Alors que leurs yeux étaient fermés et que leurs lèvres n'étaient plus qu'à quelques millimètres de se toucher, Marinette combla le vide qu'il restait pour que leurs lèvres se touchent enfin, ces lèvres, ces douces lèvres, elle les avait enfin goûtées, elle y était enfin arrivée, elle avait réalisé son rêve et le rêve de milliers de filles dans Paris. Ça aurait pu être n'importe quelle personne, mais c'était elle, Marinette, la fille maladroite et gaffeuse qui l'avait fait.

De son côté Adrien, qui était resté plutôt zen jusqu'à présent, sentit son cœur s'affoler dans sa cage thoracique. Lorsqu'il sentit ces petites lèvres si douces le toucher il succomba, il n'aurait jamais imaginé les lèvres de Marinette aussi douces.

Chloé de son côté n'avait pas manqué un seul moment, elle était rouge de rage et de colère. Comment SON Adrichou pouvait-il embrasser quelqu'un autre qu'elle, la seule personne qui en soit digne ?

– Calme-toi Chloé, ce n'est qu'un exercice de théâtre, ce n'est pas pour de vrai, lui dit Sabrina pour essayer de la calmer.

– Heureusement que ce n'est pas pour de vrai ! répondit Chloé plus énervée que jamais.

– Mlle Bourgeois, parlez moins fort ! intervint Mr Boucrôt.

Chloé continua donc de pester à voix basse.

Leur baiser n'avait duré que trois petites secondes tout au plus, mais pour nos deux adolescents, le temps s'était arrêté, le temps leur avait paru une éternité.

Une fois leurs lèvres décollées les deux collégiens n'osèrent pas se regarder, le silence s'installa, un silence lourd. Ni l'un ni l'autre ne savait quoi faire maintenant. Adrien était sur le point de parler quand une voix se fit entendre, la voix d'Alya.

– Je la prends pour un moment, intervint la brune. Elle la tira par l'épaule et l'emmena dans un endroit isolé de la salle.

Nino quant à lui s'était rapproché d'Adrien pour bavarder tranquillement. Alya prit Marinette par les épaules et l'emmena à l'autre bout de la salle pour qu'elles ne soient pas dérangées par des yeux et des oreilles mal intentionnées.

– Alors comment c'était ce premier baiser avec le garçon de tes rêves, je veux tout savoir, dans les moindres détails, s'écria Alya tout excitée.

– N'y'a pas grand-chose à dire vrai... commença Marinette d'une voix douce et à peine audible.

– Rien à dire, tu rigoles j'espère, tu viens d'embrasser le garçon que tu regardes depuis un bon moment, donc tu vas TOUT me dire et dans les moindres détails, la coupa Alya qui sautillait tellement elle était contente pour sa meilleure amie.

– En fait on avait failli s'embrasser juste avant que le professeur nous coupe, je ne t'explique pas la gêne et la frustration que j'ai eues, mais bon... Après avoir repris nos esprits nous avons recommencé et là... J'ai ENFIN réussi, j'ai embrassé Adrien Agreste, je crois que je ne réalise pas tellement c'est fou et tellement c'est inimaginable pour moi, tu n'imagines pas à quel point ses lèvres sont douces, je crois que mon cœur s'est arrêté de battre pendant quelques secondes, c'est le plus beau jour de ma vie, mon premier baiser avec Adrien, finit Marinette qui n'en revenait pas.

Alya quant à elle était amusée par la situation.

– Je ne sais pas si tu vas me tuer, mais sache que je l'ai fait pour toi, commença Alya.

« Qu'est-ce qu'elle a encore fait » se demanda Marinette.

– J'ai pris une photo de votre baiser, regarde, finit Alya en sortant son téléphone de sa poche.

En effet, sur la photo on pouvait voir Marinette et Adrien en train de s'embrasser, ils avaient tous les deux les yeux fermés et avaient l'air naturels comme s'ils le faisaient tous les jours.

– Alya, je, je ne sais pas quoi dire, j'ai envie de te tuer et de te couvrir de cadeau à la fois, merci Alya vraiment, reprit Marinette.

Elle ne savait pas quoi dire.

– Ne dit rien alors, reprit Alya toute contente que sa meilleure amie ne lui en veuille pas.

– Bon tout le monde a fini, bravo à tous, je sais que ce n'est pas évident de faire ce genre d'exercices, mais ça vous servira pour les prochains oraux. Encore une fois je vous félicite, il n'y a eu aucun problème et je vous en remercie !

– S'il vous plait, on se retrouve dans 5 minutes devant le self, le temps que tout le monde puisse poser ses affaires au casier, intervint Marinette.

Une fois tout le monde averti Marinette sortit de la salle d'étude en compagnie d'Alya. Elles rejoignirent leurs casiers en parlant du cours qu'elles venaient de passer.

–... J'ai éclaté de rire en voyant vos têtes à toi et Adrien quand j'ai annoncé le thème et je n'étais pas la seule, raconta Alya à sa meilleure amie.

– Oui j'ai bien vu je crois que je vous aurais tué tous les... commença Marinette.

Elle se fit couper par un certain blond aux yeux verts.

– Désolé de vous déranger, mais je voulais te remercier Marinette pour avoir parlé à la classe du repas, coupa Adrien.

Marinette chercha ses mots.

– C'est normal je t'avais dit que je le ferai et puis je l'ai fait avec plaisir, répondit la bleutée avec un grand sourire.

– Bon vous finirez les remerciements plus tard, les autres nous attendent donc on y va ! s'écria Nino alors qu'il était arrivé à peine quelques secondes plus tôt.

– Oui, tu as raison, finit Alya.

Les quatre amis descendirent donc tous les quatre à l'entrée du self où se trouvait déjà toute la classe.

– On mange quoi au fait, c'est bien beau que ce soit le repas de Noël, mais bon, demanda Alix.

– On sait juste que c'est le repas de Noël et qu'il y a la surprise du chef pour le dessert, c'est tout, répondit Mylène.

Marinette rigolait intérieurement, ce sont ces parents qui avaient fourni les desserts donc elle savait depuis un moment quel serait le dessert prévu.

– On verra bien, enchaîna Marinette l'air tout à fait innocent.

C'est à ses mots qu'ils entrèrent dans le self pour prendre leurs plateaux et leurs repas. Dans le self on pouvait voir qu'il y avait eu des changements de décoration, des guirlandes, des petits sapins pendus un peu partout, du gui, et bien sûr le sapin avaient fait leur apparition, c'était devenu plus... chaleureux et plus festif. On pouvait voir une grande ardoise où il y avait le menu : mousse de foie, dinde avec pommes de terre, fromage et surprise du chef.

Une fois leurs plateaux bien remplis ils s'installèrent à une table. Au fur et à mesure du repas des petits groupes de discussions se formèrent. Les sujets étaient divers, à un endroit on parlait des cadeaux qu'ils avaient demandé et à un autre du lieu où ils allaient passer leurs vacances. Bien sûr les adolescents — ou plutôt une adolescente — parlaient des derniers exploits de la jeune héroïne et puis comme toujours, dans un coin de table, des lamentations en tout genre.

Tous les élèves avaient fini leur repas, ils attendaient avec impatience que les cuisiniers mettent les desserts à disposition. Les plus impatients allèrent demander quand ils pourraient se servir et on leur répondait « Bientôt, le temps de tout ranger et de mettre tout le dessert en place » et les impatients repartaient à leurs places en soufflant.

– Les desserts seront servis dans quelques instants, s'écria le chef.

Et comme promis, deux minutes plus tard, les desserts étaient à disposition. C'était des bûches comme beaucoup le pensaient avec comme couleurs principales le rouge, le noir et le vert : les couleurs de Ladybug et Chat noir, mais des bûches qui venaient pas de n'importe où, des bûches qui venaient de la boulangerie des Dupain-Cheng. En l'espace de quelques secondes, Marinette s'est retrouvée submergée de réflexions et de questions.

– Calmez-vous, s'écria Alya d'une voix forte qui fit couper tout le monde. L'une après l'autre les questions, merci.

Marinette remercia Alya à voix basse, inspira et souffla.

– Premièrement je ne vous ai rien dit parce que je n'en voyais pas l'intérêt et deuxièmement mes parents m'avaient fait promettre de ne rien dire, ils voulaient que ce soit une surprise et, comme je me connais, si je l'avais dit à une seule personne je l'aurais dit à tout le monde voilà maintenant bon appétit à tous, conclut Marinette, ne voulant pas rester sur le sujet plus longtemps.

– Moi je ne mangerai pas quelque chose qui vient de chez les Dupain-Cheng. Si quelqu'un le veut, prenez-le, je trouve ça immonde, dit Chloé assez fort pour que Marinette l'entende.

Marinette souffla, Chloé n'avait même pas goûté la bûche. « Chloé tout craché » pensa la jeune bleutée.

– Tu as tord Chloé, elle est succulente cette bûche, tu féliciteras tes parents de ma part, reprit Adrien souriant comme toujours.

Toute la classe, à quelques exceptions près, voulut que Marinette transmette le message à ses parents.

Après avoir fini leurs repas, tous les élèves de la classe sortirent dans la cour. Il leur restait 45 minutes avant leur prochain cours et ils pensaient bien en profiter. Aucune personne n'était d'accord pour faire la même chose, une personne proposait d'aller à la l'étage pour trouver une pièce où ils seraient tranquilles pour discuter ou autre et d'autres disaient qu'ils préféraient rester dans la cour pour bouger.

– Et si on faisait une « action ou vérité », et pour savoir si on le fait dehors ou dedans, on le fait à main levée, proposa Alix.

Certaines personnes étaient sceptiques, « la peur de se ridiculiser », avait-elle dit. D'autres étaient pour, comme Kim qui adorait les défis.

– C'est la meilleure idée que tu aies eu depuis beaucoup de temps Alix ! Allez faites-le ça va être amusant ! s'exclama Kim tout content de pouvoir lancer des défis à tout le monde.

Les dernières personnes acceptèrent et suite au vote à main levée le jeu se fit en intérieur, « en salle d'étude », comme l'avait proposé Max.

Une fois installés en cercle les élèves commencèrent à se donner des actions et des vérités plus absurdes les unes des autres. Au début c'était plutôt facile, « commençons avec des trucs assez simples pour finir sur des gages plus intéressants » avait dit Alix.

– À chaque fois que quelqu'un dit ton prénom, tu répètes la dernière phrase qu'a dit la personne à ta gauche.

C'était Alya qui avait fait faire subir ça à Nino. A priori ce n'est pas un problème, mais quand ses camarades s'amusent à l'appeler c'est une autre histoire. Ils appelaient systématiquement Alix — qui était assise à la gauche de Nino —, lui faisait dire des phrases assez complexes et puis bien évidemment, les secondes suivantes, le jeune métis était appelé. Nino maudissait sa petite amie, littéralement. Pour compliquer la tâche au groupe, Kim avait dit à Max « À chaque fois que quelqu'un dit action tu te mets sur une jambe jusqu'à ce que la personne qui a fait l'action l'ait finie. Après la question qui revenait était bien évidemment : "As-tu déjà embrassé quelqu'un ?", et les élèves qu'ils répondent positivement ou négativement devenaient aussi rouge que l'héroïne de Paris. Au fur et à mesure que la partie avançait, les actions et les vérités devenaient de plus en plus osées. Marinette s'attendait à tout de la part de ses camarades, même le pire, mais pas ça :

– Allez vas-y fais-le Marinette, c'est bon tu l'as déjà fait tout à l'heure, et puis, c'est juste quelques phrases de théâtre, rien de bien compliqué, insista la classe.

Pourquoi fallait-il que ça tombe sur elle, pourquoi Alya avait-elle proposé ça ? Ça faisait maintenant cinq bonnes minutes qu'elle essayait d'y échapper.

– Premièrement il faut qu'Adrien soit d'accord et deuxièmement il faut que l'on se souvienne de ce que l'on a dit et troisièmement vous êtes cruels, pourquoi je n'ai pas choisi vérité ? argumenta Marinette, essayant de convaincre la classe.

– Ce n'est pas grave si ce n'est pas exactement les mêmes paroles, insista Kim.

– Mais oui il a raison et puis, il y a 11,2 % de chance que tu redises la même chose, continua Max.

– On devrait le faire Marinette, ils vont nous le répéter jusqu'à ce qu'on le fasse, reprit Adrien.

Tous les élèves hochèrent la tête. Marinette se leva suivie d'Adrien puis ils se mirent en place. Adrien prit une grande inspiration et répéta à quelques mots près les phrases qu'ils avaient récitées à peine quelques heures plus tôt.