Chapitre 1

Il était une fois, un livre. Il était très fier de sa nouvelle jolie petite couverture, toute brillante avec de jolis dessins dessus. Il aimait aussi sa tranche avec son nom qu'il disait mignon.  Ses fines pages encore chaudes, sur lesquelles venaient d'être imprimés des mots, lui plaisait tout autant. Pas besoin d'enquêter sérieusement, pour dire qu'il s'aimait.
Le jeune livre fut posé dans un carton, où d'étranges vibrations  le faisait bouger dans tous les sens. Avec ces bruissements incessants, s'accompagnaient de gros tambourinages qui faisait gigoter le pauvre petit livre et ce dernier se cognait dans tous les recoins en poussant de petits cris aigus.
«Vous allez arrêter de hurler à la manière d'un singe ! Vous rendez tout le monde sourd ! » râla une voix derrière lui. «Nous sommes tous secoués comme si nous étions sur le dos d'un âne ! Tout comme vous et nous ne baragouinons pas comme des fous »
« Vous avez raison, plus on est de fous, plus on rit !» déclara une autre voix, cette fois-ci plus éloignée, en s'esclaffant.
Un des voisins  du petit livre, plus aimable que les autres essaya tant bien que mal de lui expliquer, avec tout ce chahut, que des dizaines de livres avait été entassés dans ce carton, et que le premier livre qui avait parlé s'appelait «Les musiciens de Brême » et que le deuxième livre était un recueil de citations et que la parole qu'il avait prononcé n'était autre que sa citation  préférée, qu'il cantonnait dès qu'il pouvait. 

Tout ce remue-ménage avait fatigué notre petit livre, qui après s'être longuement habitué au bruit,  s'endormit vite.

Le jeune ouvrage se réveilla en sursaut. Il fut effrayé par un mauvais rêve, qui le tourmenta. Après avoir repris ses esprits, il se rendit compte que le ravage avait cessé. Le carton bougea, puis, quelques minutes plus tard, s'immobilisa. Inutile de dire que le petit livre et ses compagnons étaient sortis de la camionnette, garée sur une place parking d'une des nombreuses librairies de Londres.

Le carton resta immobile un long moment, se qui ennuya le petit livre. Lui qui était tous jeune, n'avait aucune idée de comment pouvait-il occuper ces deux longues heures d'ennui, alors que tous les autres livres dormaient. Il essaya plusieurs tentatives de sortie de ce carton tout noir, car, comme il était sur le dessus de la pile de livres, il lui suffisait de soulever le haut du carton,  et de se lever pour sortir. Malheureusement, le petit livre ne parvint pas à ouvrir le carton. Il envisagea de muscler ses petits bras tout fins, mais après de longues séries d'exercices, sans savoir si ces exercices le musclait vraiment, le pauvre petit livre ne parvint toujours pas à soulever le haut du carton, bandé de ruban adhésif .

"Au moins, " se disait-il "si j'avais été un livre sur la musculation, je n'aurais pas eu de difficultés à me muscler correctement."

Le jeune livre se questionna ensuite s'il ne devait pas demander aux livres si l'un d'entre eux parlait de musculation. Il se retint finalement pour éviter de déranger les autres.

Le petit livre essaya ensuite de percevoir des sons extérieurs, mais le silence était pesant. Il se décida à trouver, parmi les dizaines de livres, au moins un ami, avec qui bavarder ou rire. Hélas les livres étaient tous extrêmement serrés les uns contre, si bien qu'il se pouvait bouger, et que tous les livres autour de lui dormaient d'un profond sommeil. Le petit livre fut ennuyé de ne pouvoir bouger, parler, rigoler, ou même rien que regarder quelque chose. Durant les deux longues heures, il attendit impatiemment, sans cesser de gigoter, ce qui par chance ne réveilla aucun livre, car il n'avait pas envie de provoquer encore une fois, une horde de commentaires désagréables grommelés par les autres livres.

Alors qu'il semblait s'assoupir, le petit livre perçut quelques mots échangés par deux hommes :

"C'est bon, on a fini de rassembler et décharger tous les cartons dans la remise. Le libraire m'a dit que nous rangerons tous les livres sur les nouvelles étagères, celles que nous avons installé hier.

L'autre homme acquiesça par un son incompréhensible, puis tous deux sortirent  de la remise, en claquant la porte derrière eux.

Le jeune livre fut exaspéré de savoir que lui et ses "amis" les livres, resteraient dans leur sombre carton jusqu'à demain.

Après une heure d'ennui acharné, le voisin du petit livre se réveilla.

Ils commencèrent à parler, et les heures défilèrent. Plus de deux heures, de chuchotements et de petits rires amusèrent le jeune ouvrage et son compagnon.

"Tu sais, moi, je raconte l'histoire d'une petite fille, qui va rendre visite à sa grand-mère. Elle doit pour cela passer dans la forêt. Un loup, affamé, qui passe par là, lui conseille de prendre le chemin de droite. Elle ne le sait pas, mais c'est le chemin le plus long. Le grand méchant loup prend alors un raccourci, entre chez la grand-mère, et la dévore. Il se fait ensuite passer pour la grand-mère et croque la pauvre petite enfant. Heureusement, un chasseur passe par là, lorsque le loup fait sa sieste digestive, et il remplace la grand-mère et l'enfant par des cailloux. Ils s'enfuirent tous les trois et vécurent heureux jusqu'à la fin des temps. Et toi, quel est ton histoire ?"

Le petit livre bégaya. Jamais il n'avait lu sa propre histoire, il ne savait même pas comment faire.  L'autre livre, sentant qu'un malaise était entrain de s'installer, le réconforta :

Ne t'inquiète pas, c'est très facile de lire son histoire regarde, tu tends ta couverture et tu lis ce qu'il y a sur les pages. Quand tu as fini une page, tu la tournes, et l'autre apparaît, c'est magique !"
Le petit livre ouvrit en grand sa couverture, et commença à suivre les nombreuses lignes de lettres qui composaient la page ...

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