Chapitre 8



La gorge serrée, Molly sentait déjà son corps l'abandonnaient alors que son hôte l'observait en bout de table avec une insistance qui lui valu enfin de parler.

- si j'ai quelque chose sur le visage, il est grand temps de me le dire altesse.

D'un sourire arrogant, il avait frotté sa barbe d'un noir corbeau, en dardant sur elle un regard que jamais au grand jamais elle aurait souhaité voir un jour.

- je vous sent tendue.

- évidemment que je suis tendue, je suis la contre mon gré. Rétorqua-t-elle en se redressant sur sa chaise.

Son sourire s'effaça. Il se redressa comme un félin prêt à bondir sur sa proie.

- à vous écoutez je vous ai enlevé, il me semble que c'est vous seule qui avait décidé d'être ici !

- par chantage, jamais je n'aurais pensé un jour devoir subir le bon vouloir d'un cheikh qui visiblement n'a pas supporter qu'on lui manque de respect.

- donc vous admettez m'avoir manqué de respect.

Alors que des serveurs garnissaient la table, Molly profita de cette interruption pour réfléchir à ce qu'elle allait dire.

- je ne vous ai pas manqué de respect. dit-elle enfin seule avec lui.

Ce n'était pas exactement ce qu'elle aurait voulu dire.

- pourquoi vous ne voulez pas apprendre à me connaître très chère Molly ?

Elle aurait voulu lui crier, parce que je vous connaît suffisamment pour savoir de quoi il en retourne, mais le murs calcinés de son ancienne maison la stoppa dans son élan.

- pourquoi faire ? M'attirer dans votre lit ?

Le visage fermé, il était resté immobile en la fusillant du regard.

- je ne tolère pas les fausses accusations mademoiselle.

- et moi je ne tolère pas d'être ainsi prise au piège d'un chantage. Répliqua Molly avec une audace qui l'avait surprise elle-même.

Une grande distance les séparés mais même avec ça Molly ne put réprimer un violent sentiment. Combien de fois avait-elle rêvé d'être assise autour de cette table ? Des centaines de fois sans doute. Pourtant ça lui avait été interdit. Son père lui répétait sans cesse qu'elle ne devait pas imaginer un jour tenir une place telle qu'elle soit au milieu de toutes ces personnes qui n'évoluaient pas comme eux

- assez parlé restaurez-vous.

Cette voix autoritaire l'avait ramené à la réalité.

Molly n'en attendait pas moins de lui, se montrer aussi détestable qu'il ne l'avait été dans le passé semblait être la bonne stratégie.

Mais malgré ses efforts pour ne pas craquer, elle ne pouvait ignorait les frissons qui parcouraient sans mal ses joues puis sa nuque.

Dans un pénible silence, Molly devait faire face au regard insistant de l'homme, car sans gêne il dardait sur elle ses yeux sauvages et d'une cruelle étincelles.

Elle s'était retenue pour ne pas rétorquer quelque chose.

Yadhar observait d'un œil attentif sa convive faire bloque, ni un mot, ni une parole sortait de sa délicieuse bouche, elle ne l'aimais pas et c'était bien la première fois de sa vie qu'une femme la haïssait d'avance sans même avoir fait ou dit quelque chose.

Dans un autre temps, il l'aurait sans doute enfermé dans ses quartiers comme punition, mais hélas cette idée lui traversa vaguement l'esprit, la petite chose fragile en boute de table avait du cran, de l'audace ! Curieusement Yadhar aimait ça, il avait envie de creuser un peu plus dans les profondeurs de la jeune femme. Notamment la profondeur de ses yeux bleu azur qui lui rappelait de douloureux souvenirs. 

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