Un soir dans une douche
Chapitre 27 : Un soir dans une douche
V ouvrit les yeux avec la sensation d'habiter une chaudière, une chaudière très étroite. Le léger ronflement de ladite chaudière était toutefois assez étrange. Il essaya de remuer, mais un bras puissant se resserra autour de sa taille tandis qu'un grondement se faisait entendre. OK, les chaudières ne grognent pas. Elles n'ont pas de bras non plus...
Vishous ouvrit les yeux et découvrit qu'il était étroitement serré contre Butch. Un Butch compléta nu et toujours endormi. Leurs deux immenses carcasses étaient démesurées pour ce lit une place, mais ça n'avait pas l'air de travailler le flic qui se colla encore un peu plus contre lui.
C'était la première fois que V se réveillait aux côtés de quelqu'un. Il n'y avait même jamais songé avant. Mais ce soir-là, prisonnier de l'étreinte de Butch sur un minuscule lit d'hôpital, baigné de leurs odeurs de marquage mêlées, il se sentait à sa place. Il contempla le visage apaisé calé contre son épaule. Cette tête de mule butée, cet enfoiré de tête brûlée, ce mec qu'il pensait totalement hors de sa portée, ce type-là s'était dédié à lui, sans contestation possible.
Un franc sourire aux lèvres, V chercha à dégager son bras ankylosé. Cet enfoiré de flic pesait son poids tout de même !
Une voix rocailleuse, cassée d'avoir trop crié, le coupa dans son mouvement.
_Hum, si tu envisages de te lever, tu peux oublier tout de suite...
Butch était à croquer comme ça, à plat ventre, cherchant à soulever ses paupières lourdes de sommeil. Il esquissa un grand sourire qui ne cachait rien de ses émotions : possession, tendresse, affection. Tout cela traversait en même temps les grands yeux noisette...
Et l'esprit de Butch, réalisa V.
Butch lui était désormais complètement ouvert.
V se pencha pour l'embrasser en pressant son érection matinale contre la cuisse nue de son compagnon.
_Ça dépend de ce que tu proposes comme activité, ronronna-t-il.
Le sourire lumineux de Butch se fit canaille.
_J'ai bien deux ou trois idées... Mais à vrai dire, j'aurais bien besoin d'une douche avant, ajouta-t-il en rougissant.
_Qu'est-ce que tu me donnes pour que je te laisse quitter ce lit ? le taquina V.
Il pesa de tout son poids sur Butch, lui faisant bien sentir la force de son érection. Le sourire canaille revint au galop.
_Je n'ai jamais dit que je voulais la prendre seul !
V feula son approbation avant de se mettre debout, entraînant Butch. Ils chahutèrent joyeusement jusqu'à rejoindre la salle de bains, y trouvant un parfait prétexte pour se frôler, se toucher, s'exciter davantage.
Butch eut à peine le temps de tourner le robinet d'eau chaude qu'il se trouva plaqué contre le mur de la douche. V lui faisait face et parcourait son corps de ses yeux lumineux. Et ce qu'il voyait avait l'air de beaucoup lui plaire à en juger par la double érection de ses canines et de son sexe.
La queue de Butch réagit immédiatement à la caresse visuelle dont il était l'objet. V gronda, mais ne bougea pas. Frustré, le flic tendit la main vers son mâle... qui lui attrapa le poignet pour l'en empêcher. Un sourire arrogant jouait sur les lèvres de V. D'une légère torsion du bras, il incita Butch à se retourner, face au mur.
Ce dernier obtempéra, légèrement inquiet. V se tenait derrière lui et ne le touchait toujours pas.
_V ?
_Hum.
_Je ne le sens pas vraiment de remettre ça tout de suite, dit-il, un peu hésitant.
V se colla contre lui et lui mordilla le lobe de l'oreille. Un petit frisson d'anticipation secoua Butch malgré son appréhension.
_Ne t'inquiètes pas, tahlly. Je ne te ferais rien qui puisse te blesser, ronronna V.
Butch n'avait pas besoin de l'entendre pour savoir que V préférerait sacrifier sa couille restante plutôt que de lui faire mal. Il projeta toute sa confiance vers l'esprit de V, espérant que l'autre homme capterait le message. Vu la difficulté qu'eut le mec à déglutir, Butch supposa que l'information était bien passée.
V se pencha de nouveau à son oreille.
_Détends-toi. Je veux juste te laver. Partout...
Butch étouffa un gémissement.
V contemplait son amant, immobile et offert à ses attentions. Il avait reçu de plein fouet la vague d'émotion projetée vers lui. La confiance de Butch était un présent de choix et il ferait tout pour le préserver. Il recula un peu pour saisir le gel douche posé sur une tablette derrière eux.
Il commença par les épaules et le cou, massant les muscles noués sous la peau ferme. Butch se détendit et poussa des petits soupirs de contentement. V entreprit alors de descendre sur les omoplates et les côtes. Sous ses paumes, il sentait rouler les muscles fermes.
Il savonna fermement les flancs de Butch et gagna ses hanches. Arrivé au creux des reins, il effleura les lignes noires qui marquaient la peau dorée. Du bout de l'index, il traça celle qu'il avait lui-même ajoutée.
La souffrance de ce soir-là lui revint et il ne put empêcher son odeur de mâle dédié de se répandre tout autour de lui, comme pour entourer son amant d'une carapace protectrice. Elle se mêla à la vapeur de la douche. Butch l'aspira à plein poumon et tourna la tête vers V, les yeux clos, réclamant un baiser que son amant fut trop heureux de lui accorder.
Pourtant, il reprit bien vite ses caresses. Passant les bras autour de Butch, il se colla plus étroitement à lui pour pouvoir savonner toute la largeur du torse ferme, prenant son temps pour en explorer les muscles saillants. Ses paumes atteignirent le ventre plat et il sentit les abdominaux fermes se contracter lorsqu'il effleura du dos de la main le sexe érigé.
Laissant échapper un petit rire, V ignora délibérément le mouvement de Butch qui réclama plus en projetant son bassin vers l'avant.
_V, espèce d'enfoiré...
_Un problème, nallum ? ronronna le vampire.
_Tu n'es qu'un salopard dominateur... Ha...
_Mais ça, tu le savais déjà...
V attrapa les poignets de Butch d'une seule main pour les lui maintenir au-dessus de la tête. Le corps tendu formait un ligne ferme qui faisait ressortir la cambrure de ses reins. V eut envie de poser ses lèvres sur les lignes d'encre, histoire d'exorciser les mauvais souvenirs, comme Butch l'avait fait pour lui la veille.
D'un autre côté, il comptait bien profiter jusqu'au bout de l'inhabituelle soumission de son compagnon. Voir Butch lui accorder aussi aveuglément sa confiance, ça valait toutes les sessions au Commodore. Lorsque son amant rejeta la tête en arrière, V ne put que céder à cet appel et laissa sa main libre explorer le dos tendu avec révérence.
Ainsi piégé, Butch ne put s'empêcher de repenser à l'immense croix trônant à l'appartement du Commodore. Un violent frisson le secoua. Un jour, peut-être...
Il gémit lorsque la main de V atteignit ses reins et commença à descendre sur ses fesses pour s'insinuer entre les globes musclés. Un index inquisiteur flatta délicatement cette partie de son corps, encore sensible de leurs ébats de la veille. Le doigt glissa pourtant facilement en lui grâce à la semence de V qui l'imprégnait encore. Butch rougit violemment lorsqu'il la sentit s'écouler hors de son corps. Penser qu'il avait laissé un autre mec lui faire ça...
Non pas n'importe quel mec, se reprit-il. V était son mâle, le seul et l'unique capable de tenir cette place-là dans sa vie. Cette pensée le remplit de chaleur et il relâcha sa fragrance de mâle dédié, impatient de marquer V comme sien.
En sentant la fragrance de Butch s'élever, V feula et se pencha à son oreille tandis que ses phalanges commençaient à le caresser avec plus de précision.
_Oui, je suis à toi tahlly, et tu es à moi, déclara-t-il d'une voix grave. C'est presque dommage de devoir te nettoyer, enchaîna-t-il d'un ton badin. Je veux que tu le saches, que tu me sentes au plus profond de toi. Quand tu marches, quand tu ris, quand tu te bats. Je veux laisser ma marque en toi.
V se laissa de nouveau aller à marquer son flic de sa fragrance tandis que celui-ci commençait à onduler du bassin pour s'empaler plus fort sur ses doigts, presque frénétiquement. Butch grogna, proche de l'orgasme. Pourtant il s'immobilisa brutalement, tremblant presque de frustration. V voulut le faire basculer, mais Butch l'en empêcha en se contractant plus fort. Puis il tourna la tête sur le côté pour capter le regard de son compagnon.
_Ah, attends, V... Pas sans toi, supplia-t-il.
Le regard de diamant s'emplit de quelque chose qui ressemblait à de la ferveur. V hocha la tête et se pencha vers Butch pour lui mordiller la base du cou, égratignant légèrement sa veine. Dans le même temps, il dégagea ses doigts du corps accueillant et le fit reculer un peu, l'incitant à se pencher vers l'avant. Butch se laissa faire, confiant.
D'un mouvement du bassin, V logea sa queue entre les cuisses serrées de son amant et commença à les caresser ainsi, son gland sensible heurtant à chaque poussée des testicules lourdes.
Butch grogna face à cette nouvelle sensation. À chaque coup de rein, il entendait les feulements rauques de V, quelque part au-dessus de son oreille. Le corps brûlant butait de plus en plus durement contre lui et, après quelques poussées, V s'empara de sa queue.
Dans l'étroite cabine se mêlaient le ruissellement de l'eau, leurs grondements sauvages et le son régulier de leurs deux corps se percutant à la recherche du plaisir. Il ne leur fallut pas longtemps pour trouver l'assouvissement. Ils explosèrent de concert en feulant.
***
V avait lâché les poignets de Butch qui, après avoir repris son souffle, se retourna pour embrasser son mâle, le regard brillant. Ils partirent tous deux d'un grand rire heureux avant de terminer de se laver et de sortir de la douche en s'ébrouant. Butch se fit un devoir de sécher consciencieusement le corps de son amant avec un drap de pain, qui lui rendit ensuite la politesse.
Nus, ils regagnèrent la chambre pour attraper les vêtements qu'une main secourable avait déposés pour eux tandis qu'ils étaient encore en soin.
Ça ferait l'affaire pour se traîner jusqu'à la Piaule et se recoucher une douzaine d'heures, pensa Butch.
Il se sentait parfaitement heureux, mais complètement lessivé par les tempêtes émotionnelles qu'il venait de traverser depuis deux nuits. Son programme était clair : enfiler le pantalon qu'il tenait à la main, empoigner V, claudiquer jusqu'à la Piaule et s'effondrer sur un de leurs lits. Ensemble...
Un coup frappé à la porte, presque timidement, envoya valser ses beaux projets. La voix de Rhage s'éleva derrière le battant. Les deux vampires se figèrent, encore à demi vêtus, mais Hollywood ne chercha pas à entrer. Il devait pourtant mourir de curiosité.
_Les gars, vous êtes réveillés ? demanda-t-il d'une voix étrangement hésitante.
_Ouais, annonça V.
_Bon, si vous êtes d'attaque, Wrath veut voir tout le monde dans son bureau d'ici vingt minutes, les informa-t-il.
La fin de sa phrase resta en suspens, comme si Rhage avait voulu ajouter quelque chose avant de se raviser.
Les deux mâles savaient que le roi exigerait des informations à un moment ou un autre, mais ils auraient préféré avoir un peu plus de temps devant eux. Il échangèrent un regard résigné et Butch hocha la tête. Tant pis pour la sieste...
_On y sera. Pars devant, Hollywood, on vous rejoint.
Butch imagina la tête dépitée du géant blond et s'en amusa. Il entendit son pas lourd décroître dans le couloir après un moment d'hésitation, puis il reporta son attention sur V.
Ce dernier s'était dirigé vers le fauteuil où étaient posés leurs vêtements pour attraper un de ses pantalons de cuir. Il l'avait enfilé, le dos tourné, et boutonnait maintenant sa braguette. Butch admirait les muscles puissants et la peau dorée sous laquelle jouaient les omoplates saillantes quand une idée lui vint. Une idée dont il n'arrivait plus à se défaire, encore une fois. Parce que c'était le moment où jamais. Il déglutit avant d'interpeller l'autre homme d'une voix qu'il espérait ferme.
_Vishous ?
V se retourna, surpris d'entendre son flic l'appeler par son nom. Il haussa un sourcil interrogatif face à l'air concentré de Butch. D'où il était, il pouvait sentir son agitation. C'était même une telle tempête qu'il était difficile d'isoler une pensée cohérente. Et pourquoi Butch faisait-il une telle fixette sur ses omoplates ?
_Dis, je pense à un truc, dit prudemment celui-ci.
_Oh merde, répondit V, narquois bien qu'inquiet de savoir ce que Butch avait encore pu inventer.
_Te fous pas de ma gueule..., ronchonna ce dernier. C'est... heu... important.
V abandonna son expression goguenarde. Il pressentait que ce qui allait suivre serait vraiment important. Parce qu'il était rare de voir Butch aussi peu sûr de lui. Alors V laissa venir, son Tee-Shirt noir en main, immobile, sans ajouter un mot.
_Vu mon pétage de plombs de l'autre soir et comme Hollywood est pire qu'une petite vieille niveau commérages, je pense que tout le monde est au courant maintenant, expliqua Butch, presque penaud. Au courant pour nous deux, quoi... Enfin au moins en ce qui me concerne. Et je pensais, enfin je sais pas si tu voulais qu'on leur dise... Ou pas... On peut aussi les envoyer chier...
Il essayait de plaisanter, plus nerveux que jamais.
_... Mais Rhage va en crever de curiosité...
V demeura sérieux et regarda Butch droit dans les yeux avant de répondre. En effet, c'était important. Surtout s'ils devaient affronter toute la Confrérie réunie dans le bureau de Wrath.
_Et toi, Cop ? Qu'est-ce que tu en penses ? Tu veux faire quoi ? demanda-t-il, encore un peu mal à l'aise à l'idée de s'avouer aussi vulnérable.
Butch sembla se gonfler, prêt à affronter toutes les armées du monde à lui tout seul.
_V, j'ai pas honte d'être avec toi. T'es le mec le plus hallucinant que j'ai jamais connu. Tu pourrais rédiger à toi seul la définition de valeur. Et je suis fier de ce que tu représentes pour moi. Que ceux qui ne sont pas d'accord aillent se faire foutre ! Ou viennent m'en parler tiens, conclut-il avec un sourire carnassier.
Plus ému par cette déclaration qu'il n'aurait voulu le montrer, V s'approcha de Butch et enroula son bras droit autour du cou puissant.
_Alors je crois que ça règle notre problème. Tu es à moi, Cop, et je VEUX que tout le monde le sache.
_Tout comme tu es à moi, précisa Butch d'un ton sans réplique tout en plantant son regard dans celui de V.
Ce dernier feula son approbation tandis que leurs fragrances explosaient à nouveau.
_V ?
_Ouais ?
_Je ne sais franchement pas ce que tu trouves à un vieux flic cassé avec un sérieux penchant pour la bouteille, mais je suis pas encore assez con pour laisser passer une affaire en or quand j'en croise une. Alors si tu me veux, ce sera la totale ou rien. Parce que moi, je veux tout le foutu vampire. Livré avec visions, main bionique et tout le reste. Je veux tes blagues de merde, ton sale caractère, ta queue, tes yeux qui brillent dans le noir. Je te veux toi, ton nom dans mon dos et le mien dans le tien. Et je me branle de ce que pourra penser ta mère ! Enfin, si tu es d'accord, conclut-il, une note d'incertitude dans la voix.
D'un coup, Butch avait perdu toute sa belle assurance, écrasé par l'énormité de ce qu'il venait de proférer. Est-ce qu'il venait vraiment de demander au demi-dieu qu'était Vishous de devenir son hellren ?
Merde, V était le rejeton d'une putain de déesse. Un guerrier vieux de plus de trois cents ans. Un Frère qui plus est. Et lui, il était juste Butch... Il se reconnaissait parfaitement dans le portrait peu flatteur qu'il venait de livrer de lui-même. Alors pouvait-il vraiment croire qu'un mâle de valeur comme Vishous puisse désirer s'unir à quelqu'un comme lui ? C'était délirant.
Malgré tout, il s'accrocha au bras de son amant. Parce que si V le rejetait maintenant, il irait se fracasser au sol. Malgré leurs différences, ce guerrier secret et taciturne incarnait tout ce dont Butch avait toujours rêvé sans même le savoir.
Anxieux, il leva les yeux et plongea dans le regard de diamant dans lequel dansait un brasier surnaturel.
L'heure de sa mort ne devait pas avoir sonné puisque V, tétanisé tout le temps qu'avait duré sa tirade, venait de retrouver sa mobilité. Butch crut se briser tant l'étreinte qui l'ensevelit fut sauvage.
Sans répondre, V l'avait attiré contre sa bouche pour lui rouler le patin du siècle. Ses lèvres et sa langue étaient partout, soulevant des lames de feu. Soulagé, Butch lui rendit son élan avec le même enthousiasme, goûtant cette possessivité avec délectation.
C'était le plus merveilleux de tous les putains de jours de sa vie.
Enfin, il tenait quand même à le confirmer, aussi se força-t-il à reculer. Les yeux de V étaient illuminés comme jamais. À moins que ça ne soit tout son corps.
_Arrrhhh, putain Vishous, dis-moi que t'es d'accord...
_Ça y ressemble foutrement, Brian O'Neal, répondit V en le plaquant au mur.
Ils arrivèrent dans le bureau de Wrath avec bien plus de vingt minutes de retard.
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