Scène 8
LA FOULE se presse autour du pont, elle se rapproche de EVAN, qui lui-même se rapproche du bord. Il commence à être un peu effrayé.
EVAN
Que faites vous ? Reculez ! Les questions !
LA FOULE , avançant et pressant Evan contre la rambarde, en chœur :
Saute... ne saute pas... répond... monte... descend... questions... vie... mort...
EVAN ,criant :
RECULEZ !!!
LA FOULE émet un petit mouvement en arrière, puis reprend son chemin. EVAN se met debout sur la rambarde, se raccrochant désespérément à sa pancarte.
EVAN
Je... je vais sauter ! Reculez !
LA FOULE commence à se crier dessus
LA FOULE
Sautera... sautera pas... raison... tort... vrai... faux...
Quelques coups sont échangés, avant de dégénérer en bagarre. EVAN fait un grand geste du bras et tout se met sur pause. LA FOULE s'arrête de bouger, chacun figé dans la position qu'il avait. EVAN descend du pont. Les journalistes ont toujours leur bloc notes à la main, les policiers dans leur camions, JORDANNA la bouche grande ouverte et les ongles fichés dans les joues.
EVAN
À ce moment mes pensées s'emballent. Je réfléchissait déjà depuis longtemps. Vais-je mourir aujourd'hui ? Il est bien trop tôt pour moi ! Ou pas ? Aurais-je plus de chance de faire connaitre mon action et de changer les choses en mourant ?
À ce moment mes pensées s'emballent et pourtant, je sais ce que je dois faire. Je ne mourrais peut-être pas. C'est qu'il est haut, ce pont.
Mais si je survis, je dois fuir. J'ai honte. En quelques sortes je suis lâche. Lâche de ne pas vouloir admettre que mon action est finie et que je peux rentrer chez moi, même si la honte sera présente. J'ai dit que je mourrai pour mes idées, je ne l'aurai pas fait. Je vais sauter, je le sens, je le dois. Mais ssauraiz-je réellement le faire au moment t ?
Jon... me manquera. Ma mère aussi. Mon collectif aussi. Ma vie me manquera — pas longtemps, toutefois. Sauf si j'en réchappe. Que serais-je alors ? Je disparaîtrai. Je n'y au pas réfléchi, ça me fait peur. Enfin j'ai des contacts. Juste au cas ou.
Il se tourne vers sa mère.
EVAN
Je t'ai fait mes adieux, maman. Dans ma tête, mille fois. Jamais tu ne t'en remettra, et je me sens si coupable de partir alors que je sais que tu ne pourras sans doute jamais le surmonter. Tu vas te chercher des réponses, t'accuser, culpabiliser. Je t'au écris une lettre, que j'ai recommencé tant de fois que je la connais par cœur.
Mais je l'ai brûlée. À la place, dans l'enveloppe, je t'ai mis mon poème préféré, un dessin fait de toi en cours de physique et quelques mots. Je t'aime, maman.
Il marche vers les journalistes.
EVAN
J'ose espérer vous avoir fournit assez de contenu pour au moins une centaine d'articles, je ne vaux pas moins.
Il éclate d'un rire sans joie puis marche jusqu'à JON, qui est un peu en retrait.
EVAN
Pardon pour tout...
Je ne sais pas vraiment quoi te dire.
Merci d'avoir été là quand j'en avais besoin. Désolé de t'avoir oublié quand tu avais besoin de moi. Tu m'en veux mais tu m'aimes. Pardon. Trouve toi un autre garçon qui t'aimera vraiment...
J'avais peur de ce que tu ressentais pour moi. Cette fois je ne sais si c'est de l'amour, mais je veux quand même te le dire. Je t'aime, Jon.
Il s'approche, l'embrasse. JON reste parfaitement immobile.
EVAN
Évidemment, tout est dans ma tête. Mes adieux. Mais toi tu as droit à une lettre, à mes livres, mes poèmes et mes manifestes.
Adieux donc...
Il retourne tristement à sa place. D'un geste, la foule s'anime à nouveau et continue la bagarre. EVAN se faufile ( plus personne ne fais attention à lui, les policiers sont occupés à arrêter la foule, les journalistes écrivent et JORDANNA sanglote sur l'épaule de MAÏTÉ.
EVAN murmurant
Jon...
JON surpris, se retourne
Evan ! Tu ne va pas sauter !
EVAN
Si.
JON
Mais...
EVAN
Chut, laisse moi parler. Dans le dernier casier de la rangée A7, tu trouveras une lettre pour toi. Je me doutais de ton amour. Pardon... tu comprendras.
JON
Je ne te laisserai pas partir !
EVAN
Et comment tu comptes m'en empêcher ?
JON
Je...
Sans lui laisser le temps de finir, EVAN l'embrasse. JON est tellement surpris qu'il cesse tout mouvement. Quand il rouvre les yeux, EVAN est parti et il est seul.
JORDANNA sanglotant
Mon enfant... Evan...
EVAN derrière elle
Pardon, maman.
JORDANNA incrédule, espérant
Evan ?!
Il est déjà parti, ombre floue dans ne soir qui tombe.
EVAN un peu plus loin, en équilibre sur la rambarde, criant
Mesdames et messieurs, enfants et non-binaire, votre attention s'il vous plaît ! Vos questions ont toutes étées très intéressantes et plaisantes à répondre, je vous remercie de votre participation ! À présent, je me dois de vous quitter ! Passez une agréable soirée et rappelez vous de moi et des raisons de mon action !
À part
Je ne veux pas mourir...
Criant de nouveau, tandis que tout le monde se précipite vers lui
EVAN
JE VOUS AIME !
Il bascule en arrière. Tout le monde se précipite pour suivre des yeux sa chute.
Noir.
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