Chapitre 4 : Le Milan Noir fuit l'ennui.

Le temps filait comme un oiseau, trois nuits s'étaient enchaînées depuis que Fallacy avait compris comment explorer la forêt. Les premiers jours d'entraînements pour apprendre à se déplacer dans les arbres avaient été éprouvants pour le squelette noir. Le pauvre explorateur avait enchaîné les chutes plus ou moins violentes. En quatre jours, Fallacy avait nettement progressé grâce au jeune homme qui lui avait offert de précieux conseils. Il était indéniable, si l'explorateur était venu seul jamais il n'aurait jamais réussi à se déplacer aussi aisément dans les arbres.

Cela faisait une semaine qu'ils étaient arrivés sur cette île. Lentement, la crainte avait laissé place à une curiosité grandissante, la forêt semblait de moins en moins dangereuse, elle devenait attirante. Même les ombres semblaient de moins en moins effrayantes.

Le jour venait à peine de se lever, un doux soleil caressait leurs os. Les créatures étaient parties se réfugier sous les arbres. L'artiste regardait le ciel rêveur, imaginant ce que le rideau des arbres cachait. Allaient-ils trouver des technologies perdues ? Des plantes aux couleurs uniques ? Peut-être qu'il rencontrerait d'autres monstres ? Ou peut-être qu'ils découvriront la raison de ces maux ? Encre n'avait qu'une hâte, découvrir ce que cette forêt cachait. À côté de lui, l'explorateur étudiait la carte tout en observant les oiseaux.

- Beaucoup d'oiseaux qui volent par-là, à mon avis, on pourra trouver de l'eau potable.

D'un geste vif, l'explorateur fit un rond là où il estimait la position de la source d'eau sur la carte désespérément vide.

- Pour le moment, on va chercher un lac avec de l'eau. Ce qui nous intéresse semble être juste ici, par conséquence, nous partirons de là. Cela me semble être le chemin le plus court. Une fois qu'on aura une source d'eau, on pourra commencer à explorer plus sereinement.

L'explorateur pointait les différents points durant ses explications. Le peintre hocha rapidement la tête excitée à l'idée d'enfin entrer dans la forêt.

- On dort dans la forêt ou on retourne au bateau ?

Les orbites brillantes de l'artiste amusèrent le plus âgé. Lui qui avait si peur, semblait avoir été contaminé par le virus de l'exploration. Fallacy sourit légèrement, il avait raison, ce jeune homme avait l'âme d'un explorateur.

- Pas aujourd'hui. Je pense que demain, on pourra commencer à s'aventurer plus loin. Mais on ne connaît rien, on doit être prudent. La première étape est d'obtenir de l'eau.

Quelle ironie, jamais avait été aussi patient, s'il avait été seul, il serait entré bien plus tôt, même s'il était incapable de se déplacer habilement. La présence d'Encre le rendait plus patient, plus prudent.

- On va revoir nos gestes de communication d'accord ? Je fais le geste et vous me traduisez ce que cela signifie.

Le peintre hocha la tête observant attentivement le plus âgé. D'un geste vif, le squelette noir leva le bras gauche vers le haut comme pour pointer le ciel.

- Il y a un danger, on s'arrête et on ne fait plus de bruit. Si on est au sol, on grimpe rapidement sur les branches marquées.

Le squelette noir sourit légèrement satisfait de la réponse. Il garda son bras levé, il l'agita rapidement de droite à gauche. Le geste était vif et rapide, malgré faible l'amplitude, le geste était parfaitement visible.

- Il faut partir en urgence. On doit retourner directement au bateau. Je ne dois pas vous attendre... Mais je ne suis pas d'accord...

L'explorateur passa sa main sur son crâne déjà fatigué par ce débat.

- C'est un geste d'extrême urgence, si quelque chose de grave se passe, je souhaite au moins que votre sécurité soit assurée.

Le peintre serra les poings, fixant le sol.

- Je ne veux pas vous laisser en danger... J'aimerais qu'on rentre ensemble.

L'explorateur soupira.

- Encre, j'ai l'habitude d'explorer. Je suis le plus apte à survivre en cas de danger.

Le peintre releva la tête pour le fixer dans les orbites.

- Oui, vous êtes un formidable explorateur ! Le monde attend votre retour, le monde rêve de vos histoires. Je vous ai accompagné pour vous aider, je ... je ne veux pas être un poids pour vous... Vous avez été si bon envers moi... Je ... je ne vous sers pas à grand-chose... Mais j'aimerais ne pas être une gêne.

À nouveau, le peintre fixa le sol, de petites perles d'eaux coulaient de ses orbites. Il ne voulait pas gêner, il voulait être utile, mais à part dessiner sa carte, il ne servait pas à grand-chose. Seulement quelques années les séparaient, pourtant, Encre avait l'impression d'être un enfant.

Délicatement, la main de l'explorateur se posa sur sa joue, essuyant paisiblement ses larmes. Doucement, sans le brusquer, l'explorateur poussa la tête plus jeune pour croiser à nouveau son regard. Il lui offrir un doux sourire.

- Vous n'êtes pas un poids Encre, votre compagnie m'est très appréciable et utile.

Encre avait souvent entendu dire que les orbites étaient le reflet de l'âme. Si cela était bien vrai, alors l'explorateur avait sûrement la plus belle âme qu'il n'avait jamais rencontrée. Ses pupilles brillants doucement, le soleil s'y reflétait faiblement, faisant ressortir le bleu de sa pupille gauche, un bleu profond et si apaisant. Le regard franc et si pur... Oui, l'explorateur avait l'âme la plus belle de ce monde.

- Tu seras dans quelque temps un aventurier fabuleux, j'en suis sûr. Tu as juste besoin d'apprendre, alors pour le moment laisse-moi te protéger. Mais tu es trop dur avec toi-même, tu m'aides énormément. C'est vous qui avez vu les oiseaux danser au-dessus de l'île, c'est vous qui m'avez aidé à mieux grimper aux arbres, c'est vous qui péchez pendant que j'observe. Vous m'aidez énormément. Et... J'apprécie votre compagnie et nos discussions, seul cette île aurait été plus oppressante.

Il était loin d'être aussi fabuleux que pensait l'explorateur. Mais... le peintre senti son âme se réchauffer, c'était vraiment agréable à entendre. Perdu dans le regard coloré de l'explorateur, le peintre ne décela aucun mensonge. L'explorateur était un monstre formidable, le genre d'être unique qu'on ne rencontre qu'une seule fois dans une vie... Il aimerait le suivre jusqu'au bout du monde...

- Encre, promettez-moi de vous enfuir si on est en danger. Je te suivrai quand je pourrais, je ne mourrai pas. Mais si vous m'attendez, vous serez en danger.

Le peintre baissa la tête.

- D'accord... C'est promis, on s'enfuira ensemble. Je ne vous laisserai pas mourir ! Vous avez encore tant d'histoire à me raconter. On est venu ensemble, on rentra ensemble.

L'aventurier hocha la tête.

- Cela me convient.

L'explorateur retira délicatement sa main. Le froid frappa la joue du plus jeune, la main chaude de l'explorateur était si agréable.

- Dans ce cas, continuons nos révisions, d'accord ?

Le peintre hocha la tête. L'explorateur tendit sa paume vers l'artiste ouvrant la main en grand.

- Cela veut dire qu'on fait une pause. On doit donc chercher de grosses branches pour s'installer. Si vous ouvrez et fermez la main plusieurs fois, ça veut dire qu'on s'arrête pour passer la nuit.

L'aventurier fit un léger geste de la tête satisfait. Il pointa son orbite.

- Ça veut dire que l'un d'entre nous doit faire le guet. Après ce geste, vous pointez le torse de l'un d'entre nous pour dire qui est assigné à cette tâche. Pour dire oui, on hoche la tête et pour dire non, on secoue la tête de droite à gauche. J'ai le droit de refuser et de proposer à mon tour. On peut murmurer si besoin. Le geste demandé à parler, je dois pointer ma bouche puis fermer le poing.

Fallacy hocha la tête.

- Bien, vous avez mémorisé les gestes les plus importants.

Le plus âgé tendit le bras gauche de manière perpendiculaire au sol.

- Cela signifie que vous avez repéré à manger. Je dois attendre en hauteur pendant que tu chasses. Si vous secouez le bras alors je dois te suivre, car vous allez m'apprendre des trucs. J'ai hâte !

L'aventurier se redressa satisfait.

- C'est très bien, nous pouvons donc y aller.

Les deux compagnons de voyage entrèrent dans l'eau puis nagèrent vers le rivage. Ils gardèrent émergé un paquet de vêtements. Avoir traversé la barrière de l'eau, le silence était roi. Doucement, ils grimpèrent sur la plage. Sans un son et en se tournant le dos de manière respectueuse, ils se changèrent. Ils étalèrent leurs vêtements sur le sable chaud en les coinçant sous quelques pierres pour les laisser sécher.

Ils avancèrent vers la forêt. Aujourd'hui, ils allaient commencer leurs explorations. Dès qu'ils s'approchèrent de la forêt et grimpèrent habilement dans les arbres. Le squelette noir, observa l'intérieur de la forêt attendant que ses orbites s'habituent à l'ambiance sombre de la forêt. Après quelques minutes, ils entrèrent.

Avancer dans les arbres était éprouvant. Il fallait observer les branches pour déterminer où grimper, se hisser à la force des bras tout en gardant son équilibre précaire. Le peintre était serein, il grimpait aisément d'une branche à une autre. Fallacy était plus lent, mais restait beaucoup plus adroit qu'à ses premiers essais.

Après un moment, il était difficile d'estimer le temps passé dans l'ombre de la forêt, l'explorateur tendit sa main grande ouverte sa paume vers le plus jeune. Le peintre hocha la tête avant de s'asseoir sur la branche pour s'étirer un peu. Mine de rien, l'exercice l'avait fatigué. Avec une grande prudence, le plus âgé fit de même.

Le vent soufflait doucement caressant les feuilles. De faibles gazouillis retentissaient. Une seule espèce d'arbre semblait présente. Les mêmes feuilles étaient présentes sur les géants de bois. De temps à autre, des ombres passaient, les ignorant totalement. Aux chants, des oiseaux s'ajoutèrent un léger grattement, celui de Fallacy prenant des notes.

L'unique espèce d'arbre avait toujours été ainsi ou cela était dû à une sélection naturelle ? Les autres arbres, étaient-ils sensibles à l'étrange mucus noir ? Comment ce mal était-il né ? Tant de questions auquel Fallacy trouvera probablement jamais la réponse.

Quelques branches plus loin un oiseau chanta particulièrement fort. Cela attira l'attention des deux squelettes. L'oiseau, semblant assez âgé en vue de l'état ses plumes chantait bruyamment. Pour Encre et Fallacy qui avaient passé leurs temps dans le silence, ce chant paraissait particulièrement beau.

Bien évidemment une ombre finie par arriver. La créature noire, particulièrement penchée vers l'avant, se mouvait étrangement, lentement. Pourtant, l'oiseau continua de chanter, le chant sembla même devenir plus fort. L'oiseau pencha légèrement la tête. L'ombre tendit lentement son bras de mucus.

­- La branches est trop basse, il va se faire toucher.

Le murmure échappa à Encre, il s'empressa de se couvrir la bouche en lançant un regard d'excuse à son compagnon de route. Le plus âgé fit un rapide signe de main pour indiquer que cela n'était rien, absorbé par l'étrange spectacle.

Comme prédit par Encre, l'oiseau se fit toucher. Le bec se fit rapidement couvrir de mucus, l'étrange matière noire grimpa rapidement sur le petit animal. Quand il fut entièrement couvert, l'oiseau tenta de prendre son envol. Il avança à peine avant de s'écraser sur le sol en une forme difforme. L'oiseau était comme effacé. Il n'y avait aucune trace de sa présence, comme si cela n'avait été qu'un mirage.

L'explorateur nota rapidement ses observations. Était-ce un accident ? Ou cela était volontaire ? Il était encore bien trop tôt pour analyser le phénomène. Cela ressemblait à une étrange cérémonie, la créature volante semblait apaisé tandis que l'ombre avait des gestes plus religieux.

Le regard perdu dans le vide, le peintre était perdu, quelque chose le perturbait. Il n'arrivait pas à identifier clairement le problème, mais quelque chose le perturbait. Il ferma pensivement les orbites se repassant l'étrange cérémonie.

Une main se posa sur son épaule, le ramenant à la réalité. Ce n'était pas le moment de réfléchir. D'un rapide signe de tête, Fallacy lui indiqua son désir de poursuivre leur exploration. Le cartographe hocha la tête, avant de suivre l'aventurier.

En silence, ils avancèrent à nouveau.

Le silence était la règle d'or de cette île. Habitué au chaos de la ville, Encre devait bien avouer que ce silence constant était parfois usant. Mais le doux chant du vent le rassurait, entendre les feuilles danser apaisait son âme et la voix de Fallacy lui faisait oublier la solitude.

Le peintre secoua la tête, il avait l'honneur de visiter une île inconnue de tous, accompagné du plus grand explorateur du monde, il n'allait pas commencer à se plaindre.

Les longues heures d'avancer dans les arbres commençaient à les épuiser. Passant une ultime branche, ils arrivèrent devant une immense étendue d'eau. L'eau d'un azur pur brillait, renvoyant les rayons chauds du soleil. Le doux clapotis de l'eau caressé par les vents était si doux. Dans l'eau dansait de nombreux poissons. Certains s'amusaient à sauter hors de l'eau, comme pour imiter moqueusement les oiseaux qui les surveillaient de près. C'était si doux, si paisible, à cet instant, Encre oublia où il était. Il avait envie de plonger dans cette eau si accueillante.

Fallacy était moins rêveur, observant avec attention l'eau à la recherche d'une quelconque substance noir. Les oiseaux semblaient la boire sans problème. Était-ce dû à une forme d'immunité ? Les arbres permettaient au lac de rester à l'ombre, en théorie les créatures pouvaient s'y rendre. D'un autre côté, aucune d'elles n'avait rejoint la mer ni les îles voisines. Certes, cette île était isolée, mais les créatures semblaient invincibles.

Une légère tape sur le dos sorti le plus âgé de ses pensées. D'un geste vif, le peintre lui indiqua un arbre sur la rive. À nouveau, ils virent un oiseau chanter particulièrement fort, trop bas pour fuir les ombres. Cet oiseau semblait aussi âgé que le premier. La « cérémonie » semblait identique en tout point.

Autant de similarité était peu commune, est-ce ainsi qu'il cohabite ? L'explorateur nota rapidement ses observations dans son carnet. Rajoutant au passage quelques schémas pour ne rien oublier avant que sa mémoire ne lui joue des tours. Le peintre loucha discrètement dessus. Fallacy passait son temps à noter un tas de choses, un jour, il aimera pouvoir en connaître le contenu. Le voyageur lui partageait souvent ses observations, mais... Les lires seraient différentes. Un regard noir lui indiqua que son acte n'était pas particulièrement apprécié. Coupable, il détourna le regard ailleurs.

Ses orbites se promenèrent sur les rives autour du lac. Il finit par reposer le regard sur l'ombre qui avait touché le second oiseau. Lentement, elle quittait le lac pour s'enfoncer dans la forêt. Voutée vers l'avant, elle se mouvait si lentement, comme épuisée par ce monde... Comme pour l'ombre précédente, leurs postures n'étaient pas identiques mais toujours autant voûtées et lentes.

Soudain, il tiqua. Il avait compris ce qui le perturbait. Ce n'était peut-être pas particulièrement pertinent, ou peut-être que Fallacy l'avait déjà remarqué, mais Encre voulait, non avait besoin de lui dire. Après tout, il était deux, peut-être que le peintre pourrait l'aider plus que simplement lui faire une carte. Excité comme une puce, il se mit à agiter les bras essayant vainement de s'occuper l'esprit pendant que l'explorateur notait.

Levant son crayon satisfait, Fallacy se remit vérifiant qu'il n'avait rien oublié. « Il semble qu'à la fin de leurs vies, les animaux les plus âgés se laissent volontairement toucher pour mourir. Cela reste à confirmer. Pour le moment, deux cas ont été observés, si ce phénomène se répète à nouveau, cette hypothèse pourra être entièrement validé. L'oiseau n'a pas bougé, le fait de garder le contact avec l'ombre accélère sûrement le processus. » Il relava la tête, regardant son compagnon de voyage. Ravi, le peintre lui fit un grand sourire s'empressa de pointer sa bouche avant de fermer la main. Il attendit patiemment l'autorisation de l'explorateur, calmé par son regard si paisible. Ses pupilles dorés, aussi brillante que le soleil avait le don de détendre le peintre trop excité.

Après une rapide observation des alentours, l'explorateur hocha la tête. Le peintre hocha la tête ravie de pouvoir partager son observation. Il poussa un soupir pour se calmer, il ne devait pas crier, ni parler trop vite pour être complétement compréhensible.

- J'ai l'impression qu'il y a plusieurs sortes d'ombres différentes.

Fallacy le fixa perturbé, que voulait-il dire ? D'un rapide signe de tête, il lui indiqua de poursuivre. Le peintre inspira rapidement, fière et heureux de pouvoir expliquer son observation.

- J'ai l'impression qu'il y a deux sortes d'ombres, je vais me permettre de les nommer ainsi : ombre 1 et ombre 2. Les ombres 1, on les a vues en arrivant, elles étaient très agitées, plutôt droite, et même si elles sont lentes, elle restait tout de même assez vive. Les ombres 2, on en a vu très peu, ce sont celles qui ont « tué » les deux oiseaux. Elles étaient beaucoup plus lentes, beaucoup plus voûtées, comme plus fatigué... Je sais que c'est idiot, mais j'ai... l'impression qu'elles ne sont pas... pareil ...

Lorsque le peintre acheva sa dernière phrase, il ne put s'empêcher de se trouver idiot. Maintenant, qu'il exposait son observation, ça lui semblait stupide. Il n'en avait vu que deux et jamais à côté des « ombres 1 ». Si ça se trouve c'était son imagination. Honteusement, il leva sa tête pour s'excuser. Ses pupilles coupables croisèrent celles pensives de l'explorateur. Il ne semblait pas agacé, mais plus troublé, comme s'il cherchait des réponses.

Après de longues minutes de silence, qui semblait assourdissant pour le peintre, Fallacy léger signe de tête.

- Tu as raison Encre. Je suis impressionné, je ne l'avais pas remarqué. Mais maintenant que tu le dis, en effet leur mouvement était différent.

L'artiste ne put s'empêcher de frissonner, il avait été utile ! Mieux, que cela, Fallacy était impressionné !! Il était tellement fier, il était vraiment heureux d'avoir sauté dans cette barque. Cette aventure était la meilleure idée qu'il avait eue.

- Il faudrait comprendre pourquoi il y a une telle différence... As-tu observé une autre différence notable entre les deux ?

Hésitant, il finit par murmurer encouragé par le regard remplie de bienveillance de l'explorateur.

- Les ombres 2 semblent être plus... mou... j'ai l'impression qu'elle fonde. Je ne sais pas comment expliquer, je suis désolé...

La voix de l'explorateur était douce, nullement contrariée. L'âme du peintre se réchauffa. En rentrant au pays, il apprendrait du vocabulaire, mais pleurnicher ici ne servait à rien.

- Pourrais-tu me dessiner les deux espèces d'ombre ?

La voix de l'explorateur était douce, nullement contrarié. L'âme du peintre se réchauffa. En rentrant au pays il apprendrait du vocabulaire, mais pleurnicher ici ne servait à rien.

- Je... pense en être capable, mais où ?

L'explorateur sourit soulagé d'avoir trouvé une solution.

- Dans mon carnet. Je vais chercher de l'eau en attendant. Ensuite, on rentrera, j'aimerais rentrer au bateau avant la nuit. Cela te convient ?

Le peintre hocha la tête, souriante. Il prit précautionneusement le carnet et le crayon avant de crayonner ce dont sa mémoire se souvenait. Faisant danser le crayon sur le papier, il tiqua. Depuis quand Fallacy et lui se tutoyaient ? Depuis quand ils étaient d'égal à égal ? Pouvait-il se considérer comme son ami ? Son âme chauffa doucement, il était assez intime pour se tutoyer, alors il serait, un jour, assez intime pour être ami.

Pour le moment, il avait une tâche à réaliser, alors plutôt que penser à cette future amitié, il devait se concentrer sur le dessin.

Quand il eut fini, Encre devait avouer qu'il était particulièrement satisfait du résultat. Il ferma doucement le carnet puis le rendit à l'explorateur. D'un rapide signe de tête, il indiqua d'être prêt à retourner sur le rivage.

Le retour fut plus simple et plus rapide que l'allée. Leurs corps commençaient à réellement s'habituer à l'exercice. Soulagés, ils arrivèrent sur le sable chaud bien avant le crépuscule. L'explorateur observa amusé le peintre rouler sur le sable chaud pour détendre ses muscles magiques épuisés. Il pouvait comprendre la fatigue de son compagnon de voyage, lui-même était complètement engourdi. Il le laissa jouer quelques minutes avant de tousser pour le rappeler à l'ordre.

- Partageons nos connaissances Encre.

Le peintre hocha la tête avant de s'asseoir sagement en face de Fallacy. Ce dernier avait déjà ouvert le carnet au niveau des croquis d'Encre.

- Tu vois les ombres 2 semblent être en train de fondre.

Fallacy hocha la tête pensivement.

- Un peu comme les oiseaux qui sont touchés.

Hochant rapidement la tête, le peintre répondit rapidement.

- OUI !! Pardon... Lorsqu'ils s'envolent leurs formes distinctes avant de lentement fondre et devenir une sorte de flaque noir.

L'explorateur retraça lentement les croquis à l'aide d'un doigt.

- Ce qui signifie, que les ombres 2 sont plus âgée. La transformation des humains est juste beaucoup plus lente que pour celle des petits animaux. Dans ce cas... les deux types d'ombres dépendent de leurs générations.

Hésitant, le peintre murmura.

- Les ombres 2 seraient sur l'île depuis très longtemps... peut-être des natifs ... les ombres 1 seraient les explorateurs qui ont tous été transformé il y a 20 ans ... ?

Convaincu, il répondit simplement, lui offrant l'un de ses magnifiques sourires.

- Je suis du même avis.

Le peintre recula, laissant l'explorateur noter leurs déductions ainsi que le raisonnement qui était tout aussi important que la conclusion. Encre balaya son regard de droite à gauche cherchant à s'occuper l'esprit. Son regard fit attirer par de longue tige verte, posé soigneusement à côté de Fallacy. Il les observa, que faisait ces plantes ici ?

- Elles t'intriguent ?

Le peintre hocha rapidement la tête, curieux.

- Ce sont des feuilles de plantain. Elles sont très utiles, si on les broie et qu'on les place en cataplasme sur une blessure, cela permet de protéger la plaie, d'arrêter le saignement et aide à la cicatrisation. On s'est abîmé les mains avec les écorces, autant bien nous soigner. Ça pousse un peu partout, et c'est assez pratique.

Encre prit une feuille essayant de mémoriser la forme.

- Un jour... Tu pourrais m'apprendre à faire des cataplasmes ? Je ne te dérangerai pas ! J'aimerais juste apprendre.

L'explorateur ria légèrement hochant rapidement la tête.

- Pas besoin d'être aussi formel, bien sûr, cela te sera utile pour tes prochains voyages.

Troublé, l'artiste le regarda droit dans les orbites.

- Vous pensez que je ferai d'autres voyages ?

Les oiseaux chantaient joyeusement, comme amusés par leurs discussions. Ces deux être, voulant parcourir le monde entier, ne sont-ils pas les frères des oiseaux ?

- J'en suis persuadé, tu as l'âme d'un explorateur, mais avant, il faut que tu ailles à l'académie apprendre à faire de belles cartes. Ensuite, le monde t'ouvrira ses portes.

Le peintre soupira mal à l'aise.

- L'académie est chère...

Il était indéniable, Fallacy s'était attaché à cette artiste. Il avait un immense talent et était un excellent observateur. Avant de lâcher un tel dîmant dans le monde de l'aventure, il faut le polir encore un peu.

- Considère cela comme une partie de ton salaire. Et si un jour l'envie te reprend, peut-être que nous irons dans un autre pays ensemble. Je serai ravie d'être accompagné par un cartographe aussi habile et courageux que toi.

Profondément reconnaissant émus, le peintre avait besoin de cette promesse. Au fond, il se doutait qu'il aimait autant ce voyage, car il était au côté de l'explorateur.

- J'aimerai aussi, faisons-nous la promesse, nous voyagerons à nouveau ensemble.

Amusé, le plus âgé lui prit la main, scellant leurs promesses sous le regard du soleil qui commençait à se coucher.

- Je te le promets.

Voyant l'ombre des arbres s'étendre lentement sur la plage, les deux amis décidèrent de retourner au bateau. Ramassant au passage leurs vêtements séchés par le soleil rieur, ils traversèrent la barrière de l'eau pour rejoindre leurs embarcations.

Sans la moindre difficulté, ils grimpèrent dans la barque. La mer léchait doucement l'embarcation de bois. Comme toujours, ils se changèrent pour être au sec avant d'accrocher leurs vêtements pour qu'il commence à sécher durant la nuit.

Profitant des derniers rayons du soleil, il sortit un mortier et un pilon. D'un geste vif, il découpa les feuilles à l'aide de son couteau. Le manche en bois d'olivier l'avait accompagné depuis qu'il avait quitté son village. Soigneusement, il nettoya la lame avant de la rangé dans sa veste. D'un geste habile, il écrasa les plantes afin de préparer le cataplasme sous le regard attentif du peintre qui essayait de tout mémoriser sans le déranger.

- Pourriez-vous me donner une page de votre carnet... ? J'aimerais dessiner cette plante pour la reconnaître si j'en ai besoin...

L'explorateur arrêta son mouvement pour observer Encre.

- Je suis navré, mais je ne peux pas.

L'artiste baissa les épaules, coupable, les carnets était le bien le plus précieux du plus âgé, c'est compréhensible qu'il refuse.

- Je comprends... Je suis désolé.

Silencieusement, l'explorateur posa le mortier, avant de se sortir un deuxième carnet et lui tendre.

- Cependant, tu peux dessiner dans ce carnet. J'ai hésité à t'offrir un carnet, tu ne semblais pas être intéressé à l'idée de garder une trace de ton voyage. Mais si tu désires dessiner les plantes que je te présente, alors il te sera utile. J'aimerais aussi te donner une consigne assez égoïste, il s'agit de ton tout premier voyage, je souhaite que tu en gardes une trace. Raconte ce voyage de ton point de vue, de ton ressenti, je te promets, dans quelques années, tu le reliras amusé.

Les mains tremblantes, le peintre prit le carnet. Ce n'était pas un simple carnet, ceci était le signe de la profonde confiance que Fallacy lui accordait. Il fixa le carnet de longue seconde l'admirant, il était si beau, si lourd et si léger. Il n'osait pas l'ouvrir. Et s'il le perdait ? Il ne méritait pas cette soudaine confiance !

Un crayon entra dans son champ de vision.

- C'est plus pratique pour écrire.

Encre serra l'explorateur de toutes ses forces le remerciant en boucle. Il était incapable de dire autre chose que merci.

Merci de m'avoir parlé. Merci de m'avoir pris sur votre bateau. Merci pour votre confiance. Merci de m'avoir guidé. Merci pour ce carnet. Merci pour tout. Ce soir-là, pendant que la Lune paresseuse s'éveillait, Encre se promit d'accompagner l'explorateur durant toutes ses prochaines aventures. Il serait son cartographe, peu importe le danger, il le suivrait partout. Une vie de loyauté ne serait jamais assez pour témoigner l'entièreté de sa reconnaissance.

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Et un chapitre de fini, Fallacy et Encre commence vraiment à se rapprocher. C'était très agréable à écrire comme chapitre, l'excitation du voyage commence à se faire ressentir. D'ailleurs la partie où Encre débat sur le fait de fuir sans Fallacy était beaucoup plus courte. En faisant ma relecture, j'ai décidé de la rallonger pour mettre en valeur les sentiments de notre peintre préféré. Je ne sais pas si c'est réussi.

Depuis le début, j'essaye de donner un vrai rôle à Encre, pas simplement une intrigue amoureuse. Encre aide vraiment Fallacy !

Comme je l'ai dit dans le prologue, j'avais l'idée de cette histoire depuis plus d'un an. Si cela vous intéresse, une fois l'histoire finie, je publierai sous forme de bonus mes notes et la version 1 de cette histoire qui n'a pour le coup rien à voir, l'intrigue était pour le coup très différentes, avec des personnages qui n'ont rien à voir. Mais je l'ai abandonné la trouvant trop clichée. Je préfère largement cette version. Mais la première version et mes notes, pour créer cet univers aborde des choses qui ne seront sûrement pas données dans cet écrit.

Petite question pour ceux qui lisent sur téléphone, vous voyez les cartes ou pas ? Elle est normalement mise en média au-dessus du titre du chapitre.

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui.

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