Mardi matin. Maison de Noah. Londres.

Après quelques minutes de silence, je décide d'interroger Noah pour en savoir plus sur lui. Peut être que ça m'aidera à oublier ce qu'il s'est passé.

— Qu'est-ce que tu fais quand tu n'es pas en train de sauver des filles ? je le questionne.

Noah réfléchit un instant avant de répondre.

— J'adore jouer de la guitare et composer des morceaux. C'est comme un échappatoire pour moi.

Le besoin d'avoir un échappatoire, ça je comprends. Intéressé par sa réponse, je pose une autre question.

— Quel genre de musique t'écoutes ? Y a des artistes ou des groupes qui t'inspirent ?

— J'écoute surtout des chansons pop et je m'inspire de groupes comme 5 Seconds of Summer, Why Don't We, Big Time Rush, One Direction... ou encore Nirvana.

.— Et comment tu t'es dit " C'est ça que je veux faire ? " je demande, en me penchant en avant, voulant en savoir plus sur lui.

— Eh bien, quand j'étais gamin, mes parents écoutaient souvent de la musique à la maison. Un jour, j'ai trouvé une vieille guitare dans le grenier et j'ai commencé à m'amuser avec. Il y a quelque chose dans le son des cordes qui a résonné en moi et depuis ce jour-là, je n'ai jamais regardé en arrière. Il y avait cette étincelle et j'ai su que la musique ferait partie de ma vie.

Curieuse d'en savoir plus sur son univers musical, je continue.

— C'est incroyable. Et comment tu fais pour composer tes morceaux, tu t'inspires de ton expérience ou de tes émotions ?

Noah prend une profonde inspiration, comme s'il cherchait les mots justes.

— Je m'inspire surtout des hauts et des bas de la vie quotidienne. Les moments de bonheur, de tristesse, d'amour, de perte... tout cela c'est le point commun dans mes compositions. C'est comme si la musique était un moyen pour moi de traduire les émotions en mélodies, de partager une partie de moi avec le monde. Assez parler de moi, qu'en est-il de toi ? Qu'est-ce qui t'inspire dans la vie ? me demande-t-il.

Qu'est ce qui m'inspire ? Je réfléchis un instant avant de répondre.

— J'adore écrire. Des histoires, des poèmes, un peu de tout. C'est ma façon d'exprimer ce que je ressens. Et puis, j'aime la photographie. Capturer des moments, des émotions, c'est quelque chose de magique pour moi.

— Tu devrais me montrer tes photos un jour.

Je rougis légèrement à l'idée, mais je hoche la tête. Montrer mes photos, ce serait comme lui montrer une partie de mon âme.

— Avec plaisir. Et peut-être que tu pourrais me jouer une de tes compositions ?

— Marché conclu, dit-il avec un clin d'œil.

Un silence confortable s'installe entre nous. Je me rends compte que, même si nous ne nous connaissons que depuis hier, il y a quelque chose de naturel et d'aisé dans nos conversations. C'est étrange comme c'est facile de parler avec lui, comme si nous connaissions depuis toujours.

— Tu sais, je suis content qu'on se soit rencontrés, dit Noah doucement.

— Moi aussi, je réponds avec un sourire sincère. C'est étrange comme le destin peut faire les choses, non ?

— Oui, parfois il faut juste suivre le courant et voir où ça nous mène.

Suivre le courant... Est ce que je veux vraiment ? Peut être que oui, peut être que pour une fois, je devrais arrêter de tout contrôler et juste voir ce qui se passe.

— Tu penses qu'on devrait se laisser porter par le courant, alors ? je demande avec un brin de malice dans la voix.

— Absolument. Parfois, les meilleures choses arrivent quand on s'y attend le moins, répond-il en me regardant droit dans les yeux, une lueur de promesse dans le regard.

Et à ce moment-là, je me demande si une nouvelle amitié, ou peut-être quelque chose de plus, commence à se forger entre nous. Je suis prête pour ça ? Et surtout, est-ce que j'en ai envie ?

Après quelques heures passées chez Noah, je décide de retourner à ma résidence universitaire. Je dis au revoir à Noah et à ses parents, les remerciant pour leur hospitalité avant de marcher en silence jusqu'à la résidence, le paysage défilant sous mes yeux sans que je le remarque vraiment. Pourquoi tout me semble flou et distant ?

En arrivant à ma résidence, je monte les marches pour accéder à la chambre de Chloé. La porte est légèrement entrebâillée, signe qu'elle est là. J'entre doucement et elle se retourne immédiatement, ses yeux remplis de soulagement et de compassion.

— Ella ! Je suis tellement contente de te voir. Comment tu te sens ?

— Ça va mieux. Ça va vraiment mieux ou je me mens à moi-même ?

— Je t'ai couvert, j'ai dit à tout le monde que t'étais malade et que tu te reposais. Personne ne sait ce qui s'est passé mais raconte-moi tout.

Nous nous asseyons sur mon lit et je commence à lui raconter tout ce qui s'est passé, chaque détail que je me rappelle. Chloé écoute attentivement, ne m'interrompant que pour me demander si j'ai besoin d'une pause ou d'un verre d'eau. Après un long moment, le silence s'installe entre nous. Chloé prend ma main dans la sienne, ses yeux brillants de détermination.

— Nous trouverons qui t'a fait ça, je te le promets.

— Merci, Chloé.

— Écoutes, je crois que tu as besoin de te changer les idées. Tu sais ce qu'on dit dans les films américains quand tout va mal ? dit-elle avec un air espiègle.

Je hausse un sourcil, intriguée. Où veut-elle en finir ?

— On commande une pizza géante et on passe la soirée à regarder des comédies romantiques en pyjama avec nos colocataires !

— Ça sonne comme un plan parfait pour ce soir, je réponds en souriant. Oui, ça pourrait vraiment aider...

Chloé et moi descendons dans le salon commun où nous trouvons nos quatres autres colocs occupées à étudier ou à regarder des séries sur Netflix. Je regrette de ne pas avoir pris le temps de leur parler pour faire leur connaissance.

— Ella, laisse-moi te présenter les filles. Elles étaient déjà chez Max quand on s'est préparées pour y aller. On a fait plus ample connaissance pendant la soirée mais t'étais un peu... occupée pour les rencontrer, intervint Chloé en venant à ma rescousse. Voici Zoé, dit-elle en désignant une fille aux cheveux bouclés, elle est en classe de droit et elle adore les soirées jeux de société.

Zoé hoche la tête en signe de salut.

—Salut Ella, contente de te rencontrer enfin !

Chloé poursuit :

— Et voici Mia, elle désigne une autre fille avec des lunettes et un livre à la main. Elle étudie l'histoire et elle est incollable sur les séries télé.

Mia lève les yeux de son livre et me sourit timidement.

— Émily étudie l'histoire de l'art, continue Chloé en me désignant une fille aux cheveux noirs à table.

Émily me fait un petit signe de la main et je lui souris chaleureusement. Elles ont toutes l'air si gentilles.... Chloé termine les présentations :

— Et enfin, voici Léa, elle montre une fille avec des cheveux roux et un look audacieux, elle est en psychologie et elle est experte en films d'horreur.

— Salut Ella, ravie de te rencontrer ! lance Léa en me faisant un clin d'œil.

— Merci les filles, je suis vraiment contente de vous rencontrer enfin, je déclare en m'asseyant à table.

Chloé et moi annonçons ensuite notre plan de commande de pizza et l'idée est accueillie avec enthousiasme. En un rien de temps, nous sommes toutes réunies dans le salon, en pyjama, avec des couvertures et des oreillers en abondance. Les pizzas arrivent rapidement et nous nous servons tous une part généreuse avant de nous installer devant la télévision. Zoé prend le contrôle de la télécommande et commence à naviguer à travers les options de films, tandis que nous nous blotissons confortablement sur le canapé et les fauteuils. Je lance une suggestion :

— Que diriez-vous de commencer avec un classique comme "Orgueil et Préjugés" ? C'est l'un de mes films préférés et c'est une histoire intemporelle d'amour et de préjugés sociaux qui devrait plaire à tout le monde.

Zoé et Mia acquiescent rapidement, tandis qu'Émily et Léa semblent également intéressées. Chloé sourit, approuvant mon choix.

— Excellente idée !

— Et pour finir en beauté, que pensez-vous de "Avant toi" ? C'est une histoire tellement touchante, ça pourrait clore notre soirée en beauté, propose Émily.

Léa lève un sourcil d'approbation, semblant agréablement surprise par sa suggestion.

— Oh, j'adore ce film ! C'est un choix parfait pour terminer la soirée, déclare-t-elle avec enthousiasme.

Le film commence et, petit à petit, les rires remplissent la pièce. À un moment, Chloé propose un toast avec nos verres de soda.

— À l'amitié et à des jours meilleurs !

— À l'amitié ! répétons-nous en chœur.

Pour un moment, j'oublie complètement mes soucis. C'est juste moi, mes colocataires et une pile de boîtes de pizza, exactement comme dans les films américains. Et pour cette nuit du moins, c'est tout ce dont j'ai besoin. La nuit avance et finalement, une à une, mes colocataires commencent à rejoindre leurs chambres. Chloé et moi restons les dernières, ramassant les restes de la soirée.

— Merci, Chloé, pour tout. Tu es vraiment une amie en or.

Elle me sourit, une lueur de fatigue dans les yeux.

— C'est normal, Ella. On est là les unes pour les autres. Tu devrais aller te coucher, Ella. Tu as l'air épuisée.

Je hoche la tête en baillant, sentant la lassitude peser sur mes épaules.

— Oui, je crois que c'est une bonne idée. Merci encore pour ce soir, Chloé. C'était vraiment génial.

Elle me fait signe de la main alors que je me dirige vers ma chambre.

— De rien, Ella. Bonne nuit.

Je lui adresse un sourire avant de disparaître dans la salle de bain que Chloé et moi partageons. Je me démaquille avec des gestes lents, appréciant la sensation de fraîcheur sur ma peau fatiguée. L'eau chaude du robinet glisse entre mes doigts, apportant une agréable sensation de détente. Je brosse mes dents, me lave le visage et applique une crème hydratante à l'odeur légère de lavande, un rituel apaisant qui m'aide à me détendre. De retour dans ma chambre, je m'allonge sur le lit, m'enveloppant dans ma couette moelleuse.

Je fixe le plafond, essayant de chasser les pensées qui tourbillonnent dans ma tête. La nuit dernière revient en flash, un souvenir brut et douloureux, qui crée un sentiment de malaise chez moi. L'agression que j'ai subie a visiblement laissé des traces invisibles contrairement à ce que je croyais. Pourquoi ces images me reviennent-elles maintenant ? Je respire profondément, essayant de calmer mon esprit.

Je décide de me lever et d'aller chercher un peu de camomille dans la cuisine. Je me dirige doucement vers la cuisine, prenant soin de ne pas faire de bruit pour ne pas réveiller les autres. En passant devant la porte de Chloé, j'entends sa respiration régulière, signe qu'elle dort profondément. Cela me rassure un peu.

Dans la cuisine, je fais chauffer de l'eau et prépare ma tisane, espérant que cela m'aidera à me détendre. Assise à la table, je regarde par la fenêtre la ville endormie. Les lumières des réverbères dessinent des ombres mouvantes sur les murs et après quelques gorgées de camomille, je sens mes muscles qui se relâchent doucement, signe que l'infusion fait effet. Je retourne dans ma chambre, m'installe à nouveau dans mon lit et me répète intérieurement les paroles de Chloé, comme un mantra : "On est là les unes pour les autres."

Peu à peu, la fatigue l'emporte sur l'angoisse. Mes paupières deviennent lourdes et je finis par m'endormir, enveloppée dans ma couette.