Le bleu du ciel n'est pas toujours synonyme de bonheur

Est-il possible de vivre réellement en étant dans la solitude éternelle ? Est-ce que la connaissance de l'autre, la découverte de ses pensées et l'apprentissage de sa personnalité n'est pas une des clés du bonheur ? L'agitation de nos âmes face à la vague de nos sentiments longeant la côte de nos corps liés offre une plage de félicité sans pareil.

Le temps s'étiole et la bobine de nos vies se défile comme un malfrat prit sur le fait. Une étincelle et tout s'embrase. L'œuvre d'une vie s'écroule sous un coup de poing, une claque et se fait recoller par un baiser. Mais rapidement, la colle sèche et s'effrite, rien ne tient plus, on oublie d'oublier le mal qu'on nous fait. Il devient récurant, régulier, journalier. L'arme qui nous blesse aujourd'hui est la main qui nous caressait si peu de temps auparavant...

Puis il faut fuir, autant pour vous que pour ceux que vous aimez et qui sont malgré vous des souvenirs de lui. Il vous faut courir, mais vous trébuchez ; vous vous relevez et retombez jusqu'à ce qu'enfin vous soyez loin. Si loin que vous pensez être perdu, hanté par un spectre qui vous frappe nuit et jour ; mais c'est un fantôme, une création de votre esprit. Vous regrettez, vous finissez par vous demander si tout cela n'était pas qu'un rêve.

Les larmes coulent sur vos joues, vous les essuyez d'un revers de manche avant d'apercevoir une couleur bleu significative sur votre poignet et à ce moment-là, vous souriez. Vous souriez parce que vous avez fait le bon choix.

Mes ménages terminés, je rentre paisiblement en arpentant les allées du parc. Sous les feuillages se dandinant au vent, je rajuste mon masque fictif et invite un sourire sur mes lèvres gercées. Parvenue face à la porte d'entrée de l'immeuble, je me fends d'une courbette face aux boites aux lettres et esquisse un petit pas de danse. Je ris toute seule et décroche enfin la caméra toujours allumée des jumeaux pour la fourrer dans mon sac après l'avoir éteinte.

A vouloir jouer les agents secrets, ils en oublient leur équipement au mauvais endroit. En me retournant vers l'entrée, une feuille bleue attire mon attention. Je décroche mes pensées de mes enfants et avance au plus près de l'affiche étoilée pour en distinguer chaque petit détail, au grain de papier près. Les lèvres pincées, je relis plusieurs fois l'annonce en me mordant la lèvre inférieure jusqu'au sang pour vérifier que je ne rêve pas :

Samedi 27 février,

Bibliothèque de Sperona

Organisation d'une vente de bracelets, dessins et gâteaux faits maison.

Les bénéfices seront reversés au comité festif de l'Immeuble Des Lucioles.

Je tire la porte d'un coup sec et me dirige à grandes enjambées vers l'appartement vingt-sept. Je bouillonne de rage mais une petite voix en moi me demande pourquoi... Oui, pourquoi ? Pour quelle raison suis-je tant énervée contre celle qui ne cherche qu'à m'aider ? Parce que je sais bien que cette vente n'est pas pour l'immeuble, en tout cas pas officieusement, puisqu'il n'existe aucun comité festif ici. Rien n'a jamais été créé ou mis en place, nous ne faisons que vivoter dans des appartements à la hauteur de nos moyens !

Je pénètre à grand bruit dans l'habitation de Léna qui a eu le malheur de ne pas fermer sa porte à clé. Décelant un mouvement dans sa cuisine, j'avance vers elle et dès que je croise le regard de ma soi-disant amie, je lui hurle :

— Pourquoi as-tu fais ça ! Comment as-tu pu à ce point de départir de mon accord ? Je ne veux pas de ton aide, et je ne veux celle de personne !

Ses yeux s'agrandissent et Léna a le réflexe de poser son plateau de cookies sur le plan de travail avant que ses mains ne le lâche. Je remarque que sa couleur de cheveux a changé mais ma colère domine ma curiosité. Sa bouche s'ouvre et se ferme quatre fois avant qu'elle ne puisse en sortir un son correct :

— Pourquoi refuses-tu mon aide ?

— Une des seules personnes qui ne m'ait jamais aidée est aussi celle qui m'a détruite ! Et si tu m'aides, c'est uniquement par pitié. Chose que je ne veux pas. Je me suis toujours débrouillée seule et il est hors de question que j'accepte l'argent de personnes extérieures pour quelqu'un dont ils n'ont même pas connaissance de l'existence.

Elle hoche la tête et capitule :

— Très bien, dans ce cas le quart que je devais t'offrir restera à l'immeuble.

Son calme inattendu et son ton sans émotion me déstabilisent.

— Un quart ? Mais ... Il n'existe aucun comité festif ici.

Elle relève les yeux vers moi après avoir saisi son plateau à nouveau et commence à avancer vers la salle à manger qui fait aussi office de salon :

— Bien sûr que si, j'en suis même la première et unique membre figure toi.

Elle dépose les cookies sur la table et me regarde froidement avant d'ajouter :

— Nous fera-tu l'honneur de te joindre à nous pour déguster mes créations ?

L'emploi de ce pluriel me fait sursauter. Quelqu'un d'autre aurait entendu ma crise de colère ?

— Coucou maman, ton travail s'est bien passé ? Tu rentres plus tôt aujourd'hui, il est à peine huit heures, nous attaquons le dessert.

Axelle... Les enfants. Bien sûr, j'aurais dû m'en douter.

— Vous aussi vous faites partie du plan alors ? demandé-je avec des trémolos dans la voix.

— On fait ça pour toi tu sais... réponds Mathis.

— Mais si ça ne te plait pas, on peut continuer à faire semblant de ne pas voir tes larmes et tes bleus, ajoute sa jumelle.

Je reçois un coup de poignard dans le ventre et m'effondre sur le canapé. Rosie court se blottir contre moi et je caresse ses cheveux en fondant en larmes. J'entends les chaises grincer sur le plancher pendant que Léna, Axelle, Mathis et Lilou s'installe à table. Rosie tente des grimaces pour me faire sourire et abandonne rapidement en voyant que cela a pour seul effet de doubler les cascades qui s'écoulent de mes paupières.

— Tu peux lui dire maman, dis-lui comment Papa a peint le ciel sur toi.

Apeurée, j'essuie mes larmes et me relève avec Rosie dans les bras, puis vais m'installer sur la dernière chaise libre autour de la table.

— Alors vous savez ? dis-je.

Mes enfants hochent la tête tandis que Léna garde le silence.

— Et Rosie aussi...

Axelle acquiesce :

— Elle a beau avoir cinq ans, elle n'en est pas moins intelligente.

Je hoche la tête à mon tour :

— Vous avez raison, votre père me frappait.

Ils m'invitent à continuer dans un mouvement silencieux, alors que Léna ouvre grand ses oreilles.

— Lorsque nous nous sommes rencontré votre père et moi, nous sommes tombés fous amoureux l'un de l'autre, le mariage a rapidement été acté et nous sommes partis nous installer dans votre ville de naissance. Au fil des semaines, il est devenu de plus en plus distant et il perdait le sourire qui m'avait fait tomber sous son charme. J'apercevais une face noire et obscure dans ses actions et mettais ça sur le coup du stress. Cependant, au fur et à mesure que les mois passaient, il a commencé à m'empêcher de voir mes amis, de leur parler. Puis il a fait de même avec ma famille. Je suis tombée enceinte de toi Axelle, ça l'a rendu heureux. J'ai cru que tout était redevenu normal en lui, jusqu'au jour où, environ un mois après ta naissance, il m'a frappée. Rien qu'une claque, ce n'était rien pour lui, il m'a promis de ne jamais recommencer et s'est fondu en excuses. J'oubliais.

Je m'arrête et prends un cookie en inspirant de grandes bouffées d'air.

— Et après ? quémande Mathis.

— Après ? Il a commencé à devenir plus violent au fil des années, mais je ne pouvais pas le quitter, Axelle n'était encore qu'un bébé et ses excuses me suffisaient. Je suis tombée enceinte une seconde fois. Pendant quatre ans il fut un père exemplaire pour son fils, mais il délaissait ses filles. Au moins il en oubliait de me frapper, jusqu'au jour où j'attendis encore un enfant de lui. Une fille... Tout a repris à sa naissance. Les coups, les cris, et moi je lui faisais promettre de ne pas vous toucher, de n'abattre ses poings que sur moi. Ca marchait. Jusqu'à la fois où je l'ai vu jeter une bouteille en verre sur Rosie, esquivant son visage de peu. C'en fut trop, j'ai ramassé nos affaires, et je suis partie en pleine journée, alors qu'il était encore au travail. Ce fut le plus beau jour de ma vie.

J'esquisse un faible sourire et me tourne vers le reste de la table :

— Je suis désolée...

~~~

Bonjour à tous !

Comment allez-vous ?

Moi plutôt bien ! J'ai commencé une nouvelle histoire (romance) pour le camp nano ! Vous participez ?

Bref assez parlé !

Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? J'ai essayé de donner un maximum de réalité à ces révélations sur Emma, j'espère que c'est réussi ^^

Merci d'être encore présent à me lire ! Ça me touche vraiment <3

C'est un peu grâce à vous si je suis encore là ! (même si je dois avouer que Guillaume n'est pas non plus étranger à cette motivation XD Et les autres personnages non plus !)

Bonne journée !

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