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Bonne lecture !

Chapitre 38

Le soleil était haut dans le ciel quand Maëlle put enfin sortir de l'infirmerie. Elle avait passé la nuit en observation avec plusieurs autres élèves, choqués eux aussi. Elle avait pensé qu'il y aurait Emily mais elle n'y était pas. La Poufsouffle errait dans les couloirs de Beauxbâtons sans vraiment savoir après quoi elle courrait.

Ses pieds finirent par la guider dans leur salle commune. Elle hésita une seconde à pousser la porte mais se rendit à l'évidence. Elle ne pouvait pas se défiler plus longtemps. Elle entra le plus silencieusement possible. La majorité des élèves des délégations était réunie sauf ceux de Mahoutokoro. Des rumeurs qu'elles avaient entendues lors de son séjour à l'infirmerie disaient qu'ils avaient déjà été rapatrié au Japon.

A peine avait-elle mis un pied dans la pièce que tous les regards se tournèrent vers elle. Emily était assise dans un coin avec Clara et le reste de la délégation. Toutes les écoles étaient séparées et tous les efforts que chacun avait fait pour se faire des amis étaient définitivement réduits à zéro. Teddy s'avança vers elle. Il avait les cheveux noirs et les yeux tout aussi sombre. Elle ne lui avait jamais vu un air si triste.

— Tu ne devrais pas rester ici. Tu n'es pas la bienvenue.

Elle savait qu'elle aurait dû l'écouter et rebrousser chemin. Mais elle l'ignora pour avancer vers ses amies. Elle fit tout pour ne pas croiser le regard haineux d'Emily.

— Emily, je voulais te dire que j'étais désolée pour tout...

Elle ne répliqua rien. Elle n'avait pas besoin. Ce fut Clara qui se leva.

— Laisse-la, je crois que ce n'est pas le moment.

Clara la prit par le bras et l'accompagna un peu à l'écart.

— Laisse-lui du temps. Elle te pardonnera.

— Je suis désolée pour Matsuoka et toi. J'imagine que ça s'est mal terminé...

Elle lui sourit.

— Il ne m'en voulait pas. C'est moi qui lui ai dit que je ne pouvais pas lui parler. Je ne peux faire ça alors que mon école et ma meilleure amie a manipulé Ishiwata... Ce n'est pas bien.

Maëlle baissa la tête.

— Mais c'est ma décision et il la comprend. Peut-être que dans quelques années tout sera différent. Va savoir...

Clara fixa alors intensément Maëlle, comme si elle essayait de l'analyser.

— Et toi comment tu te sens ?

— Coupable.

— Et entre toi et Teddy, comment ça se passe ?

Elle ne savait pas trop. Ils s'étaient embrassés mais c'était avant tout ça...

— J'ai l'impression que Magnus te plaît aussi, je me trompe ?

— Je ne sais pas moi-même et je dois dire que pour l'instant c'est le cadet mes soucis. Et puis Magnus a trois ans de plus que moi et...

Clara acquiesça comme Maëlle ne parvenait pas à trouver les mots.

— Abel a dit que nous allons rentrer plus tôt que prévu. Les valises sont faites. J'ai pris la liberté de faire la tienne comme tu étais à l'infirmerie. Ce sera sans doute demain matin. Repose-toi un peu d'ici là.

Maëlle la remercia et partit s'enfermer dans les dortoirs. Tous ces regards lui pesaient. Seuls les élèves de Durmstrang et Ilvermorny ne l'assassinaient pas des yeux. Malheureusement ce n'était pas ceux qui comptaient le plus.

Elle s'endormit rapidement dans ses draps souillés de larmes. Elle rata le banquet d'adieu et ne se réveilla qu'au petit matin. Tout le monde dormait encore et elle s'extirpa, sa valise à sa suite. Étonnement, malgré l'heure matinale, il y avait déjà des personnes debout. Elle reconnut Vukan Letvin et Sanya Kafka de Durmstrang, Tyzee Parks et Javier Banks d'Ilvermorny et Sandra Dembélé et Matthias Chapelle de Beauxbâtons. Ils lui sourirent tous avec politesse et elle décida de venir les voir. Ils étaient tous regroupés ensemble et cela l'intriguait.

— Salut. De quoi vous parlez ?

— De Solstice Horn. C'est terrible ce qu'il s'est passé. Mais nous ne devrions pas laisser cet horrible incident briser les amitiés que nous avons mis temps de temps à former, dit Vukan avec un air grave. Je ne veux pas perdre contact avec vous tous. Durmstrang est déjà trop mis à l'écart par les Ministères de la Magie, j'ai l'espoir que notre génération saura changer les choses.

Les autres hochèrent la tête. Maëlle avait pensé que tout avait été perdu mais elle avait eu bien tort. Elle avait sous-estimé ces sorcières et sorciers. Ils étaient forts. Bien plus qu'elle.

— Je trouve que c'est une idée formidable. Je ne vous ai jamais remercié pour tout. Vous avez été super pendant cette année.

C'était la première fois qu'elle parlait autant depuis hier. Etrangement, ça faisait du bien.

— Vous venez tous de subir un choc terrible, c'est la moindre des choses d'être là pour vous, murmura Tyzee. Je sais que vous partez demain. Promets-nous de nous écrire régulièrement.

Maëlle promit sans soucis. Elle serait ravie de leur écrire des lettres. Elle s'en voulut de trouver un peu réconfort dans cette période, alors que Solstice était morte et qu'Emily n'en était pas très loin mentalement.

— Ah Maëlle tu es là !

Elle ne se tourna même pas pour savoir qu'il s'agissait d'Abel Héron. Elle ne s'aventura pas à lui répondre.

— Je te cherchais, on part dans deux heures. Va réveiller les autres s'il te plaît.

Elle ne bougea pas. Elle ne se sentait pas de retourner dans les dortoirs. Heureusement, Magnus lui sauva la mise et se chargea de réveiller toute la délégation. Si bien que vingt minutes plus tard, tout le monde était sur pied et se dirigeait vers le Refectoria pour prendre un petit-déjeuner.

Personne ne mangea grand-chose. Maëlle sentait dans chaque plat l'odeur de la mort et ne tenta même pas d'avaler une seule bouchée. Elle préféra discuter à voix basse avec Sandra qui parlait des différences entre Beauxbâtons et Poudlard. Toujours cette histoire de cours particuliers. Elle se souvenait que Pearl en avait eu en Sortilège mais précisément parce qu'elle était déjà très douée. Il n'y avait pas de concours entre maisons ici ou de points. Les différentes maisons se mélangeaient sans problème, comme s'ils n'appartenaient réellement qu'à la grande maison Beauxbâtons.

Finalement, le moment fatidique arriva. La délégation de Poudlard restait immobile devant les grandes portes de l'académie, face aux autres élèves des trois écoles. Personne ne prononçait un mot ou n'applaudissait. C'était un silence de mort et d'ailleurs c'était le cas de le dire.

Après un long moment à simplement attendre, ce fut la délégation de Durmstrang qui le brisa en s'approchant des élèves.

— Au nom de Durmstrang, nous vous présentons nos condoléances et vous remercions pour cette année. Nous avons été ravis de vous rencontrer et d'être vos amis, énonça Vladimir Havel dans un anglais absolument parfait.

Ce n'était certainement pas la délégation avec laquelle ils avaient eu le plus de rapport mais rien ne pouvait plus toucher Maëlle à cet instant. Des larmes s'accumulaient au coin de ses yeux et quand elle vit que ses camarades étaient dans le même état, elle renonça à les cacher.

Très vite, comme poussé par un élan, les autres élèves firent de même. Ilvermorny et Beauxbâtons les remercièrent platement mais ne s'arrêtèrent pas en si bon chemin. Ce fut Matthias Chapelle le premier qui prit dans les bras Emily, imité par Magnus, Tyzee, Vadkin, Sanya et tant d'autres. Les élèves de Beauxbâtons qui assistaient de loin à la scène se mirent à applaudir solennellement et Maëlle crut même voir des étincelles rouges dans le ciel alors qu'elle était dans les bras de Orlena Maxwell. Puis, dans ceux de Magnus, elle se laissa aller doucement.

— Je suis sûre que tout va s'arranger. Tu verras. Je sais qu'Emily n'est pas rancunière. Elle sait que ce n'est pas ta faute. Tu n'es pas la méchante dans cette histoire.

Elle le remercia une nouvelle fois.

— J'ai été si heureuse de te rencontrer.

— Et moi donc.

Il se détacha d'elle pour laisser Tara Perlich la serrer contre elle.

Ce fut sous cette chape d'émotion que les sorcières et sorciers de Poudlard s'enfoncèrent dans la forêt suspendue. Elle qui l'avait vu la première fois comme une antre de merveille, elle la voyait à présent comme un lieu de tristesse et d'horreur. Un retour en carrosse tiré par des pégase comme en début d'année et enfin ils atterrirent devant le Poudlard Express, toujours à l'heure.

Maëlle remit sa valise et monta dans le wagon réservé. Ils étaient tous montés en même temps il y a quelques mois, à présent, il y avait des frontières et des murs solides et inattaquables. Quand elle avait pris ce train, elle voyait cette année comme une opportunité pour découvrir de nouvelles formes de magie, d'amitiés ou de manières de penser. Tout cela était arrivé, certes, mais la mort de Solstice venait de tout balayer sans se soucier un seul instant des dégâts.

Le voyage allait durer une bonne partie de la journée et le temps ne lui avait déjà jamais paru aussi long.

Le silence de mort qui régnait la faisait presque trembler. La vision d'Emily, le regard vide, le corps presque inerte la terrorisait littéralement. Teddy, trop occupé à fixer le paysage, la paralysait. Abel Héron qui semblait ne se soucier que de ses dossiers du Ministère comme s'il n'y avait aucun problème la rendait folle. Sa simple présence dans ce train était une honte. Cependant, la sienne également était une honte. Elle finit par réussir à s'endormir, sans rêve ni cauchemar, ce qui n'était pas peu dire pour ces temps-ci.

Voilàààààà

Bon des points positifs à cette année de merde quand même XD

Merci pour la lecture et bonne journée !