【Une habitude】
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Je n'aurais jamais cru qu'un câlin puisse être le déclencheur de tant de choses, pourtant, en cet instant, sans le vouloir, ma poitrine se fait plus douloureuse que les secondes précédentes, et instinctivement, mes larmes passent la barrière de mes paupières.
Mes pleurs sont si bruyants, mon Dieu.
Le plus vieux me caresse le dos pour essayer de me calmer.
Ça me fait tant de bien.
S'il te plaît, ne t'arrête jamais.
Les minutes passent alors, semblant éternelles.
_ J'aimerais que le temps s'arrête, soufflé-je, le visage niché au chaud contre son cou.
_ Tu aimes à ce point être collé à moi ? Tu vois, je t'avais dit que tu ne pouvais pas me détester, dit-il, fier et amusé.
Je lui souris faiblement, après m'être enfin détaché de lui.
_ Alors flemmard, on a dormi toute la journée ? pose-t-il, pour me changer les idées.
_ Yep.
_ Tu viens m'aider dans la cuisine ? questionne-t-il, en se levant. Ça te fera du bien de sortir un peu d'ici, et ça t'évitera de penser à des choses inutiles, confie-t-il, dans un sourire compatissant.
_ Yes sir !
La cuisine ouverte me permet d'avoir une vue entière sur la salle à manger et le salon.
Ça va être cool, grâce à cette activité avec le plus vieux, je vais pouvoir réellement me changer les idées.
Ou pas.
Comment pourrais-je, alors que l'aîné est assis dans le canapé, en train de zapper à la télévision pour tenter de trouver un truc intéressant à mettre ?
Oh, aller Changkyun, arrête de jouer au con !
On se fout complètement de ce qu'il fait !
Épluche tes carottes, et arrête de penser à ces conneries.
Aujourd'hui, personne ne m'a rien demandé concernant mon état, et pour ça, je ne peux que pleinement les remercier.
On a mangé dans le calme et la tranquillité, et une fois fini, la table débarrassée par mes soins, je les ai rapidement quittés, pour rejoindre ma chambre.
Rien n'a changé les jours suivants.
Une nouvelle routine s'était installée.
Je dormais, m'entraînais, et mangeais, tel était mon quotidien.
Et je peux dire sans mentir que j'en étais plutôt satisfait.
Personne pour me poser de questions désagréables.
Personne pour me faire souffrir, pour me rendre mal à l'aise, gêné, suffoquant.
Personne pour jouer dans mes cheveux, personne pour m'apporter de la chaleur et du réconfort...
Mais ce soir, comme à chaque fois que je pense être libre et apaisé, quelque chose d'inédit se déroule.
Cette nuit encore, alors que mon insomnie me joue une fois de plus des tours, pour la première fois, quelqu'un se faufile dans mon lit.
Le cœur battant à tout rompre, j'essaye de me retourner, mais la personne derrière moi ne m'en laisse pas la possibilité, l'espace entre le mur et moi étant trop petit.
Allongé sur le côté comme un idiot, je fixe le mur blanchâtre de ma chambre, stressé comme jamais.
Le cerveau en pagaille, et la poitrine plus que douloureuse, je sens cette personne poser l'un de ses bras sur mes hanches.
Dieu tout-puissant.
Cette chaleur qui m'envahit immédiatement...
_ Ça m'avait tellement manqué, souffle-t-il, comme un écho à mes pensées.
Hey, Changkyun, surtout, calme-toi !
Ça n'arrangerait personne que tu fasses une putain de crise cardiaque, ici et maintenant.
Vraiment, ce serait très, mais alors très bête.
_ Je ne pensais pas m'être autant habitué à toi, mais il faut croire que tu es bel et bien devenu ma peluche préférée. Sans toi, je n'arrive plus à dormir aussi bien qu'avant, chuchote-t-il alors, comme pour abréger mes souffrances.
Je te déteste, Son Hyunwoo.
Je vais crever ici par ta faute.
Ourson stupide.
_ Toi, mal dormir ? Qu'as-tu fait de mon hyung ? essayé-je de plaisanter.
_ Je l'ai mangé.
_ Pourquoi ça ne m'étonnerait même pas.
Sans même comprendre pourquoi, je suis pris d'un fou rire, et sans le vouloir, mon acolyte me suis dans mon élan.
_ Comment est le tien ? me pose-t-il alors.
_ De ?
_ Sommeil.
_ Oh. Voyons voir... Je dirais comme le tien, mais environ sept fois pire, placé-je, nonchalant, l'estomac en vrac.
_ C'est très précis, pouffe-t-il, timidement.
_ Oui, j'ai du temps la nuit pour faire ce genre de calculs hypers intéressants.
Soudain, il s'éloigne de moi, me laissant ainsi la place nécessaire pour bouger, ce que je fais de l'instant.
Une fois retourné, il me colle de nouveau à lui et glisse sa main dans mes cheveux.
_ Ça m'avait tellement manqué, soufflé-je, épuisé.
_ Tu me copies ! râle-t-il, faussement.
_ Et alors ? C'est interdit ?
_ Enfant insolent ! claque-t-il, en m'enfonçant son index dans les côtes.
Il faut vraiment qu'il apprenne à contrôler sa force.
_ Je t'aurais bien fait chatouille, mais tu es tellement peu discret que tu aurais réveillé tout le dortoir, se moque-t-il.
_ Très, très drôle.
Oui je sais, j'ai énormément de repartie.
Après cet aparté, les minutes s'écoulent, très lentes, et aucun de nous deux ne s'évertuent à vouloir briser ce silence, sûrement trop effrayé de gâcher ce moment de retrouvailles et de bien-être.
Mais malheureusement pour moi, il change d'avis en cours de route.
_ Kyunnie ? chuchote-t-il près de mon oreille, m'offrant de violents frissons partout sur le corps.
_ Hyung ? réponds-je, tout aussi bas.
_ Je ne veux pas te faire souffrir, mais je n'arrive pas à m'éloigner de toi, confie-t-il, la voix lourde de remords et de culpabilité. Je suis un mauvais hyung, pas vrai ?
Sa prise autour de ma taille et dans mes cheveux se fait plus pressante, et mon cœur, lui, amplifie ses battements par minute.
La tête placée au creux de son cou, je hume son parfum si doux et innocent.
Sans le vouloir, mes larmes mouillent son t-shirt, et mes mains, sans m'avoir consulté au préalable, décident de serrer ce vêtement comme si la personne à mes côtés pouvait s'échapper à tout moment.
_ Ne t'éloigne pas dans ce cas.
Mes paroles n'ont été que murmures, à tel point que je ne sais pas moi-même si elles sont parvenues à ses oreilles.
_ Est-ce bon pour toi si je ne le fais pas ? murmure-t-il, peiné.
_ Tu es beaucoup plus facile à gérer que mes nuits d'insomnie, avoué-je, la voix brisée. S'il te plaît, ne parlons plus de ça, aide-moi simplement à rattraper toutes ces heures de sommeil perdues. Je suis fatigué hyung.
De ses grandes mains masculines, il emprisonne mon visage au creux de celles-ci, et me fixe de ses yeux emplis d'une douce inquiétude, tandis que mes larmes, elles, reprennent de plus belles, silencieuses, glissant encore et encore le long de mes joues compressées.
Ses pouces essayent tant bien que mal d'essuyer mes joues trempées, et alors qu'il aurait aimé dire quelque chose, il abandonne l'idée, très certainement en voyant mon état lamentable, et me serre dans ses bras, avec une pression qui me ne laisse que pleurer davantage.
_ Plus fort, le supplié-je, la voix tremblante et implorante.
Serre-moi plus fort.
Que je ne puisse plus ressentir cette douleur dans mon cœur.
Serre-moi jusqu'à ce que mon corps s'endolorisse, que mes pensées se fassent troubles, et que je m'endorme pour de bon.
Je t'en prie, tu peux bien faire ça pour moi, pas vrai ?
Comprenant rapidement, il s'exécute.
Je n'ai jamais pleuré aussi intensément, même lorsque j'étais confortablement installé dans les bras rassurants de Kihyun.
Je ne pensais pas contenir autant d'eau, pourtant ces jours-ci, sans le vouloir, mon corps m'a prouvé le contraire.
Sans m'en rendre compte, plus apaisé, je me suis endormi.
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