Mot pour mot

Tornade, rivage et ombre

Les couleurs et les formes se mélangent dans ma tête, formant un gigantesque tourbillon, une TORNADE déchaînée, dont quelques souvenirs se détachent. Des visages... Des voix... Et un papillon violet que je suis du regard quelques instants. Il virevolte à travers des réminiscences indéchiffrables, puis s'accroche à un attrape-rêve qui se dévoile devant moi. Des fils d'un bleu sombre sur lesquels sont enfilés de petites perles étoilées, des papillons violets aux ailes nébuleuses et des plumes blanches et duveteuses pendent d'un cercle au centre duquel se trouve un autre papillon, plus grand cette fois. Je tends la main pour l'effleurer de mes doigts, mais mon pied glisse et je tombe dans un gouffre infini.

Je me réveille en sursaut. Je suis dans mon lit, dans ma chambre, enfin je crois. Je me lève et vais à la fenêtre ouverte respirer l'air nocturne pour me calmer. C'est la pleine lune. Je pose mes mains sur le rebord et prends une profonde inspiration. La légère brise qui vient me caresser le visage et taquiner des cheveux forme des vagues argentées dans l'herbe nimbée de clair de lune. 

Soudain, un bruissement d'ailes me fait lever la tête. Un oiseau sombre vient se poser à côté de ma main que je retire dans un sursaut. 

- Qu'est-ce que tu fais ici, toi ? je lui murmure en espérant stupidement qu'il me réponde.

Il me regarde fixement de ses deux billes d'onyx qui lui tiennent lieu d'yeux. Au bout de quelques instants, je tends mes doigts timidement. Il incline la tête et j'effleure le plumage bombé de son cou. Je remarque un morceau de papier attaché à sa patte. Délicatement, je détache le ruban rouge qui le maintenait en place et déplie la missive :

Salut Amanda, est-ce que tout va bien ? Tu es partie si vite tout à l'heure... Envoie-moi ta réponse via le corbeau.

Connor

Connor ? Je devrais me poser des questions, être perplexe, au moins réfléchir un peu, mais déjà mes jambes me portent jusqu'au bureau qu'éclaire un rayon de lune. Ma main attrape un stylo dans le pot en bois sculpté pour en faire un hibou et déjà j'ouvre un à un les tiroirs qui constituent les appuis du bureau à la recherche d'une feuille. Une fois cette dernière trouvée et déposée dans la flaque de lumière, mon stylo commence à gratter le papier dans un bruissement, laissant une fine ligne d'OMBRE derrière lui.

Enfin, je plie la missive et l'attache soigneusement à la patte du corbeau avec le ruban rouge. Je caresse une dernière fois la tête de l'oiseau puis le regarde s'envoler vers sa destination inconnue. Il ne me faut attendre que quelques minutes pour que sa réponse me parvienne :

D'accord, je comprends. Est-ce que je peux venir te voir afin que nous discutions de vive voix ?

Connor

Mon cœur bondit sans que je ne sache pourquoi et je m'empresse de lui répondre. En voyant l'oiseau s'éloigner une nouvelle fois, j'ai l'étrange impression de me trouver au bord d'une rivière. C'est ça, sur le RIVAGE esseulé d'une rivière d'étoiles et de lettres, que seul un messager à plumes peut franchir.

Je décide de lire un peu en l'attendant et me dirige vers la grande bibliothèque qui couvre un mur de ma chambre. J'attrape un livre au hasard. La quête des cinq diamants. Ça a l'air bien... D'après Auguste, c'est un de mes livres préférés, même si je regrette beaucoup que ce soit des renards et pas des loups dont il soit question, puisqu'il semblerait que ce soient mes animaux préférés avec les papillons.

Je m'installe dans mon lit et commence à lire. C'est plutôt bien écrit... Je comprends pourquoi j'aime ce livre, l'histoire est captivante. Bientôt, je perds la notion du temps, absorbée par le récit.

Soudain, le bruissement devenu familier des ailes du corbeau me tire de ma douce torpeur et me tire un petit soupire d'agacement. Je me lève malgré tout, détache un peu brusquement le message, arrachant un son à mi-chemin entre le croassement et le piaillement à l'oiseau.

Retrouve-moi en bas.

Connor

Je soupire de nouveau, cette fois de lassitude, puis vais à ma fenêtre. Je distingue une silhouette sombre, sûrement lui, et mon pouls s'emballe. 

- Connor ! J'appelle dans un souffle.

Impossible qu'il m'ait entendu, pourtant il s'approche et réponds :

- Amanda ?

- Qui veux-tu que ce soit d'autre ?! je réplique.

- Je sais pas, descends !

- Comment ?

Son visage est plongé dans la pénombre, pourtant je sais qu'il lève les yeux au ciel.

- Crois-le ou non, tu es une grimpeuse de génie, alors fais-toi confiance !

- Pas question !

- Amanda...

Je frissonne. Sa voix est si douce, si encourageante... Sans avoir le temps de comprendre ce qu'il m'arrive, je me retrouve à enjamber la fenêtre et à poser mes pieds nus sur quelques saillies rocheuses que je ne distingue pas. Puis je commence à descendre, d'abord doucement, puis de plus en plus vite. Mes doigts savent d'eux-mêmes où s'accrocher, et mes pieds où s'appuyer, comme si je l'avais déjà fait de nombreuses fois.

- Waouh, tu as fait vite ! me complimente Connor d'une voix admirative.

- Merci. 

Ma voix qui se voulait détachée s'envole sur la dernière syllabe.

- Tu viens ? J'ai quelque chose à te montrer.

Il me prend la main et m'entraîne à travers l'herbe vert-de-gris qui s'enroule autour de mes chevilles jusqu'à un bosquet d'arbres que je devine couverts de fleurs blanches, aux branches desquels sont suspendus des carillons qui teintent délicatement. On s'allonge par terre, mes mèches rousses se mêlent à ses cheveux bruns, nos mains sont toujours enlacées, parfaitement emboîtées et nos yeux sont rivés sur le lac céleste qui commence à faire pleuvoir sur nous des étoiles filantes.

Muette devant ce spectacle magnifique, je ne peux que rester bouche bée en regardant les astres lumineux défiler comme autant de perles de pluie s'écrasant dans une flaque de ciel. Ce n'est qu'à la fin de la nuit, quand les lueurs rosées de l'aube se profilent au loin, que je me rends compte que je suis blottie contre Connor, nos mains entrelacées sur son cœur dont je sens le battement se répandre dans mon corps.

- Ça va ? me demande t-il en se tournant vers moi.

Ses yeux gris prennent une teinte énigmatique sous les premiers rayons de l'aube. J'ouvre la bouche pour lui donner ma réponse, mais celle-ci se transforme en un bâillement sonore.

- Oui, un peu fatiguée.

- Ça t'a plu ?

Il se mord nerveusement la lèvre.

- Énormément, c'était magistral !

Il s'illumine. En cet instant, on dirait une étoile.

- Super ! Et... Hum... J'ai quelque chose pour toi.

Il sort un paquet de sa veste et me le tend. Je détache minutieusement le bout de scotch qui liait le papier craft et sors de l'enveloppe un grand carnet à la couverture bleu nuit ornée d'arabesques dorées encadrant une image d'étoiles filantes qui pleurent sur un loup solitaire.

- Oh... Waouh...

- Je... Je dois y aller ! bafouille t-il en se levant. Tu pourras rentrer seule ?

- Ou... Oui, t'inquiètes.

- Ok a... Alors à plus !

Et il s'en va en courant, me laissant seule au milieu des carillons. Je me lève à mon tour, quand une lettre s'échappe du carnet. Je la ramasse et la déplie :

Amanda, voici un carnet dans lequel tu pourras noter les choses dont tu te rappelles, pour t'aider à retrouver la mémoire. J'espère qu'il te sera utile.

Connor

Un doux sourire se dessine sur mes lèvres. Une étoile, oui. Une étoile filante. Je crois qu'il faut que je fasse un vœu...

- Reste avec moi pour toujours, mon étoile filante... je murmure.

Au loin, le corbeau croasse une fois.

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Ceci est la suite du chapitre 1, je vous conseille de le lire pour mieux comprendre l'histoire.

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