Chapitre 20 : Gaffe

- Ah, bonjour Elana Saze.

- Bonjour.

Le père de May sourit, de son sourire bizarre qui fait froid dans le dos.

- Et toi, tu es... ?

- Tom Premys, répond le garçon.

- Et bien bonjour à toi, Tom Premys.

- Euh, bonjour.

- Papa, on doit terminer un travail pour le français, annonce May.

- Très bien. Je ne vous dérangerai pas.

Et il retourne devant la télévision. Tom toussote, mal à l'aise.

- Venez, on va directement dans la salle.

Elle nous conduit dans la salle. Quelques minutes plus tard, nous voilà devant le texte. Nous terminons notre partie du texte puis nous passons à l'épilogue.

- On fait comment, puisqu'on a pas la partie de Charlie ? interroge Tom.

- On se débrouille sans, réplique May. 

- Il n'a pas voulu bosser, c'est son problème. Il devra expliquer tout seul à M. Marpenzie pourquoi le point de vue de son personnage n'apparaît pas dans l'épilogue.

May sourit devant mon ton agressif. 

- Bon, on s'y met ?

Une heure et demi plus tard, c'est fini. Je m'étire.

- Il est encore tôt, remarque May. Vous voulez du jus d'orange ?

J'acquiesce et Tom refuse. Il a l'air mal à l'aise dans la maison.

- Si tu veux venir un jour à la maison...

Je suis aussi étonnée que Tom par ma question.

- Euh, je pars en vacances lundi. Et demain je ne pourrai pas.

- Ah oui, désolée. J'avais oublié.

- Comment ça ? Je ne te l'ai jamais dit.

Je me rends compte de ma gaffe. Il l'a dit à Nobody, pas à moi.

- C'est... Chris qui me l'a dit.

Il secoue la tête, visiblement agacé.

- Mathieu voulait t'inviter chez lui, mais Chris a dit que tu pouvais pas.

- Ah.

C'est un demi-mensonge. Chris n'a pas dit que Tom ne serait pas là, mais Mathieu voulait vraiment l'inviter à la maison.

May revient avec deux verres et une bouteille de jus d'orange. Elle me sert, puis elle s'assoit en face.

- Ca vous dit de faire une partie de Survivor ? Je dois avoir une autre manette quelque part.

J'ai cru que Tom refuserait, mais il accepte. Je croyais qu'il n'aimait pas les jeux vidéos ?

Nous montons dans la chambre de May et elle sort une troisième manette. Nous nous installons sur son lit, Tom au milieu, May à droite, moi à gauche.

Tom est encore plus mauvais que moi aux jeux vidéos. Il reste au milieu des pièces.

- Tom, à moins que tu ne veuilles te faire bouffer par un zombie, tu ferai mieux de te planquer, lance May, pince-sans-rire.

- Mais il ne fait que tourner dans une direction, il ne veut pas bouger.

- En même temps, tu n'appuies pas sur le bouton, je réplique.

Je lui montre. Mais le personnage ne bouge toujours pas.

- Tu es sûr que ta manette marche ? je demande à May.

- Bah oui, répond t-elle.

Soudain, elle pointe son arme dans un coin de la pièce.

- Mais pourquoi il pointe son arme tout seul ?

La tête ahuri de Tom et la compréhension me fait rire.

- C'est sûr que si tu ne regardes pas le bon personnage, ça risque d'être compliqué ! C'est le perso de May.

- Ah, merde !

Avec May, nous rions. Tom rougit.

- Oh, non regarde !

Sur le point de vue de May, nous voyons le personnage de Tom avancer contre le mur, l'arme en l'air. C'en est trop.

J'éclate de rire et en pleure. May m'accompagne, et bientôt nous sommes tous les trois morts de rire.

Quand le père de May ouvre la porte, inquiet, nous sommes tellement morts de rire avec Tom et May que nous sommes incapable de parler.

Quand nous nous calmons enfin, j'échange un sourire avec Tom.

Quand il sourit, mon coeur se serre et une sensation de joie m'envahit. 

Nous reprenons la partie et passons toute l'après-midi à rire de Tom. Il ne sait tellement pas jouer que nous nous retrouvons plus souvent à rire qu'à vraiment jouer.



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