Chapitre 13 : Un minimum heureuse

Je ne savais plus quoi faire ou dire. Les mots se bousculent dans ma gorge mais refusent de franchir mes lèvres. Et puis, pourquoi Chase n'est pas là ? C'est lui le père, non ?

Je jette un coup d'oeil à mes parents. Ils sont bouche bée, incapable d'émettre le moindre son.

- Chase n'a pas pu venir. Il a énormément de travail en ce moment et il vous passe le bonjour, murmure Gwen, comme si elle avait lu dans mes pensées.

- Depuis... Combien de temps ? réussit à articuler mon père.

- J'ai fait le test de grossesse il y a deux semaines, mais je ne savais pas comment vous annoncer la nouvelle, et Chase qui devait venir avec moi... Tout ça m'a stressé. 

Ma mère est sous le choc. Nous le sommes tous. Et Gwen qui évite de croiser notre regard...

- Pourquoi tu n'es pas heureuse ?

Elle relève la tête vers moi, surprise.

- Je le suis... C'est juste que... C'est dur de vous le dire... Je pensais que...

- Tu devrais être contente. Tu vas avoir un bébé à élever.

- Ce n'est pas toujours simple... Et...

Elle semble complètement perdu. Je me demande pourquoi. Je sais que c'est dur d'être parent, et d'annoncer à ses parents qu'ils allaient être grands-parents, mais elle devrait être un minimum heureuse. Là, on dirait qu'elle sort d'un enterrement.

- Du... Du moment que tu es heureuse, c'est le principal, lance mon père.

Gwen lui sourit, d'un sourire hésitant, pour le remercier.


- Elana ? Tu es avec nous ou tu es encore dans ton lit ?

Je relève la tête, surprise. Je croyais que ça ne se voyait pas que j'avais la tête dans les bras. D'habitude, les profs s'en foutent. Tous les yeux sont braqués sur moi, tantôt hostiles, tantôt curieux.

- Désolée, je marmonne en cachant mon embarras derrière mon manuel de maths.

La prof me fixe quelques secondes avant de se remettre à parler des vecteurs. Ouf.

Je me sens vraiment fatiguée ce matin. Vivement les vacances. Je jette un coup d'oeil à May, qui a toujours les yeux dans le vague et qui n'a pas eu la moindre réaction quand la prof m'a rappelé à l'ordre. Il est vraiment temps qu'on se reparle.

Au déjeuné, je rejoins May dehors. Je m'installe à côté d'elle et sors le sandwich de son emballage. Comme je ne sais pas quoi dire, je croque dedans. 

- Tu devrais goûter. C'est pas mauvais le thon.

Je ne sais pas trop pourquoi je dis ça. Elle ne me regarde pas. Je souffle et finis par lui dire :

- Ecoute, je ne vais pas m'excuser d'être partie la dernière fois. J'en avais marre de voir que tu ne faisais effort pour parler et... J'avais juste l'impression que tu te servais de moi comme bouche-trou. Je sais que tu as des problèmes en ce moment, mais moi je n'y suis pour rien. Je sais que tu ne parles pas beaucoup dans tous les cas, mais...

Je ne parviens pas à finir ma phrase. Les mots se bloquent dans la gorge. Alors je me tais et croque une nouvelle fois dans mon sandwich. 

Il fait encore froid pour un mois de mars. Je resserre mon manteau et pense à Gwen. Pourquoi elle semblait si mal à l'aise hier ? Elle semblait même presser de partir. Dix minutes après le sourire hésitant, elle est partie, prétextant le besoin de faire des courses pour le dîner. Mon esprit vagabonde ensuite vers Tom. Dans ses lettres, il a tellement l'air à l'aise à présent. On parle de tout et de rien. On est ami maintenant, c'est sûr. Dans les lettres du moins...

Voulant penser à autre chose, je sors mes écouteurs et mets la musique au maximum. Je passe un écouteur à May, et je suis rassurée de voir qu'elle le prend. Quatre chansons plus loin, je la sens même poser sa tête sur mon épaule.

L'heure du déjeuné passe ainsi, et je me sens mieux de voir que May m'attend à nouveau à la fin des cours.


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