Chapitre 39 : Le coupable de tout ce merdier
M. Marpenzie m'a arrêté à la fin des cours pour avoir des nouvelles. Je lui ai rapidement répondu, gênée, puis je suis partie rejoindre May pour le déjeuner.
Pendant le repas, sur le banc, je la surprends plusieurs fois à regarder vers l'intérieur. Je comprends rapidement pourquoi.
- Va manger avec eux si tu veux.
- Mais non, je ne vais pas te laisser seule !
- Ca ne me dérange pas. J'aime bien manger seule, parfois. Et puis, je dois finir ma physique, j'ai oublié de le faire à la maison.
C'est totalement faux, mais je sens bien que May veut manger avec les garçons.
- Tu es vraiment sûr ?
- Mais oui.
Elle me sourit alors et part rejoindre les garçons.
Je m'appuie contre le banc et respire la brise qui passe. Je continue de croquer dans mon sandwich tout en traînant sur mon portable.
Mon doigt est au dessus de Facesap. Je n'y suis pas retournée depuis le jour où Nobody a été découvert.
J'ai déjà essayé d'y retourner, pour supprimer mes comptes, mais sans résultat. Je n'ai jamais réussi. À chaque fois, le stress m'envahissait, et tout me revenait en mémoire. Les lettres. Mon amour pour Tom. La découverte de mon pseudo. Le cauchemar en sixième.
Ca me donnait un malaise, et j'avais abandonné. Après tout, le plus important était Gwen. Les jours qui avaient suivi l'opération, elle était tout le temps fatiguée et aussi déprimée.
Mais aujourd'hui je dois y aller. J'ouvre l'application.
Quand j'essaie de me connecter sur le compte de Nobody, un message s'affiche.
Ce compte a été jugé inapproprié et ne respectant pas le règlement de Facesap. Nous avons donc pris la liberté de le supprimer.
Je le fixe, me sentant soulagée. Mais ce n'était pas fini. Je me rends sur mon compte perso. Plus de 30 messages que je ne lis même pas. Je me rends dans les paramètres, et vais tout en dessous et clique sur "supprimer le compte".
Après avoir confirmée mon choix, j'ignore le message qui dit que si je ne me connecte pas au bout de 30 jours sur le compte il sera définitivement supprimé, et pousse un soupir de soulagement. J'ai réussi.
Je me sens plus forte, comme si une nouvelle moi venait d'apparaître. Je me sens en forme.
J'entends deux autres élèves de ma classe passer devant moi :
- ... super note avec le prof de français !
- Quelle évaluation ?
- Bah tu sais, celle qu'on a fait l'autre jour...
Et elles s'éloignent. Et soudain, c'est comme un coup de foudre sur moi. Il me manque une chose à faire avant de passer définitivement à autre chose. Trouver celui qui a trouvé mon nom. Et je sais qui c'est. Je sais qui a dit mon nom. C'est tellement évident ! Comment je n'ai pas pu le savoir plus tôt ? Le coupable de tout ce merdier. À cause de lui, j'ai perdu Tom. J'ai tout perdu.
Je sens mon poing se serrer. J'en ai assez d'attendre. Assez de me sentir impuissante. Le visage de ma soeur quand je l'ai revu pour la première fois depuis qu'elle a été admise à l'hôpital me revient en mémoire. Ses yeux rouges, bouffis. On venait de lui apprendre que son bébé était mort. Impuissante.
Je me lève, rageuse, et me dirige vers le réfectoire. À chaque pas, ma colère s'accroît.
La chaleur et l'odeur de purée me surprend, mais je ne réagis pas. Pas le temps. Je viens de le retrouver. Il n'est pas bien difficile, il rigole tellement fort avec ses crétins de potes.
Ca y est, il vient de me voir.
- C'était toi ! je hurle.
Les personnes des tables les plus proches se tournent vers moi. Et en voyant les tables les plus proches se tourner vers moi, les autres des tables les plus éloignées se tournent vers moi. Les murmures se font, mais le silence se fait plus entendre encore. J'entends alors la voix de May m'appeler. Bizarrement, ça me donne de la force.
Il me regarde d'un air désinvolte.
- Tu ne sais pas mettre de logiciel anti-espion, réplique t-il. C'est très facile de pirater ton compte. Ce n'était pas bien difficile, surtout que les deux comptes étaient liés.
- Tout ça pour une note !
- Ma moyenne a baissé. Ca n'a pas beaucoup plu à mes parents. Ils en avaient marre de voir que je ne travaillais pas assez.
- Et donc tu m'as humilié devant tout le monde pour ça. Tu fais pitié.
- C'est moi qui fais pitié ? ricana t-il. Pourtant, c'est toi qui es incapable d'assumer qui tu es, nan ?
Il se lève lentement tout en prononçant ses mots. Il me dépasse d'une bonne tête. Mais je ne recule pas et je garde mes yeux rivés dans les siens. Je ne capitulerai pas.
- Tu n'es qu'une pauvre idiote. Incapable de t'assumer. Tu croyais que Tom t'aimait peut-être ? Mais tu n'es qu'une lâche. En fait, tu t'es bien trouvé avec lui. Vous êtes tous les deux des lâches.
Il retient un coup de Tom. Je ne l'avais ni vu ni entendu. Un peu perdue, je le fixe. Il ne fait pas attention à moi. Ses yeux sombres ne lâchent pas les siens. Il retire son bras, et il le fixe, moqueur.
- Ne répète plus jamais ça sur Elana, menace Tom.
Je suis tellement étonnée que je ne dis rien.
- Quoi ? Tu crois me faire peur avec tes menaces ? Tu es vraiment aussi con que...
Mais il ne terminera jamais sa phrase. Car je viens d'envoyer mon poing dans la figure de Charlie.
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