Un soir dans un bar
WARNING : ceci est ma toute première fic que je re-poste ici. Elle date d'il y a bien deux ans. Autant dire que, hum, je ne suis pas totalement sûre d'assumer son contenu. Autant le fond que la forme XD
A vos risques et périls ^^
Chapitre 1
L'inspecteur Brian O'Neal, plus souvent appelé Butch, ou « l'autre emmerdeur » par son supérieur, venait de passer une sale journée. Alors qu'il enquêtait sur le meurtre d'un loubard quelconque dans le quartier des entrepôts, un petit dealer l'avait pris pour cible et avait essayé de l'assommer pour s'enfuir. Ayant modérément apprécié sa tentative, Butch avait neutralisé le type en l'envoyant valser dans un mur. Le mec avait récolté deux côtes fêlées et Butch une grosse bosse à l'arrière du crâne assortie d'une nouvelle soufflante du commissaire.
_O'Neal, vous êtes le plus grand casse-couilles que j'ai pu voir dans ma carrière et, croyez-moi, le palmarès est déjà bien chargé ! Vous auriez pu vous contenter de lui passer les menottes sans l'abîmer. Mais non, il a encore fallu que vous jouiez les gros durs, et maintenant j'ai les parents de ce petit con sur le dos...
Le chef avait soupiré en se passant la main dans les cheveux et Butch s'était contenté d'attendre que l'orage passe. Après tout, ça n'était pas comme s'il n'avait pas l'habitude.
_Vous allez finir avec une inspection de l'IGS sur les bras, O'Neal. Et ce jour-là, ne comptez pas sur moi pour vous couvrir !
_C'est bon, chef ? Je peux y aller ? J'ai encore mon rapport à faire.
Le commissaire eut soudain l'air très fatigué. Foutu Irlandais. Il serait prêt à payer pour que quelqu'un lui ferme son clapet. Ça devait bien se trouver en y mettant le prix, non ?
_Ouais, foutez-moi le camp. Et, par pitié, faites en sorte que je n'entende pas parler de vous au moins jusqu'à demain matin.
Butch avait rejoint son bureau pour boucler son rapport avant d'attraper sa veste. Il n'avait eu aucune envie de rentrer chez lui, aussi avait-il décidé de terminer sa soirée en tête à tête avec une bouteille de Lag. Et maintenant, il était là, tout seul comme un con, accoudé au comptoir à noyer sa mauvaise humeur dans son verre.
Alors qu'il ruminait toujours, un étrange parfum se superposa à celui du bourbon. Une délicate odeur d'océan – qui n'avait absolument pas sa place dans ce bar un peu miteux du centre de Caldwell –, vint frapper ses narines. Ça lui rappelait quelques brèves balades sur la côte, faites au hasard des routes. Un moment, il se demanda si le réchauffement climatique n'avait pas agi un peu plus vite que prévu, amenant les vagues à s'échouer au pied de ce rade.
Butch releva le nez pour voir d'où pouvait bien venir ce parfum et ce fut là qu'il la vit. D'une démarche gracieuse, elle se dirigeait vers une chaise haute de l'autre côté du comptoir en U pour s'y installer.
Cette femme, c'était de loin ce qu'il avait vu de plus beau dans sa vie. Une femme ? Non, au moins une princesse. Toute en courbes délicates, d'une telle... pureté. Et cette odeur...
Butch jeta un coup d'œil furtif à son verre. L'aurait-il plus attaqué qu'il ne le pensait ? Une créature aussi belle, ça ne pouvait pas exister, encore moins dans ce genre de bar. Merde, on aurait dit une déesse blonde tombée du ciel. Ses gestes pour prendre place sur le tabouret étaient presque éthérés. Avec ses cheveux blonds qui frôlaient ses hanches graciles, elle semblait aussi à sa place en ces lieux qu'un lys sur un tas de fumier.
Son tailleur crème parfaitement coupé ne faisait que renforcer cette image de perfection aristocratique, quasi divine. Aucun maquillage n'altérait la pureté de ses traits, révélant un teint de lait sans le moindre défaut. Même avec trois seaux de peinture, aucune actrice ne pourrait rivaliser avec la beauté naturelle de cette fille-là. Et Butch n'était le seul à l'avoir remarqué.
Dès qu'elle avait fait son entrée, les conversations des quelques habitués présents en ce soir de semaine s'étaient tues et tous les yeux s'étaient fixés sur l'apparition. L'air semblait comme suspendu dans la pièce. L'instant se brisa et les conversations reprirent peu à peu quand le barman s'approcha d'elle pour prendre sa commande. Il revint quelques instants plus tard avec une coupe de champagne. Évidemment.
La beauté blonde enroula ses doigts délicats autour du verre avant de le porter à ses lèvres. Elle en profita pour observer discrètement la salle de ses grands yeux de biche, légèrement inquiète semblait-il. Elle paraissait attendre quelqu'un, quelqu'un qu'elle ne serait pas certaine de reconnaître. Quel crétin congénital pouvait bien donner rendez-vous à une fille pareille dans ce trou à rat ? Remarque, sortir une nana de cette classe dans un lieu qui lui corresponde vraiment devait coûter la moitié de du salaire annuel de Butch. Sans compter les fleurs et la chambre d'hôtel...
Le genre de piaule où on trouve encore des tapis. Il aurait d'ailleurs intérêt à être sacrément classe le tapis. Sûrement un de ces trucs persans, très beaux et très chers.
Mais pourquoi Butch pensait-il ça ? Il était con ou quoi ?
Il imaginait d'ici le genre de mec qui pouvait se permettre d'accoster une gonzesse pareille. Le style costume trois-pièces, grosse Rolex et yacht amarré à la Barbade en hiver. Pas du tout le truand qui venait de pousser la porte du bar par exemple.
Fichtre, ce mec était sacrément impressionnant ! Pourtant Butch en avait vu d'autres. Un bon deux mètres de muscles, serré dans du cuir noir, la tempe tatouée de signes alambiqués – probablement la marque d'un gang – et un air à étriper des bébés phoques pour se marrer.
En entrant dans le bar, il amenait avec lui une aura de violence contenue, même si bien perceptible pour un flic chevronné. Ce n'était pas un loubard ordinaire et il n'avait franchement pas l'air de bonne humeur. Butch se demanda ce que ce type était venu chercher ici et quand la situation allait dégénérer. Il eut sa réponse quand il vit le gars froncer les sourcils en apercevant la jolie blonde, puis se diriger résolument vers elle.
Bon, Butch avait dû se tromper sur le genre de type que s'envoyait la Princesse. Car le nouveau venu avait bel et bien l'air de venir récupérer sa gonzesse après avoir été planté, peut-être après avoir été planté pendant qu'elle allait en retrouver un autre. Et vu cette dégaine de trafiquant d'uranium, ce n'était sûrement pas la connerie à faire.
Butch se tourna vers la blonde pour juger de sa réaction. Elle n'avait pas encore remarqué le mastodonte, mais quelque chose dans le silence soudain de la salle dut l'alerter, car elle se retourna. Son expression vira à la terreur pure et quelques gouttes de champagne s'échappèrent de la coupe qu'elle tenait d'une main désormais tremblante. Ce qui pouvait se comprendre...
L'inconnu s'approcha et se pencha pour échanger quelques mots à voix basse avec la jeune femme. Apparemment, il lui demandait de le suivre. Et malgré sa peur bien visible, la Princesse semblait s'obstiner à refuser. Cette gonzesse avait du cran.
***
Vishous commençait à en avoir plein les bottes de Marissa. Depuis que le roi l'avait répudiée pour s'unir à Beth, la parfaite petite idiote élevée par la Glymera dans le respect et la soumission vis-à-vis des lois de la Race s'était métamorphosée en une insupportable gamine capricieuse. OK, il pouvait comprendre qu'elle se sente humiliée et cherche à rattraper les trois siècles passés à servir un homme qui n'avait jamais voulu d'elle. Lui-même n'avait jamais été très doué pour suivre les règles. Mais cette pimbêche, protégée comme elle l'avait été par son connard de frère, ne savait rien de la vie parmi les humains. Et c'était toute la race qu'elle mettait en danger avec ses escapades.
Inconsciente de sa différence et de son pouvoir d'attraction, elle passait son temps à se fourrer dans des situations plus compromettantes les unes que les autres. Et puisqu'il lui revenait à chaque fois de recoller les morceaux, V avait depuis longtemps dépassé le stade de l'agacement. Merde, la Confrérie n'était pas un service de baby-sitting. Il en avait sa claque d'effacer à la chaîne le cerveau des humains qui l'approchaient d'un peu trop près.
Ceci étant, mieux valait d'abord tenter la méthode douce. Mais pourquoi ce n'était pas Phury qui s'y collait, hein ? Rhage, quant à lui, avait jugé plus sage d'attendre dans la voiture, pensant que V attirerait moins l'attention en y allant seul. Mon cul, ouais ! Comme s'il passait inaperçu avec sa dégaine. Ce n'est pas qu'Hollywood se fasse moins remarquer avec ses airs de Brad Pitt, mais au moins, personne ne s'étonnait jamais de voir Marissa suivre le beau gosse de service.
Marissa, si effacée, si transparente, l'avait toujours laissé de glace. C'était bien sa veine qu'elle ne gagne en caractère que pour lui apporter des emmerdes ! Dire qu'il pourrait être à son appartement du Commodore pour s'offrir un peu de détente. Bon, s'il expédiait l'affaire assez rapidement, il lui resterait sûrement assez de temps avant le lever du soleil pour un peu de divertissement.
En attendant...
_Venez, Marissa, je vais vous ramener au manoir.
_Laissez-moi, guerrier, je n'ai aucun désir de rentrer.
_Il n'est pas question de ce que vous voulez. Le roi nous a ordonné de vous ramener et c'est ce que nous allons faire.
_Non, je... je refuse
Les yeux de diamant étincelèrent de fureur. V perdait patience.
_Vous nous mettez tous en danger avec vos caprices. Suivez-moi... Maintenant, cracha-t-il en lui attrapant le bras.
Il allait forcer la femelle à l'accompagner lorsqu'il sentit une présence hostile se diriger vers lui.
***
Butch avait suivi l'échange d'un œil attentif, prêt à intervenir. Il était hors de question qu'il laisse cette fille se faire embarquer contre sa volonté par l'autre enfoiré. Dieu seul savait ce qui pourrait arriver. Il n'avait aucune envie de retrouver un cadavre au fond d'une ruelle le lendemain matin.
Il réagit au quart de tour lorsque la Princesse relâcha un petit gémissement de douleur, son épaule délicate prisonnière d'une poigne de fer. Après tout, Butch était de mauvais poil, et s'il pouvait passer ses nerfs sur un gros con de macho, ça n'était pas de refus. Joindre l'utile à l'agréable en somme. Alors il se leva et traversa la salle dans un même élan.
Quand il arriva en vue du couple, la Princesse demandait à l'importun de la laisser tranquille. L'instinct de Butch ne l'avait pas trompé. Il se posta à proximité, jambes légèrement écartées, solidement ancré au sol, en position d'attaque.
_Hey Ducon, la dame t'a demandé de la lâcher.
L'inconnu se retourna vers lui, sans pour autant libérer le bras de la fille. Les yeux les plus foutrement incroyables que Butch ait pu croiser de sa vie l'évaluèrent alors. Entre les paupières légèrement baissées se devinaient deux diamants froids et résolus. Inébranlables.
La voix du type était aussi glaciale que ses yeux.
_Ça ne te concerne pas, mec, alors un conseil, reste en dehors de ça.
_Tu me conseilles rien du tout, connard. Je suis flic, annonça Butch en sortant sa plaque, et je te dis que si elle ne veut pas t'accompagner, tu ne l'emmèneras nulle part.
***
Le regard de l'humain ne cillait pas tandis qu'il mettait V en garde.
Celui-là a des couilles ! pensa le vampire.
Les autres mecs du bar se contentaient de suivre leur échange avec des yeux exorbités. Pas un seul n'avait bougé, tétanisés qu'ils étaient par sa présence écrasante. Mais pas ce flic. Il n'avait pas peur de lui. Il lui fonçait même dans le lard.
V commençait à trouver l'affaire stimulante. Malheureusement pour lui, il n'avait pas trop le temps de jouer. Il s'apprêtait à tenter de calmer le jeu lorsque Marissa – encore elle ! –, décida de tout foutre par terre en se tournant vers le gars.
_Je vous en prie, aidez-moi, je ne veux pas rentrer au manoir avec lui, supplia-t-elle.
Le flic acquiesça sans lâcher V des yeux avant de faire un pas en avant, comme s'il comptait lui passer les bracelets.
_Allez, recule doucement et laisse partir la dame. Ensuite, toi et moi, on discutera de la folle nuit qu'on passera ensemble au poste.
Un éclair d'amusement traversa les yeux de diamant. Vishous se demandait quelle tronche aurait tiré l'humain s'il avait su que cette perspective l'enthousiasmait bien plus que de se colleter Marissa.
_Tu te fous de ma gueule, enfoiré ?
***
Butch voyait bien que la situation amusait son adversaire et cela attisa sa rage. Il se préparait à foncer dans le tas lorsqu'un événement inattendu vint perturber son projet.
Derrière sa cible, un autre type venait de surgir, avec une carrure encore plus impressionnante. Ni tatouage ni bouc pour celui-là, mais un physique à faire baver d'envie n'importe quel acteur bodybuildé. Merde, si laPrincesse était vraisemblablement la plus belle femme au monde, Butch venait certainement de trouver son alter ego masculin.
***
Inconscient des pensées du flic, Rhage s'approcha de V, l'air sarcastique.
_Bordel, mon Frère, qu'est-ce qui te prend autant de temps ? Je sais que tu préfères tes femelles attachées, mais je ne pensais pas que le contraire te poserait autant de soucis.
_Hollywood...
_Ouais ?
_Ta gueule !
***
Butch, un peu dubitatif, avait assisté à l'échange entre les deux costauds. Le nouveau venu n'avait pas l'air de s'émouvoir d'avoir été ainsi rembarré ; sans doute habitué, il s'était contenté de se fendre la poire. L'espace d'un instant, ses fossettes d'amusement le rendirent plus accessible, comme le bon pote qu'il semblait être. Ces deux-là n'étaient certainement pas frères comme l'avait suggéré les quelques mots échangés, mais ils se connaissaient très bien.
Sans doute des équipiers, pensa Butch.
Ignorant son acolyte, le barbu se tourna de nouveau vers la Princesse qui n'avait pas l'air très rassurée par l'arrivée de Mister Univers.
_Marissa, si vous ne rentrez pas avec nous, il se pourrait que Wrath perde franchement patience et que la prochaine fois que nous nous déplacerons, ce soit pour vous conduire à votre lieu de sehclusion.
La princesse saisit immédiatement la menace sous-jacente et ses traits lisses blêmirent d'un coup. Naturellement pâle, elle en devint presque transparente. La résignation la plus complète se peignit sur son visage et elle baissa la tête en signe d'assentiment.
Se tournant vers Butch, l'inconnu lui lança un regard a priori indéchiffrable, quoiqu'il fût difficile d'en ignorer la lueur goguenarde.
Il avait le culot de se foutre de sa gueule !
Et pour en rajouter une couche, il saisit la manche de la femme afin de la faire passer devant lui, tout en saluant Butch d'un mouvement de tête.
_Si monsieur l'agent veut bien nous excuser...
Butch manqua d'exploser. Il se retient au dernier moment, toujours inquiet du sort de la jeune femme, et peut-être aussi parce que ça aurait fait trop plaisir à l'autre mec. En grinçant des dents, il laissa passer le trio qui quitta le bar.
Il se dépêcha ensuite d'aller récupérer sa veste et se glissa le plus discrètement possible à leur suite.
à suivre
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