Voilàààààà !

Merci pour la lecture ! Bonne nuit !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top