Chapitre 43 : Parties et origines
- Nan, dégage de là ! Je gagnais !
- Tu rêves !
La partie de Mario Kart est presque terminée. Il ne reste que quelques mètres. Alors que Gwen est devant moi, avec son perso Luigi, je sors mon arme secrète : la carapace rouge que j'ai gardé en réserve une bonne partie du dernier tour. Je la lance, et Luigi est forcé de s'arrêter, pendant que je franchis la ligne d'arrivée.
Gwen lâche sa manette de Wii.
- Tu l'as gardé combien de temps, ta carapace ?
- Une bonne partie du dernier tour, je réponds, hilare.
- Je veux ma revanche !
Je choisis Bowser, et elle reprends Luigi, puis nous refaisons une nouvelle course.
Tandis que le silence se fait, étant toutes les deux concentrées, une question me taraude.
- Dis, Gwen ? Je peux te poser une question, mais un peu... Crue ?
- Oui ?
- Euh... Ouais, non, rien.
- Trop tard. Qu'est-ce qui y a ?
- Est-ce que... Tu es contente d'avoir perdu ton bébé ? Enfin, je veux dire, le père était...
Je ne finis pas ma phrase, et elle ne répond pas. Nous franchissons toutes les deux le deuxième tour, et elle finit par répondre :
- Le bébé n'y était pour rien. Je l'aurai élevé et... Et il n'aurait jamais vu son père.
- Ca a été dur ? Quand tu l'as... Perdu ? Et tu comptais partir ?
Elle déglutit, et laisse encore quelques secondes de silence, avant de répondre :
- J'étais surtout sous le choc... Je... Je n'arrivais pas à y croire. Et... Tout m'est retombé dessus... Et je ne sais pas si je serai partie, mais peut-être que s'il avait grandi, j'aurai... Et je te dois des excuses, je n'étais pas souvent là pour...
- Tu n'as pas à t'excuser pour ça, Gwen. Je comprends.
Elle se tait, et je vois du coin de l'œil une larme couler le long de sa joue. Même maintenant, elle a du mal à faire son deuil. Je sais qu'elle n'aimerait pas que je la console, alors je fais comme si je n'avais rien vu.
La course se termine, et c'est encore moi qui suis en tête.
- Tu veux qu'on se fasse une bataille de ballon ?
Son pêché mignon. Elle sourit, essuie d'un geste ses larmes et acquiesce.
Elle prend cette fois le roi Boo (miracle, elle change !), et après avoir hésité, je prends Bébé Mario.
La partie venait à peine de commencer, qu'elle me lance :
- Assez parlée de moi. Comment tu vas toi ? Et Tom alors ?
- C'est sans doute mort, dis-je d'un ton morne.
- Quoi ? Comment ça ? Il semblait réceptif pourtant, tu m'avais dit ?
Je lui avais raconté l'autre jour ce qui s'était passé, quand j'ai frôlé son bras.
- Oui, mais tout à l'heure, il semblait comme au début ; froid, distant, réticent à venir avec nous. Il ne me regardait même pas. C'était juste un moment de faiblesse, l'autre jour, je crois...
- Ne dis pas n'importe quoi. D'après ce que tu m'as dit, il t'aime aussi. Peut-être qu'il est perdu face à ce qu'il ressent, que lui-même ne sait pas exactement comment réagir, après t'avoir défendu...
- Oui, mais je ne sais plus quoi faire. Ca fait deux semaines qu'il est comme ça.
- Laisse-lui du temps. Et puis, peut-être qu'il a juste besoin de revoir les origines de votre relation...
- Comment ça ?
- Tu l'as humilié en 6e, Elana. Et là, vous avez commencé à correspondre par lettre.
- Mais alors, je dois juste attendre qu'il revienne ? Je le connais, Gwen. Si je ne fais rien, il partira pour toujours...
Ma voix se brise.
- Désolée, je sais que toi c'est pire ce que tu vis, je n'ai pas le droit de...
Gwen met pause et m'attrape par les épaules.
- Ne dis jamais ça. Tu es ma soeur, et même si ce que j'ai vécu n'est pas pareil, il n'empêche que tu souffres. Réponds-moi sérieusement, est-ce que tu l'aimes ?
- Je... Je crois...
- Non, pas de "je crois". Tu l'aimes, oui ou non ?
- Oui.
- Alors, dis-lui.
- Comment ?
Elle reprend sa manette et remet le jeu. Il ne reste que dix secondes.
- Le mieux, c'est de le rendre à l'aise, de lui faire savoir, sans qu'il soit gêné par les autres. Vous avez créé une intimité tous les deux. À toi de savoir ce qui le mettrait à l'aise.
Au même moment, la partie se termine.
- Tu vois ? Le jeu est d'accord avec moi !
C'est là que je sais. Je sais comment le mettre à l'aise, et tout lui avouer. Il suffit de remonter aux origines. L'origine de notre première, et deuxième relation.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top