En proie au doute
Je me cachais dans le sous-sol de l'hôpital pour lire le livre.
La quiétude me quittait, remplacée par une angoisse étouffante. Les ombres semblaient abriter des créature prêtent à me déchiqueter de leur griffes acérées. Je sentais de multiples regards pesant me juger de leur yeux vitreux, m'accusant de m'adonner à une activé proscrite. Me pointant du doigt comme une criminelle. Me menaçant du bûcher, des fourches, et du pieux.
Non.
Cesse tes illusions.
Les ombres ne sont pas vivantes.
Vraiment?
Je me détournai vivement, essayant d'ignorer les monstres, les yeux et les voix dans les ombres.
Je me concentrai sur le livre. Il parlait d'un rituel à accomplir pour me débarrasser des malheurs que j'avais subis. Je décidai de suivre ses instructions. J'avais tracé un cercle ainsi un pentacle à la craie et allumé des bougies sur chacune de ses branches. Dans le livre, il était précisé qu'il fallait récupérer le cœur de celui qui avait causé les événements paranormaux. Autrement dit : je devais récupérer le cœur de Simon, faire le rituel, et le clouer dans un bouquet de fleur à une tombe, de préférence la sienne. Normalement, je ne croyais pas à la sorcellerie, mais après tout ce qui s'était passé, ne pas y croire semblait être stupide. Le livre expliquait que ce qui avait causé les événements était une personne morte ou un objet ensorcelé, je semblais persuadée que tout venait de Simon. Un nœud froid me serra le ventre. Il restait encore à trouver un moyen de récupérer le cœur sans que personne ne s'en aperçoive. De plus, j'avais peur que l'on retrouve l'organe ou le corps. Comme s'il avait lu dans mes pensées, le livre s'ouvrit à une page ou il était écrit en grandes lettres ; « Tout organe qui provient d'un mort et qui a subi un rituel devient indétectable aux yeux de la non-sorcellerie, celle-ci ne verra alors que quelque chose d'animal à la place de la véritable nature de l'organe. »
Je lâchai un soupir de soulagement, cette phrase me rassura, mais j'eus soudain un doute. Et si je me trompais? Et si tout ça n'avait été qu'un rêve ? Et si celui que je m'apprêtais à tuer était innocent ? Les images du bûché me revinrent plus violentes. Je me vis hurlant, suppliant a la foule de m'épargner. Je sentait la morsure des flammes me transperçant la peau, la mort elle même me paraissait plus douce. Ces danseuses tournoyant autours de moi, si rapidement que leurs mouvement en devenait tranchants. Dans leurs robes brasillantes, se rapprochant, m'entraînant dans leur danse macabre. Mon corps fut prit de tremblements, ma tête me tiraillait et ma gorge était si nouée que je peinais à respirer. J'allais jeter le livre sur les bougies pour m'en débarrasser quand quelque chose retint mes bras, un sentiment étrange et inconnu, aussi brûlant que les flammes, froid comme un manteau de glace. Ma gorge relâcha son étreinte, ma respiration reprit un rythme régulier. Je fus soudainement certaine de ne pas me tromper, j'eu l'impression que ma vie dépendait de mon choix, tous mes doutes disparurent et je reposai le livre, résignée.
Je repensai aux araignées, au masque et à ce sinistre avertissement. Pourquoi ne m'était-il encore rien arrivé? La magie semblait nécessiter beaucoup d'énergie vitale, et les araignées, Simon, les visions devaient la puiser comme l'eau d'une source. Sûrement l'avertissement ne servait-il qu'à me mettre en doute, me décourager. Le masque et la femme ont servis à m'attirer dans un piège, un tunnel d'araignées s'obstinant à vouloir m'avaler ou m'effrayer. Quelqu'un voulait me plonger dans folie, quitte à user des pire sortilèges en risquant ma peau. Cependant, ce livre s'était présenter à moi, me redonnant de l'espoir. Et ça, celui ou celle qui me voulait du mal ne l'avait pas prévu. Il me restait une chance ; je devait la saisir. Mais il restait Simon, la première pièce de l'échiquier, il avait commencé à l'influencer. Le piège et la femme n'était que secondaires. Sans doutes Simon ne se laisserait pas arracher le cœur si facilement.
En reconstituant chaque partie de l'histoire, j'établis une conclusion;
Une personne malintentionnée, afin de m'empoisonner l'esprit, m'a envoyé Simon en tant qu'élément déclencheur d'une folie destinée à m'envahir pour une raison que j'ignore. Afin de consolider et d'accélérer le processus, mon agresseur m'a envoyer un masque qui m'a permis de voir la femme et de me guider vers la ville pour que je tombe dans un piège. Afin d'être certains que je serais la seule à suivre la femme, il fallait trouver un moyen pour que je sois la seule à la voir. En revanche, j'ignore ce qu'elle est devenue. Le piège consistait à me forcer à tuer mon agresseur et à me stimuler en m'envoyant ses araignées menaçant de me dévorer afin d'accentuer mon stress et d'accéléré le processus. Suite à cela, un grain de sable s'est glissé dans les engrenages, ce que celui qui me veut du mal n'avait pas prévue ; j'ai découvert une rue secrète et un livre m'expliquant comment me débarrasser de Simon et donc de cette malédiction. Ce qui avait fait paniqué mon ravisseur. Le message d'avertissement n'avait pour but que de me décourager étant donné que la magie requiert une grande énergie et que les ressources utilisées pour le piège semblaient très puissantes. Ne laissant pas assez d'énergie à mon agresseur pour me faire du mal. Pourtant, j'ignorais tous de mon agresseur, et il serait dangereux de le sous-estimer. De plus, j'avais la désagréable impression que tout était loin d'être terminé. La conclusion des événements n'était le fruit de ma réflexion. Peut-être me trompais-je. En revanche, je n'expliquais pas certains détails dont les araignées dans mon corps, ni une autre information très importante.
Pourquoi moi?
Pourquoi étais-ce moi la proie de Simon ou de celui qui l'avait réanimé?
Je l'ignorais, mais j'avais la certitude que quelque chose m'échappait.
Peut-être que le fait que je sois considérée comme la meilleure chirurgienne avait eu un impact?
Peut-être qu'il fallait que je fasse quelque chose?
Mais quoi?
Alors que je me noyais dans l'océan de mes interrogations, un son parvint à mes oreilles. Aussi suave que la mélodie d'une boite à musique, elle semblait m'appeler. Intriguée, je suivi le son jusqu'à arriver à un porte au fond du sous-sol. La mélodie s'atténua jusqu'à s'éteindre complètement. La porte, en vieux bois sombre, se dressait devant moi comme la frontière du réel, un rempart menaçant renfermant sans aucuns doutes de terribles secrets. Elle ne m'inspirait que l'anxiété et la peur. Un frisson me parcourut l'échine, mon sang se glaça. Pourtant, je me sentis étrangement attirée vers elle, comme si elle m'invitait à l'ouvrir. Après avoir pris une profonde inspiration, je tournai la poignée. Celle-ci demeurait ouverte. Elle menait à une grande salle plongée dans une obscurité oppressante, si dense qu'à plusieurs reprise, je crus la voir bouger, tendre un bras vers moi. Soudain, la porte se referma dans un fracas sec et assourdissant, rebondissant encore contre les parois suintantes de la pièce. Je sursautai, mon cœur fit un bond dans ma poitrine et mon angoisse s'accentua.
Les ombres ne sont pas vivantes.
Je m'aventurai dedans et attendit que mes yeux s'habituent à l'obscurité. Lorsque ce fut le cas, je découvris la pièce où je me trouvais. Les murs étaient en pierre rongés par le temps et tachés d'humidité. Des rats et araignées avait élu domicile et semblaient les seuls habitants de cet endroit désolé. L'air, chargé d'humidité, semblait saturé en énergie car je sentais une pression ralentir mes mouvements. Une grand lit d'hôpital trônait tel un trésor au centre de la pièce. Épargné par le temps, la crasse et les rat, il semblait parfaitement neuf, m'accueillant à bras ouverts.
Que faisait-il ici?
Je m'approchai lentement du lit, au aguets, à l'affût du moindre mouvement. Je soulevai doucement la couverture. Aussitôt, une nuée d'araignées grosses comme un point s'en échappèrent, se mêlant à l'obscurité dans un tintement métallique glaçant. Aussi vite qu'elles étaient apparues, elle s'évanouirent dans l'ombre. Pendant un instant, je cru les sentir sur ma peau, me l'effleurer. Pourtant, lorsque je baissai les yeux vers mes jambes, il n'y avait rien. Le lit était à nouveau vide, ce qui me soulagea pendant un instant. Je repliai la couverture quand je fus brusquement interrompue. Je me redressai, retenant ma respiration. Portant mon attention à mon corps, n'osant plus bouger. Je sentais que quelque chose me touchait l'épaule, une empreinte froide et poisseuse comme les écailles d'un reptile. Je crus d'abord qu'il s'agissait d'un serpent enroulé autour de mon épaule. Mais je compris vite que ce n'était pas le cas. Un mauvis présentement me pris. Terrifiée, je tournai lentement la tête, n'osant faire le moindre bruit. Ce que je vis me pétrifia de peur. Une main dégoulinante de sang agrippait fermement mon épaule, tel une entrave sanglante. Je retins un cri, terrifiée, et tentai un regard en arrière. Rien. Pourtant, je sentais toujours la main sur mon épaule. L'obscurité referma ses bras sur moi, j'attendais sans savoir quoi, n'osant faire le moindre mouvement. Soudain, un homme se jeta sur moi, je me protégeai avec mes bras en hurlant et me réveillai en sursaut.
Je me trouvais à côté du livre et du pentacle, sans aucunes traces de ce venait de m'arriver. Pourtant, j'étais certaine que je n'avais pas rêvé. En reprenant péniblement ma respiration, je jetai un regard soucieux sur mon épaule. Une trace de main rouge et humide la tachait. Ma gorge se noua.
Quelqu'un ou quelque ne voulait pas que je sache.
Je ne saurai probablement jamais pourquoi ces événements n'arrivaient qu'à moi. Je fus tenté de retourner voir la porte mais je n'y allai pas, trop effrayée par ce que je pourrais y trouver.
Visiblement, il restait de l'énergie à mon agresseur.
Je passa mes mains derrière mon dos, une main humide effleura ma chair. Je ramenai ma main devant moi, elle était maculée de sang. Une araignée minuscule noire comme la cendre en émergea.
-🖤-
Le lendemain je décidai de passer à l'œuvre. Le patient, auquel on avait donné une chambre, dormait profondément et se trouvait seul. Je profitai de cette occasion pour y pénétrer en prenant soin de fermer la porte à clé.
Je m'approchais lentement de Simon, fixant ma proie d'un regard dévorant. Le couteau à la main, je me tenais prête à lui ouvrir la cage thoracique et à récupérer son cœur. Mais je me tentait de ne pas regarder ses lèvres.
Le tuer, ne penser qu'à ça..
Soudain, je me figeai ; il me regardait, parfaitement conscient, impassible, ses yeux de glace me transperçant de lames invisibles. La sensation me revint encore plus vive; mes jambes se dérobèrent et je lâchai le couteau en un cri déchirant. L'envie grisante de tuer changée en une inspiration de pitié. Ma respiration devint plus lente et plus difficile, mon cœur tapait si fort contre ma poitrine que je craignais qu'il n'en sorte. Simon se leva de son lit et s'approcha lentement de moi, son visage de marbre, vidé de toute expression. Il saisit le couteau et s'immobilisa, me regardant agoniser de son regard froid. Je me perdait dedans, le suppliait du regard. Il n'en fit rien. Il brandit le couteau, sa peau laiteuse rayonnait d'un éclat sinistre. Horrifiée, je cherchai une échappatoire, en vain ; la douleur m'empêchait de bouger. Tout en moi me criait de fuir, mais c'était impossible.
Il abattit son arme.
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