Il était une fois,... Le Pink Lock !

Le soleil me grille la peau et la brise estivale menace de m'arracher mon chapeau. Je jette un regard derrière moi et lance à mon petit ami :

- Dépêche-toi ! Il faut qu'on y sois avant la nuit !

Il sourit et mon cœur suffoque, étouffé d'amour.

- Ne t'en fais pas, le moulin est au bout du sentier, nous y serons bientôt.

Je me renfrogne.

- Je sais, mais je voudrais y arriver le plus tôt possible !

- Parce que tu veux avoir le temps de terminer la surprise que tu veux m'offrir ?

Estomaquée, je reste sans voix. Comment a-t-il deviné ? J'ai pourtant fait bien attention à ce qu'il ne soit pas au courant !

- C... Comment ? je bredouille pour obtenir réponse à ma question.

Il hausse les épaules.

- Ça se lit sur ton visage. Tu sais, je te connais bien, Eugénie.

Je frissonne quand il prononce mon nom. Il saisit ma main et la masse doucement. J'ai le cœur qui s'emballe et se tord. Quelque chose... Il faut que je dise quelque chose !

- Romaric...

Ma voix est rauque. Un souffle d'air frais nous enveloppe et fait bruisser les blonds blés du champ dans lequel nous nous tenons.

Il passe lentement sa main dans mes cheveux, faisant tomber le chapeau de paille par terre. Je frissonne de plus belle quand il enroule une longue mèche d'un brun-roux éclatant autour de son doigt. Ma main droite va déloger son chapeau d'une pichenette avant de se faufiler dans le labyrinthe doré qu'est la chevelure de Romaric. 

Tout doucement, nous nous laissons fondre sur le sol. Les blés nous recouvrent, protecteurs. Romaric me caresse la joue, je caresse la sienne. Nous nous enlaçons et nos baisers feraient rougir même les plus grands amants. Roméo et Juliette, Orphée et Eurydice... La déesse Aphrodite veille sur nous et nous enveloppe du parfum de l'amour.

- Attend, je marmonne à l'adresse de Romaric.

Il s'écarte.

- Quoi ?

Je souris malicieusement.

- Laisse-moi enlever ma robe et mon collier, je ne veux pas les abîmer ! Et je compte sur toi pour me faire disparaitre tes vêtements aussi !

- Je croyais qu'il fallait se dépêcher d'aller au moulin pour que tu termines de préparer la surprise ! réplique t-il avec le même sourire.

Je soupire. Mince... Je l'avais complètement oubliée... Bon, tant pis, ce sera une prochaine fois ! Je passe tout l'été avec Romaric, nous aurons le temps de remettre ça ! Alors que ce soir... Ce soir ne se répètera pas, il faut qu'il soit parfait !

Je me lève d'un bond.

- Tu as raison, dépêchons-nous de nous remettre en route !

Il me dévisage, surpris.

- Waouh... T'es drôlement indécise !

- Rhoooo ! Relève-toi, c'est tout !

- C'est bon, c'est bon !

Je ramasse mon chapeau et le visse sur ma tête.

- Aller !!!

- Mais qu'est-ce que tu as mangé pour être dans un état pareil ?

Je commence à marcher d'un pas rapide et lui répond sans le regarder :

- Un avocat, un sandwich jambon, beurre, salade, et des meringues ce midi.

Je l'entends soupirer et souris. C'est lui qui m'a posé la question !

Après quelques minutes de marche, le moulin se dessine au bout du sentier. La lumière se fait vespérale et l'enveloppe d'une aura rousse. Le blés sont de cuivre et les cheveux de Romaric aussi.

- On fait la course ? me propose-t-il avec un sourire charmeur.

- En robe ?! je fais mine de m'offusquer. Certainement pas !

Il s'approche de moi et me soulève dans ses bras.

- Et maintenant ?

- C'est mieux ! j'admets, un sourire aux lèvres.

- Alors tiens-toi bien !

- T'auras pas assez de force pour me porter jusqu'au bout !

- C'est ce qu'on verra !

Il commence à courir. Ses pas martèlent le sol, je ressens chaque secousse jusqu'au plus profond de mes os. Je le sens en sueur et essoufflé, mais il refuse d'abandonner. C'est pour ça que je l'aime...

Au bout d'une dizaine de minutes, nous arrivons au moulin où il s'effondre, sur la dalle grise devant la porte. Je lui tapote l'épaule.

- Bon, récupère, fais même une petite sieste si tu veux, mais ne viens pas me déranger !

- Tu... Me... Mets... À... La porte ? halète-t-il.

- Oui, tu as tout compris ! Il y a un hamac entre deux arbres à la lisière des bois, fis-je en désignant un bosquet d'arbres à une certaine de mètres. À tout à l'heure !

- Attends... T'as... De l'eau ?

- Oui. 

J'ouvre la porte du moulin et attrape une gourde pleine qui traînait sur la table.

- Tiens. 

Je lui tends la gourde et il prend quelques gorgées.

- Repose-toi bien ! je lui lance, avant de disparaitre dans le ventre du vieux bâtiment.

Ce moulin date d'une bonne centaine d'années. Isolé et abandonné, il a été découvert par mon père lors d'une de ses expéditions solitaires en pleine nature. Il l'a rénové et aménagé pour servir de pied-à-terre. Cet été, il me l'a confié pour que je puisse passer du temps seule avec Romaric. 

Je jette un coup d'œil à la fenêtre. Le soleil est en train de se coucher, il faut que je me dépêche.

Une bonne heure plus tard, le ciel a revêtu son habit céleste de bleu sombre brodé de constellations. L'absence de la lune fait ressortir les étoiles qui brillent d'un éclat nouveau. Lorsque je sors du moulin, le parfum nocturne m'assaille. Je parcours rapidement les cents mètres qui me séparent de Romaric et le trouve torse nu dans le hamac. Les yeux clos, il chantonne un petit air que je reconnais sans peine. C'est La rose des champs, une comptine qu'il a écrite pour moi à notre premier anniversaire de couple.

"Et tu verras, oui tu verras,

La rose dans le champ, dans le vent,

Danser et répandre ses pétales, étoiles,

Sur le ciel, éternel..."

Je soupire intérieurement. Je pourrais l'écouter chanter pendant des heures...

- Romaric... j'appelle doucement.

Il ouvre ses yeux de pluie et me regarde. L'espace d'un instant tout disparaît, mais je me ressaisis.

- C'est prêt.

- D'accord.

Il se lève et récupère son tee-shirt trempé qui séchait sur une branche.

- Tu es allé te laver à la rivière ? je demande.

- Oui, je voulais me débarrasser de la transpiration. Et toi, tu t'es changée ?

- Oui, je préférais cette robe, elle est mieux adaptée à la soirée.

Ma robe, longue et immaculée, me transforme en déesse de la lune. Et avec ses cheveux blonds, Romaric est mon dieu-soleil.

- On y va ?

Après avoir gravi l'interminable escalier grinçant, nous arrivons sur une plateforme de bois nichée à la base des ailes du moulin. De là, la campagne s'offre à nous dans toute sa splendeur nocturne. J'ai préparé des sandwichs sur des assiettes et une bouteille de jus de pomme. Une petite lanterne jette une lueur dorée sur le visage de Romaric.

Nous mangeons en silence, savourant notre présence ici et ensemble, et je dis :

- J'ai un cadeau pour toi.

Je saisis deux pots orné d'une fleur chacun et en tends un à mon petit ami.

- C'est pour notre chanson.

Il s'illumine. Il a tout de suite compris.

La rose de mon pot oscille dans la brise, lente danse au rythme de la chanson que Romaric commence à fredonner. Je souffle un peu et un à un ses pétales se détachent pour s'envoler vers les étoiles immortelles. Le myosotis de Romaric a l'air d'observer ce ballet pourpre, plein d'envie. Les points jaunes au milieu des pétales sarcelles ont l'air dorés et leurs ailes bleues se déploient à leur tour, se joignant à cette danse astrale. Finalement, les deux fleurs se confondent pour n'en former qu'une seule.

Romaric pleure doucement. Doucement, il me prend la main et nous nous enlaçons tendrement au milieu des étoiles complices et de cette danse amoureuse. Là, nous nous unissons pour ne former plus qu'un.

1274 mots.

Bon sang, je n'ai pas le souvenir d'avoir jamais écrit de texte plus beau ! Je l'adore !!! Et je suis contente d'avoir fait un texte indépendant de mon début de chapitres qui se suivent (même si les textes n'étaient pas trop mal, ça me bridait de rester avec eux et de ne pas explorer pleins de personnages et d'univers.)

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