Chapitre 46 : Décharge électrique

Allongée sur mon lit, les yeux fixant le plafond, je me resasse en boucle ce qui s'est passé depuis février.

Je ne peux pas m'en empêcher. J'ai beau essayé d'oublier ou de passer à autre chose, je n'y arrive pas.

Ca doit bien faire une heure que je suis enfermée dans ma chambre. La seule chose que j'ai pu faire, c'est enlever mon chignon et mon maquillage. 

Je ferme les yeux, le choc étant toujours là sans les larmes. 

On frappe à la porte, deux coups discrets, mais deux coups quand même. Je sais que Gwen ne viendrait pas, mon père non plus. Ca ne peut être que ma mère.

- J'ai besoin d'être seule !

J'entends un toussotement discret. Je fronce les sourcils. 

- Je sais, je suis en retard...

Second choc. Qu'est-ce qu'il fait là ? 

Je me lève, prudente.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

- J'ai lu ta lettre.

- Et ?

- Ecoute, je sais que j'ai trois heures de retard au moins. Mais laisse-moi m'expliquer.

Je soupire. Je lui dois au moins ça. En même temps mon coeur, ce traitre, a un sursaut d'espoir.

- Une seconde.

J'attrape un élastique et attache mes cheveux.

Puis j'ouvre la porte. 

Est-ce qu'un jour je cesserai de ressentir cette sorte de décharge électrique quand je le vois ? Probablement pas. Il n'a mis que des vêtements simples, et il semble essoufflé, comme si il avait couru.

Je me rends compte alors que je le fixe. Je me reprends, évite son regard, et m'écarte pour qu'il rentre.

En refermant la porte, je me rappelle qu'il vient de rentrer dans ma chambre. Il semble d'ailleurs assez mal à l'aise, et semble même rougir.

- Ta chambre est, euh... Belle.

- Je-... Merci.

On a l'air de deux paumés qui débarquent en boîte. Je m'assois sur mon lit et lui fais signe de s'asseoir à côté.

Il s'installe au bord, à plusieurs centimètres de moi. Je ne compte pas le rendre à l'aise, pas maintenant. Je veux d'abord savoir.

- Alors, tu me dis ou tu comptes rester là ?

Ma voix est encore plus sèche que je le voulais. Mais j'étais vraiment énervée.

- Je... J'ai vu ta lettre lundi soir. Au début, je ne voulais pas la lire, mais j'ai fini par le faire... Honnêtement, je ne savais pas si j'allais venir. Tout ça me faisait flipper, et je n'étais sûr de rien... Mais j'ai... J'ai eu une prise de conscience ce matin. Je devais venir. Mais mon frère voulait à tout prix nous présenter son copain, alors on est rentré il y a une demi-heure... Je savais qu'il était trop tard, et je me suis demandé si ça valait la peine de venir à cette heure-là... Mais je me suis dit que c'était toi, alors bon, voilà...

Il a un rire nerveux et se passe la main dans ses cheveux. Je ne l'avais jamais vu ainsi. Sentant mon regard, il rougit encore plus et tourne la tête. C'est à son tour d'éviter mon regard.

- Désolé, je ne pensais pas que ça prendrait autant de temps... Mais je suis là, alors...

Cette fois, il plante ses yeux dans les miens. 

Il semble attendre quelque chose, et mon coeur bat la chamade. Peut-il seulement l'entendre ? 

Soudain, je sens ses doigts frôler les miens. Surprise, je sens mon visage virer au rouge pivoine.

Mes mains deviennent moites, et il doit le sentir. Mais il me fixe d'un regard qui me pétrifie.

J'hésite, puis le serre dans mes bras. Il semble surpris, mais il répond à mon étreinte en me serrant fort. Quand je commence à m'éloigner, j'ai à peine le temps de voir ses yeux que ses lèvres se retrouvent plaquées contre les miennes. Mon coeur bat tellement fort que j'ai l'impression qu'il va s'échapper de ma poitrine. Un frisson me traverse le corps comme une décharge électrique. Le sang qui bat contre mes tempes est tellement fort que je n'entends rien d'autre.

Pendant qu'il m'embrasse, je sens mon corps prendre feu, et mon coeur exploser.

J'oublie ce qui s'était passé en sixième. J'oublie l'échange de lettres. J'oublie tout.

Et maintenant je sais.

Je sais que le passé a été pardonné. Je sais qu'il est sans importance. Je peux profiter du présent sans craindre le passé.



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