Véritable chapitre 4
«J'avais pas dormi. De la nuit. J'avais tellement mal aux côtes. Mais surtout, je déteste mentir à mes parents. Ça me fait sentir pas digne d'eux. Emmanuel m'a dit d'arrêter de culpabiliser sur mes parents. Il m'a dit que tout le monde faisait des erreurs, et que tout le monde avait déjà plus ou moins menti à ses parents. J'ai acquiescé, mais je pensais tout le contraire. Après tout, j'ai jamais voulu être comme tout le monde ! Je crois que c'est ma phobie. Être comme tout le monde.»
Wow. La première fois en un an déjà de carnet qu'elle faisait allusion au fait qu'elle venait me voir. Et c'est là que j'ai commencé à me poser la question : est-ce que, durant toutes ces années, j'avais vraiment aidé Karen. Plus la lecture avançait, plus je doutais.
«Un jour, les filles voulurent cinquante euros. Sinon, elles montaient Lola contre moi. Mes parents me donnaient seulement cinq euros par mois. Je n'avait pas trente à leur donner. Je leur aient dis, elles s'en fichaient. Si je ne leur donnaient pas le lendemain, elles me tueraient.
Le lendemain, je n'avais rien. J'ai essayé de négocier à mes parents pour qu'ils m'avancent, mais ils avaient catégoriquement refusé. Les filles, au lieu d'aller voir Lola, irent voir les garçons. Ils avaient beaucoup plus de force qu'elles. En les voyant arriver, je fondai en larmes. J'aurais pu m'enfuir dans les toilettes, mais j'étais tétanisée. Et j'avais mes raisons. Le premier coup partit avant même que j'eus le temps de réagir. Il était beaucoup trop fort. Je sortit saine et sauve, contrairement à ce que m'avaient annoncé les filles, mais bien amochée. J'avais saigné du nez, et mes côtes me faisait atrocement souffrir. Mes parents, inquiets en me voyant rentrer, avaient difficilement gobé que j'étais tombée sur le verglas. Ma visite chez Emmanuel cette semaine-là fut très longue. Tantôt mes parents lui parlaient de façon interminable, tantôt je murmurait rapidement de frêles excuses au psychologue pour calmer la fureur sans nom de mes parents atrocement inquiets pour mon sort. Ce va et vient incessant de maman dans la pièce faisait claquer ses talons aiguilles sur le parquet vieillissant de la salle. Je redoublait d'effort pour ne pas éclater en sanglots, tant j'avais honte.»
Je me souviens aussi de cette visite.
Quand je vus Karen arriver, cet après-midi là, je savais que la séance allait être longue. Les samedis où Karen avait rendez-vous, je prenais mes précautions : elle devait être là dernière cliente de la journée, pour ne pas déborder sur mes autres rendez-vous en cas de crise. Et ce jour-là, mes précautions furent bénéfiques.
Sa mère était complètement hystérique. Je penses que je n'ai jamais vu une personne aussi... folle, on peut le dire.
Elle est arrivée dans la salle d'attente avec le mascara dégoulinant des yeux; elle qui était toujours tirée à quatre épingles, elle était ce jour-là dévastée. A vrai dire, je n'avait pas vraiment pitié pour elle. Elle était l'une des mères capricieuses auprès de son mari, attendri et presque surprotectrice au niveau de sa fille sans vraiment s'occuper d'elle. Cette femme était dans un état déplorable; mais si elle voulait tant le bonheur pour sa fille, pourquoi ne pas s'en occuper plus ?
Elle était dévastée pour cet événement en particulier alors que sa fille avait besoin d'un vrai soutien maternel tout au long de sa vie.
Sa mère était absente dans sa vie à partir du moment où son éducation ( pour elle ) était terminée. Mais Karen se faisait embêter depuis son plus jeune âge et sa mère ne s'en rendait compte seulement maintenant ?
Dans un métier comme le mien , on se doit de ne pas juger les gens. Mais cette fois je n'avais pu m'en empêcher. Et Karen me jetant des regards désolés, je crois que cet épisode restera à jamais gravé dans ma mémoire.
«En sortant du cabinet, je vis que la nuit était déjà tombée. Mon père n'avait pas prononcé un seul mot depuis le début de la soirée, par contre ma mère n'arrêtait pas. Elle parlait même, à mon avis, pour ne rien dire. Quant à moi, je me contentait d'approuver les propos insupportables de ma mère avec dépit.
«Karen, pourquoi t'est tu laissée faire ? Tu n'as rien dans le cerveau ?
Soit comme tout le monde un peu ! » avait déclaré ma mère rouge de colère. Personne, dans ma famille ne comprenait ce que je ressentais. Aucun n'essayait de comprendre surtout. Sauf Emmanuel. Mais il n'était pas de ma famille, et je ne voulais pas qu'il connaisse une trop grande part de ma vie. Il avait tellement de patients, et puis il devait s'en foutre de moi. Quand on gagne soixante euros de l'heure, on s'en fiche du reste, non ?»
Elle se trompait royalement. Quand j'étais petit, j'étais un peu le confident de tout mes copains à l'école. Les garçons, à l'adolescence sont durs entre eux. J'étais le seul à pouvoir écouter les autres parler de leurs vies pendant des heures. J'aimais me sentir important à leurs yeux, pour la confiance. Je n'ai jamais répété à qui que ce soit aucun secret. Mais quand un problème se posait, en rentrant de l'école, je pouvait passer des heures entières à réfléchir et à essayer de le résoudre.
Un jour, mon meilleur ami m'avait dit : «Tu sait Manu, tu devrais devenir Psy ça t'irait bien.»
Tous mes patients étaient importants à mes yeux. Un peu comme de bons amis qui se confiaient à moi. J'ai toujours aimé être le confident.
Je me demandais de plus en plus si l'estime que Karen avait pour moi n'était pas réduit à la taille d'un grain de sable. Je griffonnais rapidement sur le cahier de Karen ces quelques mots : « Tu t'est complètement trompée Karen, depuis le début.»
Bonjour à tous. Pour commencer, je suis désolée, j'ai publié le chapitre suivant, j'espère que vous ne l'avez pas lu. Sinon je vous ai spoiler 😉 désolé !
Ensuite, en discutant avec des lecteurs, je me suis rendue compte que la construction de mon histoire n'était pas très claire.
Il y a deux types de chapitres :
-les «chapitres»(c'est l'histoire du petit livre, l'histoire principale)
-les «véritables chapitres», qui sont les chapitres de ce qui est écrit sur le petit livre.
Le petit livre vit ses aventures (chapitre) et lit son histoire (véritable chapitre)
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top