Chapitre 8 : Air sombre
Je me rapproche de plus en plus de Tom. J'aime la manière dont il écrit, et comment ses mots sont formées. On s'envoie beaucoup de lettres. Il rentre dans mes délires et j'entre dans les siens. Ça me plaît.
Ça fait deux semaines que j'ai commencé à échanger avec lui. Je n'ai pas eu de nouvelles de Gwen.
Pour le moment, je révise le français. J'envoie en même temps des messages à May, m'assurant que mon père ne franchisse pas le seuil de la maison.
May : Tu as un livre à me proposer ? Je m'ennuie et je suis à la bibliothèque.
Moi : Je sais pas. Essaie Connexion immédiate.
May : Déjà lu.
Moi : Maybe someday.
May : Tu te fous de moi ? Je l'avais lu avant toi et c'est moi qui te l'avais conseillé.
Moi : Je sais c'était pour voir si tu suivais ;)
May : Très drôle. Bon, tu as un livre à me proposer oui ou non ?
Moi : Attends, je vais demander si je peux venir
May : Ok
J'attrape mon sac pour montrer que je vais travailler et sors de la chambre.
- Papa, je vais travailler à la bibliothèque !
- Pourquoi tu ne travailles pas là ?
- Je préfère réviser avec May et on a besoin de livres.
- Hmm. Rentre pas trop tard.
Je ne réponds pas et me rends directement à la bibliothèque.
- T'as carrément pris ton sac ! s'exclame May. T'es vraiment prête à tout pour faire croire à ton père que tu pars travailler.
- Tous les moyens sont bons ! Pendant le trajet, j'ai réfléchi à un livre.
Je me rends dans le rayon romances et cherche le livre en question en ignorant l'occupant de la table d'à côté. J'attrape Follow me back et m'exclame :
- Tiens, regarde ce que je t'ai trouvé !
Je me retourne, le livre à la main, et aperçois Tom, installé, en train d'écrire. Je sens mon ventre se retourner quand j'aperçois qu'il écrit sur le papier qu'il utilise d'habitude pour ses lettres.
Quand je rejoins May, elle a son air sombre.
- Je dois rentrer, annonce t-elle précipitamment.
- Quoi ? Mais je...
- Désolée, il faut vraiment que j'y aille.
Elle me bouscule presque en sortant. J'ignore ce qui s'est passé durant ces quelques secondes, mais quelque chose l'a rendu de nouveau mal. Dire que ces derniers temps elle semblait aller mieux...
Je range le livre en soupirant. Puis je me tourne vers Tom. Et si j'essayais de redevenir son ami, peut-être que je pourrais lui avouer qui je suis dans mes lettres par la suite ?
- Tu fais quoi ? je demande en m'approchant.
Il lève la tête et me dévisage comme si j'étais folle.
- J'écris, réplique t-il.
- Je sais, je ne suis pas aveugle. Mais tu écris quoi ?
- Je ne savais pas qu'on était ami.
Sa remarque me fait l'effet d'une gifle en pleine figure. Je fais aussitôt demi-tour, récupérant au passage mon sac que j'avais déposé contre sa table, les dents serrées et... Est-ce que j'ai les larmes aux yeux ? Oui ! Je sais que je l'ai mérité, je n'aurais pas dû lui reparler.
Je sens une vibration contre ma cuisse. J'essuie mes larmes d'un geste et jette un coup d'œil.
Papa : Rentre tout de suite à la maison.
Moi : Qu'est-ce qui se passe ?
Papa : Obéis et tu sauras.
Aïe... Ça semblait mal parti. Avait-il découvert que les fois où j'étais censé travailler, je jouais à War 3 avec May ? Est-ce directement lié à son air sombre ?
Je rentre aussitôt. Quand j'arrive à la maison, mes parents sont debout dans l'entrée.
- Qu'est-ce qui y a ?
Mon père brandit mon évaluation d'histoire.
- Quinze et demi ? C'est une blague ? Tu comptais nous le dire quand ?
Le soulagement à l'idée que May ne soit pas impliquée est aussitôt remplacé par la colère.
- Depuis quand vous fouillez dans mes affaires ?
- On n'a pas fouillé dans tes affaires, m'explique ma mère. Je suis passée et elle traînait sur ton cahier sur ton bureau quand je suis allée ranger ton linge dans ton armoire.
- Tu te moque de nous ? Et toutes ces heures à travailler tu as fait quoi, hein ?
- Tu dis que je fous rien, c'est ça ? Il y a des parents qui félicitent leurs enfants quand ils ont quinze et demi ! Les miens ils font quoi ? Ils me disputent ! Car oui, j'ai vraiment travaillé, c'est juste sur la méthode qu'on m'a retiré des points, tu peux regarder si ça t'amuse ! Tout le reste j'ai eu bon ! J'ai le droit de vivre un peu ? Il n'y a pas que les études dans la vie !
Et avant que mon père puisse répondre, je m'enferme dans la chambre et mets Nirvana dans mes écouteurs, le plus fort possible. J'éteins mon portable, après avoir vu que May ne m'a evoyé aucun message, et le balance contre le mur, furieuse et triste.
Puis je fais la seule chose que j'arrive à faire dans ces moments-là, pour me calmer, j'attrape du papier et écris.
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