Le début du changement.

Le téléphone vibrait longuement dans sa poche, signifiant que quelqu'un l'appelait. Il sortit l'appareil et décrocha sans regarder le nom de la personne.

"Obito ! Comment vas-tu ?"

Le garçon sourit au son de cette voix qu'il était capable de reconnaitre entre mille.

"Ça va Minato, et toi ?

-Bien, si on oublie le fait qu'on m'a encore rajouté des heures pour ce soir.

-Oh laisse moi deviner. Kushina travaille tard et toi aussi, du coup tu veux que j'héberge Naruto sous mon toit et le nourrisse grâce à ma grande générosité jusqu'à ce que vous rentriez ?"

L'homme à l'autre bout rit tranquillement.

"C'est ça, sauf si ça te dérange.

-Non pas de soucis. Tu l'as prévenu ?

-Je vais le faire, j'attendais simplement l'accord de mon ancien élève préféré."

Un rire lui échappa avant de le saluer et de raccrocher. Bien sûr qu'il s'occuperait de Naruto, il adorait les enfants, en particulier Naruto, et il ne refuserait jamais de rendre un service à l'homme qui l'avait aidé à devenir qui il était aujourd'hui. En plus de ça, il ne travaillerait que jusque seize heures ce jour là. Il serait bien disponible pour lui.

Il finit de se préparer puis sortit en claquant la porte de sa petite maison. Il espérait que sa journée au bureau ne serait pas trop longue ou épuisante. Il n'y avait jamais de juste milieu là bas : soit il retrouvait son bureau enfoui sous les papiers, soit il se tournait les pouces la moitié du temps. Il avait vraiment hâte de monter sa propre boîte de journalisme. Là où il travaillait, il avait l'impression de faire du surplace.

Alors qu'il s'apprêtait à bailler, son patron, élégamment habillé comme toujours, passa rapidement devant lui jusque son bureau.

"Uchiha, dans mon bureau de suite !"

Obito cligna des yeux quelques fois avant que l'information ne monte au cerveau. Lui ? Dans le bureau du chef ? Bon ou pas bon ? Qu'importe, ce ne serait forcément pas bon s'il le faisait attendre. Il dépoussiéra ses vêtements dans un mouvement vif et entra dans le grand bureau lumineux et confortable, soit le contraire du sien. L'homme âgé poussa un soupir las avant de porter son attention sur lui. On sentait qu'il avait hâte que cet entretien prenne fin. Cet homme semblait détester tous ceux qui n'avaient pas au moins quatre zéros avant la virgule sur leur relevé de compte en banque ou qui n'avaient pas de contact avec une personne même moyennement connue pour coller avec leur métier. Malheureusement Obito représentait ces deux cas de figure.

Il s'assit après que l'ordre fut donné. Il n'aimait pas se faire commander mais comment travailler pour une personne supérieure à vous sans se faire commander comme un petit chien ? La vie pouvait vraiment être injuste parfois.

"Comme chaque semestre je vérifie les chiffres de l'entreprise, vous devez vous en douter. J'ai pour habitude de renvoyer la personne la moins productive. Comme vous le savez, une entreprise a besoin de personnes fortes et travailleuses pour tourner. Et je veux que la mienne tourne à plein régime, tout le temps. Vous comprenez ?"

Bien sûr qu'il comprenait. Obito étudiait la façon de monter une boîte durable. Malheureusement, il n'avait encore rien, surtout pas l'argent. Dans un coin de son esprit, il pensait que le patron allait le féliciter pour son travail acharné, qui ne donnait pas de grands résultats mais qui était créateur de bonnes idées. Dans l'autre, il se doutait que cet entretien était une mise en garde et cela a provoqué une vague de frissons dans tout son être. Il ne pouvait pas se permettre une baisse de salaire. Son loyer augmentait presque tous les mois et il était difficile de trouver un endroit peu cher proche de son travail. L'endroit se trouvait dans le centre-ville, s'il y louait un appartement non loin il aurait tout à disposition et pourrait vendre sa voiture. Plus d'assurance ni d'essence et il pourrait vivre sans faire de privation ou devoir trouver un petit travail à côté. Sauf que ça avait un prix.

"J'ai regardé votre dossier : aucun problème en langue, travail dur, polyvalent, donne son maximum dans tout ce qu'il fait... Mais c'est loin d'être suffisant. J'ai peur de vous avouer que je ne sens pas l'âme d'un journaliste en vous."

Cela fit rire Obito. Cet homme lui avait parlé trois fois en une année, comment pouvait-il affirmer ce genre de chose ? Certes, il fallait trouver quelque chose qui tienne la route pour le licencier mais il pourrait au moins faire un effort ou réfléchir.

"Vous êtes le moin productif ces derniers temps, voyez-vous, et j'ai pour habitude de me débarrasser de ce qui m'encombre. N'y voyez rien de personnel ! Je fais seulement en sorte que l'autre dizaine de personnes garde leur place, d'accord ? Eh puis je ne suis pas un monstre, je vous donne le prochain semestre pour vous rattraper. Mais si je ne vois aucune amélioration d'ici la fin du mois, je vous licencie. Puis-je compter sur vous ?

-Eh bien... Non, ce n'était pas le moment de douter devant son supérieur ! Oui, vous pouvez compter sur moi. Je vais faire mon maximum pour vous plaire et faire remonter notre enseigne, il finit noblement.

-Mon enseigne, il corrigea. Quoi qu'il en soit, vous vous doutez aussi que je me dois de vous rétrograder. Je pense que la partie jeu vous ira parfaitement."

Le jeune homme le regarda, médusé. La partie jeu !? C'était la partie du magazine qui ne comptait qu'une demie page ! Un sudoku ou un mot croisé de temps en temps et rien d'autre ! Comment pouvait-il prouver qu'il avait sa place ici en ayant la partie la plus inutile ?

Il soupira mentalement et hocha la tête avant de se lever et de partir en saluant l'autre homme. La partie jeu signifiait aussi que le salaire diminuerait considérablement. Il allait devoir réfléchir et faire de grands efforts s'il voulait montrer qu'il avait sa place dans ce monde de brutes.

Il se réinstalla à son bureau et débuta une grille de jeu tout en cherchant des idées pour se faire remarquer positivement. La tâche risquait d'être très difficile. Il travailla sans relâche malgré sa baisse flagrante de morale jusqu'à ce qu'il fut l'heure de partir. Réfléchir, encore, encore et encore ; il devait trouver un moyen de sauver sa place. Iln'avait pas le choix... Mais que faire ?

* * *

Naruto soupira sur sa chaise. Cela ne faisait que dix minutes que le cours avait commencé et il avait l'impression d'y être depuis une heure. Iruka Umino était un bon professeur mais lorsqu'il perdait l'attention de ses élèves, il ne la récupérait pas. Le regard de Naruto dévia vers les fenêtres où il pouvait observer les bâtiments environnants, submergés par le soleil d'été et le grand ciel bleu. D'après ce qu'il avait senti à huit heures en arrivant au collège, il pouvait dire que la journée serait chaude. Les bavardages reprirent lorsque le professeur s'installa à son bureau pour récupérer quelques papiers, laissant Naruto silencieux sur sa chaise.

Gaara, le rouquin à côté de lui, ne lui avait toujours pas adressé la parole depuis la rentrée ; il restait toujours silencieux et seul même dans les couloirs, ignorant les quelques fois où Naruto essayait de lui adresser la parole pour enterrer la hache de guerre. Il espérait sincèrement devenir ami avec lui, d'une part par égoïsme pour enfin avoir un ami et ne plus être seul, de l'autre parce que le garçon l'intriguait beaucoup. Comment pouvait-il être heureux dans la solitude ? Tout le monde appréciait les discussions, les jeux aussi. Lorsqu'il y avait un travail de groupe, c'était toujours mieux de s'entendre avec les autres. Mais pas pour lui. Il semblait comme Naruto. Peu de personnes lui adressaient la parole et certains adolescents du collège le regardaient bizarrement. Le blond aimait savoir qu'il n'était pas le seul à qui cela arrivait mais il était aussi attristé. Voilà à quoi se résumait la jeunesse de maintenant : rire des autres pour le plaisir d'être populaire. Il se perdait souvent dans les histoires de ses parents, même dans celles d'Obito où tout le monde s'appréciait et si ce n'était pas le cas, tout se réglait en une petite bagarre qui se terminait avec des rires quand toute l'école était réunie. Aujourd'hui, il fallait bien taper sur les autres mais de façon à les anéantir pour avoir la fausse amitié des autres. C'était décevant. D'ailleurs, qu'avait fait Naruto pour se trouver parmi les punching-ball ? Il n'avait pas un faible caractère, alors est-ce que cela venait de sa tête ? Sans doute apparemment.

Le garçon jeta un regard en coin au rouquin et commença à copier le cours tout en réfléchissant à ce qu'il pourrait faire pour se faire accepter. Non seulement par Gaara, mais aussi par les autres.

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