【L'art du mensonge】
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Personne ne m'a jamais demandé pourquoi je ne dormais plus dans ma chambre.
Pourquoi j'avais soudain pris l'habitude de dormir avec le leader.
Est-ce qu'ils pensent que c'est une question délicate, ou c'est juste qu'ils s'en foutent complètement ?
Hoseok a peut-être entendu nos conversations et la répéter aux autres, en leur disant qu'aucune réponse ne pouvait être donnée...
Dois-je parler de mes doutes à quelqu'un ?
D'habitude, c'est avec l'aîné que je parle de ça.
Est-ce que je retente une nouvelle nuit ?
Non, cette situation ne peut plus durer. Je retourne dans ma chambre.
Avec une délicatesse inexistante, je m'allonge de tout mon long sur ce lit à qui j'avais sûrement beaucoup manqué.
Papa est là, ma princesse.
Oui, mon lit est une fille.
Précisément une enfant de 12 ans. Qui se ressemble s'assemble, non ?
_ Tu dors ici cette nuit ? demande Jooheon.
Les yeux rivés sur son téléphone, allongé dans la même position que celle que j'ai décidé d'adopter, il ne me regarde pas directement, mais reste attentif à ce qu'il se passe autour de lui.
Moi qui n'arrive pas à faire deux choses en même temps, ça me fascine de le voir agir ainsi.
_ Oui. Je pense que je l'ai assez embêté, soufflé-je, l'estomac noué.
Il se tourne alors vers moi, et me regarde, un air sérieux flanqué sur son visage de poupon.
De mon côté, j'opte pour une très belle vue sur le plafond.
_ Est-ce que tout va bien, Changkyun ?
Outch.
« Changkyun », carrément.
C'est... bien, bien trop sérieux à mon goût.
_ Je pense que oui. Oui, tout va bien, ne t'inquiète pas.
La tête tournée vers lui, j'essaye de lui offrir le sourire le plus plausible qu'il m'a été donné de faire, histoire de faire passer le mensonge plus facilement.
Il reste là, quelques secondes, à me fixer, et se décide enfin à répondre à mon sourire de la même manière.
_ Tant mieux alors, ça me rassure.
On est d'accord, ni toi ni moi ne sommes dupes.
Je mens, et ça se voit aussi facilement que le nez au milieu de la figure.
_ Mais, tu sais que si jamais quelque chose n'allait pas, je serais toujours là pour en parler avec toi ? Tu le sais, n'est-ce pas ? continue-t-il, en me regardant sincèrement dans les yeux. Je veux dire, tu es l'un de mes meilleurs amis, je ne veux pas que l'un de vous n'ait pas assez confiance en moi au point de ne pas venir me parler quand quelque chose ne va pas, tu comprends ?
_ Je comprends très bien hyung, ne t'en fais pas. Le jour où j'en aurai vraiment besoin, je viendrai te trouver pour en parler avec toi, souris-je, avec sincérité cette fois.
🌸
Comme attendu, j'ai très mal dormi cette nuit.
Au final, je me demande si réessayer une nuit dans sa chambre ne serait pas moins compliqué.
Après tout, je n'ai qu'à faire comme d'habitude...
Apprécier simplement sa main qui glisse dans ma tignasse désordonnée, le corps lové contre le sien.
Il faut juste que j'évite de regarder son visage.
Voilà, c'est ça.
_ Kyunnie ! m'accueille le leader, déjà à table, la bouche pleine et un sourire jusqu'aux oreilles. Tu as réussi à dormir ?
Est-ce que j'ai une gueule de quelqu'un qui a bien dormi ?
Je ne crois pas, non.
Pourquoi est-ce que trouver le sommeil m'est si difficile ?
Je suis fatigué.
Dis hyung, est-ce que je ne peux pas simplement devenir toi ?
Je t'en prie, accepte.
_ Oui, mens-je, tout en m'attablant à mon tour.
_ Ah parfait, je suis content ! répondit-il, d'un grand sourire.
Pourquoi parais-tu si satisfait ?
N'étais-tu pas content de m'avoir à tes côtés ?
Je n'étais sans doute pas ton doudou préféré, mais une peluche sans le moindre intérêt.
🌸
_ Kyun ? entends-je grogner.
_ Qui veux-tu que ce soit d'autre ? soupiré-je, allongé à ses côtés.
Cette chaleur...
Ça fait du bien.
Ça m'avait tellement manqué.
C'est décidé. Peu importe combien ça m'est difficile, je renonce définitivement à retourner auprès de ma princesse.
Je suis vraiment désolé, mais je tiens beaucoup trop à mon ours en peluche.
Eh oui, c'est comme ça les fillettes de nos jours, ça change d'avis comme de robes.
Il se retourne rapidement, et d'instinct, glisse son bras derrière ma nuque, pour ensuite venir glisser sa main dans ma chevelure, m'amenant indirectement à me blottir contre son torse.
_ M'aurais-tu menti ce matin ? questionne-t-il, suspicieux, tout en menaçant de sombrer à nouveau dans le sommeil d'une seconde à l'autre.
_ Tout le monde était présent, je ne voulais pas qu'on se moque encore de moi parce que l'enfant du groupe n'arrive pas à trouver le sommeil sans son doudou, trop peureux pour dormir seul, grommelé-je, presque énervé contre moi-même.
À vrai dire, je ne m'attendais pas à autant de sincérité.
Je n'ai vraiment aucune emprise sur mon propre corps, c'est affligeant.
Il pouffe.
Les sourcils froncés, je relève la tête pour pouvoir lui faire face.
Il sourit !
Pourquoi sourit-il ?
Il se moque de moi, ou je rêve ?
Non mais est-ce qu'il se rend compte de la force dont je fais preuve pour avouer ce genre de choses gênantes ?
_ Ne boude pas, petite peluche, murmure-t-il, en me grattouillant la tête avec plus d'enthousiasme. Ça me fait plaisir de t'aider, surtout que tu ne demandes pas grand-chose. Et pour te rassurer, je crois bien avoir un doudou moi aussi. Comme quoi, l'âge ne fait aucune différence, confie-t-il, en m'observant de ses yeux pratiquement fermés.
_ Un doudou ? Depuis quand ? posé-je, intrigué et vexé.
_ Mmh, en fait, je ne saurais pas dire, parce que je ne m'en suis rendu compte qu'hier. Mais à mon avis, depuis un moment déjà, répond-il, toujours aussi souriant.
Je ne comprends rien, mon cerveau fatigué a du mal à fonctionner correctement.
_ Hier ? Tu es en train de me dire que tu m'avais déjà remplacé ? m'étonné-je.
Autant ne pas chercher plus loin et attendre une réponse claire et précise, parce que vraiment, là, je suis hors-service.
_ C'est toi, idiot, rigole-t-il.
Oh.
Oooh.
J'ai envie de le serrer dans mes bras, très fort.
Je ne veux pas que cet instant s'arrête. Je vous en prie, que quelqu'un arrête le temps.
Délicatement, je pince l'une de ses joues, et m'amuse quelques minutes avec celle-ci, comme une grand-mère le ferait avec son petit-fils.
Il se laisse faire, et patiente jusqu'à ce que mon bras me fasse mal, ce qui m'oblige au bout d'un certain temps, à reposer celui-ci entre nous.
_ Dormons maintenant, sale gosse, gronde-t-il, en me positionnant au creux de ses bras.
Je n'ai pas eu le courage de dire quoi que ce soit, et j'ai fermé les yeux. Le cœur et l'esprit enfin apaisés.
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