Le lendemain, quand je me lève, j'ai une tête affreuse. J'ai à peine dormi de la nuit. Les mots de Tom se bousculaient dans ma tête. Je prends une rapide douche, et j'ai l'estomac trop noué pour prendre un petit-déjeuner. 

Je rentre dans le bus et m'installe à ma place. Heureusement, à part quelques personnes qui me dévisagent, tous me laissent tranquille. Mais c'est en arrivant au lycée que les choses se compliquent. 

Plusieurs me dévisagent. Quelques un me bousculent, s'excusent et repartent en ricanant comme des crétins.

La nouvelle a fait le tour du lycée.

Je croise Tom au casier, mais il ne m'adresse pas un regard. L'un d'eux me fait tomber à terre, et les autres rigolent. Personne ne vient pour m'aider. Personne... Je vois Tom se détourner de la scène et partir.

Soudain, elle est là. May. Sans un mot, elle ramasse mes affaires et s'éloigne. Je la suis, les larmes aux yeux à cause de l'humiliation.

Je vois Chris et Mathieu au loin, ils me font un signe gêné. Je détourne la tête. 

Nous allons dans une salle de classe vide. May ne me demande pas si ça va, elle n'en a pas besoin.

- Ne les laisse pas faire. Ce ne sont que des imbéciles ! Tu vas aller en cours, la tête haute, et leur montrer qui tu es.

- Mais...

- Il n'y a pas de mais. Tu vas y arriver.

La sonnerie retentit. Sans m'attendre, May sort.

Je reste encore quelques secondes là, puis je sors et me rends rapidement au casier avant de rentrer en cours.

À mon grand soulagement, personne ne m'embête pendant le cours. 

On doit réaliser un exercice seul et le présenter devant la classe après. Je pense bien réussir l'écrit, mais je n'ai vraiment pas envie de passer devant tout le monde. La prof n'est pas de cet avis puisque ses yeux se posent sur moi.

- Elana. Je ne t'entends pas souvent, alors j'aimerai que tu passes.

J'inspire et me rends comme un automate devant toute la classe.

J'en vois plusieurs ricaner au fond de la classe et plusieurs se font des messes basses. Je vois Mathieu et Chris s'échanger un regard, May me faire un signe qui signifie "ça va aller". Tom garde résolument ses yeux baisser.

Je commence à parler, mais j'entends les bavardages devenir plus forts. La prof leur dit de se taire, mais ils continuent. Ils entrent dans ma tête et me déconcentrent. Je me sens mal. 

- Elana, ça va ? me demande la prof, inquiète.

- Elle s'appelle Nobody ! réplique une voix sur ma gauche. 

Tom ne réagit pas, mais Chris se lève de son bureau, l'air énervé.

C'en est trop. Je sors aussitôt de la salle, devenue étouffante. Je me sens mal. 

Je me réfugie dans le couloir désert et me recroqueville. Qui a pu me faire une chose pareille ? Et pourquoi ? 

Les sanglots sont violents, ils m'étouffent, ils m'empêchent de respirer correctement, ils...

- Elana ?

La prof me rejoint, elle s'approche doucement, comme si j'étais un animal sauvage.

- Je ne sais pas ce qui s'est passé, commence t-elle, mais ils seront sévèrement punis. Tu veux aller à l'infirmerie ? 

Incapable d'articuler un mot, je hoche la tête. Elle attend patiemment que je me lève et marche à mes côtés, en silence.

Quand nous arrivons dans la salle d'attente de l'infirmerie, elle me sourit et me dit :

- Assis toi là. Je n'en ai pas pour longtemps. 

Puis elle frappe au bureau de l'infirmier et entre, me laissant seule, encore une fois.