Un soir au coin du feu

Chapitre 22 : un soir au coin du feu

Wrath se frotta la nuque en relevant le nez de la pile de documents qui envahissait son bureau, puis il braqua ses yeux masqués par d'épais verres fumés vers le jeune mâle assis en face de lui. Malgré sa cécité, le poids formidable de ce regard avait toujours le don de mettre Saxton vaguement mal à l'aise. Et pourtant, peu de choses déstabilisaient l'avoué.

Il rendit son regard au roi, conscient que la perception de Wrath allait bien au-delà de ses yeux. Saxton commençait également à bien connaître les attitudes de l'irascible monarque et avait appris à anticiper ses déclarations. Ce qui allait suivre ne serait pas une banalité, il en était certain.

_Je te remercie de ton aide, Saxton. Elle m'est très précieuse. Je suis soulagé d'avoir un mâle de valeur tel que toi pour m'épauler.

Devant l'ampleur du compliment qui venait de lui être fait, Saxton déglutit sans parvenir à articuler de réponse. Il se contenta de hocher la tête. Cette déclaration avait suscité autant de fierté que d'amertume en lui.

Conscient que leur session de travail était terminée, il rassembla ses dossiers et adressa ses respects au roi avant de quitter le bureau.

Agité, Saxton emprunta les couloirs qui le ramèneraient à l'entrée du manoir. Le claquement de ses semelles résonnait comme autant de petits coups secs dans le dédale désert. Alors qu'il demeurait un peu perdu dans ses pensées, ses pas le menèrent jusqu'à la bibliothèque et la vue de la double porte qu'il connaissait si bien le tira de sa torpeur. Il ressentit le besoin de s'attarder un moment ici, au calme, avant de rejoindre son appartement, certes magnifique, mais tellement vide.

La plupart du temps, il crépitait un bon feu dans cette pièce et l'odeur familière du vieux papier lui apportait un sentiment de paix. La solitude semblait moins lourde en ces lieux. Saxton y était souvent venu lorsqu'il fréquentait encore Blay. C'était également ici qu'il avait adressé ses premiers mots à Lassiter. Cette pensée dessina un rictus amer sur ses lèvres alors qu'il passait la porte de la pièce.

Mais il était dit que son havre de tranquillité ne lui en apporterait pas ce soir-là. Il allait refermer derrière lui lorsque résonna un pas assuré, qu'il ne connaissait que trop bien. Saxton se retourna.

À quelques mètres de là se tenait l'objet de ses tourments, plus éblouissant que jamais. Si différent de lui, avec ses piercings et ses étranges mèches bicolores, à des années-lumière de ces êtres éthérés peints sur les vitraux glacés des églises. Un ange déchu au regard ardent...

Lassiter arborait pour l'heure un sourire prédateur tandis que le cœur de Sax se serrait devant tant de perfection. Il aurait pu tuer pour passer tendrement ses doigts dans les cheveux de Lassiter qui, bien entendu, se serait empressé de lui rire au nez. La tendresse s'accommodait mal de tant de suffisance, comprit Saxton, non sans amertume.

Il soupira en se détournant de son pyrocant. Il s'était fait une raison depuis longtemps et n'avait aucune envie de souffrir plus que nécessaire. S'il s'avisait de laisser l'ange jouer avec son cœur tel un chaton avec sa pelote de laine, Saxton ne retrouverait qu'une plaie béante dans sa poitrine lorsque son inconstant amant se serait lassé de lui.

Mais Lassiter, visiblement incapable de le laisser en paix, lui barra le chemin et l'attrapa par la manche.

_Sax, attends...

La note de gravité, presque de supplication, qui avait percé dans le ton habituellement enjôleur poussa l'avocat à se retourner.

_Qu'est-ce que tu veux ? demanda-t-il avec lassitude.

_Allons, allons, tu as l'air d'avoir grand besoin de te détendre, susurra Lassiter, retrouvant son sourire suggestif. Je pourrais t'aider. Te faire un petit massage par exemple..., suggéra-t-il en caressant du bout du doigt une mèche de cheveux blonds.

Saxton frissonna à ce contact et serra les poings pour se retenir de rendre la caresse.

_Tu sais ce qui me détendrait vraiment ? demanda-t-il en s'écartant.

_Tout ce que tu voudras, mon doux ami, ronronna Lassiter, soudain attentif. Parle et je m'exécute !

_Que tu me laisses tranquille... Une bonne fois pour toutes. Trouve-toi un autre divertissement, martela Saxton en détachant chaque syllabe.

La moue joueuse de Lassiter s'effaça aussitôt pour laisser place à une mine renfrognée.

_Tes petits jeux commencent à me lasser, sais-tu ? gronda-t-il.

_Tu m'ôtes les mots de la bouche...

_Tu n'as pas encore compris, n'est-ce pas ? Tu es à moi ! Et je ne te laisserais pas m'échapper éternellement. J'ai été patient, mais j'en ai plus qu'assez de tes caprices. Tu as envie de moi autant que moi de toi. Et tu finiras bien par l'admettre.

Lassiter s'était approché pendant qu'il parlait, à tel point que leurs corps se touchaient presque. Le souffle de Lassiter balayait le visage de Saxton, mais celui-ci refusait de céder un pouce de terrain. Ce petit discours rageur avait commencé par l'interpeller, avant de piétiner ses maigres espoirs.

Envie de lui ?

Oh que oui, il avait envie de Lassiter. Mais si ce n'était que ça...

Ce maudit ange ne savait pas à quel point il avait vu juste lorsqu'il avait dit que Saxton lui appartenait. Sauf qu'il ne devait jamais l'apprendre. Sous aucun prétexte.

La résignation s'abattit sur les épaules de Saxton, lui arrachant un profond soupir.

_Tu rêves, mon pauvre ami, assena-t-il. Je ne t'appartiens pas et ça ne sera jamais le cas, alors fais-toi une raison et laisse-moi en paix.

Son ton mortellement sérieux dut convaincre Lassiter que l'heure n'était plus au marivaudage. Il recula, visiblement furieux, comme habité par un tourbillon d'émotions contradictoires impossible à démêler. Saxton se demanda ce qui aller se passer et se prépara à la confrontation, même s'il se refusa à montrer pas son inquiétude.

La voix de Lassiter était dangereusement basse quand il reprit la parole, mais il n'usa d'aucune violence.

_Je vais te laisser. Pour le moment... Mais tu es à moi. Ne t'avise pas de l'oublier.

La porte claqua violemment lorsqu'il quitta la pièce tel une tornade. Saxton resta figé un moment avant de relâcher toute la tension qu'il n'avait pas conscience d'avoir accumulée.

_Comme si je pouvais l'oublier, murmura-t-il tandis que sa fragrance de mâle dédié se répandait partout dans la pièce.

Il se frotta les yeux et peut-être se serait-il effondré si un raclement de gorge gêné ne s'était pas élevé d'un énorme fauteuil crapaud disposé devant la cheminée, de telle manière que son occupant était resté invisible depuis le début de la conversation. Le témoin involontaire de cette humiliation se leva doucement et adressa un sourire contrit à Saxton.

Face à lui se tenait Butch, le nouvel occupant du manoir. Saxton lui avait assez peu parlé jusqu'ici, mais l'ancien humain s'était toujours montré sympathique et ouvert. Désormais, il arborait un sourire forcé.

De toute façon, quitte à rendre publique l'humiliation, lui ou un autre...

_Saxton, je suis désolé. Je ne voulais pas être indiscret, s'excusa Butch.

_Ça me semble un peu raté, répondit l'avocat plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu.

L'autre homme avait l'air franchement mortifié à présent et Saxton ressentit une pointe de culpabilité.

_J'étais venu ici pour réfléchir et je ne t'ai pas entendu rentrer, s'expliqua Butch. J'ai pensé à m'esquiver discrètement et puis Lassiter est arrivé. Tu connais la suite...

_Je m'excuse également, répondit Saxton en soupirant. Je sais que tu dois être mal à l'aise d'avoir assisté à ça. Après tout, la bibliothèque est un lieu public...

Butch détailla son vis-à-vis avec attention. Il connaissait assez peu le jeune avoué, mais il savait que Wrath lui faisait toute confiance pour s'occuper de la paperasserie. Saxton renvoyait l'image d'un type excessivement poli, un poil rigide, précieux aussi, et sûrement diablement efficace dans son boulot. Un tueur à sa manière. Son terrain de chasse était simplement très différent de celui des guerriers de la Confrérie.

Pour autant, Butch ne lui connaissait pas cette dignité, cette force. Avec sa fierté foulée au pied par ce connard d'ange, son odeur de mâle dédié flottant partout dans la pièce, son orientation sexuelle dévoilée à un quasi-inconnu, il restait debout face à lui sans ciller. Et s'il pensait vraiment que sa valeur serait jugée à l'aune de ses préférences sexuelles, Saxton avait dû en voir des vertes et des pas mûres dans le passé.

Butch le rassura.

_Tu veux dire mal à l'aise qu'il y ait quelque chose entre toi et Lassiter ? Nan, j'ai l'hab... Hum, je veux dire que je m'en contrefous. Mais toi, ça n'a pas l'air d'aller fort, biaisa-t-il. Je sais qu'on ne se connaît pas bien et que, peut-être, tu préférerais que ce soit quelqu'un d'autre qui te le propose, ou personne, mais si tu as besoin de parler... Et merde ! ajouta Butch avec un sourire d'excuse. Faut toujours que je cause à tort et à travers...

Saxton cacha son étonnement derrière un petit rire. Le gigantesque guerrier qui lui faisait face ne le jugeait pas. Mieux, il lui tendait une main amicale sans même s'attendre à ce qu'il la saisisse. Quand Saxton le jaugea du regard, Butch ne détourna pas les yeux et conserva une expression à la fois ouverte et discrète. L'air de dire qu'il ne se vexerait pas si sa main tendue n'était pas acceptée.

Mais, après tout, pourquoi pas ? De toute façon, Saxton ne se sentait plus vraiment en condition pour apprécier le silence de la grande pièce. Il se dirigea vers le bar dans le fond de la pièce.

_Un verre ?

Butch en désigna un posé sur la table basse. Vide...

À bien y regarder, il n'avait pas l'air beaucoup plus serein avec ses traits tirés.

_C'est pas de refus. Je crois qu'il reste un fond de Lag.

Saxton dénicha la bouteille en question et remplit le verre de Butch avant de se servir un cognac.

Ce choix fit sourire Butch. L'alcool ambré correspondait parfaitement à l'homme qui lui faisait face : fort, aristocratique et racé. Saxton réchauffa le verre ballon de ses mains élégantes avant de faire tourner doucement le liquide doré. Il mettait dans la dégustation de sa boisson autant de minutie que dans l'étude d'un dossier épineux.

Les deux hommes restèrent silencieux un long moment, à contempler une bûche qui se consumait lentement dans l'âtre. L'absence de paroles était confortable et les flammes dessinaient des ombres mouvantes sur le tapis, comme un étrange théâtre de marionnettes. Une bûche craqua et quelques étincelles voletèrent dans la cheminée.

Saxton fut le premier à reprendre la parole, légèrement amusé.

_Tu as dit que tu étais venu ici pour réfléchir. Il semblerait que ce soit la vocation de cette pièce.

Butch fixait toujours les flammes. Il comprit que son interlocuteur cherchait à détourner la conversation de ce qui venait de se passer et donc de lui-même. Il n'y avait pas de quoi lui en tenir rigueur. Après tout, qui se livre aux étrangers ? Butch ne comptait pas non plus lui raconter sa vie, même s'il pressentait que le mâle en face lui pourrait lui fournir quelques réponses. Après tout, Saxton était un vrai vampire, lui...

_Ma transition est plutôt récente, hésita Butch, et je crois que je ne comprends pas encore tout ce qu'être un vampire implique. Notre nature, nos instincts, les réactions que ça provoque. C'est comme si tout ce qu'il y avait de plus... primitif en moi avait été dopé en un rien de temps.

Saxton quitta les flammes des yeux et tourna la tête vers son voisin, se gardant bien de l'interrompre. Finalement, ils en étaient tous au même point, pensa-t-il amèrement.

_Dans la même soirée, j'ai failli démembrer mon ancien coéquipier, qui est aussi mon seul ami humain, et un civil qui tentait de s'approcher de... quelqu'un d'important pour moi. J'étais comme... possédé, incapable de m'arrêter. J'aurais pu les tuer, gronda Butch en se prenant la tête à deux mains. Bordel, je suis censé protéger les innocents, pas les tabasser !

Saxton laissa son interlocuteur se reprendre avant de lui répondre. Il fixait de nouveau la cheminée.

Lui était né vampire et n'avait pas eu à subir les affres d'une transition tardive. Pourtant, il comprenait ce qu'essayait d'exprimer Butch. Un instant, on s'enorgueillit de sa maîtrise et de sa belle éducation, et celui d'après, on ne vaut pas mieux qu'un fauve guidé par ses plus bas instincts.

Il suffisait de si peu pour basculer, pour ne pas se reconnaître.

_Nous autres, les vampires, on en revient toujours au même point, commenta amèrement Saxton. Quel que soit le polissage de civilisation et de manières, quel que soit le vernis que l'on appose en société, nous sommes à peine plus que des bêtes. Notre nature nous rend possessifs et ultra-protecteurs. Tu dois l'accepter avant de pouvoir le contrôler. Et je ne parle même pas du jour où tu rencontreras ta compagne. Rien n'est plus dangereux qu'un mâle dédié...

Butch releva la tête. Il avait déjà entendu cela. Ce furent l'amertume et la douleur du ton qui lui permirent de se rappeler quand. « Il » avait paru aussi désemparé que Saxton en le disant.

_Vishous m'a déjà dit cela, il y a longtemps... Il disait aussi que les unions étaient indéfectibles chez les vampires.

_Oui, elles le sont. Le mâle dédié marque dans sa chair la personne choisie et dépose sa fragrance sur sa peau. C'est une forme d'avertissement pour les autres mâles. S'ils s'avisent d'approcher, ils devront en subir les conséquences.

Butch sentit qu'il allait terriblement empiéter sur l'intimité de son compagnon d'infortune, mais il avait besoin de savoir. Aussi osa-t-il poser sa question en espérant que Saxton comprendrait qu'il ne cherchait pas à le blesser.

_Sa fragrance... Tu veux dire, comme cette odeur que j'ai sentie quand Lassiter a quitté la pièce ?

Il regretta son audace en voyant une douleur intense se peindre sur le visage aristocratique. Mais Saxton se reprit très vite et l'expression s'envola en un instant. Butch aurait presque cru l'avoir rêvée.

_Oui, souffla-t-il. C'est la marque d'un mâle dédié. Chaque fragrance est unique. C'est primaire, instinctif : la bête reconnaît son autre moitié, sans qu'on puisse rien n'y faire. Il ne reste que la soif dévorante de son sang, ce besoin inouï de la faire sienne et de la marquer comme telle. Ça et... l'incapacité de faire quoi que ce soit qui pourrait blesser l'autre. Quitte à s'y perdre soi-même...

S'y perdre. Butch n'aurait pu mieux exprimer cette sensation de plonger dans un puits sans fond lorsqu'il avait, l'espace d'un instant, pensé perdre V. Lui faudrait-il accepter de se laisser tomber au plus profond de cet abîme avec le vampire pour seul point d'accroche, pour seul lien ? Mais était-ce seulement possible ?

Saxton avait parlé de compagne, à aucun moment de compagnon. Était-ce pour cela qu'il repoussait Lassiter alors même qu'il semblait souffrir le martyr ? C'était assez délicat de poser cette question avec élégance alors Butch opta pour un ton léger.

_Hum, tu as parlé de compagne, mais je n'ai pas eu l'impression que Lassiter soit une femelle. Ou alors j'ai vraiment raté quelque-chose au catéchisme...

Un petit rire triste secoua Saxton.

_Non, je peux t'assurer que c'est bien un mâle.

_Alors, un vampire peut aussi se dédier à un autre mâle. Est-ce que c'est... permis ? hésita Butch.

_Permis ? Par qui ? Voilà toute la question. Certainement pas par notre société ou nos coutumes... Nous sommes une race en voie de disparition, gouvernée par une élite née, pour les plus jeunes, il y a plusieurs siècles, lâcha amèrement l'avocat de la Glymera. Ce fossé gigantesque entre ce qui est « possible » et ce qui est « permis », c'est toute la contradiction de notre espèce. Mais les choses sont ainsi faites...

Butch laissa planer un court silence avant de demander :

_Lassiter ne sait pas que tu t'es dédié à lui, n'est-ce pas ? Pourquoi ne pas lui dire ? Il semble... intéressé par toi.

_C'est tout le problème, soupira Saxton. Lassiter semble beaucoup de choses. Ce serait sûrement aussi notre cas après avoir vécu aussi longtemps que lui. L'éternité, c'est lassant, il faut bien tromper l'ennui. Et certains passe-temps sont plus... distrayants que d'autres. Peut-être que je devrais simplement lui donner ce qu'il veut, ajouta-t-il cyniquement. Lassiter est un chasseur et fuir ne fera que l'exciter davantage, je suppose.

Pour avoir lui-même passé beaucoup de temps à tromper l'ennui, Butch pouvait comprendre que Saxton n'ait pas envie de tenir le rôle du divertissement. Mais quelque chose lui disait que les sentiments de Lassiter à l'égard de ce vampire allaient au-delà de la passade.

Il ne connaissait pas bien les deux mâles, mais il savait reconnaître l'angoisse. L'un, par crainte d'être rejeté, dissimulait un intérêt profond derrière le badinage et l'autre, de peur d'être utilisé, luttait de toutes ses forces contre son attirance. Butch avait de la peine pour eux, car cette situation paraissait inextricable.

Lui, au moins, il avait V et ne craignait pas de se voir rejeté. Enfin peut-être pas tant que ça si on en croyait cet élan de possessivité qui l'avait poussé à agresser le jeune danseur. Enfin, peut-être que tous les mâles ne réagissaient pas comme ça... Son tempérament d'Irlandais bouillonnant lui avait déjà valu pas mal de soucis. Tout l'inverse de Saxton. Un mâle calme, posé, réfléchi.

La question méritait d'être posée.

_Et de manière tout à fait hypothétique, commença Butch en se grattant la gorge, si tu voyais un quelqu'un d'autre tenter de séduire ton emplumé ? Ou de lui faire du mal ?

Un feulement sourd roula dans la gorge de Saxton dont les crocs s'allongèrent d'un coup, dépassant comme deux sabres de ses lèvres vermeilles. Ce mec n'était peut-être pas un guerrier, mais en cet instant, impossible d'ignorer que son appartenance à la race des vampires le plaçait tout en haut de la chaîne alimentaire.

Quand il parla, sa voix habituellement calme n'était plus qu'un grognement rauque.

_Je ne suis pas un soldat comme vous autre, mais si ce jour arrive, je prie la Vierge Scribe que quelqu'un soit là pour m'empêcher de lui ouvrir la gorge...

Butch le regarda un long moment dans les yeux et hocha la tête, comme pour lui en faire le serment.

_Foutus instincts de mâles dédiés...

Les deux hommes trinquèrent avant de les terminer leurs verres d'une seule gorgée. La bûche avait presque terminé de se consumer.

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