Chapitre 1
Dix-neuf heures. Dans un lycée où tout devrait être désert, restait un jeune homme aux cheveux mi-longs noirs. Tremblant, ahanant sous un effort invisible, il transpirait, une main sur le mur à côté de lui et une main sur la gorge. Ses yeux étaient d'un rouge absolument envoutant et il semblait se battre contre lui-même, avant de s'effondrer à terre, souffrant de mille douleurs invisibles. D'une main tremblante, il sortit un téléphone portable de sa poche et appuya sur le numéro d'urgence.
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Lorsque Hikaru se réveilla, il avait l'impression qu'un oiseau lui martelait le crâne de son bec et pria un instant pour se rendormir dans les chauds et doux draps soyeux qui le recouvraient. Quand il s'aperçut que la migraine ne disparaissait pas, il se résigna à essayer d'ouvrir un œil. Cette fois, en plus de l'oiseau, un rayon de soleil lui frappa aussitôt la cornée et il gémit d'une manière très peu virile en refermant les yeux aussi sec.
-Ah ! La Belle au Bois Dormant s'est enfin réveillée ?, demanda une voix claire à sa droite.
Pour toute réponse, le jeune homme grogna, il aimait d'ordinaire cette voix mais là elle lui tappait sur les nerfs plus qu'autre chose.
-Comme ça, ça va mieux Milord ?, demanda alors son serviteur qui venait de tirer le rideau, plongeant la pièce dans une pénombre bienfaisante. Doucement, il rouvrit les yeux se sentant instantanément bien. Si on n'oubliait la migraine évidement.
-Oui merci. Aide-moi s'il-te-plait, gémit-il faiblement en essayant de se redresser.
-Holà ! Doucement. Tu es resté trois jours entiers inconscient. Kirito est en train de te préparer à manger, intervint le serviteur en essayant de le rallonger.
-Tr...trois jours ? Mais et les cours ?, il en avait oublié sa migraine sur le coup et était affolé. Décidément, aujourd'hui, tout allait de travers ! A croire que l'univers entier s'était ligué contre lui.
-Tu rattraperas, ne t'inquiète pas. Mais auparavant, tu ne sens rien dans ta bouche ?, lui demanda-t-il plus sérieusement, un peu inquiet quant aux réactions de son maitre.
-Non pourquoi ?, demanda Hikaru avant de se rendre compte que quelque chose clochait. Il sentait sur sa langue une saveur depuis longtemps oubliée... Une saveur qu'il ne voulait plus sentir.
-Non. Non. Ce n'est pas possible. NON ! Dis-moi que ce n'est pas ce que je crois, supplia Hikaru prenant la main de son serviteur pour l'implorer, affolé. Cela fait des siècles que je n'y ai pas touché... Cela ne se peut pas ! Pas maintenant.
Et alors qu'il allait se lever sous les protestations de son serviteur, un jeune homme arriva, les bras chargés de victuailles et un grand sourire aux lèvres. Il était magnifique et arborait deux oreilles de loup bien droites sur sa tête ainsi qu'une longue queue noire (en harmonie parfaite avec les oreilles et ses cheveux). Svelte et grand, il semblait ne pas avoir beaucoup de muscles et ressemblait aux aristocrates de la Belle Epoque. En plus beau bien sur.
-Voilà, le petit-déjeuner du Maitre est servi !, annonça-t-il tout fier.
Avant de se figer sous la surprise. D'une vitesse qu'on pourrait qualifier de surhumaine, il plaça le plateau sur la table de chevet de son maitre et aida son compagnon à le recoucher. Quant au maitre, il était comme fou, se débattant et hurlant. Insultant ses serviteurs et les implorant à la fois. Ne contrôlant pas sa force, les fenêtres de la pièce éclatèrent projetant du verre et du bois de partout. Quelques débris de verre blessèrent le dénommé Kirito. Et, alors que les yeux du maitre devenaient rouges comme le sang, le premier serviteur eut alors un geste que l'on pourrait qualifier de salutaire : refermant son poing, il lui mit une droite tel que Hikaru replongea immédiatement dans le pays des rêves.
Les deux serviteurs soufflèrent un moment. Avant que Sou ne mène son compagnon jusqu'à une salle de bains et à l'armoire de la pharmacie. Il fit asseoir Kirito et sortit tout le matériel avant de commencer les soins d'une manière experte.
-Il risque sa santé mentale, déclara Kirito comme une évidence en tendant le bras blessé. Aieuh ! Ca fait mal !
-Ne fais pas ta chochotte ! En plus, il est écrit sur la boite « Ne pique pas », lui répondit Sou.
Son interlocuteur le fusilla du regard.
-Ouais et ben celui qui l'a testé devait être hyper résistant alors. En plus, tu sais bien que la moitié de ce qu'ils marquent est faux.
-Plus sérieusement, continua Sou en l'ignorant et en tamponnant la blessure plus fort, un air vicieux sur le visage tandis qu'il faisait grimacer son compagnon. On fait quoi ? Maintenant qu'il y a gouté, les crises vont se rapprocher s'il ne se nourrit pas plus sérieusement. Et hors de question que tu donnes quoi que ce soit. On en a déjà parlé, rappela Sou en voyant le regard déterminé de Kirito.
-Très bonne question. Mais la première à se poser c'est : qui c'est qu'il a mordu ? Quand on l'a retrouvé, il était seul avec du sang de partout.
-Ça veut donc dire que la personne s'est enfuie. Mais n'a rien dit. Tu as vérifié les faits divers de cette semaine ?, redemanda Sou en bandant le bras de Kirito puis lui appliquant des pansements partout où le verre l'avait égratiné. Tes oreilles et ta queue n'ont rien ?
-Ouaip. Rien à déclarer. La victime s'est tue. Non, ne t'inquiète pas. Le reste de mon corps va très très bien, insista-t-il en regardant Sou, concupiscent.
-Ou alors, personne ne l'a crue, répondit le jeune homme en ignorant le regard de son ami.
-C'est possible. Tu as relevé les odeurs ? Si c'est quelqu'un du lycée, on est mal. Il risquerait de parler à tout le monde et on serait obligés de quitter cet endroit.
-Ou alors, si c'est une fille, elle pourrait se taire... Depuis le phénomène Twilig*t, elles adorent les vampires...
Bien loin de ces élucubrations, Hikaru rêvait. Il était sur la rive d'un beau fleuve et lavait du linge. Tout était silencieux et il appréciait cette paix à sa juste valeur. Alors qu'il finissait sa besogne, Sou arriva en courant. Il criait des paroles que Hikaru ne parvenait pas à déchiffrer. Alors qu'il se tournait vers l'endroit qui semblait effrayer Sou, tout devint brusquement rouge et il put entendre des cris d'agonies absolument atroces...
Il se réveilla en sursaut. Se redressant d'un coup sur son lit, il regarda autour de lui hagard encore une fois. Avant de se reprendre. Il lui arrivait quoi, bon sang ? A ce dernier mot, il baissa la tête, déprimant le temps de quelques secondes. Puis, il se leva souplement avant de se diriger dans la salle de bain où il se rinça la bouche. Observant l'eau, il la vit prendre une couleur rouille. Certes l'eau était à peine trouble, mais elle l'était. Se prenant la tête dans les mains, il se maudit. Un bon millier de fois.
-Maitre ? Vous êtes là ?, entendit-il vaguement dans la pièce d'à côté.
Il ne s'en préoccupa pas plus que ça : une seule chose méritait son attention et pour cela, il lui fallait se ressaisir. Inspirant et expirant plusieurs fois, il entendit la porte de sa chambre se refermer : son serviteur devait être reparti... Cependant, après une demi-heure de ce traitement, il n'eut pas plus l'esprit clair. Enfin si. Très clair même : le sang qu'il avait dû absorber ne lui suffisait pas et tous ses sens le lui faisaient savoir. Son regard était plus acéré, son odorat lui transmettait des dizaines d'odeurs que son cerveau s'empressait d'analyser, ses crocs s'allongeaient tandis que sa bouche fabriquait de la salive en grande quantité et ses ongles s'allongeaient tels des griffes...
Avec un hurlement de rage, il donna un coup de poing au miroir qui reflétait sans peine le monstre qu'il était. La glace éclata en morceaux et les débris tombèrent pêle-mêle devant un Hikaru au bord du gouffre. Ne pouvant plus se retenir, il fit éclater sa puissance. Se déchainant dans la salle.
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