Chapitre 44 : Dernière lettre
Je fixe le plafond, cherchant le sommeil. La journée a été rapide, aujourd'hui. Hier, avant d'aller me coucher, j'ai écrit une lettre à Tom. Il m'a fallu trois heures, deux pour écrire et réécrire, et la dernière à la relire et à appréhender.
L'idée est simple. Il m'a bloqué sur tous les réseaux, et de toute façon j'ai supprimé mes comptes. Il refuse de me reparler, et on a commencé à parler de façon anonyme, par les lettres. Donc j'en ai écrit une.
Puis j'ai cherché un moment dans la journée pour lui donner. J'avais d'abord pensé à le mettre dans la boîte aux lettres, avant de me rappeler qu'il avait déjà rendu les clés l'autre jour. De toute façon, aurait-il ouvert la boîte aux lettres ? Sûrement pas.
Le problème, c'était de savoir quand lui donner. Pas en mains propres, je n'étais pas sûr qu'il la lise. En revanche, je savais qu'il était curieux, donc il la lirai s'il la trouvait, trop curieux pour la jeter sans savoir de quoi elle parlait.
J'ai donc cherché la brèche, un moment où il laisserait son sac traîner.
À la fin de la journée, j'allais abandonné quand j'ai vu son sac traîner, son propriétaire étant partie aux toilettes. J'ai fourré la lettre dans son sac et suis partie le plus rapidement possible.
Et maintenant, j'attends. J'attends samedi après-midi, le moment où je lui ai proposé qu'on se voit au parc, s'il est vraiment amoureux de moi.
Je me rappelle de la lettre de A à Z, à force de l'avoir lu et relu.
<< Tom,
Je sais que tu ne veux plus me parler. Je voudrais juste me justifier.
Déjà, en 6e. Tu as dû te demander pourquoi j'ai fait croire à tout le monde que tu étais gay. Je sais que je n'aurai pas dû, et crois-moi ou non, j'ai aussitôt regretté. Je ne pensais pas que ça prendrait autant d'ampleur. Ou peut-être que si, justement, et que c'était ce que je voulais, je ne me souviens plus. Bref, tu te souviens de la fameuse soirée ? J'avais dû mentir à mes parents pour y aller. À un moment, j'étais partie aux toilettes, et quand j'étais revenue, tu étais là avec mes parents. Dans la voiture, ils m'ont disputé parce que je leur avais menti. J'ai alors cru que c'était toi qui m'avais dénoncé.
Aujourd'hui, je sais que tu ne ferais jamais ça, et je regrette de ne pas m'en être aperçue plus tôt. À cause de moi, tu as passé une année pas terrible. Je n'ai jamais su comment me faire pardonner par la suite, et nous n'étions plus amis.
Jusqu'à l'échange de lettres. Je ne savais pas trop pourquoi je m'étais inscrite, peut-être parce que je m'ennuyais et que j'avais besoin de "piment". Quand j'ai vu que c'était toi, je ne savais pas trop comment réagir. J'avais envie de te dévoiler qui j'étais, mais je savais que tu ne voudrais plus me parler. Mais j'ai inventé un pseudo à la con pour pouvoir te parler.
À chaque lettre, j'avais envie de te dire qui j'étais, de venir te voir et te parler en face, mais j'en étais incapable. Je sais que je t'ai menti sur mon identité.
Mais pas sur le reste. Tom, j'étais sincère dans toutes mes lettres. Je t'ai révélé des choses que j'en avais parlé qu'à May. Tu es devenu plus qu'un ami. Et là, tout a dégénéré.
Je te connais, Tom. Tu es drôle, curieux, intelligent, gentil. J'adore ta manière de sourire et tes cheveux. J'ai tout le temps envie d'être avec toi.
Je t'aime.
Je sais que tu ne veux plus me parler maintenant. Je sais que tu as peur. Moi aussi, j'ai peur. Je suis même terrifiée. Mais je veux quand même sortir avec toi. Si tu es d'accord.
Si tu es d'accord, je te propose un rendez-vous samedi à 15h. Je t'attendrai 1h, et si tu ne viens pas, je saurai. Je ne t'embêterai plus avec ça. Je cesserai de te parler, définitivement. Ce sera ma dernière lettre.
Nobody / Elana >>
Et encore, terrifiée est un euphémisme.
Je fixe toujours ce maudit plafond, en espérant qu'il vienne. En espérant de tout mon coeur qu'il vienne.
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