Le mardi et le mercredi passent lentement. Tom me manque et May ne m'envoie plus de nouvelles. 

Enfin, le mercredi soir arrive. Ma mère semble être sur des charbons ardents. Elle oblige tout le monde à prendre une douche et à se laver les cheveux, et oblige même mon père à refaire le nœud de sa cravate.

Elle semble au bord de la crise de nerf quand elle voit que les invités arrivent dans une heure, qu'elle n'a toujours pas pris sa douche et que le repas n'est toujours pas prêt.

- Va te laver, on s'en occupe, insiste mon père.

- Mais vous ne savez pas combien de temps il faut faire cuire les nouilles et...

- Voyons. C'est écrit dessus, on devrait s'en sortir. Maintenant, va !

Ma mère hésite, puis finit par y aller. Avec mon père, on met la table en silence et on met tout à chauffer.

- Ca se passe bien l'école ?

Sa question me prend un peu de cours.

- Euuh, oui. J'ai eu dix-huit en SVT l'autre jour.

- Ah, bien... Et comment va May ? On pourrait l'inviter à la maison, avec son père ?

- Elle ne peut pas, elle passe le reste de la semaine chez sa mère, et la semaine prochaine aussi. Ca s'est décidé au dernier moment.

- Ah, je vois...

Après cet échange bizarre, ma mère sort de sa douche maquillée, et les cheveux détachés. Quelques minutes plus tard, on sonne à la porte.

Ma mère ouvre.

Chase et Gwen pénètrent à l'intérieur. Ils ont apporté un bouquet pour nous remercier de les avoir invité.

Gwen semble... Anxieuse. Redoute t-elle son petit ami ? Chase, quant à lui, est égal à lui même ; arrogant, monsieur parfait. Ses cheveux sont tirés en arrière et il semble s'être vidé un tube entier de gel sur la tête.

Le repas commence sans encombre, on donne des nouvelles, on parle de l'actualité, on plaisante.

Mais soudain, tout dérape, au milieu du plat principal.

-... Du coup, je lui ai dit, cette robe est trop chère, je ne peux pas l'acheter. Même si elle est magnifique, avec ses couleurs coucher de soleil..., lance ma mère.

- Oui, je vois. Vous voyez, je ne cesse de le répéter à Gwen : il est tant qu'elle refasse sa garde-robe. Ses vêtements font démodés. Et cette robe lui donne même l'impression qu'elle est obèse, alors qu'elle est juste un peu enrobée avec sa grossesse, répond d'un ton présomptueux Chase.

Gwen semble se ratatiner. Mon père s'éclaircit la gorge. Lui aussi a remarqué le malaise.

- Gwen fait ce qu'elle veut, je rétorque.

Chase se tourne vers moi.

- Pas tout, non. Si elle continue comme ça, je vais finir par la quitter.

C'est un choc.

- C'était une blague, ajoute Chase et il se mit à rire en enlaçant ma soeur.

Mais je suis sûr que c'en était pas une. Et à la façon qu'a Gwen d'éviter tous les regards, elle aussi l'a senti.

Ma mère semble gênée et repart sur un sujet. Heureusement, tout le monde suit. Mais Gwen ne parle plus et ne mange presque plus. Quand notre mère part chercher le dessert, Gwen se lève.

- On devrait rentrer. Je suis fatiguée avec le bébé, et je n'ai plus faim du tout. 

- Dommage... J'ai fait une tarte aux myrtilles exprès.

- Oh, on va la goûter ! N'est-ce pas, Gwen ? rétorque Chase.

Mais Gwen insiste :

- S'il te plaît, Chase. Je ne me sens pas très bien.

Il lève les yeux au ciel et se lève à son tour.

- Puisque madame est fatiguée...

Ils disent au revoir, et une heure et demie après être venue, le couple est déjà parti.

Ma mère se plaint de Chase et de la façon dont il a parlé à Gwen. Mais moi, je me demande sérieusement si Gwen est vraiment libre de le quitter...