Un soir dans le bureau du Roi
Chapitre 28 : Un soir dans le bureau du Roi
Quand V et Butch arrivèrent enfin, un long moment plus tard, toutes les têtes présentes dans le bureau de Wrath se tournèrent vers eux. Les guerriers de la Confrérie et leur roi arboraient le même air incertain. Depuis le temps, V s'était habitué au décalage entre l'apparence sauvage de ses Frères et le charme cossu de ce petit bureau aux dorures bourgeoises, mais le contraste le saisit une fois de plus, surtout en avisant les mines hésitantes de cette bande de brutes. Il dissimula toutefois son amusement derrière un air impénétrable.
Wrath, beaucoup trop calme, leur marmonna de s'asseoir en ronchonnant un peu pour la forme.
_Bordel, vous en avez mis un temps !
Le gloussement amusé de Butch les trahit. Il tenta bien de faire passer ça pour une quinte de toux sans que le résultat soit très probant. Les guerriers rassemblés sur les fragiles canapés le regardèrent comme s'il débarquait de Mars. Les cinq paires d'yeux perçants firent ensuite la navette entre lui et V, attendant visiblement qu'ils se décident à ouvrir la bouche. Un sourire de gamin espiègle brilla sur le visage de Butch.
Il rattrapa V, parti s'installer à sa place habituelle, juste avant qu'il s'asseye. L'accrochant par le col de son T-shirt, il le força à se retourner pour lui faire face, et là, devant tous les Frères, lui roula un patin incendiaire. V, guère surpris par l'humeur badine de son amant, lui rendit son baiser avec amusement. Ils se séparèrent après quelques secondes et leurs yeux se croisèrent.
Un instant, Butch avait craint que V ne se formalise de son impulsivité. Il n'était après tout pas connu pour son caractère démonstratif. Toutefois, une petite étincelle dansait dans au fond des prunelles de diamant, un éclat de rire intérieur impossible à déceler pour n'importe qui d'autre. Mais Butch n'était pas n'importe qui, non ?
Il offrit un sourire malicieux à V qui avait repris une posture impassible avant de se tourner vers le groupe de guerriers. La palette d'expressions qui s'offrait à eux était encore plus savoureuse qu'à leur arrivée.
Thor souriait. Wrath secouait la tête d'un air désabusé, se pinçant l'arrête du nez, tandis que Z luttait pour conserver son air d'habituelle indifférence, ses yeux en amande un peu écarquillés. Phury, quant à lui, arborait de jolies pommettes cramoisies, du plus bel effet. Ce qui perdit vraiment Butch, ce fut le petit ploc que fit la sucette de Rhage en s'écrasant au sol, alors que la mâchoire du gigantesque vampire se trouvait presque posée sur ses genoux.
Butch éclata de rire et se tourna vers V pour lui décocher une bourrade complice tandis qu'ils s'asseyaient leurs places attitrées. Plus précisément le flic se laissa-t-il tomber sur le délicat sofa avec sa douceur coutumière. Le meuble couina lamentablement, mais pas autant que Butch qui se tendit d'un coup.
Dans l'euphorie du moment, il avait presque oublié les tiraillements non négligeables qui frappaient une certaine partie de son anatomie. Il grimaça et étouffa entre ses dents un juron qui n'échappa guère à l'assistance. Après un moment de silence gêné, un grand rire échappa à Hollywood, assis juste en face d'eux.
_Un peu raide, Cop ?
_C'est rien, un... vertige... Sans doute le manque de sang, bafouilla Butch, soudain très gêné.
Rhage se renversa dans son fauteuil et poursuivit, habité par une feinte sollicitude :
_Un vertige, hein ? Ouais, tu as dû t'asseoir trop vite. Il paraît que ça fait toujours ça la première fois...
Le salut pour un Butch de plus en plus cramoisi arriva de là où il l'attendait le moins. Phury, presque aussi embarrassé que lui, tendit une perche secourable.
_Eh bien, je suppose que les félicitations sont de rigueur.
Mais Hollywood ne l'entendait pas de cette oreille. Maintenant qu'il tenait une bonne occasion de vanner ses deux amis, il ne comptait pas la laisser passer.
_Tu déconnes ? Des félicitations ? C'est la catastrophe du siècle, ouais. Ces deux-là ensemble, il ne nous reste plus qu'à prier pour que survienne l'apocalypse ! Et pourvu qu'ils ne nous fassent pas un petit. Je vois ça d'ici !
_Hollywood, la ferme ! gronda Wrath derrière son bureau.
_Oh, allez les gars... Ne soyez pas rabat-joie. Z, tu nous chanterais bien un petit cantique pour l'occasion ?
_Hollywood, on t'a dit de la boucler !
_Même pas une petite cérémonie ? Pourtant je suis sûr que Butch porterait très bien la jarretière. Bon, par contre, oubliez-moi au moment de la récupérer, hein !
_HOLLYWOOD, TA GUEULE, tonna le roi.
Wrath se décida enfin à ne pas davantage contrarier Wrath et adopta une mine faussement repentante, bien qu'un peu boudeuse. Une lueur joyeuse dansait toutefois dans ses yeux bleus, preuve qu'il se réservait pour plus tard. Butch ne lui en voulut même pas. C'était sa manière à lui de leur faire savoir qu'il se réjouissait pour eux.
La première surprise passée, Rhage ne les jugeait absolument pas. Lui pas plus que les autres en fait. Butch se détendit et s'adossa au fond du canapé avant de poser son bras sur le dossier en croisant les jambes. Il adressa un sourire dénué de malice à l'assistance.
Sa race, ses frères d'armes et le mâle qui serait bientôt son hellren... Bordel, ce qu'il se sentait bien ici...
Le silence revint dans la pièce et tous reprirent une attitude vaguement professionnelle en se tournant vers Wrath. Le roi réfléchit un instant avant de parler, comme s'il se demandait par où commencer.
_Bon, maintenant qu'on en a terminé avec les faire-part, je pense que nous avons pas mal de choses à nous dire concernant votre petite excursion surprise.
Butch retrouva son sérieux et V se pencha vers l'avant, les coudes sur les genoux, parfaitement concentré.
_On savait depuis un moment que les lessers en avaient après Butch, mais il semblerait qu'ils soient passés à la vitesse supérieure. De ce que nous avons compris, ils ont sauté sur l'occasion de capturer V pour t'attirer dans un piège, Cop. Lui soutirer des infos au passage, ça n'était qu'un bonus.
Un feulement rauque s'éleva de la gorge de Butch dont les yeux flamboyaient déjà de haine contenue. Personne ne dit rien. Rhage et les jumeaux en avaient assez vu la veille pour savoir que la fureur de leur ami était légitime. Le grondement se calma lorsque V pressa son épaule. Ils étaient là, ensemble. C'en était fini du cauchemar.
Wrath adressa un petit signe de tête à Butch avant de poursuivre.
_Ce que ces enfoirés n'avaient pas prévu, c'était que vous les retrouviez aussi vite. Apparemment, ils avaient préparé toute une petite mise en scène afin qu'on leur livre le flic.
_Tu veux dire qu'ils voulaient se servir de V comme monnaie d'échange contre Butch ? gronda Rhage, qui avait tout perdu de sa bonhomie coutumière.
Wrath hôcha la tête, les mâchoires serrées. L'odeur sulfureuse de sa colère flottait tout autour de lui. Ils avaient déjà perdu Darius, et Thor dans une certaine mesure. Il refusait de voir un autre de ses guerriers tomber à cause des coups tordus des lessers. Pas plus qu'il ne comptait leur abandonner Butch. La Vierge Scribe lui avait confié la tâche de veiller sur lui et il comptait bien s'en acquitter.
La voix de V s'éleva, glaciale, distante, comme s'il n'avait pas été aux premières loges de cette comédie macabre.
_Sauf qu'on ne sait toujours rien de leurs motivations. Et puis il y avait un humain avec eux. Qu'est-ce qu'il venait foutre là-dedans ?
_C'est là que les choses se corsent, dit le roi. Ce connard leur a servi d'intermédiaire.
_D'intermédiaire pour quoi ? demanda Butch, sentant arriver la mauvaise nouvelle.
_Pour prendre contact avec un des nôtres. Les lessers savaient qu'aucun vampire ne leur parlerait directement. Alors ils ont manœuvré en douceur en se servant de l'humain pour soutirer des informations dans notre camp et trouver un moyen de pression.
Une fois cette petite bombe lâchée, Butch sentit une colère homérique monter en lui. Des vagues de soufre s'échappaient de son corps tendu, mêlées à une fragrance plus menaçante, une odeur d'épices sombres qui flotta tout autour de V, tel un avertissement. Il ne pouvait penser à rien d'autre qu'à l'enfoiré de traître qui avait mis son hellren en danger. Peu lui importait qui c'était. Il allait le crucifier...
Un seul mot, direct, létal, parvint à franchir ses dents serrées.
_Qui ?
_Tu ne vas pas aimer ça, Cop, le prévint Wrath.
_Sans déconner ? cracha Butch, tendu comme un arc.
_Moi non plus à vrai dire...
Wrath se tourna lourdement vers la seconde porte de son bureau et tonna :
_Saxton ! Fais-la entrer.
_ « La » ? s'étonna Butch, un peu douché.
Le lourd battant s'ouvrit dans un chuintement feutré. Le premier à franchir le seuil fut le jeune avocat qui salua l'assemblée d'un hochement de tête. Il était toujours tiré à quatre épingles et ce jour ne faisait pas exception. Son costume gris perle mettait en valeur le cendré de ses cheveux blonds.
Butch lui rendit son salut avec un petit sourire crispé avant d'aviser la frêle silhouette attachée à ses pas. Derrière Saxton, le visage ravagé par les sanglots, se tenait une Marissa voûtée et tremblante. Elle tordait nerveusement un foulard de soie entre ses doigts fins et refusait obstinément de regarder les hommes présents dans la pièce.
Butch se redressa d'un bond, tel un ressort, pâle comme la mort. Wrath se tourna vers lui, jaugeant sa réaction, prêt à intervenir au besoin. Mais le flic semblait pétrifié.
_Z et Phury l'ont trouvée près du hangar quand ils sont retournés faire le ménage, expliqua le roi aveugle.
Butch s'approcha à pas mesurés de Marissa et s'arrêta à un bon mètre d'elle, comme pour s'assurer qu'il réussirait à se contrôler. Il inspira deux fois, profondément, et se concentra pour parler doucement. Malgré ça, sa voix sortit aussi rauque que si elle avait été passée au mixeur.
_Marissa, pourquoi est-ce que vous avez fait ça ? demanda-t-il tandis qu'un abîme d'incompréhension se creusait en lui.
Elle leva vers lui des yeux noyés par la culpabilité et les regrets, mais garda le silence. Sauf que Butch voulait des réponses. Il prit sur lui pour garder son calme et museler ses instincts de mâle dédié.
_Je pensais que nous étions amis, souffla-t-il. Et vous nous avez tous trahis. Pas seulement Vishous ou moi. Mais tout votre peuple...
Elle secoua la tête, désemparée.
_Oh, Butch... Je suis tellement désolée ! Je n'ai jamais voulu cela, je le jure. Chad... Il... il disait qu'il ne vous voulait pas de mal, qu'il était un de vos amis, qu'il s'inquiétait pour vous... Je pensais bien faire !
_Vous pensiez bien faire en leur livrant Vishous ? gronda Butch à voix basse.
Elle secoua vivement la tête en lui jetant un regard blessé.
_Ça non plus, il n'en avait jamais été question, se défendit-elle avec âpreté. Vous devez me croire. Il me demandait de vos nouvelles. Il disait que vous vous connaissiez depuis longtemps et que les Frères l'avaient menacé pour l'empêcher de vous contacter. Je le jure, conclut-elle avec ferveur, ses prunelles d'océan plantées dans celles de son vis-à-vis.
Butch soupira en se passant la main dans les cheveux. Il se tourna vers V, mais l'expression de celui-ci était impénétrable, même pour lui. Marissa n'avait pas délibérément cherché à les mettre en danger. Elle s'était fait berner par ces salauds, elle aussi victime de leurs petits jeux. À sa manière, elle avait seulement voulu les aider.
Prisonnière des us et coutumes d'une aristocratie rigoriste depuis trop longtemps, elle n'avait cherché qu'à éviter ce sort au flic. Sauf que leurs situations étaient loin d'être similaires. Butch s'était coulé sans mal dans un moule qui semblait avoir été taillé pour lui tandis que Marissa n'avait cessé de chercher sa place, ballottée entre le revirement de Wrath et les attentes de la Glymera.
Au fond, Butch la plaignait sincèrement. Et si ses actions n'avaient pas mis V en danger, il n'aurait pas été certain de pouvoir lui en tenir rigueur. L'enfer était décidément pavé de bonnes intentions.
Personne n'avait osé rompre le lourd silence qui s'était abattu sur l'assemblé. Tout aurait été tellement plus simple pour Wrath s'il s'était agi de châtier un traître. Après tout, cette femelle avait été sa compagne des siècles durant et il ne se voyait pas la punir de sa naïveté. Mais il était le roi. C'était son rôle d'intervenir, son devoir et son fardeau. Il glissa la main dans la fourrure soyeuse de Georges qui s'était assis à côté de sa jambe. La chaleur de l'animal le réconforta un peu et il reprit la parole d'une voix grave.
_Marissa, nous avons des règles. Elles ne sont pas là uniquement pour vous enfermer, mais aussi pour nous protéger. Tous, vous y compris. Vous les connaissiez et pourtant vous les avez bafouées. Plus grave encore, vos actes ont mis la vie de nos guerriers en danger.
_Ce n'était pas mon intention, répondit-elle avec dignité.
_Nous l'avons compris, mais vous devez prendre conscience que chacun de vos actes peut avoir des conséquences terribles.
Marissa se voûta un peu avant de se tourner vers Butch qui la regardait toujours. La rage de ce dernier s'était en partie évaporée et il ne voulait pas l'accabler plus qu'elle ne l'était. Mais par sa faute, V avait été humilié, torturé et lui avait failli le perdre. Il aurait pu pardonner beaucoup de choses, mais l'image de son mâle écartelé sur cette putain de table se matérialisa devant ses yeux, presque tangible, et il serra les dents. Il se sentait incapable d'évaluer cette situation avec recul et lucidité.
_Butch, je vous en prie...
_Marissa, je vous crois, répondit-il dans un souffle. Et je peux concevoir que vous ne pensiez pas à mal, mais vous avez tout de même mis Vishous en danger. Il appartient à Wrath de prendre cette décision, car je ne pourrais en aucun cas me montrer objectif.
Tandis que Butch prononçait ces mots, V se leva et lui posa une main sur l'épaule. Sa chaleur l'enveloppa. V était demeuré silencieux depuis le début de l'échange, comme si les faits relatés ne le concernaient toujours pas.
À cet instant, V ne savait quoi penser de la femme qui leur faisait face. La plupart du temps Marissa l'agaçait quand il devait passer ses nuits de congés à lui courir après. Mais il lui était aussi arrivé d'admirer sa ténacité, son acharnement à briser les liens qui l'enfermaient dans le monde étriqué de la Glymera. Il avait également ressenti une terrible jalousie lorsqu'il avait cru que Butch en pinçait pour elle. Mais c'était fini. Butch était à ses côtés maintenant.
Et quelque part, Marissa n'avait cherché qu'à protéger un homme qui s'était érigé comme son défenseur et son ami. Elle l'avait fait pour Butch. C'était quelque-chose que V pouvait entendre, même s'il déplorait la naïveté de Marissa vis-à-vis de l'humain qui l'avait abordée.
Debout derrière Butch, il la contempla sans colère et sans dégoût, perplexe lui aussi. Et Marissa le dévisagea comme si elle le voyait pour la première fois, comme si elle percevait le vampire dissimulé derrière les tatouages infamants. Une autre âme mise en cage.
_Je vous demande pardon, déclara-t-elle sincèrement en soutenant son regard pour la première fois depuis des siècles.
V se contenta de hocher la tête pour lui signifier qu'il acceptait ce gage de paix, puis il se tourna vers Wrath.
_Ta Majesté, tout cela dépasse le cadre de la Confrérie, statua-t-il. Aucun de nous ne pourrait rendre un jugement objectif.
Un instant de communication silencieuse s'établit entre les deux hommes. L'un comme l'autre savait que les lois de la Race autorisaient V à demander réparation pour l'affront qu'il avait subi. Tout comme ils savaient que le guerrier y avait d'ores et déjà renoncé.
Wrath hocha la tête.
_Je suis d'accord avec toi, mon Frère. Marissa, vous serez présentée au conseil des Princeps pour jugement. En attente de cette réunion, vous ne pourrez pas quitter le manoir.
Elle accepta cette sentence avec dignité. Pourtant, et même si le guerrier aux yeux de diamant s'était montré clément, elle était consciente que son avenir demeurait incertain.
_Saxton, ramène-la à sa chambre, conclut Wrath.
_Oui, Votre Majesté, opina l'avoué. Venez, Marissa.
Il lui prit délicatement le bras pour la faire sortir. Avant de franchir le seuil, elle jeta un dernier regard à Butch, cherchant sans doute à s'assurer qu'il lui pardonnerait un jour. Celui-ci soutint les prunelles d'océan, mais ne prononça pas un mot. Il n'en savait foutrement rien...
Après ce départ, personne n'osa parler. Tous avaient été ébranlés par la confession de Marissa. Il était donc si facile de les atteindre. Que faire d'une guerre qui retournait les innocents contre leurs semblables ? Comment se protéger ? Comment protéger ceux qui leur étaient chers ?
V sentait Butch plus tendu que jamais. Après ces révélations fracassantes, il allait se sentir responsable de ce qui était arrivé. Vishous allait devoir le rassurer, lui faire comprendre qu'il n'était pas fautif. Avec ou sans lui, cela aurait pu finir par arriver. Ils étaient en guerre, certaines choses étaient inévitables.
_Tu n'y es pour rien, Cop. Tous les moyens sont bons pour nous atteindre et tu le sais.
Butch hocha la tête, guère convaincu, mais un peu réconforté. V serra l'épaule musclée et incita son compagnon à revenir sur le sofa. Le flic s'assit, plus doucement cette fois, et se prit la tête à deux mains, les coudes posés sur les genoux. À côté de lui, V sortit sa blague à tabac et commença à se rouler une clope avant de reprendre la parole. Quand il parla, sa voix était contrôlée même si une réelle note d'inquiétude perçait dans ses intonations.
_Ce qui est vraiment perturbant dans tout ça, c'est leur obsession pour toi, Cop.
Les Frères qui étaient restés bien silencieux jusqu'ici grognèrent en chœur leur assentiment. Butch releva la tête et jeta un regard autour de lui, un peu perdu. Il avait complètement occulté cet aspect de l'affaire, mais c'était bien après lui qu'en avaient les lessers.
_Ça a sûrement quelque chose à voir avec les visions que tu as eues, dit Wrath en se tournant vers V.
_Ouais, répondit celui-ci en soufflant une bouffée de tabac turc. Sauf qu'il n'en ressortait rien de clair... Donc pour le moment, on ne peut rien faire d'autre qu'attendre. Et ça ne me plaît pas du tout, conclut-il avec une note de férocité.
Les autres guerriers ne le comprenaient que trop bien pour avoir vu leurs compagnes emportées ou menacées par leurs ennemis. Wrath, Rhage et Z avaient le visage dur. Ils savaient ce qu'il y avait en jeu. Thor, quant à lui, avait le regard perdu dans le lointain, tourné quelque part vers l'Au-Delà où l'attendait sa shellane assassinée. Personne n'avait été aussi profondément touché que lui. Sa disparition, la mort de Darius...
Ces disparitions avaient porté des coups très durs au petit monde de la Confrérie et personne ne voulait revivre cela. Alors ils se tiendraient prêts à affronter ce que l'ennemi leur réservait. V plus qu'un autre. Si Butch était en danger, cela signifiait qu'il allait passer en mode défense.
Il contempla l'homme aux yeux noisette et au nez cassé assis à côté de lui. Ce mec-là, c'était toute sa vie et le fils de la Vierge Scribe se fit le serment que rien ni personne ne pourrait le lui arracher. Les yeux de diamant se mirent à briller d'une lueur aveuglante. Ce jour-là, plus qu'à aucun autre moment, Vishous ressemblait au demi-dieu qu'il était. Ce qui n'augurait rien de bon pour les lessers.
Les temps à venir risquaient d'être intéressants, quoique difficiles à gérer. Mais tant qu'ils restaient soudés dans leur combat, comme les Frères qu'ils étaient, ils avaient de bonnes chances de s'en sortir. Et pourquoi pas, armés des prophéties de Vishous et de leur futur, mettre fin à cette foutue guerre...
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