CHAPITRE 4 : Quand la fête dérape
Lundi soir. Maison de Max. Londres.
Nous nous frayons un chemin à travers la foule vers la cuisine, où une table était remplie de snacks et de boissons. Chloé et moi nous servons un shot avant de trinquer.
- À notre première fête ensemble ! je lance, levant mon verre.
Chloé acquiesce avec enthousiasme, son visage s'illuminant.
- À notre soirée mémorable ! renchérit Chloé en levant son verre.
Je souris et bois d'un trait. L'alcool brûle le long de ma gorge, me réchauffant instantanément. Nous éclatons de rire, emportées par l'ambiance festive qui règne autour de nous.
- Tu vois, ça commence à devenir intéressant ! je fais remarquer à Chloé entre deux éclats de rire.
- C'est sûr, on n'est pas venues ici pour s'ennuyer.
- Regarde ça, dit Chloé en me tirant par le bras vers un coin du salon où des gens jouaient à des jeux d'alcool. On devrait essayer ça.
Je la laisse me tirer par le bras en souriant.
- Tu veux déjà commencer les jeux ? On vient d'arriver !
Chloé rit à son tour.
- Et alors ? C'est une soirée, on est là pour s'amuser, non ?
Je ne peux pas m'empêcher de sourire devant son enthousiasme contagieux.
- T'as raison. Allons-y !
Nous nous retrouvons mêlées à une partie de beer pong. Les rires et les encouragements des autres invités remplissent l'atmosphère. Alors que je me concentre sur ma prochaine tentative, j'entends des murmures autour de moi.
- Allez Ella, à toi de jouer ! m'encourage Chloé en tapotant mon épaule.
Je lance ma balle avec précision, déclenchant des cris de victoire parmi les invités. Après avoir célébré ma victoire, je me retrouve assise en cercle avec d'autres invités, le cœur battant la chamade. Une bouteille est placée est centrée, et tour à tour, les invités la tourne avant d'embrasser la personne que la bouteille désigne. Puis vient mon tour. La bouteille s'est arrêtée devant un garçon aux yeux pétillants et un sourire charmant.
Je sens mon visage s'empourprer alors que tous les regards se tournent vers moi, attendant ma réaction. Mon cœur bat furieusement dans ma poitrine mais je décide de jouer le jeu. Pourquoi je suis aussi nerveuse ? C'est juste un baiser, après tout. Lentement, je me rapproche du garçon, nos visages se trouvant à quelques centimètres l'un de l'autre. Son souffle chaud caresse ma peau, faisant naître en moi un mélange d'excitation et d'appréhension. Sans réfléchir davantage, je pose mes lèvres sur les siennes dans un baiser tendre mais passionné, ignorant le bruit des encouragements et des sifflements autour de nous.
Pendant un instant, le temps semble s'arrêter alors que nous nous perdons dans ce moment fugace de connexion intense. Quand nous nous séparons enfin, un frisson parcourt mon corps. Les applaudissements et les sifflets des autres invités me ramènent à la réalité.
Je me lève avant de sortir prendre l'air dans l'espoir de reprendre mes esprits. Je me retourne brusquement en entendant des bruits de pas derrière moi pour me retrouver nez à nez avec le garçon que j'ai embrassé. Il me fixe avec intensité, un sourire satisfait étirant ses lèvres. Je tente de cacher mon malaise derrière un sourire crispé alors que je recule légèrement, mon regard évitant le sien. Mais qu'est ce qui m'a pris de l'embrasser ? Je ne le connais absolument pas. Mais avant que je puisse dire quoi que ce soit, il se penche brusquement vers moi, cherchant à capturer mes lèvres à nouveau.
Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine et je recule instinctivement, une main levée pour le repousser.
- Arrête, je murmure d'une voix faible, mais il semble ne pas vouloir écouter. S'il te plait, arrête !
Son visage se rapproche du mien, ses yeux brillant d'une lueur avide et son sourire s'étirant en une expression prédatrice. Mon souffle s'accélère, la peur s'insinuant dans mon esprit déjà embrouillé par l'alcool. Je sens le piège se refermer sur moi alors que je réalise que je suis seule avec lui, isolée du reste de la fête. Mes pensées se bousculent, paniquées par la situation qui dégénère rapidement.
- Écoute, arrête ça tout de suite ! je reprends plus fort, tentant de masquer ma terreur grandissante derrière un ton ferme.
Mais il continue de s'approcher, ignorant mes paroles, ses mains cherchant à m'atteindre. Mon dos heurte brutalement le mur derrière moi, me laissant aucune issue de secours. Soudain, une voix retentit derrière nous, brisant le silence pesant qui s'était installé autour de nous. Enfin quelqu'un vient à mon secours.
- Hé, qu'est-ce que tu fais ? laisse-la tranquille !
Noah, mon sauveteur, s'avance vers nous, les poings serrés, son regard furieux fixé sur mon agresseur. Ma respiration s'accélère encore plus, à moitié soulagée de cette intervention inespérée mais toujours terrifiée par la tournure que prenaient les événements. Le garçon tourne la tête vers Noah, un mélange de surprise et d'hostilité dans son regard.
- Ce n'est pas tes affaires, mec. Fiche le camp.
- Si elle te dit d'arrêter, tu arrêtes. Sinon, tu auras affaire à moi, menace Noah d'une voix froide, son regard ne laissant aucun doute sur sa détermination.
Le garçon me lance un dernier regard plein de ressentiment avant de reculer et partir sans un mot, me laissant seule avec Noah dans le calme retrouvé de la nuit. Je m'effondre presque contre le mur, laissant enfin échapper un soupir de soulagement mêlé à la peur qui continue de pulser dans mes veines.
- Merci, Noah, je réussis à articuler, ma voix tremblante trahissant mon état émotionnel.
Il s'approche de moi lentement, ses yeux scrutant mon visage avec inquiétude.
- Ça va ? me demande-t-il avec douceur, son attention entièrement concentrée sur moi.
Je hoche la tête, sentant les larmes monter à mes yeux malgré moi. Noah pose délicatement sa main sur mon épaule, un geste réconfortant qui me fait chaud au cœur.
- Tu es sûre ? insiste-t-il, sa voix empreinte de sollicitude.
Je lui adresse un petit sourire et je sens enfin la vague d'émotions déferler en moi. Les événements de la soirée me rattrapent brusquement et je sens mes jambes flancher. Noah me rattrape habilement avant que je ne m'effondre complètement, me maintenant fermement contre lui.
- Viens, on va s'éloigner d'ici, me murmure-t-il doucement à l'oreille, sa voix apaisante agissant comme un baume sur mes nerfs tendus pendant qu'il glisse sa veste sur mes épaules, parcourue de frissons d'adrénaline.
Noah m'entraîne doucement à l'écart de la maison, loin de l'agitation de la fête qui résonne encore faiblement derrière nous. Le silence de la nuit enveloppe nos pas alors que nous marchons côte à côte, sans échanger un mot. Enfin, Noah brise le silence qui s'était installé entre nous.
- Tu veux en parler ? chuchote-t-il, me laissant toute liberté de décider.
Je secoue la tête, sentant les mots coincés dans ma gorge, incapables de sortir. Mon esprit tourbillonne avec confusion et peur, cherchant à comprendre comment la soirée a pu prendre une telle tournure. Noah respecte mon silence, se contentant de marcher à mes côtés, sa présence rassurante agissant comme un rempart pour me protéger.
Après un long moment de marche silencieuse, nous finissons par atteindre un petit parc désert. Noah me guide vers un banc et nous nous asseyons côte à côte, la fraîcheur de la nuit enveloppant nos corps tendus. Le parc était plongé dans l'obscurité, seuls les faibles lueurs des lampadaires lointains parvenaient à percer la nuit.
Je sens son regard posé sur moi et pour la première fois depuis que cette soirée avait dérapé, je me sens en sécurité. Finalement, après un long moment d'hésitation, je me tourne vers lui. Son regard azur me fixe intensément mais sans aucune trace de jugement.
- C'était effrayant... Je ne sais comment j'aurais fait pour m'en sortir sans toi, je murmure d'une voix à peine audible, laissant échapper un soupir.
Noah reste silencieux un instant, laissant mes paroles s'installer entre nous. Puis, d'une voix douce empreinte de compassion, il répond :
- Je suis juste content d'être arrivé à temps. Tu ne méritais pas cela. Personne ne mérite d'être traité de cette manière.
Noah pose délicatement son bras autour de mes épaules, m'offrant un soutien silencieux mais solide. Je me blottis contre lui et il reste là, ses bras autour de moi, me laissant pleurer en silence. Après un moment qui semble à la fois une éternité et un battement de cil, mes sanglots se calment peu à peu. Je relève la tête pour croiser son regard.
- Merci... merci d'être intervenu, je réussis à articuler entre deux respirations tremblantes.
- Tu n'as pas à me remercier, affirme-t-il avec sincérité, comme si c'était la chose la plus évidente du monde.
Nous restons assis sur ce banc, bercés par la nuit silencieuse qui semble nous offrir un refuge temporaire. Puis, Noah se lève lentement, tendant sa main vers moi.
- Allez viens, je vais te raccompagner à ta résidence, propose-t-il doucement. Qu'est ce qu'il y a ? me demande-t-il en voyant que je ne répondais pas alors que j'avais bien entendu sa question.
- J'ai pas envie d'être seule cette nuit. Mes colocataires ne sont sûrement pas rentrées et je crois que j'ai laissé mon sac avec un double des clés dans la voiture de Chloé.
Noah prend une profonde inspiration avant de se tourner vers moi avec détermination.
- Viens, tu vas passer la nuit chez moi ce soir, déclare-t-il avec assurance, comme s'il n'y avait pas d'autre alternative.
Je le regarde, surprise par sa proposition, me sentant en sécurité avec lui même si je ne comprends pas encore pourquoi. Je hoche lentement la tête, sentant un immense soulagement m'envahir à l'idée de ne pas avoir à affronter la solitude ce soir. Vingt minutes plus tard, nous arrivons devant chez lui. Noah ouvre la porte avec précaution pour ne pas réveiller ses parents endormis. Nous montons les escaliers en silence et il me guide jusqu'à sa chambre. L'endroit est simple mais chaleureux, empreint de l'essence même de Noah : des livres entassés sur une étagère, des dessins accrochés aux murs, une guitare posée négligemment dans un fauteuil. Noah allume une petite lampe de chevet, éclairant faiblement la pièce dans une ambiance feutrée.
- Installe-toi, je vais te trouver quelque chose à porter pour la nuit, déclare-t-il en se dirigeant vers une commode.
Je m'assois timidement sur le bord du lit, observant ses gestes empreints d'une douce attention. Il me tend un t-shirt et un short propre, un léger sourire aux lèvres.
- Merci, je chuchote en prenant les vêtements.
Noah me laisse seule pour que je puisse me changer, et une fois prête, je lui ouvre la porte et m'allonge sur son lit sous les couvertures douces et familières. Mon regard s'attarde sur une photo encadrée de Noah avec un sourire éclatant, entouré d'amis.
- C'était l'année dernière, pendant un festival avec mes amis, explique-t-il doucement en réponse à ma question silencieuse.
Noah s'assoit à côté de moi sur le lit, son regard plongé dans celui de la photo. Je sens une certaine nostalgie dans son expression, comme s'il se remémorait des souvenirs précieux.
- Ça avait l'air d'être un moment incroyable, je murmure, essayant de percer un peu le voile de sa réserve.
Il acquiesce doucement, un léger sourire flottant sur ses lèvres.
- Oui, c'était vraiment spécial. On était jeunes, insouciants et on avait l'impression que rien ne pouvait nous arrêter, poursuit-il d'une voix douce, comme s'il cherchait à revivre ces moments à travers les mots. Je ne sais pas si tu as déjà été à un festival, mais c'est quelque chose d'indescriptible. La musique, les rires, les rencontres... tout semblait possible. C'était comme si le monde entier s'était arrêté pour nous laisser vivre pleinement ces instants.
Je sens un pincement au cœur en le voyant ainsi, pris dans une sorte de nostalgie mélancolique. Sans vraiment réfléchir, je tends la main pour toucher doucement la sienne, lui offrant un peu de réconfort silencieux. Il tourne son regard vers moi, ses yeux empreints d'une lueur que je ne parviens pas à déchiffrer.
Peu à peu, la fatigue se fait sentir, alourdissant nos paupières et ralentissant nos pensées. Noah éteint la lampe de chevet, plongeant la chambre dans l'obscurité tamisée. Il s'allonge à côté de moi, laissant un espace respectueux entre nous, nos respirations se synchronisant lentement dans la pénombre.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top