Chapitre 12

Bonjour tout le monde! J'interviens pour vous informer que, récemment, je me suis rendue compte que j'avais légèrement dévié du canon dans ce chapitre et le suivant. Allez savoir pourquoi, j'étais persuadée que les septième année pouvaient aller et venir "à leur guise" à Pré-au-Lard le weekend. Ce n'est pas le cas, les sorties sont organisées et encadrées par Poudlard à des dates précises et pour tous les élèves. J'espère que vous ne m'en voudrez pas pour cette légère disgression!

Bonne lecture :) 

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Les cours avaient repris depuis un mois quand j'avais reçu une lettre de Lily pour se donner rendez-vous à Pré-au-Lard, un samedi. Lorsque je l'avais retrouvé devant Honeydukes, au bras de James, j'avais craint un instant que Sirius ne soit aussi dans les parages. Bien que ma colère se soit apaisée, je n'avais pas envie de me confronter à lui.

J'avisais rapidement de la fébrilité de ma meilleure amie. Comme sur le Chemin de Traverse pendant les vacances d'été, elle trépignait, parlait vite et me jetait des coups d'œil que je devinais soucieux. Pas plus que ce jour-là, je ne tentais de comprendre ou de l'amener à se confier. Je préférais consacrer mon énergie à tirer Regulus des griffes de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Aussi la laissais-je faire preuve d'un trop plein d'enthousiasme dans la confiserie ou d'un semblant de sermon à James chez Zonko.

Ce n'était qu'une fois derrière nos bièraubeurres, à une table des Trois Balais, qu'elle crachait le morceau. Elle paraissait toujours réfléchir à la meilleure façon d'aborder le sujet qui la tracassait. Peu réceptive, je ne cherchais pas à l'encourager. Je savais que j'aurais dû me montrer plus ouverte, mais j'avais trop les nerfs à fleur de peau. Lily échangeait un énième regard avec le jeune Potter, puis se jetait à l'eau.

    – En fait, Ayden... Il faut que je te parle de quelque chose... Ça fait un moment que je veux le faire, c'est en partie pour ça que je t'ai accompagné au Chemin de Traverse, la dernière fois, mais...

Elle laissait sa phrase en suspens. Nous savions tous trois ce qui l'en avait empêché.

    – Et comme on ne s'est pas revu depuis...

Je la dévisageais, tandis qu'elle mâchonnait ses mots. Lily Evans, si éloquente, que j'avais toujours vu défendre ses idées avec hargne et fluidité, restait interdite.

    – C'est par rapport à Regulus...

Évidemment. Elle savait combien le sujet était délicat. Quand il s'agissait de Regulus, j'étais toujours prête à m'enflammer. Qu'elle ne l'apprécie pas, je pouvais le comprendre. Mais j'en avais assez de l'entendre me rabâcher sans cesse de me méfier de lui, même si elle ne pensait qu'à mon bien-être. Je ne m'étais pas permise de le faire quant à sa relation avec Severus, pourquoi s'obstinait-elle de son côté ?

    – Il faut que tu saches une chose...

Je me décidais enfin à abréger ses souffrances.

    – Te bile pas, Lily. Je suis déjà au courant.

J'aurais pu être moins sèche, j'en avais conscience. Pendant une seconde, elle paraissait soulagée de ne pas devoir m'apprendre elle-même la nouvelle pour la Marque des Ténèbres. Avant de soutenir mon regard et de comprendre que je n'allais pas pour autant renoncer à mon amitié avec Reg.

    – Ayden... commençait-elle prudemment, en échangeant un nouveau regard avec son fiancé. Tu ne comptes pas continuer à le fréquenter, tout de même...?

    – Si.

    – Mais, Ayden... il est... il est... tu ne peux pas... en sachant ça...

    – Écoute. Je comprends pourquoi tu fais ça, je sais bien que tu t'inquiètes pour moi. Mais je connais Regulus mieux que toi. Et il est hors de question que je reste les bras croisés. Je vais me battre pour lui, comme je me battrais pour toi.

Elle s'apprêtait à riposter, mais James passait la main dans son dos, l'exhortant implicitement au silence. Avant qu'il ne puisse ouvrir la bouche, je me tournais vers lui et plantais mes yeux dans les siens.

    – Si c'était Sirius, tu l'abandonnerais ?

Il me dévisageait longuement et je savais que j'avais fait mouche.

    – Faites-moi confiance, s'il vous plaît, ajoutais-je en buvant une gorgée de bièraubeurre.


Si je doutais de mon meilleur ami, que me restait-il ? J'adorais Lily. Nos caractères se complétaient, elle était d'une douceur sans égale et d'une loyauté infaillible. Elle m'avait fait une place dans sa vie sans réfléchir et m'avait toujours soutenu. Notre amitié était autant une évidence que celle que j'entretenais avec Regulus. Ils m'étaient tous deux indispensables. Mais Reg était un peu comme mon âme sœur. Je n'avais jamais éprouvé le moindre sentiment amoureux envers Regulus, le simple fait de l'imaginer me donnait l'impression d'un inceste. Mais j'aimais à croire qu'il existait dans le monde une âme jumelle pour chacun d'entre nous, parfaitement compatible et qui pouvait se présenter sous formes diverses.

Je ne pouvais pas douter de mon âme sœur.



Ce début d'année était particulièrement éprouvant. Les professeurs nous martelaient à chaque cours, ne nous accordaient aucun instant de répit. Le mot ASPIC était dans toutes les bouches. Plusieurs élèves de septième année avaient déjà atterri à l'infirmerie. Certains à cause de formules pour augmenter la mémoire ou de potions d'énergie qui avaient mal tournées, d'autres simplement sous le poids du stress et de la fatigue. Si je n'avais pas eu cette volonté farouche de tirer Regulus des rangs du mage noir, j'aurais certainement fini, moi aussi, allongée sur un lit de Madame Pomfresh. Chaque heure, chaque minute de disponible, je les passais le nez dans un livre. Si je ne planchais pas sur la préparation de mes futurs examens, j'épluchais les grimoires de la Réserve en quête d'indices. À cause -ou grâce- à mes insomnies, j'étais habituée à dormir peu. Malgré tout, mon corps commençait à puiser un peu trop dans ses réserves. Il fallait que je trouve quelque chose.

En novembre, je me décidais à tenter le tout pour le tout. Si Sirius venait à l'apprendre, il sortirait probablement de ses gonds. Pourtant, je ne regrettais pas d'avoir joué la carte Lunard puisque je n'avais pas tardé à recevoir sa réponse.

Je n'étais pas sortie de l'enceinte de l'école depuis des lustres. Je ne me souvenais même pas avoir pris le temps d'admirer le paysage à travers les fenêtres. Même si je culpabilisais de ne pas être à la bibliothèque en cet instant, je devais bien avouer que respirer l'air frais et voir autre chose que la pierre du château me faisait un bien fou. Une bourrasque glaciale mais vivifiante agitait mes cheveux en tous sens tandis que je descendais le chemin jusque Pré-au-Lard. Les personnes que je rencontrais n'avaient pas d'air hagard, plein d'encre sur les mains ou un sac plein à craquer de livres, parchemins et plumes. Alors, au fond, même si ce rendez-vous se révélait infructueux, une balade loin de mes camarades et de leurs yeux fous aurait au moins le mérite de me revigorer.

Je poussais la porte des Trois Balais. La salle était bondée, chacun espérant fuir le froid mordant de cette fin d'année. J'allais me poster dans un coin, autant que possible à l'écart des oreilles indiscrètes. À la bibliothèque, le moindre élève qui osait briser le silence était rappelé instantanément à l'ordre et il y régnait une telle tension qu'il en devenait pesant d'y travailler. Ici, le joyeux brouhaha qui officiait ainsi que le goût sucré de la bièraubeurre me rassérénaient. Je passais mes mains sur mon visage, frottant mes paupières lourdes, toute la fatigue accumulée me tombant brutalement dessus. Quand on tirait la chaise devant moi, je ne pouvais retenir un sursaut.

    – À cran ? demandait la voix calme et bienveillante de Remus.

Je levais les yeux vers lui, mon cœur battant la chamade dans ma poitrine.

    – Légèrement.

Je parvenais à lui sourire pendant qu'il prenait place. Il étudiait mes traits mais avait l'élégance de ne pas faire de remarque sur mes cernes ou mes boucles qui pendaient misérablement autour de mon visage.

    – Si tu savais comme je suis contente de te voir. ...et pas uniquement à cause de ma lettre.

C'était vrai. Voir un visage amical agissait comme un baume. Je le laissais commander une deuxième bièraubeurre pour lui avant de nous lancer dans le vif du sujet.

    – Comment tu te sens ?

    – Dépassée, disais-je sans filtre.

Il hochait la tête, comme s'il s'attendait à cette réponse. Je pianotais sur le bois de la table du bout des doigts, buvais une autre gorgée de ma boisson, sans pour autant trouver les bons mots pour ma requête. C'était lui qui finissait par prendre la parole.

    – Ayden, tu as conscience que si Dumbledore n'a pas encore réussi à trouver le point faible de Tu-Sais-Qui, il y a peu de chance que nous, nous réussissions ?

    – J'en ai conscience. Et j'ai aussi conscience que je t'en demande beaucoup. Rien ne t'oblige à nous aider, lui assurais-je.

Je voulais qu'il sache que même s'il n'acceptait pas, je ne lui en tiendrais pas rigueur. Après tout, c'était le destin d'un autre Black qui devait le préoccuper. Mais il secouait doucement la tête, lâchant un soupir.

    – Il n'y a pas que le sort de Regulus qui est en jeu, même si c'est là ta plus grosse motivation. Cela concerne toute la communauté magique, cela implique même les moldus, soufflait-il avant de reprendre, je n'ai pas d'affinités avec Regulus, mais je comprends pourquoi tu fais tout ça. Si tu penses qu'il en vaut la peine, je te fais confiance.

Un immense soulagement m'envahissait. Une partie du poids que je portais sur mes épaules semblait s'envoler.

    – Mais je ne le cacherais pas à Sirius. S'il me pose des questions, je lui répondrais honnêtement.

Cela m'importait peu. Que l'aîné Black apprenne que je faisais tout pour sauver son frère ne m'inquiétais guère. Je posais ma main sur celle du jeune Lupin et la serrais légèrement.

    – Merci, Remus. Merci beaucoup.

Ma voix était chargée d'émotions.

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