Chapitre 10 : Quand Noah monte sur scène et fait fondre les cœurs
Jeudi matin. Royal Festival Hall. Londres.
Noah m'attend dans le hall, un sourire éclatant sur son visage quand il me voit arriver. Il est vêtu d'une chemise blanche impeccable et d'un pantalon noir, semblant tout aussi nerveux que moi.
— Salut Ella, tu es magnifique ce soir, dit-il d'une voix douce en me tendant un petit bouquet de fleurs sauvages.
Je souris, touchée par ce geste attentionné. Les fleurs sont délicates et odorantes, ajoutant une touche de fraîcheur à l'air déjà chargé d'émotions.
— Merci, Noah. C'est très gentil de ta part, je réponds en prenant les fleurs avec gratitude. Alors, où est-ce que tu m'emmènes ?
— Tu verras bien, répond-il avec un petit sourire mystérieux en m'offrant son bras.
Noah m'entraîne doucement vers la sortie de la résidence universitaire. Je peux sentir son regard bienveillant posé sur moi, ce qui me rassure légèrement malgré mes nerfs à vif. Nous atteignons sa voiture, une élégante berline noire. Il ouvre galamment la portière passager pour moi et je m'installe à l'intérieur. Alors qu'il fait le tour pour prendre place côté conducteur, je ne peux m'empêcher de me demander où nous allons.
Noah démarre la voiture et commence à conduire, laissant l'atmosphère se remplir d'une douce musique provenant de la radio. Je jette un coup d'œil rapide à Noah. Son visage est serein, ses yeux concentrés sur la route. J'essaie de ne pas laisser mes pensées s'emballer avec toutes sortes de conjectures sur notre destination.
Après quelques minutes de silence confortable, Noah brise doucement la quiétude.
— Alors, comment s'est passée ta journée ?
— Plutôt bien. J'ai rencontré une nouvelle amie à mon cours de littérature et on est allées prendre un café avec d'autres étudiants. C'était sympa.
Noah semble intéressé.
— C'est génial ! Comment s'appelle-t-elle ?
— Cara. Elle est vraiment sympa, passionnée par la littérature tout comme moi.
Nous arrivons rapidement à destination. Je remarque que nous nous garons près de la salle de concert du Royal Festival Hall, où des gens affluent déjà vers l'entrée. Mon cœur palpite un peu plus vite à mesure que je comprends ce qui se trame. C'est alors que Noah, toujours avec ce sourire énigmatique, m'offre doucement son bras pour que nous marchions ensemble vers l'entrée.
— Noah, est-ce que... est-ce que tu joues ce soir ? je demande à voix basse, un mélange d'émotions dans la voix.
Il acquiesce doucement.
— Oui, j'ai pensé que ce serait une belle surprise de t'inviter à mon concert. Mes parents seront là aussi. Je ne t'ai pas dit tout de suite parce que je voulais que ce soit une surprise. J'espère que ça te fait plaisir.
Son sourire est rassurant, mais je sens aussi une pointe de nervosité en lui. Peut-être que cette soirée a plus d'importance pour lui qu'il ne veut bien le montrer.
— C'est une très belle surprise, Noah. Je suis juste un peu surprise, je lui avoue avec un petit rire nerveux.
En entrant dans le hall, je ressens une montée d'excitation mêlée à une légère appréhension. Je ne m'attendais pas du tout à assister à un concert où Noah jouerait. C'est une facette de lui que je n'ai encore jamais vue, l'idée d'être présente à un événement si personnel pour lui me remplit à la fois de fierté et de nervosité.
Noah me guide habilement à travers la foule vers nos sièges où ses parents sont déjà installés, dans les premiers rangs avec une vue parfaite. Je salue rapidement ses parents, contente de les revoir et de faire une meilleure impression que la première fois. Je le sens un peu tendu malgré son sourire rassurant.
Alors que nous attendons le début du concert, il interrompt mes pensées en posant doucement sa main sur la mienne. Je tourne mon visage vers lui et nos regards se croisent. Il semble vouloir dire quelque chose, mais les mots restent suspendus entre nous, emportés par l'atmosphère électrique du concert sur le point de commencer. Une voix retentit dans le microphone, annonçant le début du spectacle.
Les lumières s'éteignent progressivement dans la salle, plongeant l'auditorium dans l'obscurité. Différents groupes se succèdent avant que Noah m'abandonne pour rejoindre son groupe en coulisse et que la voix de l'animateur annonce leur arrivée sur scène. Les applaudissements fusent tandis que les lumières de la scène s'allument, révélant Noah et ses amis dans une aura presque magique. Noah prend une profonde inspiration et s'avance vers le micro, sa guitare brillamment éclairée sous les projecteurs.
— Bonsoir à tous. Merci d'être venus ce soir. Cette chanson est spéciale pour moi. Elle est dédiée à un ami très cher, quelqu'un qui m'a toujours soutenu.
Il marque une pause et je sens une vague d'émotion envahir la salle. Puis il commence à jouer, ses doigts glissant habilement sur les cordes de la guitare, produisant une mélodie douce et mélancolique.
Couplet 1 :
Je me souviens des jours passés dans l'ombre,
Nos rêves, nos luttes, ces moments qu'on succombe.
Dans le quartier, c'était toi et moi contre le monde,
Deux âmes errantes cherchant leur place, cherchant la tombe.
T'étais là quand personne n'y croyait,
Dans les épreuves, t'as jamais dévié.
On a traversé les tempêtes, main dans la main,
Maintenant j'regarde en arrière, on était des gamins.
Refrain :
Pour mon frère, mon soutien, mon roc dans la nuit,
C'est pour toi que je chante, que j'écris.
Même si la vie nous a séparés, t'es jamais loin,
Dans chaque note, chaque mot, t'es là, c'est certain.
Noah chante avec une intensité que je n'avais jamais vue chez lui et qui me fait monter les larmes aux yeux. Je me demande ce qu'il pense à cet instant. Que ressent-il en ce moment précis ? Cherche-t-il à me faire comprendre quelque chose de particulier à travers cette chanson, ou est-ce simplement sa manière habituelle d'exprimer des émotions aussi profondes ? L'expression émue sur le visage de son père et les larmes qui perlent sur les joues de sa mère me laissent perplexe. Leur réaction semble en dire long sur le sens véritable de cette performance.
Couplet 2 :
Des rires aux larmes, des victoires aux chutes,
Dans ce labyrinthe, t'étais ma route.
T'as donné un sens à chaque instant,
Sans toi, j'aurais perdu le fil, tout le temps.
J'ai promis de jamais t'oublier,
Ton courage, ta force, à jamais gravée.
Même si la vie nous a menés ailleurs,
T'es dans mon cœur, comme une lumière, une chaleur.
À ce moment, alors que la mélodie douce de la chanson de Noah résonne dans la salle, je commence à comprendre. Les paroles évoquent non seulement la présence constante de cet ami perdu, mais aussi la peur sous-jacente de Noah de perdre ceux qu'il aime.
Sa chanson n'est pas seulement une ode à son ami, c'est aussi un miroir de sa propre anxiété face à l'abandon. Ça doit être sa manière de tenir bon, de garder près de lui les fragments de ceux qu'il a aimés et qui ne sont plus là.
Refrain :
Pour mon frère, mon soutien, mon roc dans la nuit,
C'est pour toi que je chante, que j'écris.
Même si la vie nous a séparés, t'es jamais loin,
Dans chaque note, chaque mot, t'es là, c'est certain.
Couplet 3 :
Les années passent, les chemins se séparent,
Mais ton souvenir reste, lumineux dans le noir.
Dans chaque bataille, chaque succès,
Je sais que t'es là, invisible mais présent, à mes côtés.
Je porte tes rêves, tes espoirs en moi,
Comme un flambeau, qui jamais ne s'éteindra.
Tu m'as appris à me battre, à ne jamais céder,
Pour toi, mon ami, je continuerai à chanter.
Refrain :
Pour mon frère, mon soutien, mon roc dans la nuit,
C'est pour toi que je chante, que j'écris.
Même si la vie nous a séparés, t'es jamais loin,
Dans chaque note, chaque mot, t'es là, c'est certain.
Les applaudissements fusent alors que Noah termine sa chanson. Je me joins à la foule, applaudissant avec enthousiasme, mais le cœur lourd de questions. Noah fait un signe de tête à ses compagnons de groupe et ils quittent la scène ensemble, sous les acclamations du public. Je me tourne vers la mère de Noah, qui est assise à côté de moi. Ses yeux sont rougis par les larmes, et son visage est marqué par une profonde tendresse. Je prends une profonde inspiration et, avec toute la douceur dont je suis capable, je lui pose la question :
— Vous devez être très fière de Noah ce soir. Est-ce que cette chanson a une signification particulière pour lui, ou est-ce qu'il a toujours eu cette manière de se tourner vers la musique pour exprimer ses émotions ?
Elle me regarde, ses yeux brillants d'émotion et elle répond avec une voix empreinte de chaleur et de nostalgie :
— Oh, oui, Noah a toujours utilisé la musique comme un moyen de communiquer ses sentiments les plus profonds. Cette chanson est effectivement très spéciale. C'est une manière pour lui de rendre hommage à un ami cher qui n'est plus avec nous. Il a toujours été entouré de personnes qui finissent par s'éloigner, que ce soit à cause des aléas de la vie ou des choix personnels.
En recollant les morceaux, je comprends pourquoi la musique est si importante pour Noah. C'est sa manière de gérer son chagrin, de canaliser sa douleur en quelque chose de beau et de significatif. Une sorte de thérapie, de libération et d'échappatoire comme il me l'avait confié dans son jardin. Il est clair que la musique est bien plus qu'un simple passe-temps pour lui ; c'est une partie intégrante de son identité et de son processus de guérison.
La lumière revient progressivement dans la salle. Noah réapparaît près de moi, ses cheveux légèrement en désordre, sa guitare en bandoulière, le visage encore rougi par l'émotion et l'effort. Je me lève pour l'embrasser et le féliciter.
— C'était magnifique, Noah. Vraiment. Ta chanson... elle était tellement émouvante.
Je prends une profonde inspiration et me décide à poser la question qui me brûle les lèvres.
— Cette chanson... Qui est cet ami dont tu parles ? je demande doucement, espérant ne pas franchir une limite invisible.
Noah baisse les yeux, jouant avec le bracelet à son poignet. Il semble hésiter, comme s'il pesait ses mots.
— C'est... une histoire compliquée, Ella, murmure-t-il finalement.
Je sens qu'il y a quelque chose qu'il ne veut pas partager, mais je suis trop curieuse pour ne pas insister, malgré mes réticences.
— Noah, je comprends que ce soit personnel, mais... je suis là pour toi, tu le sais, n'est-ce pas ?
Il relève les yeux vers moi, son regard est voilé, distant. Je perçois une ombre de tristesse qui me touche profondément. Noah me prend doucement la main et m'emmène à l'écart, loin du bruit de la salle de concert et de ses parents.
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