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_ Tu ne crois pas qu'il pourrait avoir compris quelque chose ? demandé-je, angoissé, à mon confident.

_ Changkyun, on parle de Hyunwoo là, relève Kihyun, pour la énième fois.

Malgré son nouvel intérêt qui consiste à me mettre mal à l'aise le plus de fois possible en l'espace d'une journée, il s'est avéré que lui confier mes questions, mes doutes et autres choses superflues, m'aidais à ne pas céder trop facilement à la panique.

Me voilà donc aujourd'hui, de nouveau dans ma chambre, en train de discuter avec mon psy et son assistant de mes nouvelles inquiétudes.

_ Mais vous ne trouvez pas qu'il me regarde plus souvent ? Il fait plus attention à moi et ça m'angoisse ! Il n'est peut-être pas aussi long à la détente que vous le laissez croire.

En position fœtale sur ma princesse, je regarde mes deux amis tenter difficilement de me résonner.

_ Tu t'inquiètes beaucoup trop facilement, souffle Joo. Tu devrais continuer à vivre ta vie tranquillement, parce que pour l'instant, je t'assure qu'aucun changement ne pointe le bout de son nez.

_ Il a raison. Tu ne devrais pas t'inquiéter inutilement et faire confiance aux capacités de ton ours en peluche, sourit le plus vieux.

Tu parles...

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J'ai des preuves de ce que j'avance, bordel !

Rhaa ouais, j'aurais dû dire ça.

Mais qu'est-ce que j'aurais dit ensuite ?

Bizarre...

Je sens une main dans mes cheveux.

Il n'est pas censé dormir, lui ?

Ça fait longtemps qu'il ne l'avait pas fait.

Ça m'avait tellement manqué.

_ Tu n'arrives pas à dormir, hyung ?

Qui aurait pu dire qu'un jour les rôles s'inverseraient ainsi.

_ Il faut croire que non, me dit-il, d'une voix pourtant fatiguée.

_ Quelque chose ne va pas ?

C'est vraiment le monde à l'envers, c'est très étrange, je n'aime pas ça, j'ai un mauvais pressentiment.

Et en plus de ça, il met beaucoup trop de temps à répondre.

Il s'est endormi ?

_ Tu la vois toujours ? finit-il par sortir.

_ Qui ça ? chuchoté-je, le visage confortablement placé dans le creux de son cou.

_ La personne dont tu es amoureux.

Oh.

Cette conversation ne me dit rien qui vaille.

Je n'aime vraiment pas ça.

Je suis beaucoup trop fragile en ce moment.

Est-ce qu'il aurait réellement compris ?

Je veux partir d'ici, je veux que le jour se lève !

Pitié. Je ne me sens pas bien.

Une éternité plus tard, je réponds à mon tour.

_ Oui.

Trop de temps d'attente entre les réponses !

_ Tu as remarqué des changements qui te laisseraient penser qu'elle t'aime en retour ? tente-t-il.

_ Pas vraiment, non.

_ Et j'imagine que lui dire...

_ Jamais, soufflé-je, d'une voix calme et fragile.

_ Donc le seul moyen, c'est qu'il le découvre, conclut-il alors.

Retiens ta crise de panique Changkyun, surtout, retiens-la.

Ravale tes larmes, bon sang, Im !

_ Il ? baragouiné-je, la voix tremblante.

Il est beaucoup trop lent pour répondre, je vais faire un malaise dans pas longtemps.

_ Est-ce que c'est un homme ?

« Tu n'arrives pas à dormir, hyung ? »

La prochaine fois, tu fermes ta bouche, gamin.

Je réponds quoi à ça exactement ?

Si je dis oui, il va automatiquement penser à quelqu'un du dortoir, mais je ne peux pas dire que c'est une femme. Je ne veux pas lui mentir. Pas sur quelque chose d'aussi important.

Même si j'ai la trouille, je ne veux pas faire ça.

Au pire, je m'arrange pour qu'il pense que c'est Kihyun. Avec un peu de chance, il ne voudra pas en savoir plus, et je serai tranquille.

Mais, je n'ai pas envie qu'il pense ça.

Je sais qu'il ne ressent rien pour moi, mais je ne veux pas bousiller mes faibles chances.

Tu mets trop de temps à répondre Chan, dis quelque chose !

_ Tu en penses quoi, toi ? marmonné-je, tremblant dans ses bras. Tu me crois hétéro, ou gay ?

_ Je crois que tu es le genre de personne à tomber amoureux, conclut-il, rapidement.

_ Tu as raison, soupiré-je, les larmes aux yeux, faible. Je suis tombé amoureux, sans avoir pu influencer quoi que ce soit. Ce serait beaucoup trop facile si on pouvait changer les règles, pas vrai ?

_ Est-ce que tu t'es fait mal ? demande-t-il alors.

Si je n'avais pas à faire face à Son Hyunwoo, j'aurais pu prendre cette question pour une blague de très mauvais goût.

_ Pas sur le coup, non. C'est toujours quelque temps plus tard que les hématomes apparaissent.

_ Et, tu en as encore beaucoup ?

_ Ils vont et viennent, ça dépend des bons ou mauvais jours.

De sa prise plus ferme autour de mes épaules, ses doigts me caressent à présent le dos, comme pour me rassurer, me réconforter, et m'enlever ces taches invisibles qui parcourent mon corps.

_ Kyunnie, murmure-t-il ensuite, est-ce que cette personne est présente dans le dortoir ?

Ses bras autour de moi ont maintenant l'apparence d'étaux.

J'étouffe, mon cœur bat tellement vite dans ma poitrine que s'en est douloureux.

J'ai envie de pleurer.

J'ai tellement peur.

_ Je suis fatigué hyung, est-ce qu'on peut continuer cette conversation plus tard ?

Sans attendre sa réponse, je le pousse pour qu'il me laisse un peu d'espace, et me retourne ainsi facilement.

D'un léger « bien sûr » à peine murmuré, il me fait comprendre qu'il respecte mon choix et n'insiste pas plus.

Face à Hoseok, paisiblement endormi, je laisse mes larmes couler librement.

Le corps tremblant, je n'arrive pas à me calmer.

Il m'est bien trop difficile d'être silencieux, mais heureusement pour moi, me concentrer sur cette tâche me déconcentre de mes trop nombreuses pensées.

Cette situation me terrifie, mon cœur ne veut pas se calmer, et mes yeux ont définitivement arrêtés de contenir quoi que ce soit.

Il ne faut pas qu'on continue cette conversation, je ne saurais pas me confronter à lui, jamais.

Je veux retourner en arrière, pourquoi est-ce qu'il me demande tout ça, je veux juste tout garder pour moi et vivre ma vie tranquillement.

Je t'en prie, n'insiste pas.

Ce soir, pour la première fois, être tombé amoureux de Hyunwoo me fait réellement souffrir.

🌸

Ça fait maintenant deux semaines que j'attends que quelque chose se produise, mais toujours rien.

Rien n'a réellement changé, et il n'a jamais remis cette discussion sur le tapis, pour mon plus grand bonheur.

Enfin, jusqu'à ce soir.

Allongé, dos à lui, j'essaye tranquillement de m'endormir, lorsqu'il se met à jouer avec l'une de mes mèches de cheveux.

Contrairement à la dernière fois, je ne prends pas la peine de discuter avec lui.

Une fois, mais pas deux.

Par pitié, fais comme moi, et ne me parle pas ce soir.

_ Kyunnie ? Tu dors ?

Comment espérer quoi que ce soit ?

Quand on n'a pas de chance, on n'en a pas.

Ses doigts, auparavant agrippés à ma chevelure, descendent en une caresse délicate le long de ma colonne vertébrale.

Tout en frissonnant, je me tortille dans tous les sens, gêné par ses frottements contre mon flanc, qui à présent me chatouillent.

Je te préviens, je ne me retournerai pas.

_ Tu dors toujours ? souffle-t-il, taquin.

_ Mmh, baragouiné-je, le nez bien calé contre l'oreiller.

Je joue si bien la comédie.

_ Tu n'es toujours pas prêt ? pose-t-il ensuite.

La respiration coupée, et l'organe vital sur le point de lâcher, je tente de me contrôler un minimum.

Alors, les deux semaines qui viennent de s'écouler...

Il me laissait juste du temps ?

Il réfléchit beaucoup plus que ce à quoi je m'attendais.

Il semble m'accorder bien plus d'attention qu'il n'y paraît, et même si malgré moi ça me flatte, ça m'angoisse tout autant.

« La curiosité te perdra »

Tu parles.

Il y perd quoi lui, dans cette histoire ?

_ Pas vraiment, avoué-je, la gorge nouée et l'estomac retourné.

À quoi ça servirait de ne pas être franc ?

Je ne veux pas lui mentir, et encore moins m'inventer une vie. Ça me compliquerait bien trop la tâche. 

Elle l'est déjà bien assez.

_ Est-ce que tu n'as pas confiance en moi ? insiste-t-il, délicatement. Est-ce que tu penses que je pourrais porter un mauvais jugement sur toi ?

_ Ce n'est pas aussi simple que ça.

_ Je veux juste comprendre Kyun. Je veux te comprendre, j'aimerais que tu te confies à moi comme tu le faisais avant. Pourquoi ne puis-je plus être la personne sur qui tu t'appuyais ?

Il semble si attristé.

Mon cœur se brise devant cette voix faible et sincère.

Mais que puis-je dire à ça ?

« Je ne peux pas t'en parler, parce que tout ça te concerne » ?

« C'est de toi dont je suis amoureux, idiot » ?

_ Je ne sais pas quoi te répondre, finis-je simplement par dire.

Pourquoi ne répond-il rien ?

Qu'est-ce qu'il se passe ?

Je ne veux pas me retourner, je ne peux pas me retourner. J'ai bien trop peur.

Putain. J'ai un mauvais pressentiment.

_ Dans ce cas, c'est moi qui vais parler, conclut-il. Je vais te faire part de mes suppositions.

Non !

Non, par pitié.

S'il te plaît, tais-toi.

Pour notre bien à tous les deux, mais surtout le mien.

Tu ne sais pas dans quoi tu te lances.

Ménage-moi, je t'en supplie.

_ Je pense que tu as des sentiments pour l'un d'entre nous. Je ne t'en parlerais pas si je n'avais pas pris mon temps pour envisager les choses correctement. Est-ce trop difficile pour toi de me dire si j'ai raison ?

À nouveau, les larmes coulent sur mon visage épuisé, et inutilement, j'essaye de me contenir un tant soit peu.

Il a l'air si sûr de lui. Pourquoi lui cacher quoi que ce soit, alors qu'il semble déjà tout savoir ?

Avec un peu de chance, une fois sa curiosité rassasiée, il arrêtera de m'en parler.

_ Tu as vu juste, en effet, murmuré-je, les mains tremblantes accrochées à la housse de couette.

Il ne dit plus rien.

Pourquoi il ne dit plus rien ?

Il n'y a plus grand-chose à dire en soi.

Que dire dans ces cas-là...

_ Changkyun, est-ce que- Est-ce que c'est moi ?

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