Chapitre 2


Un cœur fragile. Dès mon plus jeune âge, des problèmes de santé me sont tombés dessus ; difficultés respiratoires à quatre ans, évanouissements fréquents à huit ans, angines pulmonaires à dix, douze et quatorze ans. A seize ans, j'ai fait un malaise, je respirais trop vite ce jour là et mon apport d'oxygène au cerveau avait diminué me causant un coma de deux semaines. En me réveillant j'avais une douleur aigue au cœur, ma mère était assise sur une chaise sa tête reposant sur mon lit d'hôpital sa main tenant fermement la mienne, elle dormait. Dans son sommeil elle n'arrêtait pas de marmonner « ne meurt pas s'il te plait » en boucle comme un vieux disque rayé. Elle était pâle, très pâle, si pâle qu'en la voyant ainsi mon estomac se retourna. C'est moi qui l'ai rendu ainsi; fragile, moi et ma saleté de santé défectueuse. Je me haïssais.

-Vous avez un cœur fragile Amandine, d'ici quelques années, il risque de lâcher et vous aurez besoin d'une greffe pour survivre.

Le médecin avait l'air désolé, ses yeux d'un bleu clair voguaient des yeux bruns de ma mère aux miens d'un noir fatigué. J'arquais un sourcil songeur car je comprenais à cet échange d'œillade qu'il ne me disait pas tout.

-Je n'aurais pas de greffe ? Dis-je anxieuse.

Le cœur est parmi les organes les plus importants du corps, et j'ai conscience qu'une greffe ne se fera pas en claquant des doigts. Du temps, c'est ce dont j'ai besoin, mais du temps je n'en ai pas. Si cet homme en blanc dit vrai, mon cœur pourra lâcher à n'importe quel moment. Me voila mourante...

-Tu auras une greffe mais il va falloir patienter, peut-être beaucoup, et comme je l'ai dit ton cœur peut lâcher à n'importe quel moment.

Je m'en doutais.

-Ma fille est forte, elle...elle va se battre, je sais qu'elle peut le faire. On se bat depuis seize ans, on peut attendre, ce ne sera pas si long, elle n'est pas si loin dans la liste.

La voix de ma mère tremblait, ses cheveux bruns étaient arrangés en une queue de cheval grasse, elle négligeait son apparence. Avant, elle prenait toujours soin de son apparence ; ses cheveux étaient toujours lâchés et propre, ils étaient soyeux. Ils me rappelaient la poudre de cacao, ils en avaient même l'odeur. Mais maintenant ils ressemblent juste à des cheveux ternes, mal entretenus, sans vie, comme leur propriétaire.

-Qu'elle liste ? Demandais-je.

-Pour ta greffe, il y a une liste car tu t'en doute, tu n'es pas la seule à devoir avoir une greffe. Tu aimerais savoir où tu te situes dans cette liste ? Non ? J'acquiesce. Dixième, tu es dixième.

-Ce n'est pas si mal, pas vrai chérie, tu auras vite un nouveau cœur ma puce.

Ma mère se voile la face même si je suis plutôt haut sur cette liste je suis quand même dixième, un cœur c'est tellement rare. Je sentais des larmes parcourir mon visage, j'ai peur de mourir.

-Il y a une solution, dit tout d'un coup le médecin.

-Non ! hurla ma mère, Non ne lui dite pas ça ce n'est pas une solution c'est une condamnation !

Je pris la main de ma mère et la caressait lentement essayant de la calmer.

-Maman laisse le docteur parler s'il te plait il veut simplement nous aider.

Elle me regardait avec des yeux apeurés. Je fis signe au médecin de reprendre.

-On peut te mettre un cœur artificiel cela te permettra d'attendre d'avoir ta greffe, c'est risqué je sais mais beaucoup moins que de te renvoyer chez toi maintenant.

Ma mère s'était levée, le regard fou marchant à pas vif et faisant de grands gestes hystériques.

-Non. Non. NON !!! Si on fait ça elle sera inconsciente, sans cœur, une machine respirera pour elle et... Et... Elle pourrait ne pas avoir de cœur, sa voix se brisa et elle s'écroula sur sa chaise sa tête retombant sur mon matelas d'hôpital en pleurs, non... Non... C'est pire que la mort tu serais comme morte je ne peux pas te voir comme ça.

Elle sanglota en répétant cette négation ; je me contentais de caresser ses cheveux gras en lui chuchotant de se calmer. Le médecin me regardait avec tristesse, pitié peut-être, j'allais mourir c'était inévitable. A ma prochaine crise cardiaque je m'en irais. C'est injuste !

Ma vie vient à peine de commencer, je ne suis qu'au début d'une longue histoire mon prologue n'est même pas encore écrit et je dois déjà écrire l'épilogue ?

-C'est injuste !

-Nous ferons tous ce qui est en notre pouvoir pour te garder en vie Amandine, je te le promets.

Je ne pris pas la peine d'écouter ce que disait cet homme, des promesses en l'air voilà ce que j'entendais.

Une larme m'échappa suivi par tant d'autres dévoilant ma détresse. Ma mère entendu mon désarroi et me regarda les yeux brillant encore remplit de larmes n'attendant qu'à se déverser.

-Maman...

J'écartais mes bras et elle vint se blottir contre moi. Nos pleurs faisaient échos dans cette chambre sans couleur qui deviendrait mon sanctuaire. On nous laissa là, avec notre peine avec le début de ma fin.

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