On ne sort pas un cookie du four tant qu'il n'est pas cuit.
—Enfin, quelqu'un daigne ouvrir la porte ! On ne fait pas attendre une star comme ça, voyons. Quelles manières !
Emma m'examine de haut en bas avant de passer la tête dans le couloir.
— Léna n'est pas avec vous ?
Je lève les yeux au ciel et fait semblant de m'énerver.
— Dis le si je t'embête surtout. Ne te gêne pas. Ce n'est pas comme si je t'entendais.
Emma me regarde et sourit doucement en me tirant par le bras.
— Mais entrez donc, Monique ! Désolée pour mon manque de politesse, je dois vous faire part d'une nouvelle découverte pour l'affaire Olivier.
— Tu lui as trouvé un cerveau logique ? Ce n'est pas que ses paroles incompréhensibles m'agacent, mais elles m'agacent.
— Pas encore Monique, pas encore. Ça ne saurait tarder.
Je la pousse du coud et me fraie un passage jusqu'au salon où je me laisse tomber sur le canapé après avoir ôté ma veste. Celle-ci me sert désormais de couverture. Je hausse un peu la voix pour être certaine qu'Emma m'entende, je ne sais pas trop où elle est passé.
— Pour en revenir à Léna, elle est partie chercher les boulets. Ils ont réussi à se perdre. Tous les deux. Sérieusement, quel con se perd dans sa propre ville ?
— Monique ! me reprend Emma. Vous êtes en forme ce soir, pleine de mauvais mots surtout.
— C'est l'histoire de deux cons qui se perdent la nuit, et il fait un froid de connard.
Mon hôte me fixe un instant, éberluée, avant de trouver quoi me répondre.
— Monique, vous êtes une affreuse mauvaise langue. Laissez-les donc un peu tranquille, non ? Vous ne voulez pas ?
— On ne sort pas un cookie du four tant qu'il n'est pas cuit, Emma. Et ces deux-là, enfin un surtout, je les laisserais bien brûler si je le pouvais.
Un petit rire retentit côté de moi. Je tourne la tête et me retrouve face à une petite tête avec les cheveux en pagaille.
— Lilou ! s'exclame sa mère. Je croyais que tu restais dans la chambre avec ton frère !
— Oui. Mais il préfère lire. Il ne veut rien faire. Et Axelle n'entend rien avec ses écouteurs dans les oreilles. En plus Rosie s'est endormie sur ses genoux. Bref, c'est le désert de la joie là-bas.
— Ce n'est pas beaucoup mieux ici, tu sais.
La petite secoue la tête, peu convaincue par l'argument de sa mère qui s'est assise sur une chaise et s'est tournée vers nous.
— Peut-être, répond Lilou en montant sur le canapé. Mais ici il y a grand-mère Monique. En plus, vous parlez de cookies. Et Léna va arriver. J'espère vraiment qu'elle ramène des crêpes.
Mon cœur se serre à l'entente du mot « grand-mère ». Je ne suis pas très proche de mes petits-enfants, voire même pas du tout, alors entendre ce mot dans la bouche d'une enfant qui n'a aucun lien de sang avec moi me bouleverse plus que je n'oserais l'avouer. Un sourire triste s'étire mollement sur mon visage. Emma semble percevoir mon trouble et s'empresse de rectifier Lilou.
— Monique ne peut pas être ta grand-mère ma puce, elle a déjà des petits-enfants tu sais.
— Comment ils s'appellent ? Et pourquoi on n'a pas le droit d'avoir des grands-parents nous ?
— Tu es bien curieuse toi, lui dis-je gentiment.
— Je sais. Axelle me dit que je tiens ça d'elle. Mais je ne la crois pas. Je préfère penser que je tiens ça de papi magie.
— Papi magie ? manque de s'étouffer Emma.
— Oui, approuve la petite. Quand j'essaie de t'imaginer avec un papa, j'imagine un vieux monsieur avec un grand chapeau et un lapin tout blanc, tout mignon, comme dans les livres. Mais je sais que la magie ça n'existe pas, on ne peut pas faire sortir un grand-père d'un chapeau même si on le souhaite de toutes ses forces.
Les yeux de sa mère s'embuent de larmes qu'elle tente vainement de cacher avec sa main et chuchote :
— Tu ne crois pas si bien dire...
J'ouvre la bouche pour répondre à la petite mais on frappe à la porte et Emma se lève pour aller ouvrir. Je referme la bouche et me tourne vers Lilou qui est toujours à côté de moi.
— Désolée Monique, je ne voulais pas vous piquer à vos petits-enfants. Je suis sûre que vous êtes une super mamie.
Je lui donne un petit coup de coude et lui répond sur le ton de la confidence :
— Appelle moi mamie Monique quand tu veux. Mais surtout, ne t'inquiètes pas. Tu as aussi le droit d'avoir des grands-parents. On fait tout pour que tu puisses les rencontrer bientôt.
— Je sais, me répond-elle sur le même ton. Je vous fais confiance à Léna et à vous. Je voulais juste rappeler à maman que le jour où elle sera prête, on le sera aussi.
Elle me lance un clin d'œil et saute du canapé.
— Maintenant que ma mission est accomplie, je retourne à bord cap'taine cookie. Bonne soirée avec les boulets !
J'éclate de rire tandis qu'elle s'éloigne. Mamie Monique, cela sonne vraiment bien. Peut-être que moi aussi, mes petits-enfants m'attendent...
— Monique !
Hugo court vers moi et s'apprête à me prendre dans ses bras mais je le repousse avec une grimace.
— Pardon mais seuls les princes peuvent toucher une reine. En l'occurrence, tient toi loin de moi.
Son visage se décompose à mesure que mon rictus grandit. Tout sourire, Guillaume s'approche derrière lui et lui donne une petite tape dans le dos.
— Ne t'inquiètes pas, les boulets ont besoin d'un canon pour être tirés, pas d'une vieille reine.
Je ne peux pas retenir le rire qui s'échappe, tonitruant, de ma bouche. Emma et Léna arrivent en courant dans la pièce :
— Qu'est-ce qui se passe ? Tout va bien ? demandent-elles de concert.
Entre deux crises de larmes, je tente de leur offrir une réponse correcte.
— Guillaume... Mon nouveau boulet préféré. Enfin un successeur digne de mon humour !
Léna hausse les sourcils et Hugo complète ma réponse :
— Monique m'a rappelé que je n'étais pas à sa hauteur encore une fois... Et Guillaume m'a défendu d'une bien étrange façon à vrai dire.
Emma se force à nous adresser un sourire et nous invite à prendre place autour de la table.
— Asseyez-vous donc. On a des choses à vous dire.
Les garçons s'assoient côte à côte et je me retrouve en bout de table quand Léna se place près de notre hôte. Elles se concertent du regard et Emma fini par ouvrir la bouche pour nous livrer ses découvertes :
— J'ai interrogé le docteur sur Stella ce matin. Il m'a parlé d'une fille dont la mère est dans le coma et dont le nom du père ne tire que des grimaces.
— Alors c'est elle ? On en est sûrs ? interroge Hugo. Je vous avais dit que je vous serai d'une grande aide !
— Je pense que c'est bien elle, oui, affirme Emma. Il ne nous reste plus qu'à la convaincre de venir retrouver son père.
— On n'est pas obligé de la prévenir, dis-je.
Tous les regards se tournent vers moi, stupéfaits.
— Ne faites pas cette tête, vous n'avez jamais organisé de rendez-vous surprise pour vos amis ?
— Ben si, commence Léna. Mais... Enfin, ce n'est pas du tout pareil !
— Si, c'est exactement pareil. Vous croyez franchement qu'elle acceptera un rendez-vous avec son père juste parce qu'on a claqué des doigts ? Jamais. Il faut jouer la carte de la fourberie sur ce coup.
— Vous la jouez souvent Monique, s'amuse Guillaume.
— Oui. C'est pour ça qu'on m'aime autant.
Hugo fait semblant de s'étouffer mais Léna reprend le fil de la discussion avant que je ne puisse ajouter quoi que ce soit :
— D'accord, d'accord. Mais je voudrais savoir quelque chose moi. Quel est le nom de son père, puisqu'il la rebute autant ?
Emma cherche un instant dans ses souvenirs :
— Des villes, des villers... Quelque chose comme ça il me semble.
— Dhervillers, chuchote Léna.
Son visage a soudainement pali et tous nos regards convergent vers elle. Ce n'est pas dans ses habitudes de perdre ainsi toute couleur.
— Oui, c'est ça, confirme Emma. Il y a un problème ?
— Olivier Dhervillers, murmure à nouveau Léna. C'est le nom du propriétaire de l'immeuble.
Nos yeux s'arrondissent tous sous l'effet de surprise et nous hurlons en cœur :
— PARDON ?
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Bonsoir mes petites lumières ❤️
J'espère que votre semaine s'est bien passée 🌟
Bientôt décembre... Vous avez votre calendrier de l'avent ? 😏😎
J'espère que ce chapitre (où Monique faut encore des siennes) vous a plu 🍪
À bientôt 😘
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