Un Noël ordinaire - Partie 2
❄️ Texte et moodboard réalisés par Proutissime ❄️
Je me félicitais d'avoir su économiser autant pendant cette année, car j'étais ce soir-là, capable de manger dans un très bon restaurant pour consoler mes espoirs qui semblaient se faner peu à peu. A la télé, de nombreuses émissions passaient des chants de Noël, les gens semblaient animés d'une joie contagieuse, nombreux étaient ceux qui se réunissaient dans la salle du restaurant pour partager un moment entre amis ou peut-être même entre collègues.
Après quelques verres, je sentis la chaleur me monter aux joues et décidais d'aller aux toilettes me rafraichir un peu. En me levant de ma chaise, l'improbable se produisit ; bien plus pompette que je ne me l'imaginais, je bousculais un serveur qui portait un plateau d'argent sur lequel un café était posé. Café qui se renversa dans sa totalité sur l'homme assis à une table de sept ou huit personnes pour qui il devait être destiné !
Et merde... pensais-je en constatant le résultat et les mines absolument estomaquées autour.
Tout se passa très vite. Le serveur se repentit en d'innombrables excuses, que je soulignais en leurs ajoutant les miennes dans un anglais très approximatif à cause de mon degré d'ivresse. L'homme ne démacla pas un mot jusqu'à ce que la femme qui se trouvait à ses côtés et qui s'agitait en hurlant sur le pauvre serveur, lui demanda d'appeler son chef.
- Ce ne sera pas nécessaire, mon brave, sourit l'homme.
- Excusez-moi, balbutiais-je à l'attention de ce dernier, je... je suis désolée c'est ma faute, je... Je crois que j'ai un peu trop bu et...
Les visages ne faisaient que s'allonger à la tablée, et dans un éclair de lucidité, je décidais d'enfin me taire. Celui que je ne voyais qu'éponger son costume – qui devait valoir une fortune ! – en me tournant le dos, me fit enfin face. Il me dévisagea un instant, puis un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Malgré ses cheveux poivre et sel au-dessus de sa nuque, il n'avait pas l'air d'avoir plus d'une trentaine d'années. A mon tour, je le regardais avec insistance, étonnement subjuguée par ses traits si francs. Ce n'était pas le genre d'homme d'une beauté froide et insondable, mais plutôt au charme chaleureux et qui inspirait la sympathie.
Le temps se figea un instant car plus personne n'osa respirer parmi ceux qui se trouvaient avec lui. A les voir se crisper et se tendre de la sorte, je me suis imaginé le pire. Peut-être était-il réputé pour être intransigeant avec ce genre d'évènement ? Créant ainsi la crainte de tous ceux qui étaient témoins de ce drame ? Avais-je ruiné un costume qui valait des milliers et que j'aurais dû rembourser ? Est-ce qu'il s'agissait de quelqu'un d'important ? Ou pire... Peut-être avais-je un morceau de cette salade infecte collé aux dents alors que je me confondais en excuses depuis plusieurs minutes, tout en étant débraillée ?
- Mark ! l'appela la brune à ses côtés, qui pris la serviette tâchée de caféine qu'il utilisait pour éponger sa chemise. Tu ne vas quand même pas pouvoir aller à l'avant-première comme ça ?
- Linda... ça va, la rassurait-il d'un geste de la main sans me quitter des yeux.
- Mais, Mark, c'est dans une heure !
- Je sais ! dit-il d'un ton ferme sans pour autant être agressif.
Je ne savais plus où me mettre, à la fois gênée et honteuse, mais surtout craignant d'empirer la situation. Et à en croire par les mouvements courts et agités du serveur, on était dans le même bateau.
- Je suis vraiment navrée... soufflais-je en reculant jusqu'à ma chaise. Laissez-moi vous donner mon numéro de téléphone pour vous rembourser le pressing !
La femme, Linda, pouffa légèrement en entendant ma proposition, déridant du même coup ceux qui entouraient la table.
- Ma chère, ne vous donnez pas cette peine, lança-t-elle avec mépris, me détaillant des pieds à la tête, vous en avez déjà assez...
- Cela me convient, oui ! la coupa-t-il, arrachant un regard noir à la brune.
Je me redressais doucement en l'entendant accepter mon offre et finit d'écrire mon numéro au rouge à lèvres sur la serviette en tissu du restaurant – faute de mieux.
- Mon brave, en dédommagement, vous m'autoriserez à garder cette serviette, adressa-t-il au serveur qui ne savait visiblement plus quoi faire de lui-même non plus.
- Bien sûr, Monsieur !
- Alors voilà une affaire de réglée, sourit-il à mon attention.
Mal à l'aise, je souris nerveusement et commençais à enfiler mon manteau quand il me demanda d'attendre quelques instants, arrachant un nouveau grognement de mécontentement à Linda. Il se réinstalla à sa table, derrière la mienne et je fis de même. Le serveur se précipita vers les cuisines, surement soulagé d'avoir échappé au pire. Quant à moi, les effets de l'alcool commençaient à redescendre sous le coup du stress. Mon portable se mit à sonner dans mon sac à main, et maladroitement, je l'attrapais en espérant qu'il s'agissait d'un nouveau miracle ; une chambre de libre quelque part.
- Allô ?
- Allô, dit une voix d'homme légèrement familière, je voulais juste vérifier que vous m'aviez donné votre vrai numéro, il me semblait étrange, plaisanta-t-il.
Je tournais la tête vers sa chaise et il fit de même, un large sourire aux lèvres.
- Euh... C'est un numéro français...
- Je vois. Vous ne filerez pas sans tenir votre promesse donc !
- Non, effectivement, souriais-je à mon tour.
- Alors au plaisir de vous revoir, mademoiselle.
Il se retourna et en quelques minutes, tous avaient vidé les lieux.
Je crois qu'il me fallut cinq bonnes minutes et un nouveau mojito pour me remettre de mes émotions ce soir-là.
Le deuxième jour se passa sans encombre, si ce n'est que je ne trouvais pas d'endroit où dormir à partir du vingt-trois décembre, soir où ma réservation officielle dans l'auberge actuelle se terminait ! Ne me décourageant pas, j'avais arpenté la ville pour m'imprégner de cette atmosphère si apaisante, revigorante et incroyable. Après avoir visité quelques musées, découvert les merveilles de Coven Garden et Piccadilly Circus, j'étais partie en quête d'un plan pour mon futur ! Armée de toute mon énergie positive et d'une envie de réussir ce pari fou, j'avais tapé à toutes les portes pour trouver un travail. Peu m'importait le type d'emploi, tout ce qu'il me fallait c'était un revenu.
Et, visiblement, ma bonne étoile était de mon côté car le soir même, un bar dansant m'appela pour me proposer le poste de serveuse qui s'était libéré quelques jours plus tôt. C'était la première victoire d'une longue liste, j'en étais persuadée ! Il ne restait plus qu'à continuer sur cette lancée et dégoter un endroit où vivre durant quelques semaines.
Après tout, une chambre libre la veille du réveillon de Noël, ça devait bien se trouver, n'est-ce pas ?
Seulement voilà, le vingt-trois décembre arriva, et je n'avais pas d'hôtel. A vingt heures, j'étais partie récupérer toutes mes affaires à l'auberge et, étant donné que je ne commençais le travail que le vingt-six au soir, je n'avais nulle part où aller. Plusieurs fois durant la journée j'ai pensé rebrousser chemin, appeler mes parents en pleurant, mon ancien bailleur pour qu'il me rende mon appartement, ma patronne pour qu'elle annule ma démission... mais cette optique me déprimait encore plus que d'être à la rue dans Londres ! J'ai entrepris de faire le tour de tous les hôtels, même les plus coûteux, dans l'espoir qu'un désistement me soit bénéfique.
Perchée sur mes escarpins noirs et dans une robe rouge aux motifs en dentelle, j'ai sonné à toutes les cloches de plusieurs réceptions. Supplié un nombre incalculable d'hôteliers, vu de très beaux sapins dans les halls – et d'autres un peu moins sympa – foulé des moquettes excentriques et des lino abimés.
Malgré tous mes efforts, à vingt-deux heures j'ai décidé d'abandonner mes recherches. Epuisée, je m'effondrais sur de grandes marches en marbre dans un quartier à côté de Notting Hill. Il faisait nuit noire, les bus légendaires à deux étages semblaient se multiplier dans les rues. Ces dernières étaient décorées de grandes illuminations, suspendues entre deux bâtiments, ou de sapins si gigantesques qu'un torticolis me guettait si je ne cessais pas de me tordre le cou pour les admirer ! A force de m'emmêler les vertèbres, mon regard se posa sur l'enseigne mal éclairée du bâtiment qui se trouvait derrière moi. « London Elizabeth Hotel » figurait sur une petite plaque dorée aux lettres noires vernies. Dans un bond, je me redressais et attrapais mes bagages.
En passant la porte, j'ai tout de suite compris à la façon dont le parquet était lustré dans le salon de l'entrée, aux nombreux tableaux luxueux, aux meubles vintages, au miroir absolument immense derrière la réception et surtout aux vêtements distingués de la femme qui se trouvait derrière, que cet endroit était pour le gratin londonien et d'ailleurs !
Au moment où je m'avançais vers la réceptionniste, tentant de me retrouver un peu de courage et d'enthousiasme, mon téléphone m'arracha un juron bien français qui fit rire la femme. Sans doute étaient-ils universellement connus et repérables à présent.
Sur mon écran, le nom « homme en costard du resto » s'afficha. Pensant qu'il ne pouvait pas tomber au pire moment pour me demander de rembourser sa note de pressing, je pressais doucement l'arête de mon nez entre mes doigts.
Evidemment, un problème n'arrive jamais seul, tu devrais le savoir Rachel ! pensais-je en refusant son appel.
A suivre...
☃ ☃ ☃ ☃
Hey!! La dix-neuvième case est là, avec la deuxième partie de « Un Noël ordinaire » de Proutissime !
NDA: J'espère que l'histoire vous plait jusqu'ici! J'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire, et même si elle est loin d'être parfaite, je suis contente du rendu :D On se dit à demain pour la fin!!
Vous pouvez me retrouver aussi sur instagram: proutissime_wpd
❄ A demain pour découvrir la prochaine case du calendrier ❄
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